𝐿𝑎𝑟𝑚𝑒𝑠 𝐴𝑚è𝑟𝑒𝑠

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Sanglotant, la lionne semblait complètement perdue.
Elle l'était.
— Viens, fit Drago, en l'amenant s'assoir sur un muret.
Il s'installa à côté d'elle, puis, la fit poser la tête sur son épaule. Elle ne protesta pas. Se laissa entraîner, et ferma les yeux.
Elle se sentait étrangement calme, comme si rien ne s'était passé.
Mais les larmes continuaient de couler, amères. Certaines blessures ne pouvaient se refermer...
Sans bruit, Drago lui caressa les cheveux, et Hermione fut surprise par ce geste qui lui était inconnu de la part du jeune homme. Mais il avait changé... ils avaient tous changé. Comme la guerre pouvait inverser une personne... Elle pouvait briser, tuer, blesser, et partir ensuite aussi vite que le vent.
Et aussi silencieusement. Emportant avec elle les âmes perdues, cassées. À jamais.
Soupirant, la jeune femme releva la tête, et parvint à sourire. Une sorte de grimace. Le Serpentard le lui rendit, puis, ils se frayèrent un chemin entre les nombreux élèves rejoignant leur salle commune pour prendre la direction de l'entrée.

Ils marchaient main dans la main à côté du lac, en discutant de tout et de rien. La Gryffondor sentait étrangement sereine après avoir un peu discuté avec sa sœur, et ensuite, le jeune Malfoy. Elle devait avouer qu'elle était plutôt contente de se retrouver avec lui en cet après-midi coloré de fin automne. Les feuilles mortes tourbillonnaient un instant dans les airs avant de se laisser gentiment tomber pour enfin atteindre le sol humide de pluie avec une légèreté déconcertante. Les deux sorciers s'assirent sur un banc, proche de l'eau, à écouter le calme infini et observant le magnifique paysage des arbres presque dénudés et le tapis de végétation au couleurs automnales. Un sourire effleurant une douce tristesse peint sur ses lèvres roses, Hermione se tourna vers le jeune homme.
— Tu viens souvent ici ?
— Quand j'ai besoin de calme... c'est la première fois que je viens avec quelqu'un.
La jeune femme rougit en entendant ses paroles, consciente du privilège qu'il lui faisait.
Elle posa sa main sur la sienne.
— Merci. Pour tout.
Le Serpentard devint cramoisi et ne sût répondre.
La lionne n'en rajouta pas.

***

Les douces lueurs violacées du crépuscule naissant commençaient à baigner l'atmosphère d'un nouvel espoir. Les deux sorciers étaient toujours assis sur leur banc, calmes, paisibles, Hermione avec de tristes pensées en tête, et Drago... personne ne pouvait deviner ce qui se passait dans l'esprit impassible du jeune homme. La lionne posa les yeux sur le soleil couchant, puis, aveuglée un instant, se rendit compte qu'il commençait à se faire tard. Elle se leva lentement.
— Je crois que je vais devoir y aller, fit-elle, tournée vers l'horizon, perdue mentalement dans la contemplation du paysage.
Il se leva à son tour, comme attristé par ses paroles.
— Non ! Attends...
Elle se retourna vivement, et quelque chose la retint.
Ses yeux.
Des prunelles obscures, mystérieuses, comme plongée dans une nuit grandissante et infinie. Rappelant une encre d'un bleu si sombre que l'on ne pourrait la différencier du noir, où tourbillonnait des volutes embrumées.
Qui contenaient toutes les douleurs du monde, qui savaient ce que tous ignoraient.
Il savait ce qu'était de subir en silence. De voir ses proches en danger, menacés de mort. De voir la nuit succéder au jour, s'emparer de lui sans bruit. D'observer les ténèbres tuer la lumière à jamais, puis engloutir le pays, le monde, l'univers... et son esprit.
Elle savait ce que c'était d'être le « traitre » aux yeux de tous. De se sentir ignoré.
Oublié.
Il connaissait le danger, la peur, la mort.
Et puis, il y avait ses iris.
Des iris de glace.
D'un gris clair, comme les nuages s'apprêtant à laisser place à l'orage et au chaos. Avec des étincelles d'or, comme les éclairs déchirant les cieux hypnotisés. Si pâles, créant un étonnant contraste avec ses prunelles ténébreuses.
Ses iris reflétaient l'humeur de la Gryffondor, une tristesse inconsolable, si grande qu'on ne pouvait l'éponger, leur donnait une envie de hurler, de faire éclater la vérité, de tuer...
Dans ses yeux, elle lut ce que personne d'autre n'avait su voir. Elle aperçut le secret qui avait chamboulé le Serpentard. L'avait changé à jamais.

La bataille faisait rage tout autour de lui. Des murs s'effondraient, bombardés par des sortilèges puissants, des objets et êtres vivants prenaient feu, succombant dans les flammes d'ambre sans pitié. Des éclairs éclatants fusaient de toutes les baguettes, pour éliminer, faire souffrir, tuer le plus de monde possible.
En un seul mot : le chaos.
Tout semblait si désordonné, Poudlard ne serait plus jamais comme avant... et d'ailleurs, qui serait comme avant ? La guerre ne laissait personne intact, qu'ils soient blessés physiquement ou mentalement. Des corps gisaient partout, des combattants tombaient, en sang. Le liquide rouge écarlate coulait au sol, signe de mauvaise augure.
Il frissonna. Il fut tiré de ses pensées par sa mère :
— Draco, sortons d'ici !
Lucius, plus loin, combattaient un homme qui était inconnu au jeune Serpentard. Il était vêtu de la tenue sombre des Mangemorts, ce qui voulait dire qu'on les avait aperçus en train de tenter de s'enfuir... et visiblement, cela n'était pas apprécié par les membres de leur propre affiliation.
— Venez, Père ! lui cria Draco.
Celui-ci l'ignora, sans doute bien trop occupé pour répondre à son fils. Son opposant était rapide et agile, les sortilèges informulés fusaient rapidement de sa baguette, créant des explosions derrière lui. Il le visait, mais sans jamais le toucher.
Sauf une seule et unique fois...
— PÈRE ! hurla Draco.
Le corps tomba au sol. Avant, le jeune garçon parvint à apercevoir une lueur étrange dans son regard. Une lueur... d'amour.

La jeune fille sortit brutalement de la vision. Le désespoir et une tristesse infinie s'emparèrent d'elle.
Une tristesse qui secouait Hermione, lui fit ressentir sa peine immense...
Elle sembla mourir de l'intérieur.
C'en était trop pour la jeune fille. Se laissant aller, les larmes glissèrent à nouveau sur ses joues rosies par le doux vent, les réchauffant. Son cœur était trop rempli des émotions de ces derniers jours, elle ne pouvait se retenir.
Draco, silencieux jusqu'à cet instant, avait compris. Sans savoir comment, il avait compris. Leurs âmes étaient plus étroitement liées que tous le pensaient.
Doucement, il sécha d'une main tremblante les larmes de la lionne, tressaillant à chacun de ses sanglots. Puis, la Gryffondor rouvrit les yeux.
Et lentement, si lentement que le temps leur parut arrêté, il s'approchèrent l'un de l'autre...
Jusqu'à ce que leurs lèvres se touchent...

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➳ 𝑳𝑰𝑩𝑬𝑹𝑬𝑺 𝑫𝑼 𝑷𝑨𝑺𝑺𝑬 | 𝑑𝑟𝑎𝑚𝑖𝑜𝑛𝑒Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα