Driimm

Bloquée dans une sorte de nulle-part.

Tu pourras me trouver, perchée en haut du mat d'une frégate, dans la vigie, sous le pavillon noir, les cheveux flottants dans le vent qui ride l'océan, hurlant aux mouettes et aux embruns.

Tu pourras me trouver, sous un cerisier croulant de fruits parfumés, certains même suspendus à mes oreilles, et moi j'aurais ce sourire idiot.

Tu pourras me trouver, assise par terre au bord de la mer, un cocktail dans une main, de l'autre j'effriterais le sable, et j'observerais les gens en savourant les acides et délicates saveurs du citron vert et la menthe.

Tu pourras me trouver dans une ancienne bibliothèque remplie de grimoires, d'Atlas et d'encyclopédies, sentant bon la poussiere, l'encre et le vieux papier, éperdue à jamais au milieu des rayonnages.

Tu pourras me trouver, sur un siège de bus, juste derrière le conducteur, pour observer les gens qui entrent, mon casque vissé sur mes oreilles, dans lesquelles grésillent quelques notes de guitare électrique.

Tu pourras me trouver, à quelque heure tard dans la nuit, assise au bord de la fenêtre, les jambes dans le vide, les yeux levés dans les étoiles éclipsées par les lampadaires qui éclairent la rue d'une lueur jaunâtre.

Tu pourras me trouver, au milieu des costumes rayonnants et multicolore,  flânant près des canaux au milieu d'une foule hétéroclite, et joyeuse, pas si différente du monde finalement, car tous portent un masque.

Coincée dans une réalité perdue, dans un monde indifférent et une vie ennuyeuse, je m'échappe des limites dans des mondes parallèles.