Chapitre 1 : Temps Gris

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     Ce matin-là, lorsque mon réveil sonna, ma première pensée fut de me demander si j'avais vraiment besoin d'aller au sport. Après tout, je n'étais pas si grosse, non ? Et puis, j'étais tellement bien dans mon lit, et je me sentais encore fatiguée. Alors je pourrais juste me reposer encore une heure, au lieu d'aller au sport. Mais hier soir, avant d'aller me coucher, j'avais eu la bonne idée de poser mon réveil sur mon bureau. «Comme ça, demain matin, je serais forcée de me lever pour l'éteindre, et ça me motivera à aller au sport». Tu parles... Mais quelle idée de génie j'avais eue là. Résultat : la sonnerie de mon réveil continuait de retentir de plus en plus fort, et je n'eus pas d'autre choix que de me lever pour l'éteindre. Une fois le calme revenu, je restai quelques secondes debout, les yeux dans le vide, l'esprit ailleurs. Debout, mais encore à moitié endormie. Puis je m'étirai, et ouvris mes volets. D'habitude, voir la lumière du jour me motivait à me réveiller, enfiler mon legging, mes baskets, et aller au sport. Mais aujourd'hui, il pleuvait. Le temps était gris, et moi, j'étais fatiguée. Alors je me recouchais, et me rendormis.

     En sursaut, je me réveillai une heure plus tard. J'attrapai mon téléphone pour vérifier l'heure. Huit heures trente. «Ouf» pensai-je. En me dépêchant un peu, j'avais encore le temps de me préparer et d'être à l'heure. Malgré tout, je restai un peu dans mon lit, à m'étirer. Je n'étais plus fatiguée, mais je n'avais pas pour autant envie de me lever, parce que je savais que je me levais pour aller à mon travail, et que je détestais ce travail. Alors je savourai ces quelques minutes supplémentaires passées dans mon lit. Chaque matin, je vivais le même supplice. Je traînais dans mon lit, et repoussais mon réveil jusqu'au dernier moment. Toujours allongée, j'essayais de trouver des bonnes raisons d'apprécier mon travail, et n'en trouvais pas. Puis je me disais que je n'avais pas d'autre choix car il fallait bien que je travaille pour gagner de l'argent et payer mon loyer, et qu'il n'y avait pas de travail parfait. Alors je finissais par prendre mon mal en patience, et me lever, souvent dans la précipitation parce que j'étais en retard. D'ailleurs je regardais l'heure sur mon portable : neuf heures moins dix. Autrement dit, beaucoup trop tard. Il fallait maintenant que je me dépêche si je voulais arriver à l'heure. Alors d'un seul geste j'envoyai ma couverture à mes pieds et sorti de mon lit. Ma journée pouvait commencer.

     Je mis deux tranches de pains à griller dans mon toaster, et de l'eau à chauffer dans une tasse au micro-ondes pour mon thé. En attendant que ce soit prêt, je fis mon lit. Maintenant que j'étais bien réveillée et lucide, je repensais au sport de ce matin, et m'en voulais un peu de ne pas y être allée. Cela ne faisait que quatre jours que je m'étais décidée à me lever un peu plus tôt pour aller au sport le matin, et voilà que je me décourageais déjà. Pourtant j'avais bien apprécié mes premières séances. J'avais marché une vingtaine de minutes, et même si ce n'était pas énorme, cela me faisait du bien. En plus, cela me rassurait, car j'avais l'impression de faire autre chose de mes semaines que de bosser. Mais hier, j'avais eu une journée chargée au travail, et j'étais rentrée chez moi à 21h, épuisée. Alors je n'avais rien fait de ma soirée, et j'imagine que je m'étais réveillée dans le même état d'esprit.

     Ce fut une journée ordinaire. Je pris mon petit-déjeuner en faisant le tour des réseaux sociaux, me douchai puis m'habillais tout en écoutant de la musique. Ensuite, je me rendis au travail à pied, et arrivai comme à mon habitude avec quelques minutes de retard. Je saluai mes collègues, m'installai à mon bureau, et allumai mon ordinateur. «Allez, dans neuf heures c'est le week-end !» pensais-je. J'ouvris alors ma boîte mail, et ma journée commença.

     Le temps passa assez vite. J'avais pas mal de boulot, et je travaillais sur une mission plutôt intéressante. Tant mieux, car la plupart du temps, les journées me semblaient interminables, et j'avais souvent l'impression de perdre mon temps. C'est vrai ; j'étais là, assise à mon bureau, le regard fixé sur mon écran où défilaient des chiffres, et j'attendais. J'attendais onze heures, pour prendre une pause-café. Ensuite j'attendais l'heure du déjeuner, pour manger avec mes collègues. Puis j'attendais quatre heures, l'heure de la pause goûter. Enfin, j'attendais le moment où l'horloge afficherait dix-huit heures, l'heure de ma délivrance ; la fin de ma journée de travail. Tout simplement, j'attendais que le temps passe, et que mon supplice s'arrête. Mais parfois je m'en voulais parce que ce temps qui passait était du temps de ma vie dont je n'avais pas profité. Je me disais que j'aurais pu en profiter pour visiter le monde, me découvrir une nouvelle passion. Mais encore une fois, je me raisonnais en me disant qu'il fallait bien que je travaille pour payer mes factures. Et puis, je ne détestais pas tout de ce travail. Mes collègues étaient sympas, et même si je ne leur parlais pas souvent parce que j'étais un peu timide, j'aimais bien les écouter parler, et rire avec eux. 

     Il y avait aussi ce garçon...

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⏰ Last updated: Sep 09, 2020 ⏰

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