3. Bad compagny

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« Mauvaise fréquentation »

Il sort une clope de sa poche tout en continuant à me dévisager. Non pas avec un désir fiévreux ou même de l'exaltation, non, loin de là. Son visage est tiraillé par une haine indescriptible que, moi-même, je ne saisis pas. Tous ses traits semblent être tirés par un profond dégout tourné vers ma personne.

Estimant que cet échange visuel devient trop intense, je réponds :

— Si tu violentes une femme, cela fait de toi un homme faible. La femme possède une arme puissante entre ses jambes, ce qui attire la majorité des hommes. Alors que ce que possède les hommes n'attire pas toujours une femme. Les femmes ne sont pas toujours attirées par le sexe car...

— Ferme-la. Tu parles trop, ça me donne mal à la tête. Je m'en fiche de tes discours féministes.

— De un, personne ne peut me donner d'ordres, de deux, c'est toi qui est pathétique dans l'histoire. « Papa, s'il te plaît... » l'imité-je d'une voix suppliante.

Sa lèvre inférieure commence à trembler légèrement. Quand il s'en rend compte, il scelle ses lèvres nerveusement. Mais c'est hélas trop tard. Je l'avais déjà vu. Un deuxième signe de faiblesse.

— Dégage.

— Dégage, maintenant, répète-t-il en me prenant par le bras afin de me pousser dehors.

Énervée et frustrée, je lui claque la porte au nez.

Il ne sait pas ce qu'il rate, ce blaireau !

Encore contrariée, je me dirige vers le lieu où j'ai laissé mon amie en plan.

J'ai horreur qu'on me résiste, et encore plus que mes charmes de séduction ne fonctionnent pas ! C'est la première fois que cela m'arrive et j'avoue n'avoir jamais réfléchi aux conséquences que cela pourrait engendrer pour mon égo.

Ma colère semble s'être dissipée à la vue de mon amie affalée sur un de ces sièges métalliques assez haut pour qu'on ait une vue assez dégagée sur le circuit.

À en croire ses mains grelottantes, elle ne semble pas supporter les bourrasques de vent qui s'abattent sur elle. Je me rappelle alors qu'elle a toujours été de nature frileuse, ce qui explique qu'elle ait froid alors que nous sommes en plein milieu du mois de juin. Je me suis toujours moquée de sa nature frileuse ; ce à quoi elle avait rétorquait "Et alors ? Au moins, les garçons me prêteront leur veste. Ce sera si romantique !" J'avais ensuite grommelé que je préférais être une femme fatale plutôt que faiblarde, en sachant pertinemment c'était faux.

Ses yeux noisettes et sa voix grincheuse me sortent aussitôt de mes pensées :

T'étais où ? Je t'attends depuis des heures !

— Ouais, désolée. J'ai rencontré un connard égocentrique sur ma route.

Sa bouche en cœur se mouve en un rictus et ses yeux deviennent rieurs.

— Pire que toi ? Impossible !

— Et pourtant... soufflé-je en roulant des yeux. Sinon, Théo, il est où ?

— Justement, tu ne vas pas me croire ! Il vient à l'instant de m'envoyer un message pour m'annoncer que je serai sa partenaire de course !

Partenaire ? Hein ? Je suis complètement paumée. Il s'est passé trop de choses au cours de cette soirée, et il devient clair que je dois évacuer toute cette rage.

Et il y a qu'une seule façon d'y arriver : les challenges.

— Chloé ? Je suis d'humeur à faire des défis.

Le pacte d'une garce Where stories live. Discover now