Miss Kilos - Parole de grosse

Chapitre 2 - Why can't we be friends ?

Quand le bus s'arrête à quelques mètres du lycée, tout le monde se précipite contre les portes pour sortir tel un troupeau que l'on relâcherait. Tout le monde, sauf moi. À vrai dire, j'attends. Assise au fond, j'attends que mon tour vienne. J'attends parce que comme ça, tout le monde part devant et oublie, l'espace d'un instant, que j'étais là, dans le bus avec eux.

Mais aujourd'hui, les choses ne se déroulent pas comme elles le devraient. Aujourd'hui, le troupeau d'élèves s'est arrêté pour s'agglutiner sur le parking, devant un SUV noir aux vitres teintées.

Ça sent la voiture de star ou d'enfant de riches. C'est tellement cliché que j'en ai la nausée. Ça serait trop leur demander, aux riches, d'avoir une Clio ou une Kangoo verte, hein ? Non, il faut qu'ils aient tous ce genre voiture, bien voyant, et qu'ils se garent forcément juste devant l'entrée principale, là où tout le monde peut bien les voir. À croire qu'ils le font exprès.

Alors pendant que tout le monde encercle le pauvre véhicule qui n'a certainement rien demandé, moi, je me permets de me faufiler jusqu'au hall d'entrée où un groupe de filles court vers la sortie.

— Vous êtes au courant ? Il paraît qu'il est là ! s'exclame l'une d'entre elles.

— Non ! C'est vrai ? s'extasie une grande brune en déboulant dans le couloir.

— Oui, une amie de ma cousine a tweeté que cette année, il serait dans notre établissement !

— C'est fou, je n'arrive pas à le croire ! Quelqu'un l'a vu ?

— Il doit certainement être avec la direction. Histoire de savoir dans quelle classe il sera.

— Oh faites que ce soit la mienne !!

J'ai vraiment envie de vomir. Ce type de comportement est celui que l'on retrouve habituellement dans les romans à l'eau de rose, où le super bad boy débarque à l'école du coin et où, forcément, il tombe nez à nez avec l'héroïne timide et potiche... S'il vous plaît... Arrêtez d'écrire ça ! Le genre d'histoire niaise où l'on sait d'avance qu'ils finiront ensemble. Peu importe les péripéties, l'amour triomphe toujours ! C'est beau, mais très gnangnan. La réalité n'est pas du tout comme ça.

— Oh pardon !

Je sens quelque chose me percuter tandis que j'ai encore les yeux rivés sur l'attroupement, écoutant le raffut à l'extérieur. Je me retourne et tombe nez à nez avec un gars. Pas très grand, une silhouette plutôt athlétique mais sans plus, de grandes lunettes de soleil sur la tête et les joues légèrement rouges.

— Non... C'est moi... Je ne faisais pas attention où j'allais, désolé.

Vous le sentez ce moment ? C'est ce fameux moment archicaricatural où l'héroïne rencontre le héros.

Une voix me parvient du bout du couloir, sans doute du bureau du principal :

— Bah alors, Joey ? On rentre dans les gens maintenant ? Faut vraiment que tu fasses un peu plus attention.