un neuvième chapitre

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Chapitre 9

Les cernes violacés ne m'aident pas à garder la bonne mine. Poireauter dans un coin, le carnet de rapports dans une main, ça me bouffe. J'ai vainement tenté de trouver quelque chose d'intéressant dans mon portable mais au final, y a rien qui m'aide à penser à autre chose qu'Olivia.

Je ne vais jamais à l'hôpital. Je n'aime pas ça. Une fois, je me suis tordue la cheville en voulant faire ma maligne dans un square. J'ai eu un plâtre et des béquilles et les médecins ont tous été vachement gentils avec moi. Après, y a eu quelques vaccins chez des médecins libéraux mais jamais à l'hôpital.

Le plus déchirant dans cet endroit c'est que si je tourne ma tête vers la gauche, y a un gars qui stresse parce que sa nana accouche de leur gosse. Puis quand l'infirmière annonce que tout va bien et qu'il peut entrer voir son enfant, il est tout heureux et fou de joie. Mais quand je tourne la tête vers la droite, y a une famille qui prend des nouvelles de leur père qui s'est fait écrasé par une voiture. Ils ont tous peur et je les comprends, Il n'y a rien de plus flippant que de perdre quelqu'un.

Ensuite, il y a moi, au centre, avec son sandwich distribué par l'hôpital par charité. Je suis camouflée sous les larmes de joie ou de tristesse. Moi j'attends que tout aille bien lorsque tout va terriblement mal.

Neville c'est pareil, mais lui, il est déjà dehors à fumer sa clope. Encore.

Olivia, je ne la connais que depuis trois jours grand max. Mais trois jours m'ont suffi pour me trouver une vraie amie et commencer à apprécier un peu trop son frère. Trois jours de fugue sur quatre qui ont fait basculer la donne.

Aujourd'hui, tout se bouscule.

Je n'ai même plus la force de plaisanter. Le pire c'est qu'il fait beau, même pas un temps de chien avec les nuages gris et la pluie, le 19 octobre il fait froid mais beau, avec le soleil et le ciel bleu à la con.

Je suis sortie de l'hôpital en fin de compte. J'allais devenir folle à force de patienter à l'intérieur que quelque chose se passe pour que le monde arrête de s'acharner sur mes rencontres et mes fugues. Le temps de trouver un apaisement pour arrêter de remettre en question mes plans. J'aurais dû quitté la ville à l'océan aujourd'hui pour un autre bourg. Au final, j'ai juste réussi à bouger d'un quartier pour me mortifier davantage le cœur.

Sur le parking, j'ai repéré Neville. On ne s'est pas adressé la parole depuis que je suis arrivée. Il y a à peine dix heures en gros. J'ai hésité à lui parler, puis il m'a repérée et je n'ai pas pu fuir l'envie de lui demander s'il tiendrait le coup.

Arrivée à sa hauteur, j'ai dégluti. Il tremblait beaucoup. Il m'a proposé une clope, j'ai accepté mais en voulant me tendre le paquet, faute de contrôle, il a tout fait tomber.

Je me suis penchée pour ramasser les cigarettes unes par unes. Il s'est accroupi aussi contre son poteau, en ramassant le reste, puis je l'ai vu me regarder longuement.

-        Tu veux aller voir l'océan ? Demandé-je inconsciemment.

Sur le coup, peu d'idées m'ont frappée, juste celle-là qui ne me semblait pas trop dérisoire. On a besoin de se changer l'esprit, clarifier les mots du cœur. Neville a acquiescé et on s'est relevé comme si de rien n'était.

-        Aujourd'hui, je te fais oublier les problèmes de la vie, promis. Annoncé-je sûre de moi.

Le brun n'a rien objecté et m'a suivie. Le bus nous a amenés à l'océan. J'ai attendu vingt longues minutes seule sur le sable à l'attendre. Le garçon est revenu avec deux boîtes de pâtes chaudes dans les mains sans sourire.

NibOù les histoires vivent. Découvrez maintenant