Nouvelle Lune

D'arrache coeur

Je t'ai vue, ce doux matin de mai, et je suis tout de suite tombé fou de toi. De tes cheveux légèrement roux vagués qui se soulèvent doucement au gré du vent. De ton petit déhanchement lorsque tu marches devant moi pour te planter à mes côtés et attendre avec moi l'autobus scolaire. De ton minois si fin. De tes yeux d'émeraude. Tu m'obsèdes, Morgane. Mais cesse de pleurer, ça me déchire le coeur. C'est moi qui devrait verser toutes ces larmes. Tu ne m'as jamais adressé la parole. Tu aimais ce fourbe de Karl, pas moi. Tu lui as donné l'amour que je prisais toujours plus à chaque heure qui passait. Mais cesse de pleurer, ma belle, ça me déchire le coeur de voir tes joues parsemées de taches de rousseur ainsi inondées de larmes. Je t'ai tant désirée, toi et tes manières, et j'aurais fait l'impossible, j'aurais fait n'importe quoi pour pouvoir frôler de mes doigts ton visage aphrodisiaque. Mais cesse de pleurer, ça me déchire le coeur de te voir aussi triste, ça me déchire le coeur de t'entendre me cracher des insultes de ta bouche que je voudrais tant embrasser. Tu me rappelles ma laideur, tu me voues à l'Enfer. Je sais, Morgane, je sais que mon physique est plus que repoussant, mais c'est ce qui est à l'intérieur qui compte, pas vrai? Je sais que mon dos fléchi, que mes dents entassées, que mes cheveux en bataille ne te plaisent pas, mais je décrocherais la Lune seulement pour un petit compliment sorti de ta bouche. Mais cesse de pleurer, ça me déchire le coeur de devoir te gifler pour faire taire ton infernal charabia d'insultes, provoquant de petits cliquetis des chaînes à tes extrémités. Je suis tellement désolé, mais nous sommes maintenant réunis. Je voulais tant gagner ton coeur, et c'est aujourd'hui que je l'aurai. Je suis désolé. Si désolé. J'ai approché le poignard de ta poitrine. Je prisais ton coeur, je l'aurai. Mes respirations s'accélèrent, ma main tremble. Je ne veux pas te blesser, mais je t'ai tellement voulue. Je te mérite. J'appuie la lame reflétant la folie de mon regard contre ta peau nue. Je t'aime. Mais s'il te plaît, Morgane, s'il te plaît, cesse de pleurer, ça me déchire le coeur.