Les Champs (Anselm Kiefer)

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Des tiges de bois sec, émaciées, de fins tuteurs fragiles, cassés et dévoilant leurs fibres comme des crinières de foin, des branches émaciées, droites, piquées vers le ciel, des piques comme des roseaux fanés, des javelots plantés, craquant, s'épluchant en lambeaux, des roseaux craquelant, des tubes évasés, des tiges de foin sec, des tubes murmurant, des murmures que j'entends, de poumons asthmatiques. Des crissements de crin, de fibres effilées, des frôlement froissés, crépitants, secs, de foudre statique, et des feuilles froissées, des fibres tapissant des tapis de papier, des feuilles sur des feuilles aux déchirures glacées. Des feuilles de maïs, de papier fané. Et le froid sur les feuilles, et des crissements nus. Mes pieds cassés, plein d'eau, de la glace cassée et d'eaux-de-vie marrons, dans le fond d'un fossé. Et le froid sur mes mains. Et mes ongles froissés. Des coques de maïs et des germes encore blonds. Et les yeux jaunes vides de grains de maïs. Et les cieux d'ambre gris comme un œil de poisson. Et le ciel bombé comme l'humeur de l'œil. Sous le dôme de l'œil, un soleil qui fond, comme un flocon de neige, prêt à se déposer en flottant sur l'eau brune, à fondre dans l'eau brune, comme un flocon de neige, fondre silencieusement. Des lambeaux de foies secs, des tubes craquelant, des écailles fossiles, décollées du poisson. Des arrêtes en faucilles, ossements de moissons. Et le froid sur mes mains. Et le beffroi au loin. L'horloge ce point blanc qu'un peintre a oublié.


Alors tu finiras, fatigué, les yeux enracinés dans le sillon d'un champs.





Achevé le mercredi 3 mars 2021

Virgile Van de Walle

Les Champs (Anselm Kiefer)Where stories live. Discover now