𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟾

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Les yeux grands ouverts dans le noir, Noémie contemplait l'enveloppe qu'elle tenait dans ses mains. Sa chambre sentait bon le propre, et son coeur s'était quelque peu allégé. Mais maintenant que Roxane était partie, les remords et la tristesse revenaient au grand galop. Ce bref moment de répit avait été le bienvenu, mais on ne faisait pas son deuil aussi facilement. Ce serait bien trop facile.

Avant de rentrer chez elle, la mère d'Alexandre lui avait donné l'enveloppe en lui confiant que cela lui ferait plaisir qu'elle soit là. Où ça ? Noémie n'en avait absolument aucune idée. Elle n'avait pas encore lu le contenu de la lettre. 

Elle avait tergiversé toute la soirée, et cela continuait encore à présent. Elle n'osait pas prendre connaissance de ce qui était écrit sur le papier. Car elle se doutait de ce qui lui serait demandé. Mais cela revenait à se heurter de plein fouet à la dure réalité.

Allez, Noémie. Il va bien falloir l'ouvrir un jour où l'autre.

Sans se laisser le temps de trouver un argument pour ne pas le faire, elle déchira le papier et posa son regard vert sur les premiers mots. Au fur et à mesure qu'elle lisait, sa vue se brouilla. Les lettres dansaient devant ses yeux, s'infiltraient dans les fissures de son âme et poignardaient son coeur brisé comme autant d'aiguilles effilées. 

Elle essuya rageusement ses larmes, comme pour chasser les tristes émotions qui l'envahissaient. Puis elle relut l'invitation, encore et encore. Pour graver ses mots dans son esprit. Pour les graver dans son âme. Pour les graver dans sa mémoire. Pour convaincre son cerveau que tout ceci n'était pas un cauchemar, mais la réalité.

Finalement, elle prit une profonde inspiration et tapa un message en vitesse. Vite. Faire au plus court. Pour ne pas se laisser tenter par la touche "effacer".

de vous, à 23 : 04

Je serais là.

Où ça ? A la crémation d'Alexandre, bien sûr. A la pensée du si beau corps de son feu petit ami réduit en cendre, les prunelles de Noémie furent de nouveau brouillées par les larmes. Cette fois, elle ne les retint pas. Ses cheveux blonds comme le soleil toujours ébouriffés. Ses yeux bleu ciel dans lesquels elle aurait pu s'envoler. Son sourire si sincère, sans la moindre trace de moquerie. Ses lèvres si douces, qu'elle aurait voulu embrasser pour toujours... Tout ça, partit en fumée. L'eau salée ruisselait sur ses joues sans discontinuer, comme des fragments d'océan sur des rochers pâles. Et puis, l'océan se tarit. Les yeux aussi secs que du sable fin, Noémie ressassait en boucle les sombres pensées qui la hantaient.

Alexandre.

Crémation.

Mort.

Par ma faute.

Incapable de se retenir plus longtemps, elle plongea la tête dans son oreiller et hurla à s'en déchirer les cordes vocales. Elle hurla sa peine, sa frustration, sa colère, son désespoir. Elle hurla dans une vaine tentative pour se détacher de ses sentiments. Et puis, finalement, quand sa gorge lui fit trop mal pour continuer, elle se tut. Seuls ses sanglots dénués de larmes troublaient le silence de la pièce plongée dans l'obscurité.

Son téléphone émit un léger tintement, signalant l'arrivée d'un message et la reconnectant brutalement au reste du monde. Après un reniflement, elle l'attrapa d'un geste las et consulta ses notifications.

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⏰ Dernière mise à jour : May 10 ⏰

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