XII

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- Aïe ! Putain !

- Ferme-là.

- Mais ça fait mal !

Je m'agrippe au siège, enfonce mes doigts dans le cuir et grince des dents. Ma jambe s'agite nerveusement tandis que Darill me fixe d'un air agacé.

- Tu pleurais moins pour des coups de ceintures.

Le gros barbu qui me tripote la cuisse lève un sourcil et sourit en coin. Je le fusille du regard mais il est concentré sur son œuvre.

- Qu'est-ce que je devrai dire à mon petit-ami quand il verra ça ?

Darill hausse les épaules.

- Ce n'est pas mon problème.

Je soupire, énervée de ne jamais pouvoir le rendre jaloux. Il veut que je sois à lui, qu'il puisse me posséder entièrement, mais il ne montre aucune jalousie envers Thomas. Et puis d'ailleurs, comment savait-il que je sortais avec quelqu'un ?

- Aïe !

- Voilà. C'est terminé, déclare le barbu en se redressant.

Il passe son index et son majeur entre ma cuisse et mon sexe, dans la pliure. Je serre les dents et fronce les sourcils en regardant les lettres gravées dans ma peau : salope. Un tendre message de Darill, comme le chienne sur ma fesse droite, le Daddy's Girl dans le bas de mon dos et le Baby Girl sous mon sein gauche. Ce dernier est mon préféré, parce qu'il n'est voyant que si on soulève mon sein. Le reste, je ne pourrai pas vraiment le cacher. Et c'était le but.

- A quoi ça va vous servir tout ça ? Je demande en remettant mes vêtements.

- Moi ? À rien. C'est pour tous ceux qui passeront par-là, pour qu'ils sachent quel genre de nana t'es, et que quelqu'un est déjà passé avant eux.

Finalement, il se pourrait que Darill soit jaloux, à sa manière. J'ai longuement hésité à accepter qu'on me tatoue, mais si je n'acceptais pas, il ne voulait pas de moi. Darill est ma bouée de secours, il a promis de s'occuper de moi si je fais ce qu'il veut. Et avec ce qui vient d'arriver à ma mère, je ne peux que me réjouir d'avoir quelqu'un qui puisse me prendre en charge.

Antonio a beau être un gars génial, je ne me vois pas vivre avec lui. Nous n'avons pas le même mode de vie. Avec ma mère, même si elle était absente, je pouvais me coucher quand je voulais, me lever quand je voulais. Antonio est un fêtard né, il ne changera pas ses habitudes. Et je préfère de loin la crasse et le bordel de chez moi que l'odeur nauséabonde et la fumée qu'il y a chez lui.

- Tu peux te faire quelque chose qui te plaît, si tu veux.

Je lève les yeux vers Darill, surprise.

- Je te le paie. Prends ça comme un cadeau de bienvenue.

***

Darill a refusé que je dorme dans son lit parce qu'il ne veut pas que « je salisse encore ses draps ». J'ai donc dormi dans le canapé, mais la nuit a été horrible. J'ai été réveillée par des bips venant du frigo, les lumières des phares de voitures - parce qu'il n'y a pas de rideau sur la fenêtre de salon - et que je n'ai eu ni couverture, ni oreiller. Cet enfoiré a dit qu'il allait m'en ramener mais il n'est jamais revenu de sa chambre.

Et puis le matin, mon prince charmant reprend du service. Il ouvre le frigo, les bouteilles à l'intérieur claquent et me réveillent. Il se sert bruyamment, utilise le micro-onde et ouvre la fenêtre, augmentant chaque bruit de la ville. Il n'y a pas pire comme réveil.

- T'as pas cours ? Me demande-t-il en s'affalant dans le canapé, me faisant presque rebondir.

Je gémis et me frotte les yeux.

Daddy ? Baby Girl. / 𝐂𝐋𝐀𝐈𝐑𝐄 (⚤)Where stories live. Discover now