Chapitre 2

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Une porte qui s'ouvre, le battant qui frappe durement le mur de carrelage froid, et un adolescent plaqué violemment tout contre la cloison, une ombre vibrante de fureur tendue juste au dessus de lui.

"Je peux savoir ce que tu fous?" crache l'autre avec humeur.

Un frisson délicieusement troublant parcours les flancs d'Anthony, alors qu'il relève son regard bleu vers le visage de son assaillant. Le garçon, beau comme un ange en colère, le fusille de son ardent regard noir, tout son visage figé dans un masque de tension et de frustration. Sa présence est écrasante. On sent presque tangiblement la violence retenue, qui suinte de tous les pores de sa peau, telle une aura sombre et électrique, et c'est... Le blond se retient de se mordre violemment la lèvre. Presque orgasmique. Il laisse éclore sur ses lèvres fines un sourire lascif.

Le poing de l'ange s'abat brutalement à quelques centimètres à peine de sa tête, le faisant violemment sursauter, alors qu'une nuée de papillon s'affole dans ses entrailles. "Thony!" grogne-il, menaçant. Sa voix est profonde, chaude, et l'accent de la colère la rend incroyablement sexy. Le concerné relève doucement la tête, faisant s'éparpiller ses fines mèches blondes sur ses épaules.
Il prend son temps et laisse son regard s'égarer sur les muscles fins qu'on devine sous le léger tissus de sa chemise, et qui se dessinent, tendus à l'extrême, sous la peau claire de ses bras nus qui le bloquent contre le mur. Les traits fins, durcis et fermés, la courbe sexy de sa mâchoire contractée par l'agacement, les mèches châtains, artistiquement ébouriffés sur son front, les quelques grains de beautés et la rougeur qui s'étale sur son nez et ses joues dès qu'une émotion trop forte le surprend.
Il prend son temps, malgré les soupirs excédés de l'autre, il n'a pas souvent l'occasion de le détailler ainsi, sans avoir à masquer le désir dans son regard.

S'il avait les mots, songe-t-il furtivement, les pensées pour le formuler, il pourrait écrire des poèmes à propos de la beauté, du magnétisme de cet homme, et de son amour pour lui. Mais ce n'est pas le cas, alors il se contente d'être profondément heureux de savoir que, pour une inexplicable et inaltérable raison, au final, il est à lui. Et seulement à lui. Comme maintenant.

Il prend son temps, puis, quand il est enfin repus de l'image délicieuse de son amant le surplombant, il glisse son regard tout contre le sien, et se perd dans les grandes iris foncés, encadrés de cils trop longs.

"J'aime que tu me regardes." lâche il finalement d'une voix un peu éraillée.

L'expression de son dieu se trouble pendant une fraction de seconde. Il ne sait pas vraiment comment réagir à ça. Il est momentanément désarmé par la franchise flegmatique du blond, et la portée de l'argument laconique et de tout ce qu'il suppose. Et ce moment, Thony en profite impunément. Il n'a pas de scrupule. Il n'a pas tant d'occasion de prendre l'avantage.

Il se penche en avant et se frotte lascivement contre son ami en soupirant, plongeant son nez dans le creux de son cou, inspirant profondément, ses doigts glissant soudain contre les boutons de sa chemise, tentateur, provocateur.

Même s'il s'y attend, le baiser violent et invasif, dominateur, combiné à la douleur du choc brutal de sa tête contre le mur où il se retrouve plaqué le surprend et l'étourdit un peu. Artie envahit son espace, exigeant, possessif, et le blond se soumet avec joie aux mains qui parcours son corps, et le font de cambrer contre le mur froid et gémir sourdement dans la bouche de l'autre garçon.

" Je déteste quand tu fais ça. " gronde la voix dans son cou, entre deux morsures légères. Il ne le marque jamais aux endroits trop visibles.
" Quand tu essaies..." Une poigne puissante s'égare dans le bas de son dos, et Thony frissonne un peu trop fort quand la bouche remonte juste en dessous de son oreille, embrassant lascivement la chaire sensible entre les mots. Oh seigneur, l'effet que lui fait sa voix.
"... de me rendre fou... " Deux boutons de sa propre chemise sautent, et les doigts d'Anthony se crispent dans les mèches foncées quand ceux d'Artie arrivent au niveau des passants de son jean, et se mettent à jouer avec le tissus et la peau.
" ... devant eux... " Un grondement grave, colérique, et les dents qui attaquent durement son épaule, et percent la peau, comme pour le punir. La douleur éclate et l'électrise, le rend fou.
" ... pour que je ne puisse plus m'empêcher de te faire ce genre de chose. " Les mots n'ont presque plus de sens à ses oreilles, alors que les longs doigts habiles s'égarent plus bas, légers, joueurs, et il ne peut vraiment pas s'empêcher de gémir cette fois ci.

" Je... veux que tu me regardes comme ça. " halète le blond, en se sentant perdre pied. Il n'est pas sûr de réussir à tenir sur ses jambes encore longtemps à ce rythme.
La pression est plus forte, et - c'est trop bon. " Encore. " Presque une plainte sur ses lèvres. Mon dieu, il a tellement envie de lui.

Et son ange, son bourreau, son amant, qui, il y a une petite demi-heure, le regard distrait, s'adressait à lui comme à une vague connaissance, et flirtant outrageusement avec la blonde plantureuse et extravertie qui lui sert de meilleure amie, se frotte tout contre lui maintenant, ses mains prenant tout ce qui lui fait envie, son odeur partout sur lui, l'intoxicant - et c'est absolument parfait comme ça. Si ça pouvait rester toujours comme ça, ses lèvres contre sa peau et ses yeux sombres brûlant qui le regarde comme s'il voulait le... bouffer.

" Tu es pire qu'une putain de fille, tu le sais ça ?..."

" Vas te f- aaah ! " Autant pour la répartie.

Artie rigole doucement, un peu moqueur, et victorieux, parce que Thony n'est plus rien qu'une masse alanguie et gémissante sous ses doigts. La colère était justifiée, bien sûr, mais Thony est comme ça. Il le pousse à bout, il le rend fou, pour avoir ce qu'il veut pas tous les moyens. Capricieux. Un peu égoïste, probablement.
Artie sourit tout contre son cou, d'un air un peu fier, un peu trop satisfait, les mains toujours perdue sous les vêtements de son petit ami, même si au fond, c'est sûrement lui qui s'est fait avoir.

Puis il se décolle du blond rougi par le désir et le plaisir, et lui embrasse gentiment le front, avant de reculer - et soudain c'est fini.
" Les autres vont nous attendre. "
Urgh.

Thony grimace une seconde de dépit et de confusion devant la fourberie du retournement de situation, puis affiche un regard hautain et digne, se remettant un peu plus fermement sur ses jambes, et réajustant vaguement sa chemise pour masquer la morsure violette qui décore la ligne de son épaule. Il fusille du regard le plus grand, qui masque sa propre frustration derrière un sourire narquois, et avance vers la porte. Puisque la discussion est close - à ses frais - autant passer rapidement à autre chose pour oublier l'inconfort de la situation.

Mais quand même - " Connard. "

Dans son dos, alors qu'il rouvre la porte pour sortir, Artie rigole un peu, sur ses talons.
" T'es vraiment invivable, Thony. "

" N'oublie pas de me regarder, surtout."

La porte claque derrière eux.

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⏰ Last updated: Aug 10, 2016 ⏰

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