À mon ange gardien

𝙿𝚛𝚘𝚕𝚘𝚐𝚞𝚎

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Le soleil brillait dans un ciel bleu et limpide. Tels des filaments de barbe à papa, les nuages s'étiraient paresseusement dans cette atmosphère paisible. Les oiseaux chantaient dans les grands feuillus des parcs urbains, et les insectes bourdonnaient d'une fleur à l'autre en cet après-midi printanier. Une chaude et lourde odeur parfumée emplissait l'air, renforçant l'écrasante chaleur qui faisait transpirer à grosses gouttes les passants, en particulier deux adolescents qui couraient comme des dératés sur le trottoir brûlant. 

Leur respiration haletante couvrait partiellement les trilles des mésanges, rouge-gorges et autres volatiles chanteurs. Le jeune homme, surtout, semblait au bout de sa vie. Son cardio inexistant ne l'aidait pas vraiment à suivre le rythme de sa compagne, qui galopait loin devant. 

-Noémie... Attends... supplia-t-il d'une voix rendue rauque par l'effort.

Le simple fait de parler provoqua une quinte de toux qui emplit la bouche du lycéen d'une saveur métallique et lui donna l'impression de cracher ses poumons. La brune se tourna vers lui d'un air moqueur, les joues rouges et le visage luisant de sueur. Malgré ça, elle restait la plus belle des filles aux yeux de son petit ami.

-Bah alors, Alexandre ? T'arrives pas à suivre ? 

Malgré tout, elle ralentit pour se retrouver à sa hauteur. Le jeune homme était dans un piteux état. Ses cheveux blonds en bataille étaient humides, des mèches collant à son front trempé par la transpiration. Juste en dessous, deux magnifiques yeux d'un bleu ciel incroyable brillaient d'un éclat larmoyant à cause de l'effort qu'il devait fournir pour continuer à courir. Son visage d'habitude assez pâle était à présent écarlate, une veine saillant sur sa tempe palpitait à toute allure au rythme de son cœur rudement mis à l'épreuve. 

-On peut faire une pause, si tu veux, proposa-t-elle, inquiète pour l'état de son copain.

-Non, t'inquiète, c'est bon, réussit-il à répondre dans un souffle. Si on s'arrête, on va arriver en retard.

La séance commençait à 15h30. Il était 15h23. Le temps qu'ils arrivent, qu'ils achètent les places et qu'ils s'installent... Le cinéma était encore à quelques centaine de mètres, il pouvait tenir. Enfin... il avait peur de faire une crise cardiaque, mais il n'était pas maudit à ce point, tout de même. Noémie lui jeta un coup d'œil suspicieux mais n'insista pas. 

15h26. Une route à traverser, et ils y étaient. Sans regarder, Noémie s'engagea sur la chaussée pour passer de l'autre côté et rejoindre l'imposant bâtiment. Mais ce qu'elle n'avait pas remarqué, c'est le camion qui arrivait droit sur elle à toute vitesse. Au volant, le conducteur regardait son téléphone, rendu hagard par la canicule. Horrifié, Alexandre vit la jeune fille se pétrifier de terreur. Son cerveau n'eut pas le temps d'y réfléchir. Ses jambes s'étaient mises en marche toutes seules et il fonçait à présent vers sa petite amie. Le temps semblait s'être ralenti. En transe, le lycéen eut l'impression d'assister à la scène en dehors de son propre corps. Il vit le sol s'éloigner légèrement alors que son corps le propulsait en avant, puis ses bras se tendre et pousser violemment Noémie sur le trottoir. 

La dernière chose que ses yeux captèrent fut un gros plan de l'avant du camion qui le percutait de plein fouet.

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