Chapitre 1

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La chambre d'Eliott était très décorée, trop décorée. Elle avait été décorée selon les goûts d'un enfant de douze ans.
Les murs étouffaient sous des posters trouvés dans des magazines de toutes sortes. Eliott aimait lire des magazines, surtout ceux qui lui parlaient de l'actualité, ceux qui lui racontaient le monde. Mais il en avait peu car sa mère, qui avait peur de ce qu'il y lirait de triste, mais de réel surtout, lui interdisait d'en lire.

On trouvait de tout sur ses posters : des chanteurs qu'il ne connaissait pas, des affiches de films qu'il n'avait jamais vus, des villes qu'il ne visiterait jamais.

Au-dessus de son lit Eliott avait accroché un tableau que sa mère lui avait rapporté d'une brocante. Un reproduction des Nymphéas de Monet. Il avait tout de suite aimé les couleurs du tableau qui sentaient bon le rêve : du rose et du bleu et du mauve et du jaune et du vert aussi. Il y avait encore d'autres couleurs qu'il n'arrivait pas à définir et dont il se demandait si elles avaient un nom tant elles lui paraissaient impossibles. Et il les aimait parce qu'elles étaient impossibles et qu'elles semblaient un mélange de plein de couleurs différentes.
Eliott avait aimé le tableau dès qu'il l'avait vu, sans même en percevoir ni en comprendre le sujet. Alors sa mère lui avait raconté que le tableau représentait des nénuphars : des fleurs qui flottaient sur l'eau. Eliott avait été encore plus émerveillé : des fleurs ? Qui flottent sur l'eau ? Tout cela lui paraissait vraiment incroyable ! Qu'est-ce qu'il aurait aimé pouvoir voir ça ! Et ainsi il avait accroché le tableau au-dessus de son lit, de son petit lit simple d'enfant, et tous les soirs il se couchait en espérant qu'il ferait d'aussi beaux rêves que son tableau lui en inspirerait.

En face de son lit, Eliott avait une bibliothèque énorme, aussi grande que son amour des livres : sa mère lui autorisait à lire des contes et des romans qui lui semblaient pouvoir préserver son enfant du monde extérieur. Le garçon errait à travers des histoires de chevaliers et de dragons, de magie et de sortilèges, d'elfes et de hobbits, de rose et de renard et de tout ce qui enchante l'esprit et charme l'imagination.

Enfin, sur une commode, à gauche de son lit, était posé un bocal dans lequel tournait en rond et tournait en rond et tournait en rond et tournait en rond un poisson rouge que l'enfant avait nommé Merlin. Eliott aimait son poisson car, comme lui, il était enfermé dans un bocal. Non pas qu'Eliott vivait dans un bocal, mais il vivait dans une bulle. Une bulle en plastique, transparente mais impénétrable, qui le protégeait de toutes les maladies du monde auxquelles son immunodéficience l'exposait.

L'Enfant-bulleHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin