Chapitre 9 Lucas

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Aïe .. Une vive douleur au pied droit me réveille. J'ouvre les yeux en grimaçant et essaie de bouger un minimum mon pied pour me soulager. Cette putain de douleur s'atténue mais reste là comme pour me torturer.
Je me sens bizarre, une légère odeur de vanille emplit mes narines et les bouts de mes doigts picotent.
En fait, je sais ce qui se passe. Je sais qu'elle n'est pas loin. Je tourne la tête doucement vers le seul fauteuil de ma chambre pourrie. Mon cœur se serre quand je la vois. Le peu de soleil qui traverse la chambre atterrie dans ses cheveux. Elle est endormie et putain qu'est ce qu'elle est belle ! Elle fronce les sourcils et j'aimerai effacer la ride d'expression par un baiser. Quelque chose la tourmente mais je suis content qu'elle soit ici avec moi.

Je suis un con. J'ai refusé de me raser et je pense que j'ai vraiment une sale gueule ! Je ne sais pas ce qu'elle a pensé de moi en me voyant mais ça ne devait pas être élogieux !
Merde !
Je ne peux pas m'empêcher de sourire en la regardant. Sa bouche ne forme qu'une fine ligne et j'aimerai tant en tracer le pourtour avec la pulpe de mon pouce.

Je suis attiré par cette fille et je sais qu'elle est attirée par moi. Certains regards et détails ne trompent pas ! Je sais qu'elle refuse cette attirance et la rejette loin d'elle. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je veux juste qu'elle arrête de lutter ! Je veux juste qu'elle me laisse la toucher, lui parler, la réconforter et la regarder.
C'est fou ! Je suis complètement barjo ! Une semaine et je suis déjà accro ! Ma drogue c'est elle, mon anti-douleur c'est elle !

Elle bouge légèrement la tête et je sais que son réveil est proche. J'ai peur de sa réaction, je ne veux pas qu'elle parte. Elle peut ne pas me parler, ni me toucher, ni me regarder mais sa présence m'est indispensable et me fait du bien !

Dix minutes à la regarder et j'aperçois ses yeux cligner et s'ouvrir. Elle a l'air perdue mais croise mon regard et soupire. Elle ouvre sa bouche pour parler mais je ne lui laisse pas le temps et je chuchote :
- Chuut .. Ne dis rien mais ne part pas.
Je vois dans ses yeux qu'elle est surprise par mes mots mais elle referme la bouche.
Nous nous regardons mutuellement sans gêne.
Je ne me suis jamais aussi bien sentit ! La douleur est loin très loin et mes muscles sont détendus.

Je ne sais pas combien de temps se passe jusqu'à ce qu'elle bouge ses jambes et se redresse. Elle plonge les yeux vers ses mains puis relève la tête vers mon visage, elle regarde ensuite mes doigts et approche légèrement l'une de ses mains vers la mienne.
Je suis surpris mais un putain de mec heureux quand ses doigts touchent enfin les miens.

J'ai la sensation d'être au paradis et je ne peux m'empêcher de fermer les yeux. Elle me caresse. J'ouvre les yeux pour capturer la moindre expression sur son visage mais je ne le vois pas. Putain !
Toujours assise sur le fauteuil, son bras est plié sous sa tête qui repose sur le matelas et elle regarde nos doigts se toucher. En fait, c'est encore mieux que le paradis !

J'attrape un de ses doigts entre mon index et mon majeur. Elle s'immobilise mais reste dans la même position et elle met sa main à plat sur le matelas.
Je trace des lignes sur sa main grâce à mon index qui est valide. Ce petit connard s'en est bien sortit !
Rien que de la toucher mon cœur palpite et mes yeux se troublent. La machine cardiaque à côté de moi s'emballe ! Merde !
Elle se redresse brutalement et cherche mes yeux. Elle sait ce qu'elle me fait. Elle sait que si mon cœur s'emballe c'est parce qu'elle est tout près de moi.

La porte s'ouvre brusquement et cet abruti d'Olivier rentre pour percer la bulle dans laquelle nous étions !
Juliette se lève, retire sa main et regarde ce pauvre type !
- C'est de ma faute ! Je suis désolé !
- Quoi ?! Qu'est ce qui se passe ici ?
Je soupire de frustration et je ferme les yeux pour calmer mon cœur !
Je sens la présence de ce con à côté de moi et la machine s'éteint.
- Je .. Je .. J'étais juste ici, s'exclame Juliette.
- Juliette qu'est ce que tu racontes ?! Évite de l'énerver ! C'est peut être le rebelle de l'hosto mais il est fragile encore ce petit poussin barbu !
- Ca va ! Elle n'a rien fait ! J'ai juste pensé à certaines choses et mon cœur s'est emballé ! Rien de grave bon sang ! Grogne-je.
- Un calmant te fera du bien Lucas.
- Non non ! C'est bon tout va bien !
Ma réponse est rapide. Pas de calmant, je veux juste la toucher et la regarder !
- D'accord, mais Juliette laisse-le se reposer ! Va voir quelqu'un d'autre ! J'ai ma pause vient boire un café !
Et là, je comprends tout. Il a un putain de béguin pour elle ! Merde ! Il faut que je me calme. J'attends sa réponse même si je sais qu'elle va accepter.

- Et bien .. Heu .. Il vient juste de se réveiller. Je ..
- Pourquoi autant de monde dans cette chambre ? Crie Simone en entrant dans celle-ci.
- Je suis surprise de la voir elle ne vient jamais me voir l'après midi !
Olivier reprend :
- Mr Laffely fait une tachycardie ou du moins faisait une tachycardie ! Il ne veut pas de calmant mais il devrait se reposer !
Je vois Simone qui sourit à Juliette. Je me demande pourquoi.
- Laisse Juliette tranquille et va prendre ta pause ! Le cœur s'emballe pour diverses raisons et je suis sûre que Lucas en a de nombreuses.
Elle me regarde et garde ce sourire sur ses lèvres.
- Si il y a un soucis bippez moi ! Je suis à côté !
Elle tourne les talons, se dirige vers la porte et attends Olivier. Celui-ci nous regarde, Juliette et moi, tour à tour et suit Simone.

Une fois la porte fermée, je lève les yeux vers elle. Elle me regarde puis baisse le regard vers ma poitrine qui se soulève un peu plus vite que d'habitude.
Elle se mord la lèvre inférieure et pose sa main sur l'électrode située sur mon cœur.
J'inspire profondément. Je ne sais pas ce qu'il lui prend aujourd'hui mais j'adore ça et pour lui montrer je décide de gémir. Un espèce de vieux truc roque qui sort de ma gorge.
Elle rit doucement et retire sa main à mon plus grand regret.

- Tu n'as plus de bandage sur le pied ?
Elle me montre celui-ci de sa fine main.
- Ils ont retirés les fils avant qu'on ne se croise mercredi.
- Oh ! C'est pour ça que tu sortais de la salle d'examen ?!
- Oui c'est pour ça.
Elle se rassoit et je ne lâche pas son visage des yeux.
Elle murmure :
- Tu as mal ?
Je ne veux pas lui faire de peine si elle tient un petit peu à moi mais je reste franc :
- Oui, il me fait souffrir. J'appréhende le jour où mon pied va toucher le sol.
- Non c'est normal. J'aurai peur à ta place.

On ne se parle pas pendant quelques minutes mais je finis par prendre la parole :
- Pourquoi tu n'es pas venu me voir après ?
Je regrette déjà ma question.
Elle se lève du siège et va regarder par la fenêtre. Elle baigne dans le soleil si faible de l'après-midi.
Putain, je m'imagine déjà me glisser derrière elle et embrasser son cou !
Elle se retourne, se rapproche de moi et sert le bout de mes doigts.
- Pour ça.
Je la dévisage et je vois au fond de ses yeux ce qu'elle veut dire ! Comme le gros connard que je suis, je m'en réjouis.

- Il faut que je partes Lucas. Je dois aller voir quelqu'un...
- Quelqu'un ?
- Je ne peux pas t'expliquer. Ce n'est pas ce que tu penses !
- Eh bien vas-y ! Je ne te retiens pas.
Elle enlève sa main et se la passe dans les cheveux.
- Lucas s'il te plait...
Ma bonne humeur est redescendue, mes muscles se tendent et je finis par regarder vers la porte.
- Tu es vraiment casse bonbon !
Elle commence à partir puis se retourne.
- Je reviens demain matin ! Juste toi et moi. Promis.
Je lui adresse un sourire en coin et elle sort de la chambre.

Putain ! Je suis réellement accro !

Ne dis rienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant