Elementum {Tome 5}

Galing kay Alice_univers

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Quand le Tournoi des Trois Sorciers sonne la mort de Cedric Diggory, c'est tout l'univers de Mélody qui se bo... Higit pa

I
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III
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VII
VIII
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XI
XII
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XV
XVI
XVII
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XIX
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XXXII
XXXIII
XXXIV
Annonce et remerciements

XXI

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Galing kay Alice_univers

- Okay, comment on procède ? me demande Amy.

- Il faut te concentrer. Tes pensées et ta conscience sont comme des objets que tu peux manipuler mentalement. Tu laisses tes songes se disperser, se dissoudre dans un néant profond... Tu te déconnectes de tes perceptions physiques, tout en apaisant ton esprit et ta respiration. Puis tu penses très fort aux mots que tu veux envoyer. Tu visualises comme un lien, une ligne invisible, conductrice, qui irait de toi à moi, en t'efforçant de voir autre chose que l'impossible... Fais taire ton ego qui t'empêche d'accomplir ce que chacun et chacune d'entre nous possédons depuis la naissance, et vois dans ta tête ce que tu aimerais me faire parvenir.

  Elle hoche de la tête et ferme les yeux en respirant profondément.
  Cela fait plus de dix minutes maintenant qu'on est assises sur mon lit, dans le dortoir, seules. Ou du moins, on s'est arrangées pour que ce soit le cas.
  Étant donné que Ombrage refuse qu'on chuchote pendant ses cours, j'ai eu l'idée d'apprendre la télépathie à Amy et elle a accepté immédiatement. Elle m'a même suggéré que je devrais en faire de même à George et Fred, histoire qu'on puisse tous les quatre se parler par pensées - comme ça, si l'un de nous s'ennuie en cours, l'autre pourra lui répondre. Mais pour le moment, je préfère apprendre la télépathie à Amy, et rien qu'à elle ; les jumeaux sont occupés dans la salle commune a testé leurs bonbons sortis de la boite à Flemme devant plusieurs Gryffondor, Lee étant leur seul assistant exceptionnellement. Et Angelina nous a aussi dit qu'il n'y aurait pas de Quidditch car Harry et moi avions une nouvelle retenue ; en bref, le scénario habituel.

- Mélody.

  Je sursaute en percevant la voix d'Amy dans ma tête mais ai un juron de douleur à la place. Je porte immédiatement deux doigts à mes yeux qui m'ont soudain percé les tempes ; comme des aiguillons qui me perceraient les globes oculaires.
  Amy me regarde pour savoir si ça a marché et je lui réponds par télépathie :

- Continue. Tu y es presque. Mais à l'avenir, tâche de ne pas m'électrocuter les yeux.

  Elle semble ne pas avoir compris ce que je lui ai dit mais sourit de toutes ses dents.
  Et redouble d'efforts.

- Qu'est-ce que je m'ennuie, se plaint Amy par la pensée.

  Près de trois semaines se sont presque écoulées depuis qu'elle contrôle la télépathie.

- Et moi donc, tu n'as pas idée, répondis-je.

  Elle me jette un regard en billet, relevant son nez du chapitre 34 que Ombrage a absolument voulu qu'on lise aujourd'hui, le fameux : « Les cas de réaction pacifique à une attaque magique ». Ce qui, entre nous, est particulièrement disgrâcieux.

- Mais, qu'est-ce que...

  Amy me regarde, la bouche entrouverte, me faisant esquisser un rictus amusé en coin des lèvres.

- Qu'est-ce que tu fais ? Elle va encore te donner une retenue ! s'écrie-t-elle.

  Je grimace en me massant les tempes.

- Amy, je t'ai déjà dit d'arrêter de crier quand tu veux me parler par télépathie, ça me vrille le cerveau !

- Pardon.

  Je lève les yeux au ciel, tout en ne pouvant m'empêcher de sourire. Je suis née télépathe, et Legilimens, donc pour moi, ça n'a jamais été nouveau de parler par la pensée. Mais pour Amy... C'est comme un cadeau à Yule, c'est le Saint Graal.

- Je disais donc... Qu'est-ce que tu fais ? reprend-elle.

- Ce que faisait Daniel quand il était en cours et qu'il essayait de faire un basket aérien avec James et Sirius dans les cheveux des profs.

  Je lui montre fièrement la sarbacane à air comprimé que j'ai customisé en mélangeant invention d'un enfant Moldu et ensorcèlement d'une excellente Sorcière au Sang-Pur.

- Une sarbacane ?

  Je perçois son rire comme un chatouillement tout près de mon oreille.

- Ne rigoles pas, j'y ai mis un viseur, une poignée, deux portes cartouches et une queue de détente. Ce qu'avait fait Daniel ne composait qu'un système de visée de bas de gamme et deux canons.

- Et évidemment, il était quelqu'un qui adorait perdre son temps à des choses inutiles.

- Inutiles ? Non... Révolutionnaires.

  Elle m'adresse un regard peu convaincu. Je me pince les lèvres et une pulsion de défi éclose dans le creux de mon estomac.

- Okay... Alors que dis-tu de... ça ?

  Je claque des doigts et aussitôt, la vis du lustre au-dessus de la tête de Ombrage se dévisse par télékinésie, tombant sur sa copie de Sous-secrétaire devenue illégalement professeure. Elle relève vivement sa tête en pinçant les lèvres. Au même moment, je recharge ma sarbacane, vise et presse mon doigt sur la détente. Les projectiles à la peinture indélébile bleue fluorescente atteigne le visage d'Ombrage dans un « POC ! » sonore alors que je cache immédiatement ma sarbacane dans ma manche, faisant comme si que je lisais mon livre.
  On entend des éclats de rire qui s'étouffent bien vite par des mains pour éviter qu'on les perçoive. Ombrage remet immédiatement sa tête droite en nous regardant chacun à tour de rôle, et je ne peux m'empêcher d'exploser de rire en voyant que la partie gauche de son visage est d'un magnifique bleu, comme si on le lui aurait peint.

- Vous ! siffle-t-elle en avançant à pas vifs vers moi, imposant un brusque silence assourdissant.

- Qui ? Moi ? 

- Oui, vous !

- Non, vous !

- Moi ?

- Non, moi.

  Amy se retient de rire en nous regardant, comme toute la classe entière, à tour de rôle.

- Oui, vous ! reprend Ombrage, particulièrement agacée, les yeux presque exorbités, en pointant un de ses doigts gominés sur moi. Que m'avez-vous fait ?

  Amusée, je me mets alors à réciter une phrase que j'avais trouvée une fois dans un livre de Eileen, la mère de Daniel et de Severus.

- Le streptocoque est une bactérie gram-positive de forme arrondie qui s'associe en chaînette.

  Ombrage fronce aussitôt les sourcils alors que je lui fais un immense sourire sournois.

- Dis donc, pour une Sous-secrétaire d'État, vous savez peu de choses sur la médecine Moldue, commente Amy d'une voix blasée, le menton dans sa paume gauche, le même sourire que moi.

  Elle a finalement décidé que, après tout, ce n'était pas si grave qu'elle s'expose au risque de punition d'Ombrage. Après tout, comme elle me l'a répété à maintes reprises : si je saute du pont, elle saute sans hésiter.

- Peu m'importe de votre médecine de bas de gamme, siffle Ombrage, que m'avez-vous fait, Miss Malefoy ?

- Pourquoi croyez-vous que j'ai fait quelque chose ?

- Vous êtes une élève indomptable et très attachée à la violation du règlement qui stipule très bien que tout élève doit témoigner d'une attitude tolérante et respectueuse de la personne d'autrui. Et aucune brimade et usage de magie portant atteinte à la dignité ou à l'intégrité magique, physique et morale n'est tolérée. Ce qui est désolant, c'est que dans votre cas, vous ne suivez à la lettre aucune de ces deux règles, Miss Malefoy.

- Mais vous non plus, répliquai-je nonchalamment. Je ne vois pas pourquoi vous auriez le droit de malmener quiconque vous retourne les sentences en refusant les dites ripostes. Et, par ailleurs, des ripostes qui vont peut-être être un poil difficile à enlever.

  J'étrangle de rire au même moment où la sonnerie retentit, la déstabilisant assez pour qu'elle réplique immédiatement :

- Une retenue, Miss Malefoy ! Pour la semaine à venir.

  J'hausse les épaules, alors que tous les élèves sortent en même temps. Tous, sauf évidemment Amy. Hermione, Ron et Harry nous attendent quant à eux devant la porte de la classe de Défense Contre les Forces du Mal.

- Et vous aussi, Miss Miyamoto, continue Ombrage.

- Laissez-moi deviner, dit Amy, le regard flamboyant, vous voulez me punir parce que j'ai encouragé ma meilleure amie que vous avez torturé pendant... hmmm... presque deux mois entier ? C'est presque rien, votre punition à la plume siphonneuse de sang. Que, par ailleurs, Mélody brûle à chaque fois avec son don. Alors, ou soit vous avez une tendance au sadomasochisme, ou soit vous attendez que, à mon tour, je vous montre de quoi je suis capable quand on essaie de tordre mes nerfs.

  Elle s'est rapprochée d'Ombrage à chaque mot, et a gardé un faciès paisible, ainsi qu'une respiration calme. C'en est étonnant. Et stupéfiant pour moi car jamais Amy n'a osé parler de la sorte à une adulte. Adulte qui la jauge du regard.

- Donnez-le moi, dit brusquement Ombrage.

- Donner quoi ? demande Amy.

- Ce sabre que vous gardez précieusement dans votre poche sous la forme d'un stylo-bille.

  Le regard de Amy s'assombrit.

- Ne t'en fais pas, elle n'aura pas le temps de le subtiliser, lui dis-je par télépathie.

  Cela semble la rassurer, mais elle reste quand même interdite face à Ombrage. Je me demande d'ailleurs comment elle a su une telle chose.

- Serait-ce Kristine Astor qui vous l'a dit ? lançai-je.

- Peu importe qui me l'a dit, je le sais, c'est tout. Alors donnez-le moi ou je le confisque moi-même, Miyamoto.

- Vous risquez fort d'être déçue car je n'ai aucun sabre sur moi, Madame. 

  Ombrage brandit aussitôt sa baguette magique et lance :

- Accio !

  Au même moment, j'échange par la pensée son stylo-katana par un stylo-bille Hello Kitty qui fuse hors de la poche arrière du short se trouvant en-dessous de la jupe de Amy, et atterrit dans la main de Ombrage.

- C'est une plaisanterie ? souffle cette dernière, dépitée.

- Comment ? Vous n'aimez pas Hello Kitty ? s'étonne faussement Amy. Vous qui adorez le rose, ça devrait vous plaire, pourtant. Et remarquez même qu'elle n'a pas de bouche, elle ne peut donc pas chuchoter. 

  La mine toujours si innocente, elle esquisse un rictus sympathique et passe sur son épaule une sangle de son sac à dos en peluche panda, où est accroché par un sortilège de Magie du Sang son masque de Kitsune à demi-visage.

- Je vous en fais cadeau, ajoute-t-elle joyeusement.

  Je suis un peu prise au dépourvue par sa réaction, mais me reprends bien vite en disant :

- Alors, la retenue... Je crois qu'on peut la fixer à ce soir, non ? Ouais, voilà, dix-sept heures, ça vous va, Professeure ? Si c'est non, ce n'est pas notre affaire, vous n'avez qu'à vous libérer.

  Je lui fais un immense sourire et pars bras-dessus, bras-dessous avec Amy. Hermione, Ron et Harry, qui ont regardé la scène depuis le début, nous fixent avec des yeux ronds comme des billes alors qu'on marche dans les couloirs.

- Oh, non, non, non... Ne faites pas ces têtes, il était magnifique ce stylo Hello Kitty, je suis sûre qu'il lui plaira, plaisantai-je. Et toi aussi, ça va te plaire, dis-je à Amy. Tu sais quoi ? Ton stylo ! Mais vérifie un peu qu'il y soit vraiment, ça se pourrait qu'il est atterrit aussi dans tes cheveux, j'ai souvent du mal à inverser les objets sans qu'ils atterrissent dans des endroits... hmm... improbables...

  Amy fouille aussitôt dans les poches de son short avant de souffler de soulagement en trouvant son stylo-katana.

- Je ne te remercierai jamais assez, Passe-Partout ! s'exclame-t-elle en me serrant dans ses bras.

- Mais il n'y a pas de quoi ! souriai-je.

  Mais mon sourire disparait lorsque que nous sommes tous à nous précipiter dans les couloirs extérieurs.
  La main dans celle de George, nous courons jusqu'à la cour d'entrée, deux semaines plus tard. Suite à notre petit acte de rébellion, Ombrage a encore fait des siennes et prévoit de renvoyer la professeure Trelawney. Il faut donc que je tente quelque chose, n'importe quoi mais il faut agir. Et vite.
  Une fois sur les lieux, certains visages paraissent choqués, d'autres effrayés. La professeure McGonagall se trouve de mon côté. Apparemment, ce qu'elle voit lui soulève le cœur.
  Trelawney se tient au milieu de la cour, tremblante de tout son corps, les larmes aux yeux.
  Rusard arrive et jette brutalement sa dernière valise devant elle, à terre. Elle en sursaute, le regard fixe, presque terrifiée car Ombrage s'avance vers elle avec un sourire hautain et presque... amusé.
  Je contracte ma mâchoire, sentant un feu bouillir en moi, mais que mes Artefacts parviennent d'eux-mêmes à contrôler.

- Non ! crie-t-elle. NON ! Ce n'est pas possible... Ça ne peut pas... Je refuse de l'accepter !

- Vous n'avez donc pas réalisé que cela vous pendait au nez ? dit Ombrage avec un amusement cruel dans la voix.

- Oh la sale...

  Mais George m'empêche d'avancer en m'empoignant le biceps d'une main et la taille de l'autre. 

- Reste calme, Dumbledore va certainement faire quelque chose... me chuchote-t-il.

- Rester calme, c'est ça ta solution ? Elle n'est pas dans ses droits, cette garce et... et on ne peut pas ne rien faire, George !

- Je sais, mais attends encore un peu.

  En voyant son regard, je détourne le mien en soupirant, regardant tristement Trelawney qui est en proie à une crise de larmes. Cette vision me serre le cœur autant qu'une bouffée d'injustice éclose dans le creux de mon ventre.

- Seize ans... J-J'ai vécu et j'ai enseigné ici... P-Poudlard est ma m-maison ! Vous... Vous ne pouvez pas faire ça... Je vous en supplie !

- Je peux tout à fait, dit Ombrage en brandissant un papier.

  J'éprouve davantage de sentiment de révolte en voyant la joie qui s'étale sur son visage de crapaud tandis qu'elle regarde la professeure Trelawney, secouée de sanglots incontrôlables, prête à s'effondrer sur l'une de ses malles. À quelques mètres à côté de moi, Lavande Brown et Parvati Patil pleurent silencieusement, serrées l'une contre l'autre. Amy baisse les yeux, se savant impuissante.
  Mais ce n'est pas mon cas pour une raison très simple : je suis assez puissante pour modifier l'esprit d'Ombrage tout en m'assurant que tout le monde oublie que j'ai fait ça.

- Je ne peux pas, murmurai-je sèchement à George sans détacher mon regard de la professeure. Je ne peux pas laisser faire ça.

  Je lui donne un coup dans le plexus solaire et il me relâche aussitôt en m'appelant, anxieux, mais je l'ignore et traverse la cour à pas guerriers et déterminés, provoquant dans mon dos des chuchotements indiscrets. Je marche droit sur la professeure Trelawney et lui tapote le dos d'un geste réconfortant en faisant apparaître un mouchoir en soie blanc par la pensée.

- Calmez-vous, Professeure... Tenez, mouchez-vous... Ce n'est pas totalement fini, vous pouvez me croire.

- Ah vraiment, Miss Malefoy ? dit Ombrage d'un ton assassin en s'avançant de quelques pas. Et qu'est-ce qui vous donne le droit de dire cela ? Vous n'êtes qu'une élève.

- Et vous, qu'une femme qui use de droits qu'elle n'a pas, rétorquai-je en la fusillant des yeux.

  Je lève les bras en tournant sur moi-même, regardant chaque élève.

- Pourquoi aucun de vous ne réagit ? On est assez puissants, tous ensemble, pour chasser cette vieille folle de l'école !

- Miss Malefoy, je crains que vous ne comprenez pas très bien-

- Si, je comprends tout à fait, Ombrage ! la coupai-je. Vous avez commencé à instaurer la peur, et vous voulez à nouveau tester vos soi-disants pouvoirs de petit Être Humain pathétique sur toute cette école et ses occupants - pour installer la terreur de se faire renvoyer.

- Sachez que je le peux très bien.

- Eh bah allez-y, la provoquai-je en pointant un doigt vers elle. Allez-y, je n'attends que ça ! Mais comme vous savez pertinemment que cela n'obéit pas à la loi, vous ne ferez rien. 

- Ah, vous croyiez ? dit Ombrage à mi-voix.

- L'article B13 ne vous dit rien, peut-être ?

  Je la vois fermer pour la première fois sa grande bouche alors qu'elle me fusille des yeux. J'en fais tout autant, sans même pouvoir m'empêcher d'avoir une exclamation de dédain.

- Ce ne sont que des paroles en l'air, Ombrage, rien que des paroles en l'air qui n'ont aucun sens... Tout comme bannir la professeure Trelawney est une aberration.

  C'est alors que McGonagall se joigne à moi pour soutenir Trelawney qui continuait à pleurer.

- Oh là...

  Elle la prend dans ses bras, la mine attristée.

- Oui, ma Chère, vous voulez ajouter ? demande Ombrage.

- Oh croyez-moi, il y a un tas de choses que je voudrais dire, répond sèchement McGonagall.

- Moi, je ne vais pas me priver, tranchai-je. Vous n'êtes pas dans vos droits, Ombrage, alors cessez donc de prétendre le contraire.

- Je vous prie de me parler autrement, jeune fille, siffle Ombrage d'une manière qu'elle croit menaçante. Une élève de votre âge doit rester à sa place !

- Alors restez à la vôtre aussi, dans ce cas.

- Sauf qu'il suffit d'une lettre pour tout changer ! Et j'ai justement un courrier qui...

- ... qui indique le décret d'éducation numéro vingt-trois que vous pouvez renvoyer tout enseignant de Poudlard si vous le trouvez incompétent, récitai-je d'un ton morose. Ouais... Ouais... On sait, ça, mais vous oubliez un détail.

- Ah oui, Miss Malefoy ? Et qu'est-ce que c'est ?

- Oh, je crois que vous pourriez plutôt dire : qui est-ce ?

  Les portes de chêne s'ouvrent soudain et les élèves qui se trouvent devant s'écartent précipitamment pour laisser passer Dumbledore. Mon sourire s'étire alors que je croise son regard. Timing parfait. Il m'indique d'ailleurs de ses seuls yeux qu'il a trouvé un remplaçant provisoire à Trelawney, le temps que Ombrage parte de Poudlard, et entends sa voix dans ma tête :

- Vous aviez raison pour Firenze.

  J'ai un rictus. Bien sûr, que j'avais raison. Si Dumbledore trouvait un remplaçant dans les temps, le ministère ne se mêlerait pas plus des histoires d'enseignants. Dans notre cas, Firenze est l'un des centaures de la Forêt Interdite que j'admire le plus.
  Ombrage, quant à elle, perd un peu de son sourire alors que je lui en offre un narquois et rempli de sournoiserie. En voyant mon regard, elle sait que j'ai prévenu Dumbledore. Elle sait sans trop savoir, par ailleurs. La réponse lui échappe : j'ai appelé le directeur en renfort par la pensée, vu que je suis télépathe et que... disons... Dumbledore, c'est Dumbledore.

- Professeure McGonagall, Miss Malefoy, veillez raccompagner la professeure Trelawney à l'intérieur, dit-il en s'avançant au milieu de la cour.

- Avec grand plaisir, Monsieur, acceptai-je.

  D'une volute de fumée blanche, je fais léviter avec de l'air les malles de la professeure Trelawney, alors que Chourave surgit de la foule avec Flitwick et tout deux se précipitent sur la professeure de Divination, qu'on entraînent à l'intérieur. Au même moment, j'adresse un sourire radieux à Ombrage qui semble étrangement vouloir me tuer sur le champ.
  Après être allés dans la bureau de McGonagall, et y avoir donné une tasse de thé brûlante à Trelawney, le professeur de sortilèges me dit de sa petite voix flûtée :

- J'ignore si c'est de l'inconscience ou de l'arrogance, mais vous avez un sacré courage, Mademoiselle Malefoy.

- Je ne crois pas que ce soit de l'arrogance, Monsieur, et mon courage... On va dire que je l'ai dans le sang, je suis une Gryffondor. Le soucis est que j'hais autant que vous tous ici présents cette Ombrage qui fait tomber Poudlard en disgrâce, alors...

  La professeure Chourave a alors un grand sourire.

- Vous êtes une sacrée élève, Miss Malefoy. Dire ouvertement de telles choses à la professeure Ombrage...

- Sous-secrétaire, pas professeure, Madame, la rectifiai-je respectueusement. Pour être une professeure, il faut du talent. Beaucoup de talents et de courage : Ombrage n'a été formée que par un Système élitiste et raciste, qui tire de sa force une magie noire transparente aux yeux des autres... Elle n'a l'étoffe que d'une femme pathétique aux attentes tout aussi grotesques... Non, mais sérieusement ? Vous me voyez vraiment obéir comme elle le demande ? dis-je avec sarcasme.

  Chourave et Flitwick ont un petit éclat de rire qui redonne un peu de couleurs à Trelawney, qui, pourtant, fond toujours en larmes dans sa tasse de thé.

- Après ce qu'il s'est passé au ministère, je suis surpris que vous n'ayez pas peur d'y retourner... me dit Flitwick. Enfin, pardonnez-moi, je me mêle de choses qui ne me regardent pas, mais...

- Vous n'avez pas besoin de vous excuser, lui dis-je en m'interdisant des larmes aux yeux à ce souvenir ; En fait, voyez-vous, j'ai jurée allégeance au caractère de rébellion face à toutes sortes d'injustice. Et j'ai bien regardée la charte de l'école, je connais d'ailleurs toutes les lois du monde Magique... Ombrage a sorti des décrets illégaux, et personne ne semble s'en apercevoir. Cette garce ne mérite aucun respect, et le fait que je sois une élève ne change rien ; elle doit payer pour ce qu'elle fait et rendre sa vie un Enfer est l'un de mes passes-temps favoris.

  McGonagall étire un sourire amusé et me dit avoir échangé un regard avec les autres professeurs :

- Nous avons vu ça, oui. Mais concentrez-vous aussi sur vos études, c'est important.

- Vous me connaissez, Professeure, mes notes sont excellentes. Ce que je fais n'est que du divertissement. Un divertissement diaboliquement drôle.

  À mon sourire espiègle et sadique, je vois bien qu'ils se retiennent tous de rire.
  Je me lève en leur souriant, et Trelawney, qui a calmé ses sanglots, me prend les mains dans un tremblement incessant.

- Ma chère, je vous remercie de tout mon cœur... Jamais cela ne sera assez suffisant pour vous dire à quel point je vous dois beaucoup...

  Elle me tapote les mains avec l'une des siennes comme si mon geste était l'espoir incarné.

- La seule chose qui le pourrait serait de continuer à vous voir parmi nous, répondis-je, assise en lotus, en lévitation au-dessus du sol grâce à mon don mais à sa hauteur.

- Je préferais quitter les lieux plutôt que rester une seconde de plus dans le secteur où se trouve Dolores Ombrage...

  Elle se remet à sangloter alors que je soupire gentiment.

- Justement. En partant comme elle le voulait, vous la laissez avoir de l'emprise sur vous. Ce qu'il faut, c'est lui montrer qu'elle n'est que misérable vermine rampante au sol et que nous tous... nous sommes beaucoup plus puissants qu'elle.

- Mais elle est sous les ordres du Cornelius Fudge, vous semblez l'oubliez, rétorque Flitwick.

  Je contracte ma mâchoire à l'énonciation de ce trou des toilettes.

- Encore mieux, il suffit de prouver qu'il n'est pas aussi bon qu'il le prétend, de tout faire pour le ridiculiser et on obtiendra un soulèvement du monde Magique. 

- Une mutinerie ? répète McGonagall, l'air de trouver cette idée saugrenue.

  J'hoche vivement de la tête.

- Mais oui, Madame, une mutinerie. C'est bien ça. De toute façon, ça n'en sera même pas la peine vu que, à mon avis, dans un an tout au plus, il aura donné sa démission.

- Qu'est-ce qui vous fait croire ça ? s'étonne Chourave.

- Parce que c'est évident ? hasardai-je avec sarcasme. Parce que sa peur va le pousser à se retirer du Pouvoir auquel il tient tant ? 

  Les adultes froncent les sourcils.

- Voldemort est revenu, repris-je après quelques secondes. C'est la seule chose qui lui fait craindre la vie. Ça et aussi l'influence de Dumbledore, ainsi que ma libération car il sait qu'un beau jour, il y a un risque que je revienne me venger. Mais je crois que je laisserais ça au peuple Magique.

  Je pouffe de rire doucement.

- Enfin... Moi je vous le dis, ajoutai-je en reposant mes pieds par terre pour me lever ; accrochez-vous car ce n'est que le début d'une longue et épuisante scène de théâtre. Et on ne parle pas de Shakespeare, là.

  Je leur fais un bref sourire et prends congée pour retrouver George, Fred et Amy. Mais à peine suis-je sortie du bureau de McGonagall, et en ai-je fermée la porte, que je sursaute en m'arrêtant nette, raide comme un piquet, lorsque je vois qui se tient près de la porte, appuyé contre le mur d'une manière nonchalante.
  Drago jette de haut en bas sa pomme verte, avant de la rattraper et se tourner vers moi.

- Génial ton tour de tout à l'heure avec Trelawney, commente-t-il.

  Je lève les yeux au ciel en contractant ma mâchoire.

- Merci, répondis-je d'une voix glaciale.

  Je me retourne aussitôt et marche à vive allure dans le couloir au sens inverse de Drago, mais comme c'est prévisible, il m'arrête en attrapant mon biceps d'une poigne ferme.

- Je n'ai pas terminé, Sœurette !

- Oh, crois-moi, si, on a fait le tour.

  Je me dégage sèchement de sa prise et continue de marcher à pas plus rapides. Drago me rattrape à nouveau en trottinant jusqu'à moi pour me rattraper.

- Tu sais que personne ne me fuit éternellement et surtout pas toi ?

  J'ai un rire amer sans le regarder.

- Le jour où tu me mèneras à la baguette comme Crabbe et Goyle, ce sera quand Kristine aura disparue, Dray. Alors maintenant, tu vas rentrer dans ta salle commune et me laisser tranquille.

- Attends, attends, attends ! dit-il précipitamment en voyant que je ne m'arrêterais pas. On peut discuter au moins, tu sais... rattraper le temps perdu de ces deux mois, ce genre de choses... comme des frères et sœurs normaux quoi.

- Sauf que tu oublies que je ne suis pas normale. Et je n'ai absolument rien à te dire, alors casse-toi.

  Il se pince les lèvres.

- Tu ne m'empêcheras pas de vouloir en savoir plus, Elly, et encore moins le fait inévitable : on doit parler.

  Dès que sa main à frôler mon épaule, je lui fais une clé de poignet qui fait brutalement retourner son bras dans son dos. Drago échappe une exclamation de douleur.

- Non, TU veux me parler. Ce n'est pas mon cas, et ce ne le sera plus ! Alors soit tu te casses, soit c'est ton bras qui finira en miettes si tu continus d'insister !

  Je renforce ma poigne assez forte pour qu'il siffle de douleur, appuyant donc mes dires, et le repousse brusquement en avant. Il titube un peu avant de se redresser et de me regarder d'une façon exaspérée, agacée, frustrée, n'osant pas croire que notre complicité retrouvée ces deux dernières années - s'est finalement perdue après ces deux mois passés loin de l'un et de l'autre. Sans aucun sourire, le visage passé au masque de glace, je le fixe dans les yeux d'un regard noir, faisant perdurer le contact.
  Au bout de ce qui s'apparente au moment le plus long de ma vie, ses lèvres se contractent de façon à me montrer son amertume.

- Très bien, j'ai compris, crache-t-il. J'ai compris... 

  Il hoche de la tête.

- Ouais, j'ai parfaitement compris. 

  Il me regarde une dernière fois avec une colère qu'il ne m'est pas difficile de ressentir, et se détourne de moi pour partir de l'autre sens, disparaissant au croisement de couloir.
  Mes larmes me montent alors aux yeux, tandis que mon cœur se serre douloureusement et qu'un sentiment de culpabilité me tord l'estomac. Mais il disparait aussi rapidement qu'il est apparu lorsque je bloque mes émotions à ce ressenti poignant. Je l'ai peut-être à nouveau perdu... Or, je ne suis pas encore prête à tout lui expliquer, à tout lui raconter. Ma fierté m'empêche sûrement. Ou alors, est-ce la peur du jugement ou encore la répugnance de voir son regard m'apporter pitié et désolance ? Dans tous les cas, c'est mieux de l'éviter. Du moins, jusqu'à temps que j'en décide autrement.
  Je souffle profondément et applique ce même sourire sur mes lèvres quand je retrouve les jumeaux et Amy au même endroit où nous nous sommes quittés. Ils sont soulagés de me voir revenir, mais George fronce les sourcils en me regardant avec des yeux plissés. Je fais mine qu'il n'y a rien en lançant :

- Tout le monde a déserté la place ?

- Ouais, après que Firenze soit apparu pour montrer à Ombrage que Dumbledore avait trouvé un remplaçant à Trelawney, Dumbledore a demandé à ce que tout le monde se disperse, répond Fred.

- Mais toi... Tu as vraiment des pulsions suicidaires, sourit Amy.

- Je ne suis pas suicidaire, seulement quelqu'un d'adepte à la justice divine, répondis-je en faisant référence à ma promesse.

  Ils rigolent légèrement, et je jette un coup d'œil au tailleur sur mes épaules.

- Ce qui me fait penser que cette veste est loin d'être ma vraie personnalité, dis-je en la mettant du côté « rebelle de nature ». 

  Ils étirent des sourires, et George me dit avec un rictus amusé :

- Tu n'es pas croyable...

- Tu sais ce qui n'est pas croyable ? lâchai-je tout haut sur un coup de tête.

- L'histoire avec Ombrage ?

- Ouais, c'est exact. Parce que ça... ça commence vraiment à me mettre les nerfs à vif.

  Tous les trois savent, et comprennent, que je commence à péter un câble. D'où leur échange de regards que j'ignore royalement.

- Cette... garce des alpes n'est pas dans ses droits et elle se permet de...

  Je me pince les lèvres, me contrôlant du mieux que je peux en sortant une exclamation amer.

- Elle se permet d'abuser de ses foutus décrets illégaux, et ça ne choque absolument personne ! 

- S'énerver ne fera pas avancer les choses, ma Belle, alors calme-toi... me dit George en s'approchant de moi pour poser un bras autour de mes épaules. 

  Mais je le repousse, agacée qu'il fasse comme si que tout va bien.

- Me calmer ? Me calmer ?! George ! Cette putain a fait des choses horribles, ignobles, et elle se permet de rester encore au pouvoir en enfonçant Poudlard du mieux qu'elle peut pour tous nous mettre à des niveaux aussi bas qu'absurdes. On n'apprend rien du tout en Défense, il y a beaucoup trop d'interdictions et de règles à la con, et en plus, être en couple est interdit !... Et je devrais me calmer ? Non... Non ! J'en ai marre, ça y est, je pète un câble, c'est bon, je sature ! J'en ai plus que marre de devoir respecter des choses qui n'ont aucun sens !

- Et qui ne sont que le début, approuve Amy.

- Exactement. Et tout le monde trouve ça totalement... normal. Normal, les gars ! Il n'y a rien qui est normal, et surtout qu'elle soit encore vivante !

- Quoi... tu veux la tuer ? ricane nerveusement Fred.

- Oh, mais j'ai constamment envie de la liquider.

  Ma froideur aussi coupante qu'une lame de couteau cingle l'air, alors que les jumeaux me regardent avec des yeux ronds, ne me connaissant pas sous cet attrait de meurtrière.

- Mais avant, évidemment, je la torturerais... dis-je sombrement, d'un air de vengeance, le regard perdu dans le vide, un sourire sadique aux lèvres. Je la blesserais suffisamment pour qu'elle sente ce que ça fait... En fait, je me demande bien ce qui me retient de ne pas la tuer maintenant.

- Euh... Le fait que tu risques d'être à nouveau enfermée, et ce, à tout jamais ? hasarde George, effaré. Ça, ça devrait te convaincre suffisamment pour ne pas tenter l'impossible, ajoute-t-il avec un regard brillant d'une lueur angoissée à l'idée de me savoir encore torturée.

  J'ai un rire amer.

- L'impossible est possible tant que l'on y croit.

- Arrête... Tu dis ça mais c'est encore le Conditionnement, me dit Fred.

- Ah, vous croyez ?

- La véritable Mélody n'est pas une tueuse, m'assure George en me regardant droit dans les yeux.

  Je fronce mes sourcils et hausse les épaules.

- Le Contionnement n'a rien à voir, j'avais déjà envie de tuer Kristine bien avant toute cette histoire.

- Kristine, c'est normal, réplique Amy. Mais Ombrage... Il suffit de quelques mois supplémentaires et elle partira... Mélody, voyons... Tu... Tu ne te rends pas compte de tes paroles. Torturer Ombrage ne servira à rien que noircir ton Âme et...

- Elle a été fragmentée dès que j'ai servi de rat de laboratoire.

  Ils semblent tous anxieux, soudain oppressés.

- Non, Mélody, tu dis n'importe quoi, me dit George d'un ton grave. Alors arrête ça tout de suite !

  J'entends alors comme un souvenir... La voix de Daniel qui m'a dit : « S'il te plaît, ma Puce, tu n'as aucune raison de faire ça... Aucune. Alors arrête ça. »...
  Je sursaute soudain quand je me rends compte de ce qui vient de m'arriver. Clignant des yeux plusieurs fois, anxieuse, je regarde mes mains tremblantes dont les veines sont devenues au fur et à mesure d'un noir aussi sombre que du goudron. Comme lors de leurs injections pour me Conditionner... Les larmes me montent alors que ma respiration s'accélère. Je relève mon regard vers les autres, qui semblent soudain soulagés.

- C'est bon, Love, calme-toi... me rassure George. Ce n'était qu'un mauvais passage...

  Il me prend dans ses bras alors que je suis horrifiée de mes propres paroles. Enfin... horrifiée... Ombrage mérite bien la mort, mais je n'ai pas à décider de mettre fin à ses jours. Ça ferait bien trop plaisir à Kristine, dont le plan serait enfin mis à exécution : celui de me transformer en monstre comme elle.

- Non, pas qu'un mauvais passage, j'ai vraiment... j'ai vraiment ressenti leur truc de... Ce... C'est comme si que, sur le coup, mon envie de vengeance avait pris le dessus en me donnant des idées sombres... Mais ce... ce n'est pas moi... Je...

- On le sait, répond Amy alors qu'on s'assoit sur un renforcement de fenêtre, George me gardant dans ses bras. 

- Mais tu fais quand même toujours autant flipper quand tu es comme ça... avoue Fred en grimaçant.

  Il grimace encore plus quand Amy lui donne un coup de coude dans les côtes.

- Aoutch !

- Ça t'apprendra ! Mélody est déjà assez horrifiée comme ça, pas la peine de replonger le couteau dans la plaie !

  Je ne les écoute que d'une oreille distraite, trop concentrée à fixer mes mains, la tête baissée. Elles ne cessent de trembler, sans s'arrêter. J'ai même l'impression qu'elles aimeraient avoir une dague et planter la dite dague dans la tête de Ombrage. J'ai un frisson en pensant ça. 

- Mais pourquoi ça refait sans cesse surface ? Pourquoi... Je n'arrive pas à m'en détacher, de leurs maudites injections ? Pourquoi je...

- Tu te rappelles de ce qu'avait dit ta tante ? répond George en me serrant davantage contre lui. Ça ne disparait pas comme ça du jour au lendemain, il y a toujours des résidus de leur merde qui reste.

- Justement, je devrais être assez forte pour m'éviter ça ! Et au lieu de ça, je... je me fais toujours avoir sans même songer une seule fois à ce que je dis !

- C'est exactement cela, Miss Malefoy.

  Je sursaute aussitôt en relevant ma tête et mon regard s'assombrit quand je vois Ombrage qui s'approche de nous. Amy et Fred se lèvent immédiatement en se mettant devant moi.

- Vous, vous ne l'approchez pas après tout ce que vous continuez à lui faire ! siffle Amy, le regard noir.

- Je ne vois pas le moins du monde ce dont vous pouvez m'accuser, très chère Miss Miyamoto.

  Son sourire de crapaud qui s'étire me fait contracter la mâchoire.
  Je me lève brusquement et me voyant m'avancer vers elle, George me retient en m'attrapant le biceps.

- Laisse tomber, ma Belle, me dit-il. Viens, on y va.

  Sauf que Ombrage semble vouloir vraiment me faire sortir de mes gonds.

- Et il m'a semblé avoir été très clair face à la distanciation que les filles doivent appliquer quand elles sont en présence de garçons.

  Elle commence à lever sa baguette magique, mais George ne lui en laisse pas le temps.

- Vous savez ce qu'on lui fait à votre distanciation ? 

  Il relève mon menton à une main, et m'embrasse fougueusement. D'abord prise au dépourvue car je suis encore un peu sous le choc de ce qui m'est arrivé il y a tout juste cinq minutes, je finis par répondre à son baiser sous le regard amusé de Fred et Amy, mais sous l'œil d'une Ombrage offusquée. Elle tente de nous séparer à coup de sortilège, sans résultat car je canalise sa magie en créant un bouclier invisible avec mon don. Pouvant continuer dans sa lancée, George me serre contre lui avec sa main dans le creux de mon dos, faisant définitivement perdre la couleur noire à mes veines qui reprennent leur état naturel. Bien qu'il bat précipitamment, mon cœur s'en prend à cœur joie pour apprécier ce moment.
  En même temps, on brandit l'une de nos mains en levant notre majeur face à Ombrage qui écarquille des yeux. Fred et Amy ricanent.
  Nous finissons par nous relâcher, essoufflés. Ce baisé était... WAHOU !
  George recule son visage de quelques centimètres pour me faire son fameux clin d'oeil auquel je réponds d'un grand sourire. Il entrelace ses doigts droits aux miens gauches, en montrant nos mains liées à Ombrage.

- Votre distanciation vous savez où vous la mettre, siffle George.

  Rien ne peut m'empêcher de penser qu'il attendait ce moment depuis le début. Ce moment qui prouve à Ombrage combien, en dépit de tout ce qu'elle pense, notre Amour reste toujours là ; elle espère nous séparer car elle déteste voir les gens s'aimer. Évidemment, puisque personne ne l'aime, cette grosse vache.

- Fort bien, le décret d'éducation numéro trente-et-un n'a pas été respecté, dit cette dernière d'un ton assassin. Vous êtes donc en retenue pour la soirée ! Suivez-moi.

  Je regarde George en haussant un sourcil.

- Mmh... Mouais... Non, dit-il.

  Ombrage se retourne vers lui, le regard assombri.

- Comment ça, non ?

- Non, on ne vous suivra pas, rectifie George d'une voix calme.

- Ce qui veut dire que vous pouvez aller faire votre retenue avec vos assiettes de chat, récapitule Amy.

- Sérieux ? dit Fred. Des assiettes de chat ?

- Ouais, elle est atteinte d'un syndrome de Pan plutôt prononcé, répondis-je. D'ailleurs, vous avez gardé le stylo Hello Kitty ? demandai-je à Ombrage, qui perd en éclat, déstabilisée.

  Amy avale un rire.

- Changez de ton, siffle aussitôt Ombrage. Je vous ai donné un ordre, il faut le respecter.

- Le respecter, à moitié. Le suivre... hmmm... pas vraiment, répondis-je. Car c'est illégal.

  Elle a un rire rempli de dédain.

- L'illégalité a fait le monde depuis la nuit des temps, ce n'est pas vous qui allez changer ça. Et les décrets ont été ordonnés par Monsieur le Ministre lui-même.

- Je ne vois pas trop en quoi ça nous concerne, George et moi, sachant qu'on ne fait juste que s'aimer.

- L'Amour, c'est pour les enfants, Miss Malefoy, tout comme le fait de désobéir.

- Très bien, alors je suis fière d'être une enfant si c'est ce que vous voulez entendre.

- Mais justement, ma chère, c'est parce que vous n'êtes que des enfants qu'il faut persécuter dès que cela est nécessaire. Et aujourd'hui, c'est le cas car vous n'avez pas respecté le décret d'éducation numéro trente-et-un.

- Vous pouvez continuer à parler, on ne vous suivra pas pour une punition qui n'a rien de justifié, persiffle George en voyant que je commence sérieusement à m'impatienter.

- Oh si, que vous me suivrez car sinon, le Ministre en entendra parler. J'ai été plutôt laxiste jusque là mais maintenant, votre petit jeu a assez duré.

  Je la jauge du regard.

- Vous n'avez rien à lui dire, à Fudge, étant donné que c'est un décret parmi tant d'autre, tranchai-je sèchement.

- C'est un décret vous concernant. Vous souvenez-vous sous quelle liberté l'on vous a placée ? Puisque, de toute évidence, Miss Miyamoto et les Weasley semblent tous avoir eu des informations qui devaient, aux conditions que l'on a imposé, demeurées confidentielles. Tout comme le fait que vous n'aviez nullement le droit d'user de votre don à Poudlard, ni l'autorisation de corrompre les idéologies du Système. 

  J'ai le regard qui s'assombrit et mon sourire s'efface quand je comprends qu'elle va tout balancer à Fudge. Je contracte ma mâchoire autant que la main de George se crispe sur la mienne.

- J'aurai dû vous régler votre compte dès que j'en avais l'occasion, sifflai-je d'un ton lourd de menaces.

- En aviez-vous une ?

- De quoi ?

- D'occasion ?

  Je plisse mes yeux en la fusillant du regard.

- Oh, je pourrais très bien vous tuer sur le champ comme l'immonde vermine que vous êtes pour vous regarder vous plier de douleurs par toutes les veines que j'éclaterais dans votre petit cerveau de crapaud répugnant, mais il malaise est que je rendrais un fier service à Kristine Astor et ça, quel dommage, jamais je n'y participerais.

  Ombrage a un sourire satisfait.

- Voilà donc cette affaire conclue, ma chère Miss Malefoy, dit-elle. Allons, suivez-moi, appuie-t-elle.

  Elle commence à marcher mais se retourne de nouveau.

- Sauf si vous voulez cette fois-ci être définitivement le fruit d'expériences précoces.

  Je me fais force pour y paraitre indifférente et détourne la tête pour ne pas montrer les larmes qui menacent de me monter aux yeux. Voyant que le combat est perdu pour cette fois-ci, et anxieux à l'idée de ne plus jamais me voir, George dit en serrant les dents :

- Vous n'allez rien lui faire du tout car on vous suit. On se retrouve dans le dortoir, Gred.

- Compte là-dessus, assure Fred.

  Amy se jette à mon cou pour me serrer fort contre elle, les larmes aux yeux.

- Préviens-moi par télépathie si jamais elle te fait quoique ce soit, me murmure-t-elle dans l'oreille.

- Je serais toi, je m'inquiéterais plutôt pour Fred, il a l'air de t'aimer davantage, plaisantai-je sur le même ton.

  On se détache et je la vois devenir aussi rouge qu'une pivoine. Ombrage se racle la gorge, me faisant revenir à la réalité. George et moi soupirons : dios mio, quand est-ce que tout ça se termine et qu'elle est bannie de Poudlard ?

- Miss Malefoy connait le procédé, mais pour vous, mon cher Weasley, ce sera une première, dit Ombrage une fois que nous sommes assis dans son bureau.

- Oh non, vu que je sais déjà que votre plume siphonne le sang, siffle George en la foudroyant du regard.

- C'est moi ou je déteins sur toi ? lui envoyai-je par télépathie.

  George fronce les sourcils en me regardant étrangement, se massant la tempe en grimaçant.

- Je te parle par télépathie, c'est normal que tu aies mal, tu n'y es pas habitué.

  Sa bouche s'ouvre seule mais il n'a pas le temps de faire l'éloge de son étonnement que Ombrage se racle la gorge.

- Un peu de concentration, voulez-vous ! Aujourd'hui, comme vous avez du mal à enregistrer l'information, vous allez écrire : « Je ne dois pas désobéir aux ordres ».

  J'échange un regard avec George, mais je ne fais aucun commentaire, ce qui l'étonne. Je ne suis pas idiote, je sais pertinemment que c'est une nouvelle façon pour Ombrage de me Conditionner discrètement. Et ça, c'est très énervant.

- Justement, ils sont totalement idiots vos ordres ! cingle George.

- Faites-le, et il n'y aura pas de conséquences après. Ne le faite pas, et cela pourrait bien vous être... mortelle, rétorque Ombrage en finissant sa phrase avec son petit rire excentrique.

  George sait rien qu'en croisant mes yeux que même moi, je me dois de ravaler ma fierté pour cette fois-ci. Enfin, pour le moment. Car dès que je perçois l'exclamation de douleur de George, ma colère refait surface et la plume se consume de tout son long avant de finir en cendre, de quoi rendre mon petit ami aussi stupéfait qu'effaré.

- Il serait plus adapté à ce que vous contrôlez votre don, Miss Malefoy ! me réprimande Ombrage, excédé.

- Ah ouais ? Vous savez ce que mon don vous dit ? m'écriai-je en me levant.

  La chaise s'en renverse dans un choc bruyant qui fait la sursauter légèrement. George se lève précipitamment en me retenant de justesse à la taille, au moment même où je m'apprêtais à me jeter sur Ombrage.

- Votre comportement est tout sauf approprié pour une élève de votre âge, me fait-elle signaler, les mains croisées dans son dos.

- Je vous emmerde ! crachai-je sans songer à garder un langage correct. Moi, je ne suis pas une petite poufiasse rose qui cache sa peur derrière des règles à la con ! 

  George me tire vers l'arrière en reculant de quelques mètres.

- Calme-toi, c'est bon !

  Je grogne de frustration alors que Ombrage a un petit rire hautain en nous regardant à tour de rôle.

- Il m'est d'avis de constater qu'il vaudrait mieux vous séparer, à l'avenir.

- Vous dites ça, mais vous empestez la peur, c'est une puanteur ! rétorquai-je.

- Oh mais ce ne sont que balivernes voyons... Moi, avoir peur de vous ? D'une élève de votre âge ? 

- Ne faites pas genre ! Vous êtes terrorisée de ce que je pourrais vous faire si on ne serait que toutes les deux ! Parce que loin de vos gardes du corps et de votre foutu Ministre, vous n'êtes plus qu'une simple psychopathe qui suit le mouvement et qui gratte la mie du Pouvoir pour obtenir les restes !

- Ah, elle n'a pas tord, fait remarquer George avec un ricanement sournois.

  Le regard marron d'Ombrage vient sur lui, aussi noir qu'orageux, sa main serrant dorénavant sa baguette magique, l'air de vouloir lui jeter son fameux Endoloris, de la même manière que s'il n'est qu'un cancrelat immonde, qu'un bon à rien qu'on devrait jeter à la poubelle... Ma mâchoire s'en contracte alors que je ne la quitte pas des yeux. Ombrage a la respiration accélérée en remarquant que mon regard à moi vire au rouge, comme mes veines deviennent autant flamboyantes que la chaleur de la pièce augmente.

- Regardez-le encore UNE seule fois comme ça !... UNE-seule-petite-fois... et vos cordes vocales ne deviendront qu'un souvenir quand elles auront grillée comme des aiguilles chauffées à blanc, menaçai-je lentement.

  La pièce commence à devenir d'une chaleur étouffante, alors que je sens des mèches de flamme s'entrelacer à mes doigts. George me retient cette fois-ci à la taille en enserrant mes bras avec.

- Calme-toi, ma Belle, elle n'en vaut pas la peine, m'intime-t-il.

  Mais évidement, Ombrage s'exclame au même moment :

- Ne me parlez pas sur ce ton, Malefoy, ou cela va très mal se terminer autant pour vous que pour Monsieur Weasley !

- Il n'a rien à voir avec ça, et vous le savez très bien ! m'écriai-je.

  George semble mettre de toutes ses forces pour me retenir.

- Mais bien sûr que si, dit Ombrage en recouvrant son sourire insupportable. Plus il est dans les parages, plus vous continuez à...

- À ressentir des émotions ? achevai-je, le regard assassin. Nous ne sommes plus au ministère, alors retirez-vous cette idée du crâne !

- Oh, non, non, non. Je ne pense pas que nous nous en sommes restés là, lorsque l'on vous a placé sous liberté conditionnelle. Car cette liberté, ma chère, nous pouvons tout à fait vous la reprendre en un claquement de doigts.

  C'est comme si qu'une eau glacée me retombe dessus dès l'instant où je saisie ses paroles. Je cesse de me débattre par le choc. Mes yeux s'écarquillent d'effroi et de rage, alors que George me met précautionneusement derrière lui, le regard alarmé, fixant d'un air meurtrier Ombrage qui a un plus grand sourire encore.

- Je pense qu'il est excellent de vous rappeler les enjeux que le ministère et moi-même entreprenons depuis des années.

- Des enjeux ? répète George d'une voix glaciale. Quels enjeux ?

- Vous faites bien de poser la question, mon cher, affirme Ombrage. Les enjeux sont tels que nous les avions - que le ministère avait - imposé à l'époque. Les faiblesses sont une plaie au monde des Sorciers, et c'est pour cela que cette punition que vous détestez tant, Miss Malefoy, est un encouragement à repousser davantage de vos propres limites. Tout comme nous avions le projet de vous l'imposer, Monsieur Weasley, mais votre attitude affable était indésirable.

  Je fronce subitement mes sourcils.

- Cessez deux secondes avec vos formalités, sifflai-je. De quel projet vous parlez, au juste ?

  Elle feint un air étonné.

- Vous m'offrez une belle surprise, j'aurai eu tendance à croire que votre bien aimé (Elle a une grimace dégoûtée.) vous explique ce en quoi nous voulions le préparer.

  Je regarde cette fois-ci George qui réplique aussitôt :

- Ils croyaient qu'en nous éloignant, j'allais faire tout ce qu'ils allaient me demander quand ils m'ont lancé leur promesse imaginaire un peu trop clichée à mon goût, du type... si je voulais te retrouver, je devais leur obéir, leur balancer des infos sur toi... Ce genre de trucs que je n'ai pas fait et ne ferais jamais, ajoute-t-il en foudroyant Ombrage du regard.

  Je suis soulagée de l'entendre dire ça. Je savais qu'il ne m'aurait rien caché, Ombrage a sans doute cru pouvoir me faire douter une fois encore.

- Oui, et c'est là l'énorme désolation que vous nous aviez fait, conçoit Ombrage d'une moue attristée.

- Vous savez sur quoi je ne vais pas être désolée ? crachai-je. Ma main dans votre gueule si vous continuez à faire ce que vous faites le mieux.

- C'est à dire ?

  Je laisse tomber mon numéro de colère, reprenant mon air calculateur et mon attitude duplicite que je ne garde qu'en face d'Ombrage et de certaines autres personnes le méritant.

- N'est-ce pas là évident ? dis-je d'une voix sifflante, doucereuse.

  Je repousse calmement la main de George sur mon ventre qui m'empêchait d'avancer jusque là, et m'avance à pas silencieux, lents, vers Ombrage. Elle semble d'ailleurs être déstabilisée par mon changement soudain d'attitude.

- Donnez l'illusion que vous avez encore du pouvoir sur moi, sur lui, sur nous deux et surtout, sur Éléona... continuai-je d'une voix lente, aux mots articulés, pour qu'elle enregistre bien. Vous ne cessez de blâmer la différence supérieure à la vôtre, en persécutant ce qui pourrait vous tuer à la minute qui suit. Et vous nous menacez de nous remettre enchaînés ? Mais il n'y a là que vaines sensibleries... Car au-delà de ses mots, seule l'espoir d'un nouveau monde dystopique vous tient en laisse, comme un chien prêt à tout pour défendre la maison de ses maitres. Alors... qui de nous trois est réellement fait prisonnier ? Nous ou... vous ?

  Mon dernier mot à sonner comme une menace sombre tout droit sortie du meilleur personnage des comics Marvel après la saga Star Wars : Loki Laufeyson. Que j'affectionne d'ailleurs particulièrement pour ses merveilleuses formulations de phrase divine.
  Ombrage a l'air d'être devenue complètement déstabilisée alors que George me regarde de façon effaré.

- Co... Comment osez-vous ? lâche la première après quelques secondes. Vous... Vous...

- Je ?... Mais je vous en prie, terminez donc votre menace aussi lamentable que ridicule, vous n'avez plus rien à revendiquer pour nous donner l'envie de rester ici. Ni, par ailleurs, de continuer à nous écharper la peau à coup de plume indésirable - uniquement pour votre ego personnel.

   Je lui souris et tire George par le bras pour l'inciter à reprendre nos sacs.

- Vous... Vous, vous n'avez pas le droit de me parler comme ça, voyons ! s'exclame Ombrage d'une voix aiguë, se savant vaincue. Et croyez-moi, quand je serai dans la capacité de faire ce que je souhaite, vous n'aurez plus aucun droit de me parler de la sorte !

- Et heureusement pour nous, nous n'en sommes pas là. Enfin... Pour le moment, puisque je vois dorénavant ce que vous prévoyez de divulguer à toute l'école.

  J'attrape ma sacoche et George, son sac à dos, alors que je lance à Ombrage en la voyant commençant à répliquer :

- Ne vous méprenez pas à ce point, Madame, c'est très mauvais pour les rides ! Mais je dois quand vous dire quelque chose : merci. Pour ce temps que vous nous avez consacré. Il était très... instructif.

  George et moi pouffons de rire, laissant Ombrage hébétée.

- Allez-vous en ! S-Sortez d'ici ! Sortez d'ici, la retenue est terminée.

  J'ai un rictus moqueur et ouvre la porte avec de l'air, en lui disant au dernier moment :

- Oh, d'ailleurs ! Faites attention, vous devenez de moins en moins crédible.

  Son regard s'assombrit alors que ses yeux s'exorbitent de colère. Je ne la laisse pas dire quoique ce soit que je sors de son bureau, George en premier. Main dans la main, on se met à aussitôt à courir à toutes jambes hors de la salle de classe.

- Sérieusement, elle me fait pitié ! m'écriai-je.

  J'entends George rire.

- Tu es formidable, ma Belle, tu le sais, ça ?

- Oh, ça, je le sais, c'est mon point le plus positif. Comment va ta main, Joy ?

- Je ne ressens plus trop la douleur, elle commence à passer. Et ton poignet ? 

- Oh, comparez à ce qu'elle m'a fait subir au ministère, ça, ce n'est rien. Ça fait bien longtemps que je n'y fais plus attention.

  Une fois à la tour de Gryffondor, nous nous pressons devant le tableau de la Grosse Dame qui semble véritablement agacée de nous voir débarquer à cette heure-là.

- Que faites-vous encore debout, tous les deux ? demande-t-elle en plissant ses yeux bleus. Vous n'étiez pas...

- Quoi ? dit George, qui pour la première fois n'est pas d'humeur à patienter. Non ! On vient d'échapper à une retenue qui aurait pu durer plus longtemps si Mélody n'aurait pas joué de son talent d'actrice pour nous sortir de ce pétrin.

  La Grosse Dame me regarde un moment, se demandant sûrement ce qu'il veut dire.

- Ombrage, répondis-je simplement, essoufflée, une main à mes côtes. C'est... C'est à cause d'elle qu... qu'on vous a réveillé.

- Quelle horrible bonne femme ! Elle n'a donc aucun respect ?

- Si vous saviez...

  Le tableau finit par pivoter sur ses gonds, nous permettant d'entrer dans la salle commune. Au moment même, on entend Harry crier :

- ET ARRÊTEZ DE RIGOLER !

  George et moi sursautons, avant de s'échanger un regard et s'avancer pour voir Harry, Hermione et Ron se tenir près d'une fenêtre. Les deux derniers semblent d'ailleurs avoir perdu leurs sourires à notre arrivée.

- Mais qu'est-ce qui se passe ici ? demandai-je en remarquant l'air furieux de Harry.

- Hermione, Ron, qu'est-ce que vous lui avez fait, à ce pauvre vieux ? questionne George.

- Mais rien, répond Hermione d'une petite voix. C'est juste que...

- Ils veulent que nous devenions tous les deux leurs professeurs de Défense Contre les Forces du Mal, Mélody, rectifie sèchement Harry, semblant être soulagé de me voir.

  J'ouvre des yeux ronds en même temps que George.

- Que... Quoi ? Attends... euh... pas si vite... Ils-ils veulent qu'on soit quoi ? balbutiai-je.

  Hermione et Ron m'expliquent alors leur plan : si Ombrage ne peut pas nous apprendre la Défense, il nous faut un professeur, un vrai, qui sache nous montrer comment utiliser les sortilèges et nous corriger en cas d'erreur. Dans notre cas, ce serait Harry et moi, leurs professeurs.

- Mais vous avez fumé un joint ! lâchai-je tout haut. Qu'on devienne vos profs ? Et puis quoi, encore ? On devra aussi vous border le soir ?

- Non, mais... Mélody... dit Hermione timidement, tu ne comprends donc pas. Harry et toi êtes les seuls à avoir vraiment affronter ce genre de choses... on a besoin de savoir co-comment c'est... de... de l'affronter... d'affronter V-Voldemort.

  C'est la première fois de sa vie qu'elle prononce le pseudonyme de mon arrière-arrière-grand-cousin et c'est ça qui me fait froncer les sourcils. George, par contre, a l'air totalement ravi.

- Enfin, toi, c'est plus important, vu que tu es plutôt étiquetée à affronter les Forces du Mal à chaque fois - d'abord Kristine, puis Voldy... Voldy, d'ailleurs, qui est ton arrière-arrière-grand-cousin... Ce qui fait de toi la personne idéale, ma Belle.

  Je le dévisage, consternée.

- Je m'attendais à ce que tu dises autre chose que ça !

- Tu voulais que je te dise quoi ? Combien, guerrière comme tu es, tu es la pro des pros pour nous apprendre à nous défendre ? hasarde-t-il avec sarcasme.

  J'ouvre ma bouche pour parler mais Ron dit brusquement :

- C'est vrai, ça ! Tu pourrais nous apprendre à nous battre à mains nues !

  Mes yeux s'écarquillent en entendant ça.

- Jamais je ne participerais à créer une école clandestine, répliquai-je froidement. Vous pouvez comptez sur Harry, mais pas moi.

  Je me détourne d'eux et commence à me diriger vers l'escalier en colimaçon, mais Hermione, désespérée, me demande :

- Mais pourquoi ? Mélody, on a besoin de toi aussi !

- Ah oui ? dis-je en me retournant. Et pour quoi faire ?

- Tu es la plus forte qu'on connaisse avec Harry, répond Ron avec évidence. Vous avez tous les deux contrer Tu-Sais-Qui...

- Et toi, principalement, tu as affronté Kristine qui est beaucoup plus pire, renchérit George.

  Harry ne peut s'empêcher de donner un coup de tête invisible, lui notant un point.

- Sauf que contrairement à Harry, je ne suis pas l'Élu, moi, tranchai-je. Je ne réussis qu'à combattre le Mal seulement par mon don, pas par l'expérience de quand j'avais un an ou... ou la protection que m'a offerte ma mère à son décès.

  J'adresse un regard désolé et conciliant à Harry, qui soupire difficilement en baissant la tête. Puis je remets mon attention sur les autres en les regardant à tour de rôle.

- Je ne crois donc pas que j'arriverai à vous apprendre tout ce que je sais, ni - encore mieux - à posséder le don des cinq Éléments qui est vraiment, par moment, une véritable...

- Force, achève George, très sérieux.

- Pas une force, Joy, c'est à cause de ça qu'on s'est retrouvés au ministère, tu sembles l'oublier !

  Sans un mot supplémentaire, je leur tourne le dos et gravis les marches de l'escalier jusqu'au dortoir. Quand j'ouvre la porte, je peux entendre la voix d'Amy :

- Alors, comment ça s'est passé ? 

  Je m'assois sur mon lit en défaisant mes chaussures, et commence à défaire mes vêtements pour me mettre en pyjama, dos à elle.

- Bah on peut dire que ça s'est bien passé. 

- Tu as l'air d'être épuisée ? dit-elle en s'asseyant sur son lit, qui est à côté du mien.

- Tu n'as pas idée...

  Je lui explique alors ce qu'il s'est passé avec Ombrage, détail après détail, dialogue après dialogue... À la fin, Perlita dormant déjà, Amy a un immense sourire.

- Et tu as encore réussi à la déstabiliser... chantonne-t-elle dans un murmure.

  Je pouffe de rire. J'ai peut-être réussi à la déstabiliser, mais je crains que je ne vais pas pouvoir en faire autant avec l'idée de Hermione et Ron...

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