" APRÈS L'AVOIR SORTIR DE LA PROSTITUTION, SES PARENTS ME DONNENT UNE LISTE INCOMMENSURABLE POUR LA DOT"
Je suis Josué, jeune ivoirien de quarante ans. Revenu de France après une dizaine d'années de travail où je m'en était bien sorti, un soir je prenais un verre dans un bar à Angré. Depuis le passage d'une ravissante serveuse à ma table, j'étais troublé. Elle était grande, en chair, forme guitare avec un cul opulent, beau visage, cheveux tombant sur le dos. Je la trouvais tellement belle ! Seulement, ce qui me gênait est que je m'étais rendu compte que le bar n'en était pas un d'ordinaire. Vraisemblablement une maison close. Les cinq serveuses qui y officiaient vendaient leurs charmes aux intéressés. D'ailleurs, une parmi elles, assise à mes côtés comme un pou, n'arrêtait pas de me caresser la braguette pendant que je sirotais mon verre de sucrerie. Cependant, je n'avais d'yeux que pour la première serveuse qui était passée à ma table. Elle était assise en face de moi avec un autre client. Soudain, ils se sont levés tous deux bras dessus dessous et mon cœur fit un bond dans ma poitrine.
- Les deux-là, ils vont où ? demandais-je à la fille qui avait encore sa main sur mon pantalon.
- Ils montent dans la chambre. Ils vont faire un peu de gymnastique. Ça t'intéresse ? Toi et moi on peut y aller hein, je vais bien m'occuper de toi. Le passage à 5.000 francs. 3.000fr pour nous et 2.000fr pour la patronne puisque nous occupons les chambres de là-haut. 10.000 francs pour la nuit quand vous voulez faire de l'emporté.
- S'il te plaît, va parler à la fille. Demande lui de ne pas partir coucher avec ce type. Pour cela, je lui propose trois fois le prix de la nuit.
- Tu es sérieux ?
- Tellement sérieux que tu auras aussi un gros pourboire si tu réussis à l'emmener maintenant !
La serveuse se leva rapidement avec ses grosses fesses. Elle partit pour sa mission commando dont elle savait d'avance que ce serait une réussite. Au pied de l'escalier, sa collègue s'apprêtait à monter les marches avec son client. Elle la tira rapidement par le coude et lui susurra à l'oreille :
- Jackpot pour toi Jennifer. Le client en veste à qui tu as servi un coca te propose trois fois le prix de la nuit à condition que tu sois à lui maintenant ! Alors viens !
Tirant son amie de force, l'entremetteuse s'excusa auprès du client dont la bosse était déjà bien formée dans le pantalon.
- Nous venons d'avoir un imprévu cher monsieur. Vous voyez l'homme en veste là-bas, c'est son père. Donc c'est chaud. Permettez que je m'occupe de vous dans un instant. Vous aimez les fellations ? À tout à l'heure.
Entouré des deux serveuses, je libérai la facilitatrice en la gratifiant d'un billet de 10.000 francs pour sa mission réussie. Pour faire l'emporté de Jennifer, je m'acquitta aussi des frais d'embarquement auprès de la patronne du coin. La voie était libre à présent. Et dire que Jennifer m'avait négligé mon entrée. Elle a dû me trouver assez bizarre dans mon costume. En plus, comme un bébé, j'avais commandé de la sucrerie. Pour Jennifer, j'était un ''gaou'' de premier odre.
Je la regardais avec appétit. Je n'avais jamais ressenti quelque chose d'aussi profond pour une femme. J'admirais sa beauté. Elle me plaisait.
- Tu crois au coup de foudre Jennifer ? Lui demandais-je alors qu'on papotait depuis peu.
- Il y a longtemps que j'sais que les contes de fée ne sont que de la pure démagogie, répondit-elle dans un sourire.
- Avec moi, ce sera une réalité. Je ferai de ta vie un conte de fée.
Elle renchérit au fond d'elle : « C'est ça, en allant me baiser oui ! »
Aussitôt, une chanson d'amour langoureuse se mit à résonner dans le bar. J'écoutais ce «Je t'aime » d'Espoir 2000, un groupe zouglou de la Côte d'Ivoire. Je me disais que la chanson me parlait directement. Peu importe ce que les gens diraient ou penseraient, l'essentiel était que je sois heureux avec celle que mon cœur aurait choisi. Et partout où on le croise, l'amour a toujours le même visage. Les mêmes sillages qu'on lui connaît à travers les courbes d'une femme architecte ou d'une serveuse de bar fût-elle une ''lanceuse de foulard''.
- Comment tu trouves cette chanson ?
- J'ai sommeil, fit Jennifer à ma question tandis que j'etais encore sous l'emprise de la musique.
- Alors, allons-y.
Nous sommes sortis du bar escortés par la chanson d'amour du mythique groupe zouglou. Galant, J'ouvris la portière de ma voiture décapotable à ma ravissante compagne. Voici qui était rassurant, un client avec une bagnole, me lança t-elle. J'accélérai en toute vitesse vers l'horizon.
- Mais attends, tu aurais dû tourner par là. Les hôtels c'est de ce côté-là ! s'exclama Jennifer alors que je venais de dépasser le troisième carrefour.
- Qui te dit que nous allons à l'hôtel ? Nous allons chez moi !
La jeune fille respira un gros coup en abandonnant la tête sur son fauteuil. Elle n'en croyait pas ses oreilles. C'était la première fois qu'un client l'envoyait à domicile...
Jennifer passa la nuit chez moi. J'habitais un immense appartement à Angré, au dernier niveau d'un immeuble que j'avais construi avec l'argent de mon aventure parisienne. Ce qui avait surpris la jeune serveuse, c'est que toute la nuit, couchés dans le même lit, je ne la touchai pas. J'honorai tout de même mon contrat en m'acquittant des 30.000 francs que je devais pour son déplacement. Elle eut honte mais fourra toutefois l'argent dans son sac à main.
- Je ne t'ai pas emmené ici pour coucher avec toi, lui dis-je. Je t'ai emmené ici pour que tu apprennes à faire confiance à un homme. Je veux te protéger, te chérir. Et peut-être, faire de toi ma femme. Maintenant dis-moi, comment une femme aussi belle que toi peut se retrouver dans un bar de ce genre. Que s'est-il passé ?
Jennifer était issue d'une famille très très pauvre. Habitant à Abobo ( une commune d'Abidjan ) derrière rail ( un bidonville), les parents, réunis dans une seule pièce comme un peuple, ne parvenaient pas à s'occuper de leurs nombreux enfants. C'était chacun pour soi...
Non indifférent à l'histoire de la jeune fille que j'avais écouté avec grande attention, je lui proposai de rendre sa démission.
- Dès aujourd'hui, arrête de travailler à cet endroit.
Jennifer n'avait point besoin de me demander comment elle fera désormais pour son gagne-pain quotidien. Elle lisait bien dans mes yeux que je m'occuperai volontiers d'elle. Commençant à me prendre pour estime, elle me dit :
- Faut que je te dise, Josué. Jennifer, c'est mon nom d'emprunt pour le monde de la nuit. En réalité je m'appelle Apo Bénédiction Digalatou.
Quelques jours plus tard, les choses s'accélèrent entre la belle Digalatou et moi. La jeune fille d'Abobo habitait désormais sous le même toit que moi.
Depuis deux mois environ, son passé était loin d'elle. En mettant tout à sa disposition, j'avais su la transfigurer. Elle était devenue triplement plus belle. Au point où on la draguait tous les jours dans la rue. Mais, elle n'avait de regard que pour moi, l'homme qui avait su lui donner de la valeur malgré son passé sombre. Eh oui, le benguiste était aussi fier de l'ex serveuse. Elle était la preuve concrète qu'on pouvait extraire l'or de la boue. Tendre, aimable, amoureuse, reconnaissante, on aurait pas dit qu'elle avait transité par le trottoir des bars avant de devenir cette princesse qu'elle était. Moi, qui avais écho du caractère de ma copine vis-à-vis des prétendants de dehors, j'étais convaincu qu'il fallait que je passe à la vitesse supérieure. Un soir dans un restaurant, je lui fit la surprise de lui demander en mariage. Digalatou accepta en pleurant. Trois mois qu'on dormait sous le même toit sans aborder la question sexuelle.
Je voulais seulement la découvrir le jour de notre mariage, c'était ce que ma religion recommandait.
On envisageait de sceller notre union en commençant par le mariage coutumier. Accompagné d'émissaires, je me rendit au domicile de ma fiancée à Abobo derrière rail. Le père, la mère, les nombreux oncles tantes cousins et neveux de la coqueluche demandaient à se consulter avant d'énoncer les choses à apporter pour la dot. En Afrique, le montant de la dot est souvent fixé en fonction du statut du prétendant. La famille de Digalatou ne comptait pas s'en dérober. Mordant depuis mathusalem la poussière, c'était certainement l'occasion rêvée pour sortir la tête de l'eau. Ils m'ont dit que leur fille était belle, qu'elle n'avait rien à envier à la première dame, qu'elle brillait alors, pour l'avoir, il fallait le mériter.
Le dimanche suivant dans la matinée, mes émissaires et moi, nous nous ramenons chez mes futurs beaux parents. Moi, assis sur une chaise qui semblait vouloir se briser chaque fois que je bougeais un peu, étais en face des parents de Digalatou ( Jennifer ). La maison était peuplée. Après les salamalecs d'usage, le père de Digalatou ( Jennifer ), entouré d'oncles et tantes, passa aux choses sérieuses :
- Nous rappelons que nous sommes très heureux de vous accueillir dans notre famille. Cher Josué, notre futur beau, nous sommes d'autant plus heureux avec le témoignage que nous a fait notre fille sur votre personnalité. Vraiment, vous êtes quelqu'un d'exceptionnel et de qualité.
Encouragé par les siens qui l'accompagnaient d'un hochement de tête, le vieux racla la gorge et poursuivit :
- Pour que nous vous donnions la main de notre fille, selon notre tradition, la liste de la dot est énumérée comme suite :
.100 vins et 100 liqueurs à apporter.
.100 casiers de bières et de sucreries.
.100 pièces d'étoffes, de préférence des pagnes premier choix kita.
.Des ustensiles de cuisine.
. 200 bidons d'huile dinor.
. 100 boîtes de tomate concentrée.
. Une vingtaine de paquets de cube maggi.
. 10 sacs de sel de 20 kilos.
. 200 sacs de riz.
. 50 poulets à apporter. Mélanger mâles et femelles. On dit bien poulet, pas de poussin.
. 100 cartons de boîtes d'allumettes.
. 7 gazinières.
. 50 vaches à apporter.
. 50 moutons.
. 30 bœufs.
. 20 chèvres.
Et enfin pour conclure avec cette liste digne d'une personnalité de votre rang, une maison décente pour vos beaux parents. De préférence située dans une commune résidentielle. Et comme vous le savez aussi, une somme d'argent est nécessaire. Dans la coutume, l'enveloppe symbolise les efforts déployés par les parents pour l'éducation de leur enfant que vous leur enlevez. Il faudra donc débourser la somme de 20 millions de francs Cfa. Ce sera tout.
Au bout d'un moment, je ne faisais plus que semblant de prendre des notes dans mon calepin. À chaque fois que le père de ma fiancée proposait un point de la dot, je voyais un membre de la famille s'agiter, acquiescer de la tête comme si c'était qui le futur tenancier de cave, qui le futur boutiquier, qui le futur commerçant et qui d'autre le futur éleveur...
Je fis signe à mon amoureuse de me prêter l'oreille :
- Que penses-tu de la liste de la dot demandée par tes parents ? lui demandai-je doucement.
Digalatou murmura à son tour à mon l'oreille :
- C'est à toi de voir chéri. Chez nous c'est une manière d'évaluer la puissance du gendre.
En réalité, je pense que Digalatou ( Jennifer ) rêvait d'être la héroïne par laquelle sa famille entière trouverait le salut et le bonheur.
Après la liste de la dot, les parents de Digalatou attendaient mes impressions. Ils tentaient de lire dans mes pensées tandis que mon air incolore leur faisait barrage. Ils s'aventurèrent alors à me demander mon avis :
- Vous avez un mot à dire concernant la liste de la dot ?
Moi, comme inspiré par un esprit ancestral, ouvris la bouche et répondis avec assurance :
- J'ai bien pris note chers parents. Cependant, chez nous, dans notre tradition, pour qu'une femme puisse mériter une liste si exhaustive et faramineuse comme la vôtre, il faut obligatoirement qu'elle soit pucelle. Jamais ''tapée'', ''scellée''. Absolument neuve et non... seconde main.
Mes futur beaux parents s'observèrent, ébranlés. Apo Bénédiction Digalatou ( Jennifer ) était traversée comme par un courant. Les murmures de ses parents fusionnèrent dans un vacarme. Quand je pris à nouveau la parole, ils firent tous silence :
- Oui, j'accepte volontiers la liste de la dot à condition seulement que votre fille soit vierge !
Fin.
-À ma place qu'auriez-vous faire ?
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