Purple

CamilleThomas7

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Dans ce monde apocalyptique en ruines, les Yeux-Morts représentent l'ancienne génération et une menace à anéa... Еще

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18

Chapitre 6

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CamilleThomas7


Depuis leur plus tendre enfance, on répète aux Yeux-Violets à quel point les dirigeants sont bons et veulent les protéger. Même les plus jeunes enfants connaissent les sacrifices qui ont dû être fait, ils sont conscients de la menace que représentent les Anciens, et ils savent à quel point il est nécessaire pour évoluer de faire table-rase du passé. Les générations suivantes seront toutes inculqués avec cette idée : qu'avant eux il n'y avait rien ne méritant de vivre, et que le passé n'existait pas.

Cette notion est impossible à oublier, même pour ceux qui auraient aimé essayer – non pas que quiconque voulait tenter, mais plutôt dans l'optique où ce serait le cas. De grands haut-parleurs disposés partout dans la ville le répétait en boucle. Ces haut-parleurs crachaient toute la journée à intervalle régulière des informations sur l'état de la ville, de la société et de son évolution, sur l'extermination des Yeux-Morts, sur le fait que le passé n'existait pas et que les Yeux-Violets étaient destinés à devenir une gigantesque nation. La ville était jeune, en construction, la population l'était aussi, mais en continuant comme ils le faisaient ils deviendraient grandioses. Les informations étaient enregistrées, programmées et diffusées au sein même de la tour de la caste des dirigeants, vers laquelle tous les flux d'informations convergeaient. Les haut-parleurs se chargeaient de transmettre ensuite au reste de la population.

« Aujourd'hui, la caste des ouvriers a terminé la construction de la nouvelle zone d'habitation. Bravo à vous, vous faites la fierté de notre société ! »

Alix n'écoutait pas réellement les nouvelles crachées par les enceintes, ou du moins il n'y prêtait plus attention. Il les entendait d'une oreille distraite, mais sa tête était en général emplie d'autres notions bien plus importantes – comme maintenant.

Les rues qu'il traversait était quasiment désertes malgré le fait que la ville était bien réveillée – tout le monde était bien trop occupé à vaquer à leurs occupations dans leurs castes respectives. L'air extérieur était certes respirable, mais l'on ignorait encore les effets sur le long terme du nuage de particules qui planait en permanence autour d'eux et qui s'infiltrait dans leurs poumons à chaque inspiration. Par conséquent, la majorité des gens évitaient de sortir autant que possible. Pour les Chiens et les Ouvriers, ils n'avaient pas le choix et se retrouvaient dehors très souvent, mais les gens venant de caste comme celles des Soigneurs ou du mariage sortaient rarement - uniquement quand ils n'avaient pas le choix, comme pour retourner dans leurs maisons – et certaines ne sortaient jamais comme celles des recherches et des Dirigeants – et c'était là-bas qu'il se rendait, comme au retour de chaque expédition, mais avec une appréhension plus grande cette fois ci.

Il donna son nom et son rang au pied de la tour, et comme d'habitude, les gardes l'annoncèrent avant de le faire entrer directement dans l'ascenseur, seul élément en bas du bâtiment.

Lorsqu'il entra dans la pièce au sommet, couverte de grandes fenêtres ne laissant même pas voir la ville, le nuage de particules trop épais pour ça, Alix se retrouva face aux vingt dirigeants. Immédiatement leurs quarante yeux se braquèrent vers lui, interrompant toutes les discussions. Sans plus attendre, le général s'inclina.

« Messieurs dames, je viens faire mon rapport. »

Néo se leva, ouvrant les bras pour l'accueillir avec un sourire.

« Général, c'est comme toujours un plaisir de vous voir ici. La nuit a-t-elle été purificatrice ?

-Oui monsieur.

-Combien de pertes chez les Yeux-Morts ?

-Dix-sept, monsieur. »

Cette fois des murmures de surprise et de contentement se firent entendre dans l'assemblée, les différents numéros s'agitant sur leur siège.

« Et bien général, commença la femme à côté de Néo portant le numéro 3, après deux nuits sans le moindre résultat, vous nous gâtez !

-Et qu'en est-il de Niel ? »

A nouveau le silence tomba lorsque la voix du numéro 1 s'éleva. Toute l'attention se porta sur le Chien au milieu de la pièce qui, s'étant redressé, prenait une longue inspiration en parcourant la salle du regard.

Au fond de lui quelque chose disait à Alix de mentir. Ou du moins de ne pas raconter la totalité de l'histoire, de protéger Niel.

Mais comment aurait-il pu faire ça ? Mentir aux dirigeants était un terrible crime. Puis il y avait Néo, debout juste en face de lui, le fixant de son regard impérieux. Il ne pouvait pas ne pas tout dire à son supérieur, c'était strictement impossible. Personne ne lui mentait. A quoi bon lui mentir, lorsqu'on savait qu'il ne voulait que le bien des Yeux-Violets, qu'il n'était que bonté et sagesse ?

Alors c'est tout naturellement que Alix ploya.

« Et bien, monsieur, pour vous expliquer le déroulement de notre traque... »

Le général raconta. Il expliqua sa décision de partir à l'arrière de la ville pour éliminer plus d'Yeux-vides – ce qui lui valut des hochements de tête approbateurs – puis il parla du début de la traque, et de l'incident. Des ennemis les attaquant avant même qu'ils ne puissent le remarquer, et par conséquent la certaine quantité de soldats blessés. De l'incapacité qu'avait Niel à entendre quoi que ce soit désormais. Il avait été patiemment écouté durant tout son récit, remarquant de plus en plus de sourcils s'arquer lorsqu'il mentionnait son ami, et de plus en plus de soupirs réprobateurs.

Lorsqu'il termina, le silence plana un instant. Tous attendaient la réaction de Néo qui jusqu'ici était resté parfaitement impassible et muet. Finalement, il posa sa main à plat sur la table devant lui, pour légèrement se pencher vers Alix, le regardant dans les yeux.

« Donc votre éclaireur vous a fait défaut.

-Je me suis trop reposé sur lui, protesta le général, mais le pire a été évité. Nous n'avons reçu que de légères blessures et nous les avons éliminés.

-Mais le pire aurait pu arriver. »

Il n'y avait plus rien à répondre à ça, et Néo avait raison. Le silence s'était fait à nouveau dans la salle, tous les dirigeants retenant leur souffle face à l'étrange tension que l'on pouvait sentir entre les deux hommes, pourtant toujours aussi calmes.

« Est-il apte à rester un chien ? Questionna l'homme au numéro 6, l'air curieux.

-Je pense définitivement qu'il ne peut plus être éclaireur, mais qu'il peut rester simple soldat, monsieur.

-Réellement ? Dans votre récit, il semble cassé de l'intérieur. Qu'il soit apte physiquement c'est une chose, mais mentalement il ne le semble pas.

Le 6 avait raison, mais le général ne voulait pas l'admettre à voix haute. Oui, Niel était un danger. Niel était fragile, brisé, et même s'il pensait que son ami irait mieux si on lui laissait du temps, le temps était quelque chose qu'ils n'avaient pas. Dans l'immédiat, Niel était inutile et nuisible.

Néo hocha la tête et finalement, les mots que Alix aurait aimé ne jamais entendre tombèrent, s'abattant tel un couperet.

« Votre verdict, général.

-Je pense qu'une semaine, c'était trop peu, monsieur.

-J'ai dit : votre verdict, général. »

Alix ferma les yeux et ploya les épaules, obéissant. C'était plus fort que lui, c'était comme ça : même sans vouloir céder, même en voulant défendre Niel, même avec toute la volonté du monde. Il ne pouvait rien face à l'homme devant lui. Il lui devait loyauté alors son corps se mouvait à ses moindres mots. C'est ainsi que, pour protéger ses troupes et le satisfaire, Alix prit une grande inspiration, et décida d'abandonner Niel.

« Il n'est plus apte à être un Chien. »

Souriant comme si c'était exactement ce qu'il voulait entendre, Néo hocha la tête.

« Très bien. Il sera transféré dès demain première heure à la caste des recherches. Sauf si vous avez autre chose à ajouter général, vous pouvez disposer.

-... Bien monsieur. »

Avec un brûlant gout de bile au fond de la bouche, Alix s'inclina encore une fois et sorti, retournant dans l'ascenseur. Il ne savait pas vraiment quoi penser, comment réagir. Une partie de son cerveau savait qu'il avait fait le bon choix, le plus censé, celui qu'on attendait de lui, mais une autre partie lui hurlait qu'il n'avait pas fait assez, qu'il aurait dû défendre Niel plus qu'il ne l'avait fait.

Il rentra à sa caste dans un état quasi second. Espérant ne pas tomber sur le Chien – ou plutôt, l'ancien chien – immédiatement, histoire de lui laisser le temps de réfléchir à comment lui annoncer.

« Général ? »

Cette appellation le projeta à nouveau brusquement face à Néo et il sursauta en se retournant, devant se retenir pour se pas courber l'échine et s'incliner par réflexe. Surprise par son mouvement si soudain, Diane avait reculé d'un pas, les sourcils froncés.

« Wow, désolé, je ne voulais pas vous faire peur, mais vous aviez l'air tendu. »

Se maudissant silencieusement, Alix passa une main sur son visage pour reprendre ses esprits. Ce n'était que Diane. Ce n'était qu'une de ses recrues, et non pas le dirigeant. Tout allait bien, se répétait-il en prenant une longue inspiration.

« Ce n'est rien. Juste... Appelle moi Alix, d'accord ? Et tutoie-moi.

-D'accord Alix.

-Merci. Comment va ta cheville ?

-Oh, tant que je ne m'appuie pas dessus c'est bon. Ce n'est pas grand-chose. »

La jeune fille portait tout son poids sur une seule de ses jambes, évitant de forcer sur l'autre. Alix hocha lentement la tête, baissant les yeux pour regarder le bandage toujours en place.

« Ne force pas trop alors. Si ça ne va toujours pas mieux pour la prochaine excursion, tu resteras ici.

-Mais-

-Pas de « mais ». Cela ne sert à rien d'empirer ton état. »

Elle marmonna quelque chose qu'Alix ne saisit pas, mais qu'il pouvait aisément deviner. La jeune fille était toujours très vive et donnait tout dans les entraînements, s'exerçant sans arrêt et en y mettant toute son énergie. Elle travaillait sans relâche pour arriver au même niveau que ses aînés – et elle lui faisait penser à lui au même âge.

« Je sais, continua son supérieur. Tu as hâte d'aller au combat. Mais ne t'en fais pas, vu les efforts que tu fournis, ça arrivera bientôt. »

Elle fit la moue et détourna le regard, jouant avec une mèche de ses cheveux frisés. Malgré tout, la curiosité prit le dessus sur son agacement, alors qu'elle demandait :

« Et toi ? C'était quand la première fois que tu as pu combattre un Yeux-Vides ? La première fois que tu en as tué un ? Tu avais quel âge ? »

Des souvenirs lui remontèrent en mémoire et il les chassa aussitôt d'un léger mouvement de tête. Ce n'était pas le moment d'y penser, et cette histoire était vieille après tout. Elle n'avait plus lieu d'être ni même d'importance. Alors, volontairement évasif, il se contenta de répondre :

« J'avais quinze ans. Ils ont essayé de s'échapper en traversant la barrière des Chiots, dont je faisais partie, alors je les ai poursuivis. »

Visiblement, Diane attendait plus de détails. Elle semblait suspendue à ses lèvres, légèrement penché vers l'avant, les yeux grands ouverts. Son excitation retomba néanmoins pour laisser place à de la déception lorsque Alix ne continua pas son histoire, changeant de sujet et coupant court à la discussion.

« Est-ce que tu as vu Niel ?

-Oh, euh... Je crois qu'il était à la cuisine. Avec Jack. »

Même si Alix savait très bien qu'elle mourrait d'envie de lui demander pourquoi et d'obtenir plus d'infos, elle ne le fit pas et il en fut très reconnaissant. En réalité, Diane avait très bien vu l'éclair de tristesse passer dans les yeux de son supérieur, alors elle s'était abstenue. Elle le salua silencieusement lorsque lui le fit, partant en direction du réfectoire, et ne le quitta pas du regard jusqu'à ce qu'il sorte.

L'espace d'un instant, elle avait vu ses épaules ployer, les épaules de l'homme qu'elle pensait immuable. L'espace d'un instant, elle l'avait vu avoir l'air si fatigué.

« Diane ? Tu viens ?

-J'arrive Li ! »

Elle rejoignit le jeune garçon ayant passé la tête par la porte des dortoirs, retirant momentanément le général de ses pensées. Après tout, en tant que loyal Chien, elle n'avait pas à réfléchir à ça. Ce n'étaient pas ses affaires.

Niel était bien avec Jack, et les deux hommes s'occupaient de préparer à manger pour tout le monde, s'occupant de trier les rations que la caste de la vie avait livré le matin même. Ils semblaient rire et plaisanter ensemble, mais le plus jeune se frottait la joue régulièrement, son tic trahissant son appréhension car il n'ignorait pas que Alix était parti faire son rapport. C'est pourquoi, lorsque le général entra et qu'il s'en aperçut, il sembla se figer, complètement tétanisé.

Le silence s'installa totalement. Niel semblait chercher un signe chez l'autre homme, un sourire, un hochement de tête, n'importe quoi pour le rassurer, et Alix ne lui donnait pas. Ce dernier était impassible, trop impassible, et Niel pensait mourir de peur. Sentant la tension palpable, Jack ne disait rien, son regard passant de l'un à l'autre.

Finalement, ne pouvant plus patienter, Niel brisa le mutisme en faisant un pas en avant vers son général.

« Alors, commença-t-il d'une voix tremblante, c'est bon ? Je peux rester ? »

Alix ne répondit rien. Il ferma juste les yeux et secoua la tête négativement.

Il entendit la réaction de son ami plus qu'il ne la vit. Niel était tombé à genoux, les bras ballants, les yeux écarquillés et la bouche ouverte dans une protestation muette. Jack était à ses côtés, agenouillé et ayant posé une main sur son épaule.

« Mais... il n'y a pas d'autres alternatives ? tenta le plus âgé.

-Non, il n'y en a pas. Les dirigeants ont donné leur décision, et un garde sera envoyé dès que possible pour l'escorter jusqu'à la caste des recherches. »

Ayant rouvert les yeux, il pouvait bien voir le désarroi sur le visage de son ancien éclaireur, et il sentait son cœur se serrer. Il avait envie d'aller le voir, d'aller jusqu'à lui pour le rassurer, pour s'excuser, mais il n'y arrivait pas. Il ne se sentait pas légitime de le faire. Après son échec, ce serait trop hypocrite de sa part. Alors, il ravala sa salive et ses émotions, décidant de laisser la partie réconfort à Jack qui serait bien plus apte à ça ;

« Tu as jusqu'à demain matin, à l'aube, pour préparer tes affaires et dire au revoir à tout le monde. Sois prêt. »

Sa voix se brisa sur le dernier mot et il toussota pour se redonner contenance. Tout son être hurlait pardon, et la partie encore tendre de son cerveau lui disait d'aller le serrer dans ses bras mais à la place, la partie obéissante le fit tourner les talons et sortir de la cuisine en refermant la porte derrière lui.

Il traversa le bâtiment à nouveau, ne faisant pas attention à ce qui l'entourait. Il entra dans la salle d'entraînement sans un mot, la traversant pour arriver face à Léa qui frappait un gros sac de sable suspendu au plafond. En le voyant arriver elle se tourna vers lui, retirant les bandes enserrant ses mains. Il ne lui fallut qu'un regard pour comprendre.

« Niel doit partir, demanda-t-elle plus comme une affirmation qu'une question. »

Alix hocha la tête et recula de quelques pas pour se mettre sur sa garde, en position de combat. Léa comprit aussitôt et l'attaqua. Aucun mot ne fut prononcé alors qu'ils s'affrontaient en guise d'entraînement en y mettant toute leur force, restant sur les zones de combat sans arriver à se faire capituler l'un l'autre. S'épuisant pour ne pas penser à autre chose que leurs poings qui s'entrechoquaient, ils se battirent ainsi jusqu'à ce que les deux doivent s'asseoir pour reprendre leur respiration, épuisés. Ils se regardèrent longuement en haletant, puis Léa rompit la distance qui les séparait pour poser sa main sur son épaule et murmurer, le fixant droit dans les yeux ;

« Tu as fait ce que tu pouvais.

-Ce n'était pas assez.

-Peut-être pas, mais tu as essayé. »

Alix déglutit bruyamment, se sentant perdre pied. La main de Léa resserra son emprise sur son épaule, comme pour lui dire de tenir bon.

« J'aurais dû pouvoir faire plus.

-Tu ne pouvais pas. »

Et sur ces mots, elle se mit debout et lui attrapa le poignet pour le faire se relever. Le garçon se laissa faire, les idées un peu plus claires que précédemment. Il se frotta les yeux et poussa un long soupir, avant de hocher la tête. Peut-être que Léa avait raison et qu'il ne pouvait rien faire de plus à son échelle. Ou peut-être essayait-elle simplement de le rassurer. Dans un cas comme dans l'autre, elle avait réussi et il était bien plus calme maintenant.

Il n'y avait pas d'expéditions ce soir-là et Alix autorisa ses hommes à rester debout, même toute la nuit s'ils le voulaient. La nouvelle s'était répandue rapidement et personne n'avait souhaité aller se coucher tant que Niel était encore là. D'un commun accord ils avaient décidé de discuter de tout et de rien, d'échanger jusqu'à ce que certains finissent pas tomber de fatigue et s'endormir. Alix resta en retrait tout du long, mais écoutait tout d'une oreille attentive et observait son ancien éclaireur avec culpabilité. Le jeune garçon avait les yeux rouges et gonflés par les larmes, mais il sembla profiter de sa dernière soirée dans la caste des Chiens, espérant probablement que le soleil ne se lève jamais sur la ville des Yeux-Violets.

Pourtant, le jour finit par se lever et il dû quitter tout le monde. Après avoir salué les personnes encore debout, s'être noyé dans les étreintes et retenu une énième crise de larmes, il attrapa ses affaires, puis, accompagné de son ex-général, se dirigea vers la sortie.

« Niel, je... »

Quelque chose ne semblait pas juste. Alix ne pouvait pas juste le laisser partir ainsi, le laisser passer la sortie et ne pouvoir le revoir que dans dix ans. Il ne pouvait pas ne pas lui dire au revoir, et c'était probablement ce sentiment qui l'avait poussé à appeler son ami avant qu'il n'ouvre la porte. L'interpellé se retourna et, alors qu'il aurait eu toutes les raisons d'en vouloir à Alix – pour son échec, sa froideur, son détachement – son regard, bien que fatigué, était tendre et il souriait.

« Ne t'excuse pas comme si c'était de ta faute Alix. Tu n'y es pour rien. C'est de ma faute, j'aurais dû être capable de surmonter la mort de Cam, mais ce n'est pas le cas et je ne suis plus capable d'être un Chien. C'est un fait. »

Il reprit une inspiration tremblante, détournant les yeux, mais il semblait avoir finalement accepté ce qui lui arrivait. Ecoutant pour une fois plus son cœur que sa tête, Alix avança d'un pas pour prendre le garçon dans ses bras pour une longue accolade.

« On se reverra, ajouta-t-il avec détermination. Attends nous là-bas, on te rejoindra tôt ou tard. »

Niel le serra alors de toutes ses forces dans ses bras en retour, laissant échapper un gémissement de douleur lorsque cela compressa ses côtes. Même si Alix pouvait sentir qu'il se retenait de pleurer, il ne fit aucun commentaire et laissa l'étreinte durer aussi longtemps qu'il le souhaitait. Finalement les deux hommes ne se séparèrent que lorsque deux gardes ouvrirent les doubles portes, laissant la lumière du lever de soleil se répandre dans le couloir.

« Nous sommes là pour vous escortez jusqu'à la caste des recherches, commença l'un d'eux sans plus tarder. Suivez-nous je vous en prie. »

Niel essuya ses yeux d'un revers de main et ramassa son sac qui était tombé au sol pendant l'embrassade. Il avança alors pour sortir, les gardes se mettant chacun d'un côté, et Alix ne put s'empêcher de parler encore une fois, les mots se précipitant pour sortir de sa gorge avec empressement comme s'il risquait de ne jamais plus pouvoir les dire ;

« Merci pour tout ce que tu as fait pour nous ! »

Puis, juste avant qu'ils ne disparaissent de sa vue, il put voir son ancien éclaireur tourner la tête vers lui en avec un sourire pour souffler une dernière chose, comme une promesse :

« A bientôt, général. »

Et finalement les doubles portes se refermèrent, séparant à jamais Niel de la caste des Chiens et laissant Alix plongé dans le noir.  

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