- Narcissa ! cria de nouveau Bellatrix.
Mais sa sœur était déjà partie en courant. Léoni ne comprenait plus rien. Que faisait sa mère ici ? Et pourquoi sa tante voulait l'empêcher d'aller voir ce mystérieux inconnu ? Une idée lui frôla l'esprit. Et si sa mère avait un amant ? Non, sa tante ne serait pas ici. Elle s'aperçut que les 2 femmes s'étaient engagées dans une rue nommée Impasse du Tisseur.
Elle les suivit prudemment. Léoni vit les 2 femmes s'arrêter à la dernière maison de la rue ou une faible lueur filtrait à travers les rideaux d'une fenêtre du rez-de-chaussée. Sa mère avait déjà frappé quand Bella arriva à son niveau. Elles attendirent toutes 2 côte à côte, respirant l'odeur de l'eau croupie qui infectait la rue. Quelques instants plus tard, la porte s'entrebâilla légèrement. Un homme aux longs cheveux noirs, au visage cireux et aux yeux également noirs apparut à la porte. Rogue ! Léoni ne comprenait plus rien à rien. Pourquoi sa mère et sa tante étaient ici ? Narcissa retira sa capuche. Elle semblait si pâle qu'elle semblait briller dans le noir ; sa chevelure blonde trempée lui donnait l'air d'une noyée.
- Narcissa ! s'exclama l'homme. Quelle bonne surprise !
Il ouvrit la porte un peu plus largement, la lumière venant de l'intérieur éclairant les 2 sœurs.
- Severus, murmura Narcissa d'une voix tendue, puis je te parler ? C'est urgent.
- Mais bien sur, avec plaisir.
Il s'écarta pour les laisser entrer. Bellatrix, qui avait gardé sa capuche sur la tête, entra sans y avoir été invitée. Rogue scruta la rue, comme si il avait vu Léoni. Celle ci ferma son esprit de manière à ce qu'il ne voit pas ses pensées, même si il la repérait.
- Rogue, bonsoir, dit Bellatrix d'un ton cassant en passant devant lui.
- Bonsoir Bellatrix, répondit-il, ses lèvres minces se recourbant en un sourire moqueur tandis qu'il refermait la porte d'un coup sec.
Léoni s'approcha de la maison prudemment, et observa l'intérieur de la maison par la fenêtre. Sa mère et sa tante étaient rentrées dans une cellule capitonnée, plongée dans la pénombre. Les murs étaient tous couverts de livres, la plupart reliés en vieux cuir noir ou marron.
Un canapé élimé, un fauteuil délabré et une table bancale étaient regroupés au centre de la pièce dans un faible rond de lumière projeté par les chandelles d'une lampe accrochée au plafond. L'endroit paraissait vraiment négligé, comme si l'occupant n'y habitait qu'occasionnellement.
Rogue fit signe à Narcissa s'installer sur le canapé. Elle enleva sa cape, la jeta à côté d'elle, et s'assit. Narcissa scrutait ses mains blanches et tremblantes serrées sur ses genoux. Bellatrix enleva sa capuche lentement. Aussi brune que sa sœur était blonde, les paupières lourdes et la mâchoire forte, elle resta debout derrière elle.
Rogue s'installa sur le canapé, face aux 2 sœurs. Il ouvrit la bouche et commença à parler. Léoni n'entendait rien et elle supposa que Rogue demandait ce qu'elles venaient faire ici. Sa mère répondit quelque chose et Rogue sortit sa baguette. Il la pointa sur le mur de livres situé derrière lui. Avec un BANG sonore, une porte cachée s'ouvrit, révélant un escalier étroit sur lequel un petit homme se tenait, figé sur place. Il entra dans la pièce lentement. Il avait des petits yeux larmoyants, un nez pointu, et il affichait un sourire particulièrement déplaisant. De la main gauche, il se caressait la main droite qui semblait être couverte d'un gant argenté étincelant. Léoni avait la vague impression de l'avoir déjà vu...Son père le méprisait...il lui semblait qu'il s'appelait...Queudver ! Oui, c'est ça, Queudver !
Maintenant, Léoni en avait la certitude, cette réunion se composait exclusivement de Mangemorts. Elle supposa que la réunion était sur Voldemort et ses missions, notamment celles qui avait disgracié son père... qui croupissait maintenant dans une cellule d'Azkaban. Elle s'apprêtait à partir quand elle vit sa tante se lever brusquement et poser son verre sur la table. Celle ci était énervée et semblait crier. Elle colla son oreille à la porte, et essaya du mieux qu'elle put, d'entendre la discussion de Rogue et de Bellatrix.
-......Seigneur des Ténèbres.....retrouver quand il a disparu...Dumbledore... pierre philosophale...vie...Harry Potter...tuer....5 ans....
-....seigneur des Ténèbres...legilimens...Marque...Detraqueur...confiance....Lucius...
Quand elle entendit le nom de son père, elle sursauta. Elle décida de rester jusqu'à la fin de la conversation. Ils continuèrent à discuter. La conversation lassait Léoni et elle voulait partir, mais quelque chose lui indiquait de rester. Elle toucha ses poches, cherchant quelque chose pour s'occuper. Elle tomba sur une oreille à rallonge. Voilà quelque chose qui l'aiderait bien... Elle se posta à côté de la fenêtre, de manière à voir la scène. Elle déroula ensuite ses oreilles à rallonge.
- ....Le seigneur des Ténèbres m'a interdit d'en parler, il veut que personne ne sache rien du plan. C'est...très secret. Mais ... dit sa mère d'une voix faible.
- Si il l'a interdit, tu dois te taire. La parole du Seigneur des Ténèbres a force de loi, répondit Rogue.
Narcissa sursauta, et Bellatrix arbora une expression de triomphe sur le visage.
- Tu vois ! Je te l'avais dit ! Et si même Rogue le dit...si tu as reçu l'ordre de ne pas en parler, tu dois te taire !
Rogue s'était levé et s'était approché de la fenêtre à grands pas. Léoni se cacha juste à temps. Il ouvrit le rideau d'un coup sec pour surveiller la rue, puis il les referma. Les sourcils froncés, il revint vers les 2 sœurs.
- Il se trouve que je connais le plan, déclara t-il à voix basse. Je suis l'un des rares à qui Le Seigneur des Ténèbres l'ait révélé. Mais si je n'avais pas été mis dans le secret, tu te serais rendue coupable de haute trahison envers lui Narcissa.
- Je me suis dit que tu serais forcément au courant ! reprit-elle. Il a tellement confiance en toi Severus...
- Toi, tu connais le plan ? s'écria Bellatrix l'air indignée. Toi Rogue ?
- Bien sur, répondit-il simplement. Mais qu'attends tu de moi Narcissa ? Je ne peux pas le convaincre de changer d'avis, et je ne suis pas assez stupide pour essayer de le faire. Je crains fort qu'il n y ait pas le moindre espoir... au moins, ta fille sera épargnée.
Léoni sursauta. Que voulait-il donc dire par là ? Son cœur se serra quand elle vit des larmes couler sur les joues pâles de sa mère.
- Severus, murmura t-elle, Severus... mon fils...mon seul fils...
- Drago devrait être fier ! Le Seigneur des Ténèbres lui accorde un grand honneur. En plus, je dois reconnaître que Drago n'a pas cherché à se dérober...il semblait plutôt fier... murmura sa tante. Et puis, il te reste Léoni.
Narcissa pleura de plus belle, implorant Rogue du regard.
- Il n'a que 16 ans Severus...il ne sait pas ce qui l'attend ! Pourquoi Severus ? Pourquoi mon fils ? C'est trop dangereux ! Il s'agit d'une vengeance pour punir l'erreur de Lucius, je le sais ! sanglota t-elle.
Rogue resta silencieux et détourna la tête comme si il ne voulait pas voir ses larmes. Mais il ne pouvait pas faire semblant de ne pas les entendre. Léoni avait elle aussi, envie de pleurer. Elle ne supportait pas que sa mère soit dans cet état.
- C'est bien pour cela Severus ? insista t-elle. Pour punir Lucius ?
- Si Drago réussit, il sera plus honoré que tout autre, répondit Rogue, toujours sans la regarder.
- Mais il ne réussira pas ! cria Narcissa. Comment réussirais t-il si même le Seigneur des Ténèbres n'y parvint pas...
Sa sœur étouffa une exclamation ; Narcissa semblait perdre le contrôle de ses nerfs.
- Severus....je t'en supplie....tu es, et tu as toujours été le professeur préféré de Drago et Léoni, tu es un vieil ami de Lucius...je t'en supplie...
Pour Léoni, s'en était trop. Elle ne supportait pas de voir sa mère pleurer et implorer quelqu'un. Elle rangea son oreille à rallonge, et elle partit en courant, l'écho de ses pas résonnant sur les pavés. Elle crut voir du coin de l'œil une personne à la fenêtre, mais elle n'y fit guère attention.
Elle courut encore, loin, toujours plus loin, comme si courir lui permettait d'échapper aux pleurs de sa mère, à la destinée de son frère, à sa destinée à elle... Courir lui permettait d'oublier. Elle courut droit devant elle, toujours plus rapidement, jusqu'à qu'elle n'en puisse plus de courir. Elle s'arrêta. Son ventre la brûlait et elle avait la respiration haletante. Léoni avait l'impression d'avoir les jambes en coton. Elle transplana dans un "pop" discret. Elle atterrit devant le manoir des Greengrass. Épuisée, elle s'écroula par terre. Ses jambes ne pouvant plus la porter, elle rampa jusqu'au portail. Elle toucha celui-ci, et il s'ouvrit lentement. Elle ne pouvait atteindre la porte. Elle ferma les yeux et s'évanouit.