Pov Klaus
-J'aimerais que tu me lâches !
Bien que sa voix soit posée sa phrase est comme du venin qui s'échappe de sa bouche. Ma petite sœur est ainsi, si douce et fragile en apparence tout en sachant être piquante lorsqu'elle le désire. Rebekah m'en veut toujours. En effet , une fois de plus je passe pour le frère égoïste qui l'a privé de sa seule chance de redevenir humaine. Sottise ! Pauvre petite chose qui préfère une vie mortelle à une vie de toute puissance.
-Oublie le passé Rebekah , c'est fatigant à la longue, je grogne tandis qu'elle m'offre un regard assassin en guise de réponse.
Une voix vient nous interrompre :
-Rebekah Mikaelson, alors ça alors ?
-Marcel Gerard, claque la voix de ma sœur en se retournant sur ce dernier , tu sembles relativement en forme pour quelqu'un qui nous a fait croire pendant des siècles qu'il était mort.
Je souris n'arrivant pas à me retenir. J'aime le franc parlé de ma petite sœur.
-Sur ce... je vais prendre congé de vous et aller me prendre un verre.
Marcel l'attrape par le bras lorsqu'elle passe devant lui ce qui la stoppe immédiatement dans ses pas.
-Ne joue pas à la méchante Rebekah, cela ne te va pas ! lui dit-il
-Je sais être gentille mais vous deux ...vous ne le méritez pas, raille t-elle en de dégageant.
Alors que ma sœur pousse la porte du Rousseau, Marcel pivote dans ma direction , son visage dessinant une moue boudeuse. Je soupire, visiblement nous sommes tous les deux lotis à la même enseigne.
Rebekah s'est installée sur un tabouret haut près de la tablette du bar. Je commence d'ailleurs à regretter mon choix de l'avoir suivi lorsque leur conversation dévie sur le passé commun qu'ils ont partagé ensemble.
-C'est vrai , j'avais presque oublié que tu couchais avec ma sœur.
-Je crois que j'ai toujours eu un faible pour les blondes.
-Cesse de parler ou je t'arrache la langue.
-Tout doux Klaus. Me dévoile t-il ses paumes à la verticale comme simple signe de retraite.
Je déteste tous ses hommes qui n'ont de cessent de la courtiser et au vu de son physique alléchant il faut dire qu'elle les attire comme le miel attire les abeilles. J'ai tué beaucoup de ses partenaires par le passé et cela arrivera sans doute encore. Elle a beau en avoir ressenti une certaine rancune pour ses pauvres malheureux qui passaient l'arme à gauche , aucun d'entre eux ne la méritait.
Plongé dans mes pensées, je ne suis plus vraiment avec eux. Mon regard balaye la salle d'un geste machinal jusqu'à ce qu'il se pose sur un coin reculé où un homme seul , vêtu d'une longue cape dissimulant son visage m'observe avec intérêt. Le magnétisme qui se dégage de lui ne me laisse pas indifférent, il agace le mien. Il n'est pas humain, c'est une évidence. Ce dernier ne semble pas vouloir se désintéresser de moi et je ne compte pas le faire non plus ,ce serait mal me connaître.
Lorsque la cloche du Rousseau tinte, une odeur reconnaissable entre mille pour mon odorat développé me force à basculer mon attention dans cette direction. Une jeune femme aux cheveux roux vient de pénétrer les lieux . Lorsque son attention se pose sur moi , ses prunelles émeraude s'écarquillent avant qu'elle ne se décide à prendre la fuite. Elle court jusqu'à en perdre haleine, n'hésitant pas à bousculer ceux qui se trouvent sur son passage. La jeune femme bifurque à chaque coin de rue et ne cesse de se retourner pour évaluer la distance.
Chose à ne jamais faire !
Elle heurte ma poitrine de plein fouet et sous ce contact violent, cette dernière bascule en arrière s'écrasant sur le bitume seulement retenue de ses mains. Son visage est terrifié, sa peau à l'odeur de la peur et nourrit mes instincts les plus sauvages.
-Par pitié ! me supplie t-elle, un sanglot remontant dans sa gorge.
Mon visage est impassible. Sans un mot je l'observe au sol comme si ce n'était rien d'autre qu'un petit insecte insignifiant que je pourrais écraser du bout de ma chaussure et en même temps c'est le cas. Il me serait si facile de la réduire à néant.
-Je suis étonné de constater qu'il y a encore des hybrides de Tyler Lockwood en vie .
Je me souviens d'elle. Ma mémoire ne me fait jamais défaut, le parfait sociopathe dans toute sa splendeur. Mon cerveau analyse, traite ses données, les conserve pour pouvoir mieux s'en servir le moment venu.
Avant que nous repartions à la Nouvelle Orléans , Tyler rongé par la vengeance et désireux de récupérer Caroline nous avait tendu une embuscade. Cette rouquine faisait partie des membres qui l'ont aidé et qui pour la plupart ont été massacrés de ma main ou de celle de mon frère Kol. Elle fait surement partie de ceux qui se sont échappés quand le sang a commencé à couler.
Les paumes à plat, elle recule sans gestes brusques cherchant à mettre le plus de distance entre nous sans que son geste ne se fasse pleinement remarquer . Grosse erreur , mon cerveau est déjà en pleine analyse. Je pose un pied sur son genou lui arrachant un cri plaintif.
-Dis-moi que fait désormais une louve solitaire sans Alpha pour la diriger ?
Elle déglutit face à moi plantant ses iris dans les miennes que j'imagine aussi froides que la glace. On dit souvent que les yeux sont le reflet de l'âme, elle a donc du souci à se faire.
-Peu importe puisque de toute façon, tu vas me tuer .
Sa réponse m'arrache un sourire. Ma réputation me précède et cette dernière me convient.
Je me penche à sa hauteur, ses yeux captivés par mon mouvement gracieux. L'aura qui m'entoure est d'une telle puissance qu'elle se retrouve figée, prise au piège dans cette toile tissée.
-Tout dépend si tu te montres gentille et coopérative, tu vas faire quelque chose pour moi.
Pov Caroline
Assise en compagnie de Magellan sur la terrasse du célèbre café du monde, je l'observe mordre à pleine dent dans son beignet .
-Comment sais-tu autant de choses sur les Mikaelsons ? lui demandais-je
Cela fait un certain temps que je me pose la question. Elle semble bien les connaître et avoir un passé commun avec Kol. Hors ce dernier est resté des décennies endormi dans un cercueil et n'a été réveillé que récemment . Comment est donc t-il possible qu'elle le connaisse aussi bien ?
-Ce que je veux dire c'est que tu connais la relation que Klaus entretenait avec Mikael et lors du feu de camp à Lafayette, tu as fait allusion au loup originel responsable de la mort d'Henrick. Comment pouvais-tu le savoir ?
Magellan m'observe un certain temps, plongée dans ses pensées. Elle laisse son dos se reposer sur le dossier de sa chaise puis s'apprête à répondre lorsque mon portable se met à sonner.
-Excuse-moi !
-Ce n'est pas grave .
Lorsque je constate que l'appel vient de ma mère, mon cœur se serre. Elle me manque terriblement et ne pas être honnête avec elle me fait culpabiliser et en même temps je sais qu'elle n'est pas prête à accepter ma relation avec Klaus. Cette dernière a déjà bien eu du mal à supporter ma transformation en vampire alors que j'étais sa propre fille.
Dans mon oreille la voix chaleureuse de ma mère me berce et je ferme les yeux pour me nourrir de ce petit moment de bonheur. Elle me parle de la fac, de ma chambre louée pour l'occasion et mes cartons qui n'attendent plus que moi afin de la remplir. Avant de partir, avant que le lien entre Klaus et moi s'enclenche j'avais des plans tracés pour mon avenir. Je savais ce que je voulais et la fac en faisait partie mais aujourd'hui, je ne me vois pas m'éloigner de lui. La seule chose que je désire c'est construire mon avenir autour du sien.
Moi, Elena et Bonnie. Une chambre d'étudiante pour nous trois , c'était ce que nous désirions.
-Maman..., soufflais-je me plaquant une main sur le front .
Comment lui expliquer que je ne viendrais pas ?
Lorsque Magellan quitte la table à toute vitesse et se met à courir j'en perds tous mes mots .
-Maman est-ce que je peux te rappeler ? demandé-je précipitamment
-Bien sûr ma chérie, embrasse Tyler de ma part , me dit-elle d'une voix joviale.
Sa phrase me fait grimacer. Je redoute le moment où je me trouvais dans l'obligation de lui avouer la vérité.
Pov Klaus
En retournant au Rousseau, je constate que ni Marcel ni ma sœur ne s'est rendu compte de mon absence. Je lève les yeux au ciel en la voyant qui enquille de nombreux verres.
-ça suffit maintenant Rebekah !
-Tu as perdu depuis longtemps le droit de me dire ce que j'ai à faire !
-Cesse de te comporter comme une tête de mule !
-Et c'est toi qui dis ça ! s'exclame Marcel ce qui lui vaut un regard si glacial de ma part qu'il en a cessé de sourire
-Arêtes de jouer au grand frère protecteur , tu me donnes la nausée.
-Et toi cesse de te comporter comme une enfant capricieuse !
-Sinon quoi ? M'interroge t-elle en se retourne t-elle sur moi , tu vas me plonger une dague dans le cœur m'obligeant ainsi à sombrer dans un profond sommeil pour une durée indéterminée?
Ses mots me blessent. J'ai beau la manipuler à ma guise en me servant de sa naïveté et de son cœur d'artichaut, je ne supporte pas sa colère et encore moins son indifférence à mon égard. J'ai été proche t-elle par le passé, bien plus qu'avec mes autres frères et sœurs . Kol a toujours été le plus solitaire de nous quatre tandis que ma sœur, Elijah et moi avions toujours eu un gout plus prononcé pour la famille. En Rebekah, j'aimais lire la confiance et la fascination qu'elle éprouvait pour moi depuis notre plus tendre enfance. Autrefois, elle me vouait un amour et une fidélité sans failles.
Mes actes ont souvent été cruels envers ces derniers mais derrière ceci se cachait toujours une raison parfois égoïste certes de les conserver auprès de moi mais aussi de les protéger. Rebekah aspirait à une vie humaine, prenant son vampirisme pour une malédiction. Jamais elle ne pourra avoir d'enfants et je sais que renoncer à cette idée lui a toujours été difficile.
J'ai ruiné sa seule chance en remettant le remède dans les mains de Silas.
-Où se trouve maintenant ton petit ami avec lequel tu as passé l'été ? Tu sais le quater back ...comment s'appelle t-il déjà, ah oui ...Matt ?
-Ce ne sont pas tes affaires Klaus !
-Oh je vois, il t'a largué et aujourd'hui tu décides d'expulser ce sentiment d'abandon sur moi . De toute façon il n'est pas fait pour toi, je préfère encore Stefan.
-Je m'en contre fiche de ton avis. Le jour où tu décideras d'ouvrir une agence matrimoniale, tu n'auras qu'à me faire signe. Crache t-elle visiblement satisfaite de sa réplique.
-C'est sûre que je ferais fortune avec toi qui tombes amoureuse à chaque coin de rue ! lâché-je d'un air moqueur.
-Est-ce que vous allez cesser de vous jeter la balle ? J'ai du mal à suivre . Termine Marcel
Un regard dédaigneux de ma part dirigé à son attention et il préfère battre en retraite. Il salue ma sœur et préfère quitter les lieux nous plongeant dans un silence le plus total.
-Au moins, si je veux divertir Marcel, je viens de trouver une distraction de premier choix.
D'un geste vif Rebekah se retourne sur moi, le visage furibond.
-Tu cherches encore à m'utiliser pour satisfaire tes propres intérêts ? Tu sais quoi ...va brûler en enfer !
Pov Magellan
J'ai quitté la table précipitamment lorsque j'ai vu Sophie Deveraux ne cessant de regarder derrière elle comme si elle était fautive de quelque chose. Je n'ai pas réfléchi, je me suis fier à mon instinct.
Je la retrouve dans un coin reculé, à l'abri des regards. Des bougies éteintes sont un peu partout et elle vide le contenu de son sac où se trouve un tas d'objets de sorcellerie.
-Tu utilises la magie Vaudou ? la fis-je sursauter. Tu ne dois pas beaucoup tenir à la vie , si tu veux mon avis.
-Et que dois-je faire d'après toi ? se retourne Sophie sur moi, l'air dépité. Je n'ai pas d'autres choix. Marcel a tué ma sœur parce qu'elle a fait l'usage de la magie mais elle est aussi ma seule chance de la retrouver...
-Retrouver quoi ?
Une chape de plomb s'abat entre nous. Sophie conserve le silence.
-Marcel possède une arme qui l'informe de l'usage de la magie et je suis presque convaincue que tu sais de quoi il s'agit. Continué-je
Aucune réponse ce qui confirme ma théorie.
Pov Klaus
Après le départ de ma sœur, mes pas m'ont guidé jusqu'à Jackson square, comme tous les jours des peintres viennent coucher leurs émotions sur des toiles. Perdu dans la contemplation de l'une d'entre elle , je ne cesse de penser à ma relation avec Rebekah. Notre réconciliation ne sera pas une mince affaire. Un lourd passé, trop de rancune, trop de choses que nous conservons pour nous-mêmes sans oser nous les dire. Parfois il vaut mieux tout expulser pour pouvoir tout recommencer mais c'est aussi un risque d'en subir des dommages irrévocables.
Je reprends ma route, marchant sans but précis. Autour de moi un certain nombre de noctambules traversent le quartier Français. En tentant d'éviter la foule , je bifurque et entre en contact avec une large silhouette. La collision m'a fait dévier de ma trajectoire et une vive douleur s'intensifie sur mon épaule, là où nous nous sommes percutés.
-Désolé mon grand, je ne voulais pas te blesser . S'excuse l'homme
Pour qui il se prend ? Croit-il réellement qu'il est possible de me faire mal physiquement ? Moi la créature la plus puissante de la planète .
Son aura me frappe, elle est d'une telle force que je la sens vibrer sous ses pores et m'envelopper. Ce même magnétisme que j'ai ressenti un peu plus tôt au bar avec cet inconnu et quand je m'en rends compte il a déjà quitté mon champ de vision. Mes yeux scannent les alentours mais rien , il semble s'être évaporé.
-Klaus est-ce que tout va bien ? me rejoint Marcel , les traits de son visage soucieux.
-Oui très bien, j'avoue en me focalisant a nouveau sur mon ancien protégé.
-Tu n'es plus fâché ?
-Ma chère sœur a le don particulier de me mettre les nerfs à vifs .
-Sans compter qu'elle est canon ! s'amuse t-il avant d'exploser de rire en voyant ma tête.
Je ne dois pas oublier ma mission , il est impératif que je reste en bon terme et c'est pour cette raison que lorsqu'il me propose de me joindre à lui et à ses hommes pour finir la soirée, j'accepte.
Pov Caroline
C'est un sentiment de soulagement qui me gagne quand je retrouve enfin Magellan.
-J'étais morte d'inquiétude !
-Tout va bien, j'étais avec Sophie. Elle s'apprêtait à faire usage de la magie.
Une obsession qui risque de mal se terminer si elle continue sur cette pente glissante. Sa détermination semble sans failles. Inconsciemment j'ai de la peine pour elle, c'est plus fort que moi , je n'apprécie pas la détresse. J'ai ce besoin constant d'aider, de voir ce qu'il y a de mieux en chacun même si toutes les âmes ne peuvent être sauvées.
Lorsque nous reprenons le chemin du manoir, Magellan tombe face à face avec un homme. Ce dernier pivote sur la gauche pour la laisser passer mais se heurte de nouveau à elle, cette dernière ayant exercé le même mouvement. Tous les deux rigolent de leur embarras puis elle décide de continuer sa route, ignorant cet homme qui n'a pas bougé d'un iota et la fixe.
-Plutôt mignon ! lâché-je sur le ton de la confidence.
Finalement il vient nous interpeller, ayant pris son courage à deux mains pour lui proposer un rendez-vous en sa compagnie. Magellan, les joues bien rosées ne semble pas savoir quoi répondre à cette approche soudaine. L'homme suffoque subitement face à nous, ses iris s' écarquillent et un filet de sang jaillit de sa bouche avant qu'il ne s'écrase lourdement sur le sol. Kol apparaît sous nos yeux, sa main tenant le cœur de l'inconnu qui pulse encore.
Je pose mes mains à mon visage, retenant un cri d'effroi face à la barbarie à laquelle je viens d'assister. Je suis choquée, regardant l'homme au visage pétillant qui n'est plus rien d'autre qu'un corps sans vie.
- Mais bordel c'est quoi ton problème Kol ? hurle Magellan
Que croyais-je après tout ? Qu'ils s'arrêteraient de tuer pour mes beaux yeux ?
La mort fait partie d'eux, ils ne ressentent que très peu d'émotions pour la race humaine. Ils sont pris dans une spirale infernale où la frontière entre le bien et le mal n'existe plus. Ils tuent et ils le feront encore, Klaus le premier.
-Il croit quoi, qu'il peut t'inviter à sortir comme ça !
-Tu ne veux pas d'une relation stable alors qu'est-ce que cela peut te faire que je sorte avec d'autres personnes ?
-Je n'ai jamais dit que je ne voulais pas de toi , c'est juste que ... , s'arrête t-il à court de mots.
Je m'éloigne d'eux, cherchant à étouffer mes pensées les plus sombres. Ce n'est pas le moment de flancher. Je me décide à rentrer seule, les laissant régler leur compte. Une fois arrivée au manoir je gagne immédiatement notre chambre et recherche à m'évader le temps d'un instant. Je compose le numéro de Bonnie, ma meilleure amie mais sans réponse.
Pov Klaus
Quand j'ai accepté de suivre Marcel, je ne m'attendais pas à devoir faire une partie de poker avec lui et ses sbires. Je serais tellement mieux en compagnie de mon ange que de perdre de mon temps à les regarder jouer à un jeu ridicule et à fumer des cigares. Entre mes doigts, les cartes glissent, ses dernières seraient tellement plus intéressantes plantées dans leurs jugulaires ou un filet de sang viendrait les imbiber.
-Au vu du sourire qu'il affiche, Klaus doit avoir un bon jeu ! résonne la voix de Thierry.
En vérité seul ma vision morbide me fait sourire.
-Je le connais, c'est seulement du bluff !
-Je ne bluffe jamais Marcellus ! je réponds
-Je suis sûre que ton jeu n'est pas si bon.
-Alors cesse de parler et passe à l'action Marcel !
Mon visage impassible ne l'aide pas à me percer à jour bien qu'il cherche désespérément à le faire. Mon masque est enfilé et aucune émotion vient le traverser quand je le porte.
-Ok je me couches , lance t-il son jeu sur la table, visiblement agacé par la situation.
Un sourire satisfait se dessine sur mon visage en posant à mon tour mon jeu.
-Mais il était nul ! s'exclame Marcel
-En effet ...mais je t'ai battu quand même !
Mon ego s'en donne à cœur joie.
-Veux tu également que je t'apprenne aussi à jouer aux cartes ? je lui demande avec mesquinerie.
Ravi de les quitter, je reprends la direction du manoir et monte quatre à quatre les marches pour retrouver mon ange. Je ne pensais pas la laisser seule aussi longtemps bien que je savais qu'elle avait prévue de passer une bonne partie de son temps avec Magellan. J'ouvre la porte de notre chambre et la trouve endormie, glissée bien au chaud sous les couvertures. Sans arriver à m'en empêcher, je m'installe sur le bord du lit et observe ses traits apaisés. Mes doigts n'arrivent pas à se retenir de se déposer sur elle pour les laisser glisser sur sa peau laiteuse et douce . Une perfection à l'état pur.
-Salut toi , résonne sa voix enraillée par le sommeil. Ta soirée s'est bien passée ?
Elle s'étire de toute sa longueur et chaque mouvement qu'elle fait attire mon attention. Elle est en tout point parfaite. Une fois redressée, elle me surprend en passant ses bras autour de mon cou et en m'étreignant contre elle .
-Tu m'as manqué ! me dit-elle tout contre mon oreille
Mes yeux se ferment de satisfaction, de ce petit moment de bonheur et de la sincérité qu'elle dégage. C'est tellement agréable de faire fart à une personne qui ne cherche rien en retour et dont les paroles ne sont pas que mensonge ou manipulation. Elle est ma bouffée d'oxygène.
-J'ai hâte que tout ceci soit terminé, je te promets ensuite mon ange, que nous partirons où tu voudras .
-Rien ne presses, ne t'inquiète pas.
-Je vais prendre une douche, je reviens.
-Ok !
Une fois ma douche terminée, je reviens dans la chambre. Caroline est assise en tailleur, les doigts tapant frénétiquement sur le clavier de son téléphone portable.
Ma curiosité est piquée à vif mais je cherche à l'enfouir au plus profond de moi-même. Une fois son message achevé, elle soupire , pose le téléphone sur la table de chevet et pose ses yeux sur moi.
Je la vois froncer les sourcils puis se hâter dans ma direction à toute allure.
-Qu'est-ce que c'est ? me demande t-elle d'une voix inquiète
-Quoi ?
-Ton épaule !
Sans comprendre à quoi elle fait référence, je me décide à retourner dans la salle de bain pour trouver un miroir. En effet une palette de couleurs passant du jaune au bleu recouvre mon épaule.
-On dirait une contusion! me dit Caroline en appuyant dessus m'arrachant un grognement. Pardon ! s'excuse t-elle d'un air penaud.
-Ce n'est rien !
-Il s'est passé quelque chose d'inhabituel aujourd'hui ?
-Non ! lâché-je avant que la rencontre avec cet homme au bar me revienne en mémoire.
Je me souviens l'avoir ensuite percuté dans les rues et que mon corps a entrechoqué le sien à cet emplacement précis et en effet mon corps en a subi des dommages.
-Tu te souviens de quelque chose ?
-Non ce n'est rien, Caroline, mentis-je puis en embrassant son front.
Je ne souhaite pas l'inquiéter davantage bien que j'ai l'impression qu'elle est loin d'être convaincue.
-Ma mère m'a appelé cet après-midi , m'avoue t-elle , elle cherchait à savoir quand je m'apprêtais à rentrer pour Mystic Falls.
Rien que l'idée qu'elle puisse s'éloigner m'est absolument insupportable. Je serre les dents essayant d'étouffer ce feu liquide qui commence à s'insinuer dans ma chaire. Il me serait impossible de la laisser s'en aller et j'en prends conscience , je serais prêt à tout pour qu'elle reste ici avec moi. Ce sentiment d'abandon est toujours une plaie béante , une plaie impossible d'être pansé et le temps ni change en rien. Tout comme je l'ai fait avec ma sœur en la daguant afin qu'elle ne me quitte pas , je serais dans l'obligation de trouver une mesure draconienne pour que Caroline ne me quitte pas.
-C'est à elle que tu envoyais un message.
-Non à Bonnie !...Elle ne répond pas à mes appels et je voulais juste savoir si tout allait bien pour elle.
Sa réponse me fige instantanément. Comment n'a t-elle pas pu être mise au courant ?
-Quoi ?
-Personne ne te l'a dit ? je l'interroge.
J'avance à pas de loup dans sa direction jusqu'à ce que mes mains se placent sur ses épaules avant de lâcher :
-Bonnie est morte mon ange .