Cassie touilla le liquide qui bouillonnait dans la marmite. Les carottes et les navets nagèrent un instant à la surface avant de replonger au fond.
La jeune femme y avait ajouté un morceau de poule pour un meilleur goût, et surtout pour que ce soit plus nourrissant.
Elle jeta un coup d'œil vers la couche et considéra l'homme allongé.
Il était toujours conscient, mais ses efforts déraisonnables pour se mettre debout l'avaient énormément affaibli, une fois de plus.
Heureusement, ses blessures ne s'étaient pas rouvertes.
La nuque crispée, elle devinait les yeux de l'homme sur elle.
Elle avait pesté quand il était tombé sur elle, et qu'ils s'étaient étalés tous les deux sur le sol.
Sa tête avait cogné le plancher avec violence, ce qui lui avait arraché quelques jurons bien sentis.
— Enfer et damnation !
— J'y suis déjà, avait douloureusement murmuré l'étranger couché sur elle.
Elle attrapa un bol et le remplit de soupe avant de le rejoindre.
Il s'efforça de s'asseoir, mais ses traits furent déformés par la souffrance. Cassie cala les oreillers derrière son dos,
et s'installa au bord du matelas, la cuillère remplie de soupe en main.
Il fronça les sourcils.
— Je peux manger tout seul, maugréa-t-il, une nuance agacée dans la voix.
Une moue ironique anima les traits de Cassie. Elle lui tendit le bol et le couvert. Il s'empara du récipient de sa main valide.
La jeune femme continua de l'observer. Il tenta de saisir la cuillère avec sa paume bandée, mais n'arriva pas à la serrer assez fort et elle retomba dans le bol avec un misérable « ploc ».
Cassie attendait le moment où il se rendrait compte qu'il n'était pas en mesure de manger sans aide. Où il aurait besoin de son aide, aussi agaçant soit-il.
Il prit un air crâne et lui jeta une œillade de défi, puis reprit l'ustensile.
Elle remarqua le bout de ses doigts blanchir sous la pression. Son visage également pâlit. Il ne voulait dépendre de personne, et n'hésitait pas à souffrir le martyre pour cela.
Il porta la cuillère à sa bouche, mais ses doigts tremblaient tellement que la moitié de la soupe se renversa les couvertures.
De dépit, il balança l'objet dans la soupe, qui les aspergea tous les deux.
Cassie prit le bol et plongea la cuillère dans le liquide fumant pour l'approcher de ses lèvres.
Ses lèvres pincées étaient déformées par un pli énervé.
La jeune femme souffla.
— Je vous ai soigné, lança-t-elle, et vous avez failli m'étrangler.
Le regard de l'homme changea.
— Je vous ai porté, et vous avez failli m'assommer.
Il demeura silencieux.
— Vous allez boire cette soupe, intima-t-elle, récupérer vos forces et reprendre votre route.
Le coin de ses lèvres s'étira.
— Je ne creuserais pas une énième tombe pour un inconnu...
Son expression se durcit, et il ouvrit la bouche.
— Quel est votre nom ? questionna-t-il entre deux bouchées.
Cassie remarqua qu'il avait perdu son accent traînant.
— Quel est le vôtre ? rétorqua-t-elle.
L'homme eut presque un sourire et la dévisagea.
Aucun des deux ne parla.
Le repas terminé, la jeune femme retira les oreillers sans ménagement et il tomba en arrière avec un grognement de surprise.
Il en replaça un sous sa tête, et replia un bras sous sa nuque tout en la considérant.
Alors qu'elle s'éloignait avec son écuelle vide, il murmura :
— Vaughn.
La jeune femme s'arrêta et se retourna à peine.
— Je m'appelle Vaughn...
Elle hésita un instant, puis lui répondit :
— Cassandra... Cassie.
Il hocha imperceptiblement la tête et la regarda s'éloigner, pensif.
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Vaughn se prononce [Vôon]