James
J'arrive à me saisir de la main d'Emmy, avant qu'elle ne sombre sous l'eau.
Elle est complètement frigorifiée et n'arrive plus à bouger.
Je lui enlève rapidement ses vêtements et je lui frotte de la neige sur sa peau, afin de la sécher et de réchauffer son corps.
Je retire mes vêtements, pour lui enfiler mon pull et mon blouson.
Ses lèvres sont bleues. Je la prends dans mes bras et je la soulève pour la ramener à la maison.
Le trajet est beaucoup plus long au retour qu'à l'allée.
Emmy tremble. Ses cheveux sont encore gelés.
Une fois arrivé, Peter et Tarim se précipitent vers moi.
- Il s'est passé quoi ? me demande Peter
- Merde ! Emmène la sous la douche... dit Tarim
Je décide de faire couler un bain. Elle est trop faible.
Je l'aide à se déshabiller. Mon regard ne quitte pas le sien. Elle ne tremble plus. Mais ses yeux sont remplis de tristesse et de regrets.
Elle s'assoit dans l'eau chaude du bain.
Je ne sais pas quoi faire... j'ai envie de m'assoir à ses côtés et de la prendre dans mes bras...mais moi aussi, j'ai trop de peine.
Et ma colère est toujours présente. Mais se n'est pas la même. Je suis en colère contre ceux qui l'ont menacé et qui lui ont fait du chantage.
Il faut que j'arrive à faire abstraction de ça...pour le moment.
Je décide de m'assoir derrière elle dans la baignoire. Elle ne parle pas et ne me regarde pas.
Je passe mes bras autour de son corps et je la fait s'allonger avec moi.
Nos corps sont dans la chaleur de l'eau.
Elle se détend et pose une main sur mon bras qui l'entoure toujours.
On ne bouge pas, on ne parle pas. Je peux sentir la peine et la tristesse qui émane d'elle et de son âme.
Cette même tristesse qui m'a fait tant de mal, cette tristesse qui m'a détruit au plus profond de moi.
Cette tristesse, l'a aussi détruire, l'a fait souffrir comme j'ai souffert.
Elle a porté ma vie sur sa conscience.
Et comme bien trop souvent, elle m'a sauvé... comme à chaque fois, elle s'est interposée entre le danger et moi... j'aurai fait la même chose...j'ai fait la même chose...et je recommencerai.
Peter m'a demandé si j'avais toujours des sentiments pour elle, avant de me dire la vérité.
Oui, j'en ai toujours. Bien enfouie en moi. Ces sentiments ne sont jamais partis.
J'avais la certitude de la détester...mais c'était pour camoufler cet amour que je ne voulais plus ressentir.
Emmy se leva et sortit du bain.
Je ne pu m'empêcher de regarder son corps et d'apprécier la vue que j'avais sous les yeux.
Elle passa une serviette autour d'elle et avant de sortir de la salle de bain, elle me dit d'une voix timide et fébrile :
- Merci pour tout à l'heure...
Je plongea la tête sous l'eau. J'avais envie de hurler, de frapper. J'avais besoin de faire ressortir cette nouvelle haine et colère qui m'avaient envahi ce soir.
J'avais tout fait pour que Peter et d'autres personnes, ne sachent pas où je me trouvais durant ses trois dernières années.
Elle avait essayé de me retrouver...elle voulait probablement s'expliquer...après avoir effectué sa mission pour Andrieu, elle était libre...et moi j'étais en vie...
Une fois dans ma chambre, je n'arrivais pas à trouver le sommeil.
Sans vraiment réfléchir, je me lève et je me dirige vers la chambre d'Emmy.
Est-ce vraiment une bonne idée ? Voulait-elle vraiment se rapprocher de moi ? Pourquoi ne m'a t'elle jamais parlé de tout ça durant ses dernièrs jours où nous étions ensemble ?
Pour le moment, tant pis pour les questions sans réponses...
Je rentre dans sa chambre, je ne sais pas si elle dort, mais je m'approche de son lit et je me glisse sous les draps.
Je ne me suis pas demandé elle en avait envie. Peut-être préfère t'elle être seule.
Je sentais les mouvements de sa respiration, son corps avait retrouvé sa chaleur.
Mon rythme cardiaque ralenti et je me rendis compte que je ne m'étais pas senti apaisé de cette façon depuis bien longtemps.
Instinctivement, je passe mon bras autour de sa taille et je ne colle contre son corps.
Peut-être que mon geste était trop rapide, trop direct. Mais peut-être qu'au fond de mon cœur, c'est ce que j'attendais depuis trois ans.
Emmy
Je suis dans une pièce sombre. Andrieu est avec moi son arme est dirigée vers l'homme que j'aime.
Le visage de James est recouvert de sang.
Andrieu affiche un sourire diabolique.
- Non, non par pitié laissez-le, ne le tuez pas ! Je vous ai dit que je ferai tout ce que vous désirez.
Je n'arrivais pas à retenir les larmes. Elles coulaient le long de mes joues.
- Je t'avais pourtant dit de ne pas lui en parler, de ne pas le retrouver. Cet accord n'a pas été respecté, mais moi je tiens mes promesses. Donc tu vas le voir mourir sous tes yeux, par ta faute, par ton inconscience et par ta faible volonté.
- Je vous en prie... laissez-le...
Andrieu rie encore plus fort, son visage se tordait par la folie.
Il appuya sur la gâchette et le coup parti.
Le corps de James tomba au sol. Du sang s'écoulait jusqu'à former une flaque autour de son corps.
Je me mets à hurler, à pleurer, à me débattre.
Des bras puissants viennent me saisir le corps, mais je n'arrive pas à retenir mes sanglots et ma tristesse.
Il me fallut quelques secondes avant de réaliser que j'étais dans mon lit et que les bras qui m'entouraient, n'étaient autre que ceux de James.
- Emmy... calme-toi ! C'est bon, c'est fini, ce n'était qu'un cauchemar.
Pourquoi est-il dans mon lit, avec moi, à me consoler alors qu'il est censé me détester ?
Ses mains entourent mon visage et il me regardait dans les yeux. Je pouvais y lire de la peur et de la tristesse.
- Emmy, ça va aller...respire calmement.
C'est alors que je posais ma tête contre son torse. Ses bras me serraient un peu plus fort.
Je ne me rappelle plus de la suite, j'ai sombré dans le sommeil.
James
Je suis réveillé par les mouvements du corps d'Emmy. Elle se débattait, sa voix était faible, mais dans son cauchemar elle devait probablement crier.
- Non, non ! Par pitié, laissez-le, ne le tuez pas. Je vous ai dit que je ferai tout ce que vous désirez.
- Je vous en prie et laissez-le !
Je lui saisis le haut du corps et l'enferma dans mes bras pour arrêter ces mouvements de panique.
Est-ce que ses cauchemars étaient toujours les mêmes ? Est-ce que c'est moi qui était dedans ? Est-ce qu'elle se débattait contre elle-même, pour d'un côté faire en sorte que je reste en vie et de l'autre faire en sorte qu'elle reste en vie, son cœur détruit comme le mien l'était ?
Toutes ces questions m'épuisaient. J'avais besoin de réponses.