- Tu ne la perds pas, hein ?

- Non, je vais la jeter par la fenêtre, raille Isis.

- T'es bête.

- Je porte tes deux gosses alors calme toi le padre.

Pierre ricane, le trajet pour rejoindre l'aéroport n'est pas bien long. Quelques heures plus tard, le couple est de retour dans leur appartement milanais après deux semaines sans avoir mis un pied dans ce dernier. Isis s'empresse de s'installer dans le canapé en soupirant, ces derniers jours ont été intenses et elle est soulagée d'être rentrée dans l'un des endroits où elle se sent le mieux au monde.

- Alors toi, tu t'assois tranquille et c'est à moi de défaire toutes les valises !

- T'as entendu la gynéco, pas d'efforts physiques intenses, pas de charges lourdes, pas de...

- Gnagna, la gynéco a dit... 

- T'avais qu'à naître avec un utérus.

Elle l'entend maugréer dans sa barbe tout en se dirigeant vers la chambre avec les valises derrière lui. Isis profite de ce temps pour s'allonger sur le canapé, la golden retriever ne tarde pas à venir se coller à elle. Isis est heureuse de la retrouver, elle l'enlace avec force avant de s'assoupir contre elle, fatiguée par les évènements de la journée et par le décalage horaire auquel elle n'est pas habituée.

Elle émerge en sentant des doigts parcourir son cuir chevelu dans des gestes circulaires très agréables, elle ouvre les yeux pour faire face au regard bleuté de Pierre qui s'est accroupit pour être à sa hauteur. Ses doigts replacent une mèche de ses cheveux derrière son oreille, il la questionne sur ce qu'elle souhaite manger.

- Ce que tu veux, souffle-t-elle.

- On est pas sorti de l'auberge avec toi, se moque Pierre. 

- J'ai juste une requête, est-ce qu'on peut manger devant la télé ?

Il embrasse son front montrant son accord, il rejoint la cuisine pour préparer un bon repas tout en gardant un œil sur la brune qui zappe les chaines de la télévision. Au bout de plusieurs minutes, elle se relève pour remplir la gamelle de Joyce de croquettes fraiches, non sans plisser du nez face à l'odeur nauséabonde.

- Normalement, ça ne pue pas autant, gémit la brune

- Si tu comptes vomir, la salle de bain est par là...

- Très drôle, raille Isis en se hissant sur le plan de travail à la seule force de ses bras.

Comme à son habitude, elle sent un tiraillement au niveau de son épaule gauche la faisant grimacer, ce qui n'échappe pas à Pierre qui s'approche d'elle pour l'étreindre tendrement. Isis glisse ses mains dans les poches arrières de son pantalon cargo pour l'attirer un peu plus près.

- Pierre, j'ai peur de faire un cauchemar cette nuit... je...

- Dis-moi, encourage-t-il en déposant ses lèvres dans son cou.

- J'ai parlé de beaucoup de choses aujourd'hui, beaucoup de souvenirs sont remontés et... je fais qu'y penser depuis toute à l'heure. Gérer mon conscient c'est une chose mais... cette nuit, j'ai peur que ça soit horrible, ajoute-t-elle d'une voix pâteuse. 

Pierre avait bien remarqué qu'elle s'était refermée sur elle-même durant tout le vol, elle n'a presque pas parlé avec lui, elle s'est contentée de caresser la golden retriever. Il ressent un certain soulagement à ce qu'elle lui dise ce qui ne va pas, il sait que ce n'est pas facile pour elle mais il est fier qu'elle réussisse à le faire.

- Plus tu redoutes ce moment, pire il sera... si ça se trouve, il ne se passera rien ce soir, rassure-t-il.

- Et si je fais encore une terreur nocturne ? Je m'en souviens jamais mais je veux pas que tu endures ça et que...

EMPTY PLACES » Pierre GaslyUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum