Aujourd'hui, le business tourne bien, alors je prends mon propre envol. Je gère toujours l'entreprise de loin, et je me rendrais sur Paris en train régulièrement. Mais je vais maintenant pouvoir adopter ma petite vie tranquille, et profiter de ce calme après ces années de dur labeur.

J'ai avec moi ma machine à coudre avec dans l'idée de proposer des créations sur-mesure ici, on verra s'il y'a de la demande.

Je n'arrive pas à ne pas sourire, même quand il n'y a rien ni personne à qui sourire.

C'est simplement le fait d'être enfin là, et de savoir que je reviens pour de bon.

J'ai acheté un petit pavillon parfaitement placé, non loin du centre ancien de la petite ville à taille humaine, et juste en bordure de forêt dans laquelle je compte bien passer du temps, à profiter de l'odeur des bois au petit matin par exemple, avec de longues promenades ou mes footing bihebdomadaires.

Cette forêt que j'ai déjà tant foulé avec mes amis, à l'époque, est idéale. Elle est dégagée avec plein de petits sentiers, on ne s'y sent pas isolé, on s'y repère facilement.

Ce retour aux sources va me faire un bien fou, je le sais. La grande vie en métropole n'est pas pour moi. J'ai essayé, ça oui. Et même si je ne m'y sentais pas à ma place, j'ai su y tirer des avantages dont je profite aujourd'hui.

J'ai pu acheter un logement ici sans trop de problème, j'avais déjà un capital de départ important. La négociation du prêt à la banque n'était qu'une formalité, avec un apport aussi conséquent.

Je voulais pouvoir vivre ici de manière sereine avec de petites mensualités, ce qui me permet de profiter, de me détendre, et de ne plus me tuer au boulot comme une bête de somme. Ces années de stress, d'insomnies et de tension nerveuse sont derrière moi.

Aujourd'hui est ma récompense.

Je continue à saluer les passants, j'ai envie d'être amie avec tout le monde... J'espère retrouver des personnes que j'ai connu.

Le couple qui tenait la boulangerie, le monsieur qui gérait l'épicerie, les musiciens qui viennent jouer sur la place du marché le dimanche.

L'accordéoniste avec sa casquette de marin et la belle dame qui chantait avec lui. Les frères avec leurs guitares et leurs anciens chants de pirates. Et la violoniste qui nous emporte dans ses complaintes.

Le dimanche, on était dehors presque toute la journée pour profiter de la vie festive et joyeuse qui règne ici. Il y avait le marché le matin, puis on mangeait en terrasse le midi, chez Rosa, le meilleur restau du coin. Pourvu qu'il soit encore là ...

Et l'après-midi, on profitait de l'ambiance en riant et discutant avec tout le monde. Les adultes sirotaient leur café en jouant aux cartes, pendant que les enfants jouaient et dansaient sur la musique rythmée et joviale de la guitare ou l'accordéon.

C'était tellement plus agréable qu'à la maison... Mes parents avaient du mal à se supporter, les dernières années. Alors, on était tout le temps avec du monde, on sortait beaucoup ou on invitait quasiment tous les weekend.

Etant donné qu'on est au sud du pays, il fait souvent beau temps. Il était donc très courant qu'on organise de grands barbecues à la maison. Mes parents recevaient leurs couples d'amis, dont les parents de Mélie, mon amie d'enfance. La meilleure du monde. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue.

Je n'ai pas su garder le contact avec elle. Quand je suis partie, les téléphones mobiles étaient encore difficilement accessibles, peu pratiques, et j'étais trop jeune pour avoir ça.

Nous sommes partis tellement vite, que je n'ai pas eu le temps de vraiment organiser mon départ. J'ai seulement gardé le numéro de téléphone fixe de ses parents en tête, et son adresse. On a pu échanger quelques lettres et des coups de fil de temps en temps. C'était très régulier au début, et puis, comme souvent, ça s'est raréfié avec le temps.

J'ai eu envie d'appeler ses parents à plusieurs reprises depuis que j'ai pris la décision de revenir. Mais je me suis ravisée à chaque fois en me disant que ce serait encore mieux si je venais les saluer en personne, en espérant qu'ils habitent toujours la même maison.

Mon téléphone sonne, je décroche à l'aide de l'écran de la voiture.

"Salut Maman !

- Coucou chérie ! Alors, tu es arrivée ?

- Presque ! Je suis au village, en tout cas. Je roule au pas.

- C'est comme avant ?

- Pour l'instant, j'ai bien l'impression ! Il y a vraiment cette même ambiance qu'auparavant, je le sens.

- Ah, je l'espère. Qu'au moins, ce coup de folie te rende heureuse.

- Arrête d'appeler ça un coup de folie. Je veux revenir ici depuis toujours.

- C'est vrai... Mais bon, tu aurais pu louer un petit appartement, c'est plus facile à quitter au cas où finalement, tu décides de repartir.

À 28 ans, vouloir déjà une petite vie de retraitée, c'est surprenant. Une fois la nostalgie passée, tu peux t'ennuyer, trésor. Et puis tu as acheté sans avoir vu la maison, vraiment... désolée mais pour moi, c'est bien un coup de folie.

- J'ai fait une visite vidéo, c'était suffisant. Je n'aurai pas du tout envie de repartir, je le sais. J'adore cet endroit. J'en ai assez de la ville, on en a déjà parlé. Vivre dans le béton, les uns sur les autres, dans le bruit de la circulation et la course au profit, ce n'est pas pour moi.

Je pense que j'ai donné suffisamment d'années à cette vie de stress dans la jungle urbaine. Je vais être comme un coq en pâte, ici.

- Si tu le dis, ma puce. En tout cas ils vont sûrement te reconnaître, et ils seront contents de te revoir, je pense que tu seras bien accueillie.

- Me reconnaître, je ne sais pas, mais les gens semblent tellement paisibles ici, que je suis sûre de créer des liens rapidement.

- Sana, une petite blonde aux yeux marrons, ce n'est pas si courant. Ils vont te reconnaître, c'est sûr.

- On verra.
Ça y est, je suis arrivée.
Oh, c'est aussi charmant que sur les photos...
Ma petite maison est adorable, presque aussi adorable que celles des nains de blanche neige. Plus qu'à recruter les animaux environnants.
Maman, je vais te laisser, j'aimerai préparer l'arrivée du camion de déménagement.

- Ok, mon cœur. Installe toi bien, je viens te voir dans deux ou trois semaines.

- Quand tu veux. Je t'embrasse, à bientôt.

- Au revoir, ma chérie. À très vite."

Je sors de ma voiture que j'ai garée dans l'allée, pour contempler ma nouvelle petite demeure.
Elle est ancienne et nouvelle à la fois. Tout a été refait de fond en comble, mais on garde le charme de l'ancien. La façade en pierres irrégulières beiges et le toit marron clair. Les volets en bois sont vernis et peints en blancs, il va falloir les nettoyer ou les repeindre souvent. Mais c'est très mignon.
Il y a un petit carré d'herbe et des fleurs devant, et un grand jardin derrière avec une terrasse pour manger dehors. Je pourrais prendre mon petit déjeuner à la fraîche, face à la forêt le matin... J'ai rêvé de ce genre de petits moments qui ont l'air si simple comme ça, mais qui sont tellement précieux à mes yeux.

Allez, au boulot.

Un déménagement toute seule, ça risque d'être épuisant. Mais, les déménageurs vont tout de même m'installer les meubles lourds, et pour le reste, j'ai le temps. Je n'ai pas à retourner en ville avant un mois

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