Quarantième virage

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Quarantième virage.

Comme prédit par Monster, les policiers avaient déjà déserté la scène du crime quand ils arrivèrent. Gideon les attendait, assis devant la clinique dont la vitre avait été fracassée.

À la seconde où il le vit, Jack descendit de sa moto et courut dans sa direction. Il le serra dans ses bras en poussant tous les jurons de la terre.

— Fuck, putain de merde... tu vas bien ?

Le biker se recula et attrapa le menton de son petit-ami pour lui faire tourner la tête.

— C'est quoi ?

Il avait une entaille sur la joue.

— Un éclat de verre, ne t'en fais pas. Je vais bien.

— Il faut désinfecter.

Gideon lui fit de gros yeux.

— Qui est le docteur entre nous deux ?

Quelques pas derrière, Lord les rejoignit, le regard posé sur la vitre brisée de la clinique.

— Tu nous racontes ce qui s'est passé ? demanda-t-il. On peut entrer voir ?

— Ouais, les policiers sont partis il y a peu. Ils doivent faire le rapport. On peut entrer, mais c'est vraiment le bordel... il a tout saccagé.

Nerveux, Jack attrapa la main de Gideon pour le suivre à l'intérieur. Le docteur n'avait pas menti : l'endroit était dans un sale état. Des bouts de verre traînaient un peu partout au sol, les tiroirs des classeurs étaient ouverts, arrachés et des feuilles de dossiers médicaux volaient dans les pièces.

— Faites attention là où vous marcher.

Lord évita de justesse un morceau de verre particulièrement tranchant, puis il se figea en apercevant le gigantesque R gravé sur l'un des murs. La lettre était exactement la même que sur sa main... Ses doigts se serrèrent tout seuls et un lent frisson glacé le parcourut.

Il manqua de sursauter en sentant une main se poser sur son épaule.

— Ça va ? lui demanda Jack en remarquant la façon dont il fixait le R.

Lord chassa sa main, puis secoua la tête. Non, ce n'était pas le moment de paraître faible.

— Ça va. Putain..., se contenta-t-il de dire. Pourquoi avoir fait ça ?

— Il a volé quelque chose ? demanda Jack en fronçant les sourcils.

Gideon secoua la tête.

— Rien, rien du tout. Il n'a même pas touché à la caisse. Mais il a laissé un mot... j'ai eu le temps de le prendre et de le cacher avant que les policiers n'interviennent.

Gideon fouilla dans sa blouse médicale jusqu'à trouver un bout de papier plié en quatre. Il le tendit à Lord pour qu'il le lise, ne souhaitant pas imposer à Jack de le lire lui-même.

— « Je sais qui vous êtes. Je sais qui est important pour vous. Livrez-moi celui que je cherche sans quoi je détruirai tout. » Signé : R.

Lord en eut des frissons. Comment étaient-ils supposés lui livrer qui que ce soit ? Ils n'avaient aucune idée de qui était ce « Daniello Santiago », bon sang ! Quand allait-il comprendre à la fin ?!

— C'est absurde..., murmura-t-il. On ne va lui livrer personne.

— Où a-t-il eu toutes ces informations ? se questionna Jack à voix haute. Comment a-t-il su pour Gideon... ?

Lord secoua la tête.

— Je ne lui ai pas parlé de lui, assura-t-il, il n'a pas posé de questions à ce sujet...

Revenge voulait connaître la localisation du QG des Skull's Head et n'avait pas arrêté de le questionner sur le fameux « Daniello Santiago », mais rien d'autre.

— J'ai eu de la chance, dit le docteur. Je devais être à la clinique, mais au dernier moment, j'ai reçu un appel et j'ai dû aller voir un patient à domicile. Si ça n'avait pas été de ce téléphone...

Un silence glacial de plusieurs secondes s'installa entre eux, tandis qu'ils prenaient mesure des paroles de Gideon. Ce Revenge en savait beaucoup trop...

— Tu viens avec nous. Il n'y a aucune chance que tu rentres seul chez-toi ce soir, dit Jack d'une voix qui demandait à être obéie.

Gideon ne songea pas à riposter.

— OK, mais il faut ranger avant et mettre en sécurité les dossiers des patients.

Il ne pouvait pas laisser autant d'informations confidentielles étalées partout sur le sol de sa clinique.

Lord poussa un soupir de découragement devant l'ampleur du travail à accomplir. L'administratif n'avait jamais été son fort...

— Allez, l'encouragea Jack, plus vite on s'y met, plus vite on finira.

Ainsi, les trois gaillards se mirent à ramasser toutes les feuilles éparpillées un peu partout, puis à les rassembler par dossier de patient dans des pochettes à documents. Le travail était long et minutieux. Pas exactement ce à quoi s'attendait Lord en venant ici.

— Hé, l'interpella Jack pendant qu'ils s'attelaient à la tâche. Scandal et toi... ?

Lord détourna les yeux. Il se doutait bien qu'il n'allait pas y échapper.

— Qu'est-ce que tu veux savoir ? demanda-t-il avec un soupir.

— Ça y est... c'est officiel ? Vous en avez mis du temps, franchement...

— Il n'y a rien d'officiel, répondit-il platement, sur un ton un peu plus sec que ce qu'il aurait souhaité.

— Mais... pourtant... je vous ai vus... –

— Ce que tu as vu n'a pas d'importance, le coupa Lord. La situation est... compliquée.

Du moins, il n'était pas en mesure de définir leur relation actuelle. Ils avaient couché ensemble, oui, certes, mais encore... ? Ils n'avaient eu aucune véritable discussion à ce sujet.

— OK... j'étais seulement curieux. Je ne te force pas si tu n'as pas envie d'en parler. Mais... si tu as besoin d'une oreille, je suis là.

Lord se contenta de hocher la tête. Il n'avait jamais parlé de ses problèmes de cœur à aucun membre du gang (ni personne d'autre) en trois ans. Il n'avait aucune intention de se confier à qui que ce soit maintenant, mais cela faisait du bien de savoir qu'il avait de bons amis autour de lui.

Cela prit une bonne heure pour tout rassembler et un peu plus pour achever le tri. Debout devant un des classeurs, Gideon fronça les sourcils.

— Un truc qui ne va pas ? l'interrogea Jack en s'approchant pour regarder lui aussi.

— Il manque un dossier...

— Comment ça ? Lequel ?

Gideon regarda à nouveau pour être certain, mais non... il y avait bien un trou là où il y aurait dû y avoir un dossier.

— Celui de Ghost. 

Scandal | GhostWhere stories live. Discover now