Trente-huitième virage

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Trente-huitième virage.

Lord aurait pu passer le reste de l'après-midi au lit si cela voulait dire qu'il pouvait être allongé contre Scandal. C'était agréable de sentir sa chaleur dans son dos, son bras musclé sur sa hanche, son souffle dans le creux de son épaule... Vraiment, il n'avait aucune envie de bouger.

Plus jeune, il avait souvent dormi dans le même lit que son ami, notamment parce qu'il avait craint le noir à une certaine époque, mais jamais de façon aussi intime. Là, ça n'avait rien à voir. En vieillissant, il avait cessé de rejoindre le lit de Scandal. D'abord par égo... puis parce qu'il craignait de ne pas pouvoir cacher les réactions physionomiques de son corps. Et ça aurait été la honte si Scandal l'avait surpris en train de bander dans le même lit que lui... Lord ignorait ce qu'il en aurait pensé et aurait préféré mourir plutôt que de devoir s'expliquer. Maintenant, il tuerait pour passer plus de temps dans ce lit.

Il aurait dû se douter que ce moment de paix ne pourrait pas durer...

D'un seul coup, la porte de la chambre s'ouvrit dans un fracas pour laisser entrevoir le visage paniqué de Jack.

— Venez tout de suite !

— Tu ne vois pas qu'on est occupés ? demanda Scandal d'une voix lente et ensommeillée sans prendre le temps d'ouvrir les yeux pour répondre à son interlocuteur.

Rouge comme une pivoine d'avoir été surpris, Lord se dépêcha de rouler sur le côté pour s'éloigner de Scandal. Il se redressa dans le lit en utilisant les couvertures pour cacher sa nudité.

L'expression de Jack ne semblait pas être à la plaisanterie. Il ne fit pas le moindre commentaire sur la position dans laquelle il lest avait trouvés, comme s'il s'en était à peine rendu compte. Lord comprit tout de suite que quelque chose de sérieux était arrivé. Autrement, Jack ne serait jamais passé à côté de cette occasion trop belle de faire une blague.

— Qu'est-ce qui s'est passé, Jack ? demanda-t-il, préoccupé.

La voix de Jack tremblait :

— Il y a eu une entrée par infraction dans la clinique de Gideon. Réunion d'urgence.

Le plus jeune sentit le rythme de son cœur s'accélérer. Scandal et Lord échangèrent un regard inquiet. Tout cela n'augurait rien de bon.

— On s'habille et vous rejoint.

Après un hochement de tête, Jack allait tourner les talons quand Scandal ajouta :

— Tu as ouvert la porte, tu la fermes.

Le biker revint sur ses pas, ferma la porte et seulement à ce moment-là, Lord s'autorisa à sortir du lit, cherchant ses vêtements sur le sol. Scandal l'imita. En récupérant les morceaux qui composaient sa tenue, Lord se rendit alors compte qu'ils avaient laissé leur T-shirt dans la salle d'entraînement.

— Hum... tu as un truc à me passer ? On a laissé nos T-shirt là-bas...

Le blond fouilla dans un des tiroirs de sa commode et il lui balança un sweat shirt au visage que Lord réceptionna à deux mains.

— Merci.

Il enfouit son nez dans le hoodie avec un sourire un peu niais. Le parfum de Scandal était partout... si agréable. À quoi bon continuer de porter ses propres vêtements quand il pouvait porter ceux de son ami ?

Scandal le scanna du regard, appréciateur.

— Ça te va bien.

Se replongeant dans son tiroir, il prit un nouveau T-shirt pour lui-même et le fit passer par-dessus sa tête. Avant qu'il ne le referme, Lord eut le temps de s'approcher pour regarder à l'intérieur.

— Hé ! s'exclama Scandal en le voyant faire. Interdiction de regarder, tu pourrais tomber sur mon jardin secret.

À comprendre : ses jouets.

— Je croyais qu'ils étaient sous ton lit.

Scandal rit.

— Un bon pirate ne doit pas cacher tout son or à un seul endroit, non ?

Lord secoua la tête. Heureusement, ce n'était pas ce qui l'intéressait.

— Je me disais juste... tu as encore des tonnes de T-shirt là-dedans... pourquoi tu m'as filé ton sweat ? Tu ne trouves pas qu'il fait un peu chaud ?

En vérité, la température n'était pas si mal... mais faire tout ce sport avec Scandal avait fait bouillir son sang.

— C'est ce que font les gens après avoir baisé, non ? Dans les films en tous cas. Sauf que tu ne porterais pas de pantalon... qu'il laisserait voir tes fesses et qu'il serait trop grand pour toi... ce qui n'est pas le cas maintenant. Dommage. C'est pas grave, ça reste sexy de te voir porter mes vêtements.

Scandal marqua une pause. Il réfléchissait à mesure qu'il parlait. Il avait une fois de plus oublié à quel point Lord avait grandi. Il y a à peine quelques années, le jeune homme flottait dans tous ses vêtements. Maintenant, il était grand et tout en muscles. Ils faisaient pratiquement la même taille – Lord légèrement plus grand alors qu'il n'avait toujours pas achevé sa croissance – alors le plus jeune pouvait porter ses vêtements comme s'ils étaient les siens à présent.

— Mais considère-toi chanceux : un bon nombre de nanas tueraient pour ce sweat ! ajouta Scandal avec une pointe d'humour.

— Il a ton odeur..., murmura Lord en tirant sur le tissu.

Scandal haussa les épaules en souriant.

— Mon parfum est sur le comptoir de la salle de bain s'il te plait autant.

Lord détourna les yeux, gêné. Ce n'était pas comme ça. Ce qu'il aimait, c'était que ce sweat appartienne à Scandal, que son parfum se mélange à son odeur naturelle. Le parfum embouteillé pourrait aider, mais ce ne serait qu'une pâle reproduction de ce qu'il sentait quand il plongeait le nez dans le cou du blond.

— On devrait se dépêcher, se contenta-t-il de dire. Les autres nous attendent... et je n'ai pas un bon pressentiment à propos de tout ça... 

Scandal | GhostOù les histoires vivent. Découvrez maintenant