Flashback, 3 ans auparavant :
— Bonjour maman ! Dis-je d'un sourire rayonnant.
— Bonjour ma chérie, Joyeux anniversaire ! Répliqua-t-elle en m'embrassant la joue.
Elle me serre fort dans ses bras, la table est magnifiquement dressée, avec tout ce que j'aime :
— Oh ! Des pancakes à la myrtille et à la Chantilly ! Merci maman !
Elle me sourit tendrement et finit de dresser la table, elle appelle mon père :
— John ! John ? Ne me dis pas que tu dors encore ! Cria-t-elle.
Mon père fait son apparition, en jogging et en T-shirt du Dimanche, il s'étire et arrange ses cheveux blonds en bataille.
— Ma petite princesse grandit si vite ! Joyeux anniversaire ma chérie ! 15 ans, déjà !
Mes parents s'approchent de moi, ils enroulent leurs bras autour de moi et me couvrent de tendres baisers, je rigole en dévorant mon pancake. Mon visage est tâché de crème chantilly, et mes cheveux sont en bataille. Ils me lâchent enfin. Mon père s'assoit :
— J'ai décidément la meilleure famille du monde ! Ma belle petite princesse qui grandit à vue d'œil, et ma merveilleuse femme dont le petit déjeuner n'a pas d'égal !
— Je ne suis plus une petite princesse, papa ! Grommelai-je la bouche pleine.
Il laisse sortir un magnifique rire, en montrant sa dentition parfaite. Je vois pourquoi maman est tombée amoureuse de lui...
— Ton oncle Franck viendra nous voir pour ta fête d'anniversaire. Annonça ma maman en ouvrant le piano.
— Il paraît même que ton oncle a une surprise pour toi !
— C'est vrai ?
Ma mère compose le premier arpège de ma chanson préférée, ses doigts glissent sur les touches blanches, elle chante, mon père la regarde comme si elle était la huitième merveille du monde. J'ai toujours voulu avoir un mari comme mon père. Je fredonne attendant mon passage préféré :
— Cold cold heart, hard done by you ! Some things look better baby, Just passing through...
Je prends une grande inspiration avant de la suivre :
— And it's no sacrifice ! Just a simple word... It's two hearts living, In two separate worlds...
Elle monte à l'octave aigu, nous continuons de chanter et de rire, tandis que mon père, lui, se contente de manger et de suivre le rythme, lorsque ma maman finit, je l'applaudit :
— Maman ! Tu joues si bien ! Déclarai-je en courant vers elle.
— Mais toi aussi, mon ange ! Tu joues très bien !
— Elton John me vole non seulement ma femme et ma fille, mais il me gâche aussi mon petit déjeuner !
Nous nous retournons et le regardons, une mine toute triste. Je me lève et me jette sur lui pour lui faire un gros câlin. Ma maman me suit et arrive un peu plus tard, elle nous serre tous les deux et m'embrasse le crâne :
Le petit déjeuner se passe dans la bonne humeur, papa se plaint car je lui ai tâché le nez de crème chantilly, tandis que maman, elle, se contente de s'assurer que je mange bien.
Je regarde sa jolie main toute fine et gracieuse, elle porte sa bague en saphir préférée. Elle ne la quitte jamais. C'est celle que mon père lui a donné, le jour de leur mariage.
— Maman, ta bague est si jolie !
— J'auras bien aimé te la donner, si ce n'était pas ma bague de mariage. Tu es trop jeune, ma petite gazelle. Mais, un jour, toi aussi tu en porteras une, encore plus belle !
— Il n'y en a pas deux comme la tienne, maman. Et je ne trouverais pas plus beau garçon que papa. Répondis-je en riant.
♡♡♡
Mes parents sont sortis faire une course rapide et m'ont laissée seule à la maison. Je monte dans ma chambre après avoir débarrassé la table. Je me suis fait un petit goûter.
Je monte dans ma chambre et prends le livre que je lisais il y a quelques semaines de ma table de nuit. Mon téléphone n'arrête de pas de vibrer.
Des messages de ma famille, de mes amis et de nos proches remplissent ma boîte de réception. J'y répondrai plus tard.
Je mets mes écouteurs et replonge le nez dans mon livre.
Une bonne demi-heure plus tard, alors que je piquais du nez, je me réveille en sursautant suite à un cri d'horreur, suivi de bruits de balles.
5 bruits de balles exactement retentissent dans la villa, mon sang ne fait qu'un tour. Je me lève, tremblante.
C'était maman. Maman a crié.
Je m'approche de la porte de ma chambre en chevrotant. Je colle mon oreille contre le bois et essaye de percer le moindre bruit.
Une voix inconnue retentit :
— Qu'est-ce que t'as fait bordel !
— Tu voulais que je les laisse appeler les flics ?
— On est dans la merde... On est dans la merde !
— J'monte voir s'il y a quelqu'un là-haut. Prends tout ce qui peut avoir d'la valeur et on se barre !
Des pas lourds martèlent le plancher. Mes yeux se remplissent de larmes. Je plaque ma main sur ma bouche pour éviter qu'il ne m'entende. Ils... Ils ont fait quelque chose à mes parents...
Je me lève à pas de loups et vais me cacher dans mon placard, j'emporte mon portable et me recroqueville sur moi-même en pleurant silencieusement, je compose le 911 mais n'appelle pas, car j'entends la porte grincer :
L'étranger marche doucement en faisant craquer le parquet. Il fouille un peu partout et s'approche du placard. Mon cœur rate un battement et je panique quand mon téléphone vibre dans ma main, mon oncle appelle. Je m'empresse de l'éteindre et me mords la lèvre jusqu'à ce qu'elle saigne. L'homme s'approche du placard, il a entendu mon dieu... Il a entendu...
Il s'apprête à ouvrir le placard, je vois ses yeux gris menaçants au travers de la fente, mais lui ne me voit pas à cause de l'obscurité de la garde robe. La porte grince :
— Leon Bordel ! Qu'est-ce que tu fais ? Ramène ta tronche ! Pesta l'autre près de la porte. Y'a personne ! Les flics peuvent arriver, les voisins ont p't-être entendu !
Il lance un dernier regard et suit l'autre. La porte d'en bas se referme et j'entends une voiture démarrer au quart de tour.
Je sors en tressaillant de peur, redoutant ce que je vais trouver en bas...
Je descends les marches, rien n'a été volé à l'étage. Mes chaussettes glissent sur le plancher. Je fais le moins de bruit possible.
Arrivée en bas, c'est avec horreur que je découvre le corps troué de trois balles de maman... Une dans la tête, une dans l'épaule et l'autre dans le cœur... J'étouffe un cri de terreur et constate le corps gisant de mon père, tout près du sien.
Je m'éloigne des deux cadavres en hurlant de terreur et de peur, je tombe à terre, je m'affole, m'agite et panique complètement.
Le numéro de la police déjà composé, j'appuie sur le bouton appeler. Les tonalités retentissent et se perdent dans le vide. Ils répondent :
— 911, quelle est votre urgence ?
— Venez v... Vite... Dis-je en essayant de trouver mes mots. Ils... Ils ont tué mes p... Parents...
— Restez calme mademoiselle, nous avons localisé votre périphérique, les renforts seront là dans quelques minutes. Est-ce qu'il y a quelqu'un avec vous ?
— Je... je suis seule... Ils sont partis...
— Restez en ligne et essayez de garder votre calme mademoiselle. Armez-vous, un couteau de cuisine ou quoique ce soit d'autre.
Je me lève en trébuchant et vais prendre un couteau de cuisine
— C... C'est bon...
— Restez en ligne, ne raccrochez pas.
La sirène des policiers retentit, ils arrivent. Ils entrent en trombe :
— Police !
Tous armés, ils inspectent la maison et défoncent les portes. les ambulanciers transportent les corps tandis qu'un officier vient vers moi :
— Lâche ton couteau, petite. Tout va bien.
Il me soulève tandis que je pleure et que je tremble. Je m'accroche à lui et hurle :
— Ils sont morts ! Morts !
— ça va aller, calme-toi...
Il me fait sortir de la maison, la voiture de mon oncle se gare au même moment. Il descend en courant :
— Qu'est-ce qui se passe ici ? Cria t-il. Lindsay ? Tu es blessée ? Où est John ?
Le policier se pince les lèvres, je descends de son emprise et tombe dans les bras de tonton Franck :
— Lindsay...? Mais que se passe-t-il bon sang !
J'entends le policier lui expliquer la situation :
— C'était votre frère ?
— Oui... C'était mon frère et sa femme...
Mon oncle me serre fort dans ses bras en me caressant les cheveux, il me chuchote des mots doux et rassurants. Rien n'y fait. Je ne pense plus, je ne sens plus rien. Je pleure juste.
— On devra l'emmener pour un interrogatoire.
Je me détache de lui et dis :
— Il... Il avait les... Yeux gris... Et l'un deux s'appelait.. L... L...
— Comment s'appelait-il ? Questionna le policier.
— Leon... Si je m'en souviens...
Il communique les informations dans son Talkie Walkie, ils ont l'air de le connaître :
— Il est recherché, mes collègues sont en route.
Le brancardier descend de l'ambulance, la mine décomposée :
— Je suis désolé pour votre perte... Les blessures leur ont été fatales...
Mon visage perd ses couleurs, mon cœur palpite et mes jambes ne me tiennent plus. J'ai l'impression que mon regard s'assombrit. Tout devient flou autour de moi. Je n'entends plus rien de ce qui m'entoure.
C'est le trou noir.