Elementum {Tome 5}

By Alice_univers

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Quand le Tournoi des Trois Sorciers sonne la mort de Cedric Diggory, c'est tout l'univers de Mélody qui se bo... More

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Annonce et remerciements

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By Alice_univers

(Mélody dans les médias)

- Alors, c'est pour quoi aujourd'hui ? soupirai-je en tirant une chaise pour m'asseoir à côté de Tantine.

- Attendons déjà que tout le monde arrive, me répond celle-ci.

  Je soupire de nouveau et attrape la première chose qui se trouve à ma portée ; le journal de La Gazette du Sorcier. J'y feuillette les diverses pages, trouvant qu'elles sont toutes très banales. Un article attire mon regard lorsque je vois le nom de Dumbledore y être assigné.
  Il est annoncé qu'il aurait été mis en minorité à la Confédération internationale des Mages et Sorciers dont il a dû quitter la présidence parce qu'il se fait trop vieux et qu'il ne contrôle plus rien. Je pouffe silencieusement d'un rire jaune. À mon avis, il a juste été en minorité par des Sorciers du ministère après avoir prononcé un discours dans lequel il a annoncé le retour de Voldemort. Je me rappelle que c'est justement ça, son passe-temps depuis le mois de juin. La dernière fois qu'on l'a vu au QG, c'est à dire il y a une semaine lorsqu'il a appris pour le coma de Daniel, il a avoué avoir été limogé de son poste de président-Sorcier du Magenmagot. Sur le coup, je l'ai un peu beaucoup envoyé dans les roses par l'exaspération qui tendait sur la colère ; qu'est-ce que s'en fout de savoir une telle chose ! Et en parlant de l'incident avec Kristine, comment se fait-il que lui, le soi-disant plus grand Sorcier du monde Magique, n'a rien pu faire contre Voldemort déjà il y a quinze ans ? C'est Lily Potter qui a tout fait à sa place en donnant sa protection à Harry, qui a lui-même réduit ce vieux Jedusor à l'état de pauvre larve insignifiante. Et après, Dumbledore vient nous présenter ses excuses pour ce qu'il s'est passé avec Kristine, qu'il n'a jamais affronté de sa vie ! Ce ne sont que de vaines paroles qui ne portent sur aucun acte, ou du moins des actes impuissants qui lui retirent toute crédibilité. Et évidemment, je suis la seule avec les jumeaux à douter sérieusement de lui. Mrs Weasley, de son côté, est inquiète ; il y aurait apparemment un risque que Dumbledore soit envoyer à Azkaban à force d'agir de la sorte. Et s'il n'est plus en travers du chemin de Voldemort, alors celui-ci aura le champ libre. 
  Je ne peux pas dire qu'elle ait tort, vu que mon arrière-arrière-grand-cousin a la queue entre les pattes dès qu'il s'agit d'affronter le vieux Dumbledore. Je ricane à cette pensée et remarque que Sirius a fermé la porte puisque tout le monde est arrivé et s'est installé autour de la table de la salle à manger. Tonks s'est assise à ma droite, tandis que Éléona est à ma gauche. David, quant à lui, a attrapé une grippe plus ou moins importante qui le force depuis hier à rester au lit. Et en même temps, quand on sait combien il adore se doucher à l'eau presque gelée dès qu'il a chaud, le choc est plutôt thermique.

- Alors, vous savez tous pourquoi on a dû avoir cette réunion, commence Remus.

- Non, personne ne m'a rien dit, avouai-je en détachant mon regard de La Gazette du Sorcier. Mais si j'en crois vos regards, il y a un rapport avec les prophéties dans le Département des Mystères.

  À cette énonciation, je contracte discrètement ma mâchoire ; c'est là-bas qu'on m'a torturé. En pensant à ça, je me souviens aussi comment cette histoire s'est un peu près « réglée convenablement ».
  Quatre jours après que les autres nous aient aidé à sortir de cet enfer, Éléona et Daniel, accompagnés de Fol Œil et de Dumbledore lui-même, se sont rendus au ministère de la Magie pour avoir une discussion avec Fudge et ses plus loyales chiens-chiens prêts à tout tel que Ombrage. Contrairement à George qui a été libéré très facilement, de mon côté, c'était beaucoup plus ardu : n'étant pas majeur, mon acte de naissance appartenant malheureusement au ministère, tout comme mon don comme ils ont été agaçant à me le rappeler maintes et maintes fois, je n'ai que réussi à obtenir le droit à une liberté conditionnelle.
  J'ai donc interdiction d'user de mon don à Poudlard, de témoigner de tout ce qu'ils m'ont fait et encore mieux, je ne dois ni chercher à corrompre les idéologies de la Société Magique, ni mettre physiquement quelqu'un hors d'état de nuire par mes compétences en arts martiaux - chose qu'ils ne peuvent pas savoir car la Trace est incompatible à cause de la puissance de mes pouvoirs. J'ai néanmoins réussi à récupérer ma baguette magique, ai l'obligation de leur fournir autant d'informations que possible sur Dumbledore, chose que je n'ai d'ailleurs toujours pas fait car je suis une excellente menteuse quand je le désire, et Fol Œil, qui est chargé de me surveiller sous ordre de Fudge (ce qu'il ne fait pas vraiment puisqu'il s'en fiche royalement), leur devra, dans pas moins de deux jours, leur donner un rapport sur mes activités quotidiennes. Or, il va juste leur déverser tout un tas de jolis mensonges pour qu'ils nous fichent la paix. Ce dernier point m'assure tout de même que, malgré la situation de Daniel et de l'autre garce nommée Kristine dont je n'ai plus aucune trace, tout commence à rentrer dans l'ordre.
  Je souffle intérieurement de soulagement et me reconcentre sur le moment présent - c'est à dire les prophéties.

- Tu as vu juste, confirme Shacklebolt alors que Sirius verse du vin dans plusieurs verres à pied qui viennent se poser magiquement devant chacun des adultes.

  Il demande du regard à Éléona si elle m'autorise à en boire aussi, et elle hoche de la tête, pour mon plus grand sourire. J'ai beau avoir quinze ans, j'aime beaucoup le vin, pour ne pas dire que je suis tombée dans l'adoration. Sans évidemment en abuser comme les jumeaux il y a cinq jours.

- D'après nos informateurs, deux individus suspectés d'appartenir à la famille Crabbe et Goyle sont entrés au ministère et sont passés entre les mailles du filet grâce à du Polynectar.

  Crabbe et Goyle ? Les parents de ces deux abrutis pas finis sont Mangemorts ? Cela va de soit, ce n'est pas étonnant. Mais ça veut dire que Drago est bien plus concerné par les problèmes de notre père que je le pensais.

- Entre les mailles du filet ? répétai-je, les sourcils froncés. Vous êtes trois Aurors, ce qui veut dire que vous vous êtes fait bernés comme des chefs.

- Pas exactement, dit Fol Œil, toujours aussi grognon que d'habitude. Je n'étais pas sur les lieux, il n'y avait que Tonks et Kingsley.

- Justement, on s'en est rendus compte au dernier moment, rétorque Tonks.

- Toi je veux bien comprendre, tu n'es Auror que depuis un an mais Shackos, lui, ça fait plus de vingt ans, répliquai-je en regardant le concerné, haussant les épaules par la désespérance qu'il m'inspire.

- Là-dessus, tu ne nous as pas expliqué comment Crabbe et Goyle ont pu te passer sous les yeux sans que tu ne t'en aperçoives, conçoit Sirius.

- Le Polynectar dupe plus de personnes qu'on peut le croire, défend Tantine.

- C'est justement ça qui nous a donné plus ou moins envie de rire Tonks et moi.

  Ils regardent Shacklebolt d'une façon décontenancée, ne trouvant pas ce qu'il y a de drôle dans cette histoire. Je comprends alors où il veut en venir et commence à avoir un rictus amusé.

- Non... Ne me dis pas que vous avez croisé les deux personnes à qui ils ont pris les cheveux ?

- C'est justement ça.

  Je le fixe en pouffant de rire jaune, trouvant cela tellement médiocre que ça me donne de la pitié pour les parents de Crabbe et Goyle qui sont aussi débiles que leurs enfants.

- Attends, ils ont vraiment laissé les deux innocents en liberté ? demande Éléona, qui ne semble pas en revenir de leurs stupidités.

- Ils ne sont pas très futés, commente Sirius.

  La situation à de quoi nous donner envie de rire en voyant finalement que même si Voldemort réunit de plus en plus de partisans, certains de ses fidèles Mangemorts restent passablement très abrutis.

- D'où notre envie de rire, pouffe Tonks en prenant une gorgée de sa Bièraubeurre.

- Mais on les a vite arrêté et conduit devant le Magenmagot, rétorque Shacklebolt, reprenant un sérieux incroyable.

- Qui est inévitablement, incroyablement, autant corrompus que les autres abrutis qui lèchent les bottes de Voldemort, achevai-je en hochant de la tête, peu convaincue.

- Corrompus seulement pour suivre conformément les règles du ministère, ce ne sont pas des Mangemorts.

- Qu'est-ce que on en sait ?

  Remus hausse un sourcil.

- C'est vrai, quoi... Observons deux minutes du point de vue de Voldemort ; si personnellement je serais lui, je songerais à introduire des taupes dans le personnel du ministère par l'intermédiaire de Moldus que j'aurai au préalable mis sous Imperium. Et le tour est bouclé, il peut prendre le contrôle du pays Magique petit à petit, zigouiller Fudge et voilà notre fin. Mais ! dis-je précipitamment en voyant un voile d'horreur passé dans les yeux de Mrs Weasley ; par chance, ce n'est pas le cas puisque, comme nous, il n'a sans doute pas assez d'effectifs à ses côtés pour risquer de pointer le doigt de Fudge sur lui. Déjà que cet abruti n'est pas capable de voir la vérité en face, alors remarquer les actes de Jedusor, c'est doublement compliqué... Donc, tout simplement pour vous dire que, à mon avis, c'est très simple de pouvoir corrompre et attaquer dans le dos tout un État entier - demandez aux responsables du Grand Incendie en 1666, ils sont au Pouvoir de la Virginia Compagnie et de l'Angleterre depuis déjà belles lurettes. 

  Tantine pose une main sur mon avant-bras, me faisant « non » de la tête pour me signifier de ne pas parler de cet incendie, puisqu'ils ne sont pas encore prêts mentalement pour l'histoire des Reptiliens. Ce qui se voit aux froncements de sourcils des autres.

- C'est quoi cet histoire d'incendie ? demande Tonks, dans l'incompréhension.

- Un accident volontaire des Moldus, répondis-je avec nonchalance. C'est entre autre une légère partie de l'immense Vérité qui se cache derrière les lignées de Kristine Astor, des Rothschild  et...

  Encore une fois, Tantine m'adresse un regard appuyé.

- ... et ça ne concerne en rien notre histoire de prophéties, terminai-je. 

  Si je devrais dire quelque chose là-dessus, je pense que ce serait : encore une fois, Harry et moi avons Voldemort à nos trousses. Car s'il y a bien une chose à comprendre du lien entre ces deux prophéties que l'Ordre met une attention particulière à surveiller, c'est que Jedusor les veut toutes les deux. D'après ce que j'ai comprise, celle concernant Harry, qui a été étonnamment prédite par la professeure Trelawney, notre professeure de Divination à Poudlard -, elle explique comment le vaincre. L'autre, dont je suis la concernée, est une énigme venue de Melveni Pulchra Pereïa, médiante au dix-huitième siècles : certains pensent que ça annonce ma destinée, d'autre que si Voldemort l'atteint, il pourra récupérer mes pouvoirs pour me tuer plus facilement... Mais à mon sens, cela s'apparente plus à une prophétie qui annonce, encore une fois, que je suis née pour récolter les problèmes. Du côté de l'Ordre, par contre, ils semblent tous jugés que si Voldemort arrive à posséder les deux boules de cristal, qu'il n'y est point d'avenir pour nous tous - ce qui est particulièrement idiot.
  Alors que je suis plongée dans mes pensées, je reviens à la réalité dès que j'entends l'énonciation d'une nouvelle guerre des Sorciers.

- ... si Voldemort atteint les prophéties, il y a le risque à une nouvelle période sombre, dit Sirius.

  Je vois une lueur d'angoisse monter dans le regard de Mrs Weasley, et entends plusieurs pensées de sa part montrant son inquiétude au fait que ses enfants subissent ça. 

- Vous savez au moins que seule la personne qui est concernée peut ouvrir la prophétie ? dis-je en me massant l'une de mes tempes par une migraine soudaine, ma tête contre ma main, mon coude appuyé sur l'accoudoir de la chaise.

- Évidemment qu'on le sait... répond Remus de sa voix toujours si calme, mais s'il arrive à les subtiliser...

- Il ne pourra rien faire tant qu'il n'a pas Harry ou moi sous son emprise, le coupai-je. Et de ce que je sache, du côté du binoclard, celui-ci est berné de secrets depuis qu'il est rentré à Privet Drive.

- On ne va pas revenir là-dessus, il faut qu'on attende encore un peu, tranche Sirius.

- Attendre quoi ? Un accident ? m'exaspérai-je. Dans tous les cas, ce que je veux dire par-là, est qu'il est inutile de se préoccuper des prophéties que Voldemort convoite, il ne pourrait que les fixer avec sa démence habituelle de psycho-dégénéré en rêvant de découvrir ce qu'elles cachent. Après, pour la période sombre, on y est déjà.

- Tu n'as pas tort là-dessus, elle a commencé dès que Tu-Sais-Qui est revenu, affirme Tonks.

- Dîtes son nom, ce sera déjà plus simple.

  Elle fait une grimace.

- Et donc, vous pensez à quels moyens pour l'éviter ? Parce qu'aux nombres de morts qu'il y a eu lors de la première guerre des Sorciers, il y en aura sûrement d'autres encore, soupire Mr Weasley avec inquiétude.

- La guerre est inévitable, Arthur, s'il doit y en avoir une, on ne pourra pas la contrôler entièrement, lui dit Fol Œil.

- Peut-être, mais n'oublions pas que pour le moment, Voldemort a moins d'alliés qu'il y a quatorze ans, rétorque Éléona. À cette époque, il avait récupéré plus de Sorciers et Sorcières, et plus de créatures de l'Ombre, qu'aujourd'hui il puisse espérer avoir sous son commandement. 

  Je soupire, trouvant que tout cela est terriblement déprimant. Je vais leur rallumer leur espoir, moi !

  - Et si... justement, c'était évitable ? Et si on trouvait un moyen pour éviter la guerre ? dis-je, me récoltant le regard interrogateur de tous les adultes. On sait que la peur oppresse tout le monde, et c'est ça qui nourri Voldemort en Pouvoir. Moins on aura peur, moins on craindra que ça arrive, plus on arrivera à être plus puissants que lui. Il faut, et c'est inévitable, trouver un moyen pour que le monde des Sorciers n'aient plus la crainte de dire son nom, car l'angoisse consume à petit feu dès qu'on en a un soupçon et c'est ça qui cause constamment les guerres. Et ensuite, de notre côté, on essaye de retourner la situation en notre faveur. 

  Ils se jettent tous un regard commun, réfléchissant longuement - ou peut-être sont-ils impuissants face à ma soudaine positivité. Après plusieurs secondes qui m'ont paru les plus grandes de ma vie, Sirius a un sourire en coin et Éléona, un regard plus fière qu'auparavant.

- Qu'est-ce que tu peux nous dire sur ton retournement de situation ? me demande Sirius. Parce que de toute évidence, tu sembles avoir trouvé le début d'un plan.

- Seulement douze pourcents, dis-je avec sarcasme.

- C'est clair que ce n'est pas un plan, confirme Tonks.

- C'est toujours mieux que onze, approuve Tantine en jouant dans mon jeu.

- Comment ça, c'est toujours mieux que onze pourcents ? Ça veut dire quoi, ce genre de réflexion ? marmonne ma cousine, décontenancée.

  Je pouffe légèrement avec Tantine, avant de reprendre plus sérieusement :

- En fait, je pense que si on trouverait un moyen de retourner la situation de Voldemort qui essaie de s'emparer inutilement des prophéties, ainsi que Harry et moi s'il espère un cadeau en plus - on arriverait peut-être à le devancer ; et je dis bien peut-être, puisque je n'en suis pas sûre. Déjà, premièrement, on peut tenter d'éliminer la peur des gens en raillant la transmission de messages par La Gazette du Sorcier - qui est l'outil numéro un de discréditation et de refus de Fudge sur le retour de Voldemort, dont il a plus que peur car il pense sûrement qu'il pourrait fragiliser son trône de Ministre. 

- Malheureusement, aucun de nous ici n'y a réellement accès, soupire Éléona avec embarra. Même Rita Skeeter, malgré toutes ses publications, n'a pas réussis à prendre en partie le contrôle du journal. Elle a même dernièrement plutôt disparu.

  Je fronce mes sourcils en entendant ça, me creusant la tête pour trouver un autre outil de communication d'informations.

- Mais il faut prévoir aussi à ce que la peur soit encore là chez beaucoup de personnes, même avec nos informations, rétorque Shacklebolt.

- Peut-être, mais ce sera déjà un début, dis-je en haussant les épaules. On peut peut-être essayer de divulguer l'information grâce à un autre journal ? 

- Certes, reste à savoir lequel est le plus certain d'être lu, dit Fol Œil.

- Facile : Le Chicaneur. Par exemple.

- Oui, il faudrait leur demander si ça ne les dérangeraient pas de publier une information sur le retour de Voldemort, acquiesce Mr Weasley avec détermination ; Qu'en dîtes-vous ?

- C'est une bonne idée, conçoit Remus.

- Reste à savoir comment éviter justement que le ministère ne l'intercepte, et ainsi qu'il ne puisse pas arrêter la vente, songe Tantine.

- Je connais quelqu'un, dis-je ; ou plutôt, je sais à qui demander. Elle s'appelle Luna, c'est la fille de Xenophilius Lovegood, le rédacteur en chef du Chicaneur. Je pourrais certainement lui envoyer une lettre et le tour sera joué.

- Excellent, dit Sirius ; maintenant, on a peut-être une chance d'éviter la guerre, même si je crains qu'elle soit inévitable...

  J'étire un sourire.
  Après ça, on continu, sur divers parchemins, à concevoir notre plan ; nous renforcerons les tours de garde dans la Salle des prophéties, au Département des Mystères, et organisons nos divers messages qu'on pourrait faire passer dans le journal du Chicaneur, pour avertir à tous que Voldemort est de retour et qu'il faut se protéger par tous les moyens. Là-dessus, je n'ai aucun doute de mon plan, même si, comme l'a dit Sirius, la guerre se passera quand même, que je le veuille ou non. Mais étrangement, je n'ai aucune peur ; je suis même prête à combattre et à déchainer la Guerrière qu'il y a en moi !
  Alors que la réunion commence à toucher à sa fin, je ne peux m'empêcher de demander :

- Je me demandais, si dans la plus grande incertitude, aucun des membres de l'Ordre ne peut y aller, est-ce que je pourrais être de garde à Privet Drive à la fin de l'après-midi jusqu'à quatre heures ?

  Quatre heures est l'heure à laquelle le tour de garde change.

- Mélody, on en a déjà parlé, rétorque Tantine en soupirant.

- Peut-être, mais à ce que je sache, tout le monde a quelque chose à faire ce soir, hasardai-je. Je pourrais donner un petit coup de main !

  Je lui fais un grand sourire mais Sirius répond négativement de la tête.

- Hors de question que tu te mettes autant à découverte, avec ce qu'il s'est passé la semaine dernière juste après la fête foraine.

- Justement, j'ai besoin de me vider la tête et d'arrêter d'être cloisonée entre quatre murs.

- C'est pour...

- Ma protection, je sais, Remus, le coupai-je en commençant à tendre sur l'exaspération. Mais je peux très bien me débrouiller seule quelques petites heures. Il s'agit de Harry, en plus !

- Raison de plus, tu trouverais un moyen de le contacter, réplique Mr Weasley.

- Il y a quoi de mal à ça ?

  Ils commencent tous à se braquer et je lève aussitôt mes mains au ciel en signe de défense.

- Eh, oh, je plaisantais, je sais bien que vous ne voulez pas qu'il sache maintenant ! Mais voyez justement cette opportunité pour moi de pouvoir... je ne sais pas moi... faire mes preuves en tant que membre à part entière de l'Ordre ?

  Tantine se pince les lèvres, me regardant avec exaspération, sachant bien elle-même que je ne lâcherai pas l'affaire et qu'elle finira par accepter tôt ou tard car elle n'arrive jamais à me refuser quoique ce soit.

- C'est d'accord, tranche-t-elle, ne laissant même pas le temps aux autres de donner leurs avis.

  Ils se tournent tous vers elle.

- Hum... Léo... dit Remus en s'approchant d'elle. Je ne veux pas te dire quoi faire, ni vraiment te contredire...

- Tu le feras de toute façon, tu as toujours été le plus sérieux, raille Éléona en levant sa tête au maximum pour le regarder dans les yeux.

  Tonks pouffe légèrement dans sa main.

- Là n'est pas le sujet. Ce que je veux dire, c'est que Mélody sera plus en sécurité ici, que à découverte, à Privet Drive, avec tous les dangers qui puissent y avoir.

- Quoi ? Que je tombe sur un moustique qui tente de me piquer ? lançai-je avec sarcasme en rangeant les derniers dossiers avec ma magie.

- Non, sur un Mangemort qui essaie de te tuer, s'agace Fol Oeil.

- Cool, ça me fera de l'effort physique.

- Ce n'est pas un sujet de plaisanterie ! intervient Mrs Weasley.

- Je n'ai pas prétendu que c'était le cas, dis-je, on ne peut plus sérieuse. J'ai juste proposé une idée qui, je sais, allait tous vous angoisser. Or, ce serait justement un moyen pour vous prouver que rien ne pourra m'arriver tant que j'enverrais un message sur le téléphone de Maman toutes les heures.

  Ma maman en question étant Éléona, qui se rapproche pour moi d'une véritable mère adoptive.

- Le promets-tu seulement ? me demande la concernée, avec un froncement de sourcils soucieux.

- Je le jurerais devant la Mort en personne, ça te suffit ?

  Elle soupire, excédée de mes tentatives.

- Très bien, dit-elle sous la désapprobation des autres. Mais tu emmènes ta baguette magique avec toi, tu ne prends aucun risque inutile et tu ne vas pas voir Harry.

J'hoche de la tête, souriant victorieusement alors qu'une lueur évidente passe dans ses yeux : elle sait que lorsque ça concerne Harry, je suis capable de n'importe quoi - dans la limite du raisonnable. C'est mon meilleur ami, après tout.

  Quelques heures plus tard, je me trouve sur un muret de Magnolia Crescent, une rue qui se trouve dans un quartier pavillonnaire de Little Whinging et qui est à proximité de Privet Drive, là où je suis sensée surveiller Harry. Bien que ce n'est pas l'envie qui me manque d'aller le voir, j'attends ce soir ; au moins, je serais sûre de ne pas me faire voir par les Dursley.
  Tout en dégustant une pomme verte qui est la seule alimentation que j'arrive à manger sans vouloir vomir, je survole les lignes d'un de mes manuels de magie avancée (niveau 7, les précédents sont trop simples pour moi). Il n'y a rien de bien intéressant, étant donné que ça fait cinq fois que je le relis et que j'ai déjà réussi la plupart des sortilèges. Je me demanderais souvent pourquoi, d'ailleurs, puisque je ne suis qu'en cinquième année. À croire que je comprends l'impossible pour les autres ! Sans compter que la chaleur, loin que je n'ai pas à me plaindre car j'adore l'été, commence à m'épuiser la vue malgré mes lentilles et mon chapeau ; étant Albinos, la luminosité me brûle la rétine et je suis obligée de forcer sur mon don pour calmer ma douleur, ainsi que d'abuser sur les huiles essentielles pour l'atténuer. Mais je ne suis pas la seule à être victime du Soleil, car tout le monde semble en recevoir les conséquences ; tous les habitants se sont réfugiés à l'ombre fraîche de leurs maisons, les fenêtres grandes ouvertes dans l'espoir d'attirer une brise que je m'efforce à créer avec mes pouvoirs. Seulement, l'usage de ma magie m'épuisant encore plus que cette luminosité d'été me force à m'arrêter par le prétexte d'un mal de crâne omniprésent depuis mon arrivée.

- Mais pourquoi ai-je choisi de venir ici, déjà, moi ? grommelai-je d'une voix plaintive, en laissant tomber l'arrière de ma tête sur l'arbre derrière moi. J'étais clairement mieux dans la fraîcheur de la maison... Oui, enfin, tu t'es plainte aussi de t'y sentir trop enfermée, vieille folle !

  Si un Moldu passerait par-là, c'est sûrement ce qu'il dirait, à me voir me parler à moi-même. Seulement, je ne suis pas sûre que j'attirerais beaucoup l'attention, puisque j'ai fait le maximum pour passer incognito ; un pantalon moulant noir taille basse recouvrant un body blanc en coton qui époussete ma silhouette, avec par-dessus une chemise de la même couleur, en lin, à manches longues, accompagné d'une longue mitaine à lacets tout aussi blanche à la main droite, et à mes pieds, mes bottes de combat plates à chainettes, le tout inspiré du clip « Black or White » de Michael Jackson en complément de touches personnelles comme ma longboard (un skate long de plage) aux couleurs noirs et blancs de chez Chanel. Alors, pas de doute, je suis sûre de passer discrète aux yeux d'éventuels passants. Pour me remarquer, il faudrait déjà qu'ils sortent de leurs maisons et dirigent leur regard droit sous l'arbre où je me trouve, assise sur un muret, moi, la seule Albinos de la ville - du moins, à ma connaissance. Seule Mrs Figg connait mon existence ici, puisqu'elle fait partie de l'Ordre malgré qu'elle soit une Cracmol.
  Une brise fraîche vient ébouriffer mes cheveux blancs sous mon chapeau Fedora, me soulageant un peu, et emporte jusqu'à moi des éclats de voix lointaines, probablement un groupe de jeunes gens qui, je le vois, s'avancent dans le parc où je me trouve. L'un d'eux chante bruyamment une chanson grossière qui me fait serrer la mâchoire. Les autres éclatent de rire. Des espèces de vélos de compétition, poussés par leurs propriétaires, produisent un cliquetis discret, mais assez agaçant pour moi qui ai des perceptions sensorielles surdéveloppées.
  Je les dévisage.
  Ils ressemblent tous à des petits abrutis qui fument dans le coin du quartier et qui pleurent comme des bébés devant leurs parents. Tous très grands, mais beaucoup plus petits tout de même que George et Fred, il émane d'eux une forte Énergie négative. L'un d'eux a l'air d'un joueur de baseball avec sa casquette sur ses cheveux bouclés dorés qui partent de chaque côté de ses oreilles. De ce que j'entends, il s'appelle Malcom. Le second est un garçon efflanqué avec une tête de rat. Je me souviens que Harry m'avait parlé de lui. Lorsque Dudley, son cousin, s'en prenait à quelqu'un, ce garçon était toujours celui qui tenait par derrière les mains de la victime pour l'empêcher de se défendre. Son nom est Piers Polkiss. Le troisième est brun, avec de grandes oreilles et des dents de rongeur, et regarde toujours les autres avec des yeux plissés. Probablement Dennis Cooper, de ce que je me souviens des histoires de Harry sur son enfance. Le quatrième est épais d'envergure, le visage rouge par tous ses boutons et des cheveux clairs ébouriffés et poisseux à la frange collante sur son front, sûrement Gordon Ross. C'est le cinquième marchant en tête qui me fait étrangement penser à quelqu'un, mais qui ?
Lorsque j'entends à nouveau sa voix parler salement des filles, je devine pourquoi il m'est si familier ; il s'agit de Dudley Dursley, le cousin de Harry. Il est aussi volumineux que lorsque je suis venue chercher le binoclard à bord de l'Anglia volante, en seconde année, mais il a bizarrement subi un changement physique. Il semble avoir plus de force et plus de hauteur que avant. Beaucoup plus de hauteur. Il doit bien me surplomber d'une tête et demie - un peu comme Ron, mais en plus grand. L'idée d'aller le voir pour lui demander moqueusement s'il se souvient de moi comme étant celle qui a balancé son père d'un étage – est aussi tentante que lui demander si Harry va bien. Remarque, je pense qu'il me prendrait pour une idiote si je lui demandais ça, vu combien ils se détestent mutuellement. Et je ne peux pas dire que je porte moi-même Dudley dans mon cœur : il a humilié, racketté, harcelé Harry toute son enfance, il n'y a rien de plus ultime pour me mettre hors d'état de moi. Mais aujourd'hui, je ne suis pas là pour me battre.
  J'en soupire. J'aimerai tant lui donner une bonne leçon ! Mais évidemment, encore une fois, je ne peux le faire. Ça a de quoi être extrêmement frustrant. Encore plus frustrant que de savoir qu'il n'y a aucune action véritable, et ça a le don de m'ennuyer autant que mon livre de sortilèges avancés. À nouveau, je me mets à râler silencieusement en arrêtant de dévisager Dudley et ses fidèles, et remets mon attention sur mon manuel à la couverture ordinaire pour les Moldus.
  Plongée dans ma lecture, je n'ai pas vu cette grosse main de la taille d'un jambon m'arracher brusquement ma pomme des mains. Je fronce mes sourcils et écarquille presque des yeux en remarquant que finalement, Dudley et ses amis ont décidé que je serais la victime parfaite pouvant remplacer Harry. Ils sont tous plus grands les uns que les autres, et sans doute tout aussi bêtes, et me regardent avec un air que je comprends parfaitement grâce à mon enfance : je vais passer un mauvais quart d'heure. Sauf que je n'ai pas peur. Après tout, ce ne sont que des bébés contrairement à tout ce que j'ai vu, contrairement à Kristine - par exemple. Je suis sûre que si George serait là - d'ailleurs, il a eu extrêmement de mal à accepter que je sois toute seule à la merci du monde entier -, il se mettrait devant moi pour me protéger. Je ricane à cette pensée car je n'ai jamais eu besoin de personne pour me défendre. Sauf une fois. Mais ça, c'est autre chose.

- Regardez moi ça, une fille qui lit un bouquin ! ricane Malcom Wilkerson, frappant sur mon livre qui s'éjecte aussitôt de mes mains pour atterrir au sol, provoquant les rires gras de ses amis.

  Mais se récoltant mon regard assassin en sachant qu'il vient d'abîmer mon livre. Généralement, personnellement, c'est une raison suffisante de mise à mort. Je me lève donc pour récupérer mon livre, attendant le bon moment où ils essayeront d'aller un peu plus loin. Laissons-les croire qu'ils peuvent quelque chose contre moi.
  Au moment où ma main frôle le livre, un autre y donne un coup de pied, le faisant rouler dans la poussière causée par la chaleur. Je contracte ma mâchoire et ne peux m'empêcher de siffler, les poings serrés :

- Ne me cherchez pas trop, vous allez me trouver.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'on va trouver, hein ?

- T'as un numéro, Gamine ? Qu'on puisse faire connaissance dans ma chambre ?

  Je sens deux doigts me pincer les fesses et me retourne brusquement, envoyant mon pied dans un saut circulaire qui fait reculer Wilkerson de plusieurs pas. Surpris de constater ma force, et ma technique de frappe, les autres cessent de ricaner et regardent leur ami avec stupéfaction. Ce dernier a des yeux ronds rempli de fureur.

- Ça va, Malcom ? demande Ross.

- Je vous avais prévenu, dis-je avec innocence. Celui qui me surnomme encore « Gamine » en portant atteinte à mon espace personnel aura le droit d'être castré, bande de petits joueurs.

  Je me tourne en ricanant vers Dudley qui se fige soudain à mon regard, les yeux ronds, le teint rougissant étrangement. Bizarre, il a la même réaction que lorsque Cedric Diggory me voyait. Je me rends compte de ma propre remarque, me raidissant un instant. Non... Ne me dis pas qu'il vient de tomber amoureux de moi ? Par pitié, tout mais pas ce sumo ! Je reprends mes esprits et lui lance d'une voix claire :

- Ne me dis pas que tu ne me reconnais pas, Dursley ?

  J'entends Wilkerson grogner de fureur en se tenant le visage.

- Elle m'a carrément cassé le nez ! s'offusque-t-il.

- Oh, avec ta face déjà amochée, je ne fais que rajouter ma touche personnelle !

  Je ricane et contourne Dudley. Mais avant que j'ai eu le temps de passer, il m'attrape violemment à l'épaule en me tirant vers lui. Je le saisis aussitôt à la gorge et lui explose brutalement le front contre le muret.
  Les cris des autres qui se précipitent vers lui me fait regarder mes mains avec étonnement. C'est comme si que sur le moment, je n'ai rien contrôlé du tout, comme si... que le Conditionnement a agit encore sur moi par mon manque de pitié. Cette sensation ne m'est étrangement pas désagréable et me rappelle bizarrement la Guerrière que je suis intérieurement. J'en ai un rictus. Ma force a été démultipliée grâce aux injections qu'on m'a faite, sans pour autant que cela affecte ma corpulence - l'un des seuls points vaguement positifs d'avoir été torturée.
  Dudley se relève en s'appuyant sur son genou, aidé par les autres, le milieu du front barré par une plaie ouverte dont le sang tâche son nez. Il me jette un regard aussi assassin qu'impressionné.

- Tu te rends compte que tu viens de te faire ridiculiser, là ? dis-je nonchalamment.

  Un muscle frémit sur sa mâchoire et ses mains de la taille d'un jambon se serrent en deux poings massifs. J'éprouve une intense satisfaction à provoquer en lui une telle fureur, m'imaginant ce qu'il a dû faire endurer à ce pauvre Harry.
  Je me sens soudain tirée en arrière et me retrouve fermement tenue aux bras par Ross et Polkiss. Je regarde les trois autres malabars qui me font face et qui serrent leurs poings dans l'espoir de me faire peur. Le contraire se produit. Mon cœur bat d'excitation et d'adrénaline. Finalement, je vais l'avoir, ma baston ! Même si je pense que je vais très vite finir par tous les achever... Les pauvres.

- Je peux lui porter le premier coup, Big D ? lance Wilkerson.

  Je comprends alors que Dudley est leur chef. Chose qui ne m'étonne pas puisqu'il est plus bête qu'eux. Polkiss attrape soudain mon chapeau pour me le retirer. Mes cheveux blancs tombent sur mes épaules, faisant résonner leurs exclamations effarées.

- C'est quoi ce délire, t'es un fantôme ou quoi ? lâche Cooper.

  Je pouffe, toujours tenu par ses deux idiots d'amis.

- Pas un fantôme, une Albinos.

  Ils me jaugent tous du regard, me dévorant des yeux comme des pervers ou alors, espérant vainement d'indiquer ce qu'il en coûte de les provoquer. Dans les deux cas, ce ne sont que des ados en pleine puberté qui sont sous l'effet de leurs testostérones en pleines ébullitions. Ça, par contre, ça a de quoi vraiment me dégoûter.

- Oui, je sais, je suis blanche comme des fesses qui n'auraient jamais pris le Soleil. Mais de toute façon, de vous à moi, je suis persuadée que vous êtes trop bêtes pour penser que je saurais vous donner une raclée.

  Ils explosent de rire, m'esquissant un rictus.

- Je peux lui envoyer une droite ? redemande Wilkerson avec défi.

- Vas-y, lui accorde Dudley. Mais ne lui touche pas le visage.

- Quoi ? Tu n'as pas assez de lâcheté pour viser ma tête ? répliquai-je avec défi.

- Arrête de le provoquer, c'est le plus grand champion de boxe intercollèges du Sud-Est, dit Ross en me tirant un peu plus le bras.

  Je pouffe de rire, ne faisant même pas attention au fait qu'il commence à me faire mal.

- Tu en as fait du chemin depuis le temps, dis donc, Dursley. Mais à mon avis, tu restes toujours le même cochon à qui on a appris à marcher sur deux pattes.

- Tu la connais, Dud ? s'étonne Polkiss.

- Bien sûr que non, et je ne sais même pas comment elle fait pour me connaître, grogne-t-il, rouge de fureur.

- Inutile de me connaître, je sais bien que tu n'es qu'un gros bébé ressemblant à un cochon tellement stupide qu'il est incapable de bien viser... dis-je en détachant chaque mot, me délectant de ma provocation.

  Il fait un signe à Wilkerson de s'avancer pour me porter le premier coup. Mon rictus s'agrandit alors que j'inspire profondément et abats brutalement mes poings dans les testicules de Polkiss et Ross. Ils me relâchent en grognant bruyamment de douleur alors que j'explose mon poing dans le plexus solaire de Wilkerson. La surprise se lit sur son visage. Il est projeté en arrière et tombe en fracas, les quatre fers en l'air.
  Polkiss et Ross me rattrapent aux biceps. Je ramène mon bras à moi. J'envoie mon coude dans le premier, récupère mon chapeau, utilise ma veste autour de Ross. Je m'appuie sur son épaule. Mes jambes entourent sa nuque. Bascule en arrière. Il est projeté violemment contre un jeu métallique et s'étale de tout son long. Ma veste est à nouveau tirée par Polkiss. Je râle, retourne mon blouson, emprisonne sauvagement ses poignets et enfonce mes doigts dans sa gorge.
  Il titube à terre avec un gargouillement de douleur.
  Dudley arrive. J'intercepte son poing et lui donne le mien brutal en échange. Il recule de plusieurs pas. Je contre l'attaque de Wilkerson. Bastonne son torse de plusieurs coups vifs, sec et brutaux.
  Il existe une artère dans le cou. Touchée, elle déséquilibre et menace d'inconscience.
  J'y envoie ma main. La violence faite par sa carotide n'égalise en rien mon coup de pied retourné et circulaire dans sa mâchoire. Wilkerson roule dans la poussière. Cooper, le cinquième attaquant qui ne s'est toujours pas frotté à moi, court comme un obus. Esquive d'un coup de pied.  Envoie du mien dans une de se côtes flottantes et dans le même temps, dans son oreille. Reste sonné un instant, sentant que je lui attrape le col et fauche ses chevilles. Vol plané contre l'arbre. Cooper est sonné.
  Dudley arrive vers moi. Déterminé. Je lui gâche son rêve. Ni une ni deux, il n'a le temps de voir que mon ombre. Mon coup de pied le met au tapis, quelques secondes durant.
  Pendant ce temps là, Ross et Polkiss, relevés malgré leurs états déplorables, se jettent sur moi de chaque côté. Je bondis et déploie mes jambes. Mes pieds valsent, s'enfoncent violemment, douloureusement, dans leurs figures. Ils retombent comme des poupées de chiffon. Je repose mes pieds à terre, les observant un par un en haussant les épaules, à peine essoufflée.

- Hmm !... approuvai-je, fière de moi, en remettant ma veste et mon chapeau correctement.

  Je n'y suis pas allée trop fort, je pense qu'ils pourront encore marcher. Même s'ils sont quatre à geindre au sol.
  Ma déconcentration joue contre moi quand un crochet du droit me fait tituber sur le côté. Je grogne de douleur en me massant la pommette, et le ciel s'assombrit par des nuages d'orage causés par ma colère, dès lors qu'un liquide me coule sur la mâchoire. J'essuie les quelques gouttes de sang d'un geste vif et fixe Dudley avec défi. Il a les poings serrés en face de lui, le visage rouge de fureur, prêt à montrer ses compétences de boxeur.

- Tu veux vraiment perdre ton temps à ça, Dudley ?

- Je ne sais pas qui tu es, mais tu l'as cherché !

  Je lève les yeux au ciel en le voyant prêt à en découdre. Je dois l'avouer, il ne manque pas de cran. Et j'adore, ça n'en sera que plus que satisfaisant !

- Aller, amène toi, danseuse, dis-je.

  Il m'envoie une droite. Ou plutôt, il croit me l'envoyer. Je bloque son attaque en le fixant dans les yeux, retenant son poing sans ciller. Dudley écarquille des yeux de stupéfaction en ne me voyant pas faiblir, combien il y met toute sa force.

- Voyons, Loulou, ce n'est pas bien d'attaquer une femme.

  Je lui tords petit à petit le poignet et intercepte son autre poing qui allait me toucher dans les côtes. Je serre les dents par l'effort mais use de mon don pour ne pas fatiguer. Un vrai jeu d'enfant, et moi qui croyais que ça allait être plus dure !

- Mais t'es qui au juste ? grogne Dudley.

  Je vois une frayeur passer dans son regard accompagnée d'une respiration haletante ; c'est vrai, parfois, quand je me bats, les veines sous mes yeux brillent d'une couleur dorée.

- Je suis une Guerrière, murmurai-je.

  J'appuie sur le bord recourbé de mon skateboard. Il atterrie dans ses parties intimes, le faisant plier de douleur. Je lui assène un coup de front. Relâche son poing gauche. Tourner celui de droite. Entoure ma jambe à sa taille. Rouler sur son dos. En quelques secondes, je lui ai fait une puissante clé de bras. Je l'oblige par ma simple force à mettre genou à terre. Il essaie de se dégager de ma prise. Mais en vain ; je ne bouge pas d'un centimètre. Pas même lorsque j'entends ses amis grogner de douleurs pour commencer à se relever.

- Je pourrais tous vous mettre en pièces avant même que vous ayez levé le petit doigt... dis-je lentement, prenant un malin plaisir à les voir si effrayer d'une jeune fille aussi petite que moi.

  Petite, mais évidemment très puissante. Et le fait d'avoir eu ces injections au ministère a renforcé mon cas : ma force étant décuplée, démultipliée, il n'y a que celle de Daniel qui pourrait me mettre hors d'état de nuire. Même George ne le pourrait pas, et Merlin sait quelle force il a !

- Vous avez compris ou vous en voulez encore ? lançai-je à tous.

- Big D, on fait quoi ? demande Ross en se massant l'abdomen.

- On ne peut rien contre cette fille, lâche le concerné avec fureur.

  Je le vois bien qu'il aimerait me donner une bonne raclée, l'ennui est que j'appuie encore plus sur son bras...

- Qu'est-ce qu'on dit maintenant ?

  Ne le voyant pas répondre, je renforce ma prise. Il se met aussitôt à crier :

- Pardon ! Je te demande pardon !

  Je ricane en entendant sa peur et hoche la tête...

- C'est bien !

  ... mais lui donne un soudain coup avec ma main dans la carotide. Le choc venu au bord de la mâchoire, il ne peut que finir assommer.

- Tu l'as tuée !? s'égosille Polkiss en me voyant le lâcher nonchalamment à terre.

- Mais non, je ne l'ai pas tué, il est juste endormi pour cinq minutes ! m'exaspérai-je en me tournant vers eux, un sourire aux lèvres. Si vous verriez vos états, vous faites peur à voir, ajoutai-je en pouffant.

  Je m'avance vers eux et profite de leurs états de faiblesses pour leur lancer un sort d'illusion qui les fait perdre la mémoire sur l'incident et rentrer immédiatement chez eux. J'utilise le même sort informulé pour déformer les souvenirs de Dudley ; pour lui, il s'est simplement disputé avec son meilleur ami, ils se sont un peu écharpés, et j'ai tenté de les séparer en me prenant un coup aussi avant que Ross se rende compte de ce qu'il venait de faire à une innocente comme moi. Même si, dans la version déformée, je lui aurais donné une bonne raclée grâce à une technique de kung-fu qui l'aurais sonné quelques secondes. Comme ça, aucun risque que Dudley ne vire au cinglé et ait peur de moi.
  Je le réveille donc d'un autre sortilège informulé et range aussitôt ma baguette magique dans ma grande sacoche en cuir.

- Hé, ça va ? dis-je en prenant le ton le plus décontracté que possible, jouant mon rôle à la perfection pour éviter qu'il se souvienne de quoique ce soit.

  Évidemment, ça reste un Moldu, qui plus est, l'un des plus stupides. Je pense qu'il n'y aura aucun risque et que mon plan va fonctionner à la perfection. Plan auquel je viens à peine de penser.

- Où est Gordon ? grogne seulement Dudley en se tenant le ventre.

- Parti, j'ai réussi à vous séparer mais ça n'a pas été sans dommage.

  Je désigne l'hématome à ma pommette que lui-même m'a envoyé tout à l'heure, mais qui, pour lui, m'a été donné par Ross.

- Comment tu as fait ? me demande-t-il en se relevant douloureusement.

- J'ai gagné trois fois le championnat international de kung-fu, répondis-je en récupérant mon livre. Je te raccompagne chez toi ?

  Je sais bien qu'il répondra oui, car j'ai lu dans ses pensées, je le confesse, il est malheureusement tombé amoureux de moi. Enfin, seulement de physique évidemment.

- Ouais, ma mère fait un rôti de bœuf ce soir, tu pourrais rester manger, répond Dudley alors qu'on se met en route après que j'ai récupéré mon skate.

  Je grimace en sentant le Soleil revenir, tout en sachant ce que Pétunia Dursley a préparé, et lui dis :

- Je suis malheureusement végétarienne alors...

- Végétarienne ? répète Dudley, incrédule.

  Par Merlin, Harry avait raison : son cousin est terriblement idiot !

- Oui, je ne mange pas de viande, ni d'œuf, ni de poisson, seulement des fruits et des légumes qui sont source unique de protéines pour moi - et du miel aussi, répondis-je avec évidence. Après mûre réflexion... Je pourrais être étiquetée semi-végétalienne, en fait... ajoutai-je pour moi-même.

- Ah. Bah... Ça ne fait rien, ma mère pourra sûrement faire autre chose pour toi, dit-il en haussant ses larges épaules.

  Je me retiens de ne pas montrer ma grimace de dégoût en voyant un sourire idiot apparaître sur son visage flageoleux. De tout ce que j'ai pu vivre dans ma vie, discuter avec Dudley Dursley est la chose la plus incrédule et improbable que j'ai faite. Ce n'est pas la fois où j'ai dû combattre une armée d'araignées géantes, ni la fois où j'ai emporté toutes les affaires de l'escalier au Terrier en marchant sur une balle de tennis, ni la première fois où j'ai bu un verre à shot de Whisky Moldu sans que Tantine et Daniel le sachent, ni même la fois où eux et moi nous sommes faits une partie de Nerf dans le château... mais bien cette fois-ci où je tente de me lier d'amitié à Dudley Dursley, cousin de Harry aussi exaspérant qu'idiot, en me faisant passer pour une parfaite Moldue pour que mon plan qu'il m'invite chez lui afin que je vois Harry fonctionne à la perfection. Cet exploit rentre dans mon palmarès des choses les plus insolites que j'ai jamais faite. Enfin, en deuxième position après avoir embrassé George et lui avoir déclaré que j'étais folle amoureuse de lui.
  Voyant le Soleil du crépuscule se pointer à nouveau, j'arrête Dudley en marchant alors qu'on atteint un passage qui offre un raccourci entre Magnolia Crescent et Wisteria Walk.

- Hum... Attends deux minutes, s'il te plait, il faut juste que je...

  J'achève ma phrase en mettant mon chapeau sur ma tête et en rabattant les manches de ma chemise sur mes bras où je resserre mes mitaines.

- Tu ne crèves pas de chaud avec tout ça ? me demande Dudley en regardant d'un air idiot mes gants.

- Je suis obligée de les mettre, sinon il y a un risque de cancer de la peau à cause de l'albinisme, expliquai-je en remettant mon sac autour de mes épaules, ma longueboard en main.

- Hein ? L'albiquoi ?

  Je me retiens de me frapper le front avec ma main et soupire en essayant de chercher des mots que ce crétin comprendrait, tout en contrôlant mon impatience.

- Tu as bien une couleur de peau et de cheveux ? Eh bien, c'est ce qu'on appelle la mélanine, un pigment naturel qui donne à la peau sa coloration brune lors du bronzage. Elle permet aussi de protéger la peau contre les rayons ultraviolets, comme le Soleil. Dans mon cas, l'albinisme en est dépourvu.

- Aaaahhhh... fait-il bêtement. Donc tu ne peux pas te mettre au Soleil ?

  Je suis étonnée qu'il ait compris mais ne fais que hocher la tête.

- Tu es bizarre, lâche-t-il. Mais j'aime bien.

  J'ai l'immonde envie de vomir et préférant changer de sujet, je fais comme si que j'ignore où on va.

- Où est-ce que tu habites ? demandai-je alors qu'on emprunte l'allée déserte qui est plus sombre, baignée d'ombre fraîche.

  Le bruit de nos pas est étouffé par le mur d'un garage d'un côté et une haute clôture de l'autre. Je tire mon petit téléphone de ma mitaine et envoie un message à Tantine comme promis pour lui dire qu'il n'y a rien.

- Pas loin, c'est tout près, répond Dudley. Et dis donc, comment ça se fait que tu étais là ? La plupart des gens préfèrent rester chez eux.

- Je reviens... d'un babysitting. Le fils de l'amie de ma mère avait besoin d'être surveillé le temps qu'elle travaille à... hmm... à l'armée, expliquai-je, faisant référence au fait que je dois surveiller le fils de Lily Potter et de ce qu'à fait l'Ordre du Phénix lors de la Première Guerre des Sorciers.

- L'armée ? Elle occupe quel poste ?

  Je le regarde en haussant un sourcil, surprise qu'il me demande une chose d'une manière si intelligente alors qu'il est bête comme ses pieds - d'après Harry.

- Elle est sous-officier et travaillait avant avec mon père adoptif, qui était... hmm... son commandant en chef, si je puis dire.

  Encore là, je parle indirectement du fait que Daniel est presque le dirigeant de l'Ordre du Phénix, mais qu'il est dans le coma, ainsi que du fait que Lily Potter en était membre sans pour vouloir devenir la cheffe comme Sirius m'a expliqué.

- Était ? Il ne l'est plus ? me demande Dudley.

- Non, il... il est tombé dans le coma.

  Dudley se rend compte de son erreur et s'excuse. Je le remercie, me haïssant de prendre la situation de Daniel pour la mettre dans mes mensonges.
  On sort du raccourci pour nous retrouver à Privet Drive où habite Mrs Figg. Elle doit sûrement être allée chercher de la nourriture pour ses chats. Un silence somnolent s'est installé sur les grandes maisons aux angles bien trop droits du quartier. Immobiles dans les allées, les voitures se couvrent de poussière et les pelouses, sûrement jadis vert émeraude, n'offrent plus au regard que des étendues jaunâtres d'herbe brûlée. Une sécheresse persistante doit probablement interdire l'usage de jets d'eau. Les habitants, quant à eux, se sont réfugiés chez eux. Par contre, il ne m'est pas difficile de constater à quel point ces Moldus sont vraiment exaspérants ; leurs maisons se ressemblent toutes, il n'y a pas la moindre authenticité, et c'est vraiment déprimant.
Dudley me mène devant l'habitation dont le Soleil brûlant fait briller la plaque de cuivre qui porte le numéro 4.

- Alors, c'est ici que tu habites ? demandai-je en jetant un regard à toutes les maisons que je connais déjà par cœur.

  Pour seule réponse, Dudley me fait signe de traverser le jardin parfait et appuie sur la sonnette. La silhouette que je reconnaîtrais entre toutes étant celle de Pétunia Dursley grandit à mesure qu'elle approche, étrangement déformée par le verre dépoli de la porte d'entrée.

- Diddy ! Enfin ! Il était temps que tu rentres. Je commençais à être très... Diddy, mais que s'est-il passé ?

  Je jette un regard en biais à Dudley, me faisant force pour ne pas m'étrangler de rire à son surnom. Mrs Dursley, en revanche, sans sa robe de chambre et habillée en vêtements de tous les jours, parait presque normale. Elle est mince et brune, et dispose d'un cou deux fois plus long que la moyenne, avec une forte mâchoire et une dose légère de maquillage qui semble suer à cause de la chaleur. Elle ne m'a d'ailleurs toujours pas vu, étant donné que je reste derrière Dudley pour le moment.

- Tout va bien, M'man, grogne celui-ci, sûrement par la honte de son surnom. On s'est simplement battus avec Gordon...

  Tandis qu'il explique ça à sa mère qui a les yeux exorbités d'angoisse, j'entends un battement d'ailes au-dessus de nos têtes. Je lève la mienne et remarque avec étonnement qu'un magnifique faucon pèlerin albinos vient de se poser sur le toit de la maison des Dursley. Il ne cesse de me fixer de ses yeux ambrés, comme si qu'il me surveille. Ce regard... J'ai des frissons lorsque je me rends compte que c'est le même que celui de Tantine. Lorsque je commence à tendre le cou pour l'observer davantage, Dudley dit :

- ... ça a beaucoup dérapé jusqu'à ce que cette fille arrive. D'ailleurs, tu ne m'as toujours pas dit ton prénom, ajoute-t-il en se tournant vers moi.

  Je reprends aussitôt contenance, alors que la lumière émanant de l'entrée de la maison m'éclaire totalement. Ayant déjà réfléchi plus tôt à ma fausse identité, j'esquisse un sourire.

- Skye, répondis-je. Je m'appelle Skye Walker, enchantée Madame, ajoutai-je en lui présentant ma main.

  Je doute que ces Moldus, qui détestent la magie, aient connaissance que mon nom de prédilection m'est en réalité venu à l'esprit à cause de Star Wars, qui est pourtant une saga venant de leur monde ; mon personnage préféré étant Anakin Skywalker, je n'ai pas réfléchi une seconde. Pourtant, quelque chose me dit que Mrs Dursley doute de moi, au vu du regard bleu perçant avec lequel elle ne cesse de me fixer, comme si elle espère déchiffrer la vérité. À mon grand étonnement, elle tend son bras et serre ma main. Je me fais force pour ne pas lui écraser les doigts comme j'ai l'habitude de le faire, et cache mon air guerrier par un comportement doux, bien que légèrement garçon manqué à cause de mon skateboard et de mon look inspiré du roi de la pop. Pour moi qui ai toujours été une assez grande actrice pour changer de comportement comme de chemise, la couverture de Skye Walker, jeune adolescente aux parents travaillant anciennement à l'armée, mais morts il y a un an dans un accident d'avion, est parfaite car ne dit-on pas que la fin justifie les moyens ?
  Le faucon pèlerin, en revanche, émet un cri perçant avant de battre des ailes pour aller se poser sur un panneau plus loin, juste en face de la maison. Étrange, cet oiseau...
  Le sourire radieux qui s'étale sur les lèvres de Mrs Dursley me fait revenir à la réalité et elle me serre soudain dans ses bras, les larmes aux yeux.

- Merci d'avoir ramené mon Diddy à la maison ! Qu'est-ce qui se serait passé si tu n'avais pas été là pour l'aider ? Oh, j'en suis toute retournée ! Mon Diddy !

  Je me détache d'elle aussitôt qu'elle embrasse son fils sur la joue, avant de le tirer par le bras pour qu'il rentre à la maison.

- On va te soigner, mon Diddy, ça va aller. Entre donc, Skye, je vais te soigner aussi. Vernon ? VERNON !

  Je grimace face à son ton suraigu.
  L'oncle de Harry sort de ce qui doit être le salon d'un pas pesant, sa moustache de morse se hérissant en tous sens, alors que je remarque qu'il est toujours aussi obèse. Il se précipite sur Dudley afin de lui faire franchir le seuil de la porte, avant de s'arrêter en plein mouvement lorsqu'il me voit. Il fronce ses sourcils, et me dévisage avec ses petits yeux plissés. Une chance pour moi qu'il a la mémoire courte, puisqu'il me demande :

- Puis-je savoir qui vous êtes, vous ?

  Arborant mon masque de la parfaite adolescente Moldue, je réponds d'un ton que j'essaie de paraître intimidée :

- Skye Walker, Monsieur, j'ai... j'ai retrouvé votre fils dans un sale état. Lui et un de ses amis (« Gordon, grogne Dudley ».) se disputaient et j'ai réussi à les séparer mais je me suis prise malencontreusement cette balafre. Un incident plutôt idiot, si vous voulez mon avis.

- Je vois, oui, répond Mr Dursley en me jaugeant du regard. Si je puis me permettre, mon fils sait très bien se défendre !

- Sans vouloir vous offenser, sous votre respect, Monsieur, j'ai été trois fois championnes de kung-fu. Et même si, je dois l'avouer, Dudley a un bon crochet du droit, ce n'était pas assez pour les séparer, lui et Gordon.

  J'ai l'envie de m'étriper. Me voici à parler à l'oncle de Harry, celui qui a insulté la pauvre Hedwige, comme si qu'il en imposait ! Par Merlin, j'espère que Harry sera ravi de me voir, parce qu'il ignore tous les efforts que je fais pour lui !

- J'aimerai vous croire, grogne simplement Mr Dursley. Entrez donc, et laissez ce... cette chose dehors...

  Il désigne ma longboard que je replie sur elle-même en la rangeant dans mon sac au dispositif spécial Moldu.

- ... j'aimerai m'entretenir avec vous.

- Pas avant que je la soigne, Vernon ! réplique aussitôt sa femme alors qu'il referme la porte. C'est l'amie de Diddy, elle a besoin de soin autant que lui !

  Du coin de l'œil, j'observe la maison. Elle a l'air d'une propreté méticuleuse, même si elle respire les gens ordinaires et n'a aucune source de magie à part l'électricité.

- Tu dis que c'est Gordon qui t'a fait ça ? demande Mr Dursley alors que sa femme nous mène au salon et part chercher de quoi nous soigner.

  Tandis qu'il lance un interrogatoire complet à son fils, je laisse mon regard vaquer dans le salon. Il y a une cheminée condamnée qui abrite un feu de bois électrique et sur laquelle sont exposées des photos de Dudley, ce qui donne une idée du temps qui s'est écoulé depuis le moment où il était un gros bébé flageoleux. Juste en face de la cheminée sont installés un canapé, où Dudley et moi sommes assis, et une table basse. Il y a aussi une télévision et un buffet sur lequel sont exposées diverses figurines en porcelaine. Du salon, il est possible de voir une salle à manger, qui donne elle-même sur une grande véranda. Véranda à côté de laquelle Vernon Dursley a atterri du premier étage lorsque les jumeaux, Ron et moi sommes allés chercher Harry en deuxième année. D'ailleurs, où est-il ? Je me concentre pour entendre le moindre son, et perçois des vibrations de pas au premier étage. C'est Mrs Dursley revenant de la salle de bain qui me déconcentre. Elle a les bras chargés de boite de compresses et de médicaments chimiques qui me vaudraient sûrement de tomber malade si je les prendrais.

- Fais voir ta blessure à Maman ! dit-elle à Dudley.

  Il ronchonne mais se laisse faire.

- Alors, jeune fille... commence Vernon Dursley en me regardant fixement. D'après mon grand garçon, vous l'avez aidé ?

  J'hoche de la tête.

- Eh bien, je n'en crois pas un mot.

  J'hausse un sourcil, manquant de m'éprendre d'un rire méprisant mais ne faisant rien qu'arborer un air innocent.

- Comment ça ? Vous ne croyez pas Dudley ?

  Ça m'a échappé, mais je ne le regrette pas. C'est tellement satisfaisant de voir que Mr Dursley semble en proie à une balance intérieure. Entre d'un côté croire qu'une jeune fille aussi petite que moi, au teint porcelaine et a l'air fragile, ait pu aider son gros balourd de fils, et d'un autre, accepter l'idée que je sois plus forte que Dudley. Dans tous les cas, son cerveau semble fonctionner à plein régime.

- D'où venez-vous ? me demande-t-il, suspicieux.

- Oh, Vernon, on en parlera à table ! s'agace sa femme. Fais-moi voir tes blessures, ma Chérie, il n'y a que sur la joue ? me demande-t-elle d'une voix douce.

- Oui, merci, Madame Dursley, mais je pense que ça ira, je ne veux pas vous déranger plus longtemps... Je suis sûre que vous avez d'autres choses à faire, alors...

- Tu peux rester, intervient Dudley.

  Ses parents se tournent vers lui. À priori, ils ne s'attendaient pas à cette réflexion.

- Elle peut bien manger, Maman, non ?

- Oh, oui, bien sûr, mon Diddy ! répond aussitôt sa mère. J'ai fait du rôti de bœuf comme tu l'aimes ! Et toi, ma Chérie, tu aimes aussi ça ? Ou tu veux peut-être autre chose ?

  Mal à l'aise en ne m'imaginant pas que mon plan fonctionnerait autant, je balbutie :

- Oh, hum... En... En fait, je...

- Elle est végé... végé...

- Végétarienne ! s'exclame Mr Dursley, comprenant ce que son fils tentait de dire. Ah ! Et championne de kung-fu, en plus de ça ! Qu'est-ce que tu nous as dégoté, mon fils ? Les végétariens ne mangent que de la nourriture pour lapin !

- C'est faux.

  Mr Dursley se pince les lèvres en me regardant d'un œil noir mais je ne cille pas et réponds d'une voix plus claire, plus calme, reprenant mon masque :

- En... en fait, je suis végétarienne de naissance, je n'ai pas eu le choix avec mes parents. Et la dernière fois que j'ai mangé de la viande, j'ai été malade au point de ne pas pouvoir sortir du lit, alors je préférerais éviter ce... petit désagrément... Mais de toute façon, je vois bien que ça vous dérange dans vos habitudes, je crois que je vais y aller...

- Ne dis pas de bêtise, ce n'est pas grave, je n'aurai qu'à faire plus de légumes, et justement, j'en ai en réserve ! me dit aussitôt Mrs Dursley en m'intimant à me rasseoir.

  Elle s'en va dans la cuisine, tandis que Dudley se met à sourire victorieusement et que son père claque sa langue sur son palet, agacé de voir qu'ils sont à deux contre lui.

- Très bien, tu manges ici !

- On pourrait donc commencer par un apéritif, qu'est-ce que tu en dis ? me demande Mrs Dursley de la cuisine.

- Je... euh... oui, je suppose... Hum... Est-ce que... je peux vous emprunter vos toilettes, s'il vous plait ?

- Diddy va te montrer où ils se trouvent, répond Mrs Dursley, déjà affairée à faire cuire des poivrons que je sens jusqu'ici.

  Dudley se lève et me fait signe de le suivre alors que j'entends vaguement ses parents parler de Harry.

- Au moins, s'il n'y a que cette fille rapportée par Dudley, je suis content de voir que Harry a renoncé à nous imposer sa présence, dit son oncle. D'ailleurs, où est-il ?

- Je ne sais pas, répond sa femme d'un air indifférent. Pas dans la maison, en tout cas.

  J'entends l'homme émir un grognement, mais ne peux entendre plus qu'on monte déjà à l'étage, qui est aussi propre que le reste de la maison. Mais ça manque un peu de naturel, malheureusement.

- C'est ici, me dit Dudley en me désignant la porte au milieu des quatre autres.

  Je le remercie et l'ouvre au même moment que j'entends une autre s'ouvrir. Je regarde aussitôt sur le côté du gros bras potelé de Dudley, et arrive à apercevoir deux yeux qui nous observent. J'esquisse un sourire intérieur. Harry.

- Dis-moi, Dudley, il y a quelqu'un d'autre que ton père et ta mère, ici ? sussurai-je en levant ma tête au maximum pour le regarder dans les yeux.

  Il semble m'observer d'un air rêveur, ébahi, presque ensorcelé.

- Dudley !

  Il sort de sa torpeur, rougissant davantage, et répond froidement :

- À part mon crétin de cousin qui chiale toutes les nuits, non.

  Puis il redescend, comme si qu'avoir parlé de Harry l'a rendu jaloux. J'en lève mes yeux au ciel, exaspérée de tous ces garçons qui tombent amoureux de moi juste à cause de mon physique qui, pour moi, n'a rien d'avantageux ; je suis petite, toute squelettique malgré ma silhouette tonique, j'ai de grands yeux d'un bleu suréaliste et un air de poupée en porcelaine fragile qui me fait souvent flipper dans la nuit lorsque je croise mon reflet, où est le charme là-dedans ?
  Sans me préoccuper de ça, j'ouvre la porte, allume la lumière avec mon don avant de la refermer, faisant donc semblant d'y être, et me tourne vers la porte de chambre à Harry. Je sais que c'était lui, je sais qu'il doit probablement se demander ce que je fais ici. Utilisant mon pouvoir de l'air pour me faire léviter de quelques millimètres au-dessus du sol, évitant ainsi que le parquet résonne sous mes pas et sois entendu par les Dursley, je me dirige vers la pièce en question et l'ouvre silencieusement. À peine y ai-je mis un pied que je me sens tirée par le poignet et plaquée brusquement contre le mur tandis que la porte se referme dans un silence complet. Une baguette magique se pointe sous ma gorge, m'obligeant à lever ma tête, les yeux écarquillés de surprise. Je me retrouve face à un Harry a l'air hâve et légèrement maladif de quelqu'un qui a beaucoup grandi en peu de temps. Ce qui est le cas car il me dépasse encore plus qu'avant, malgré qu'il soit toujours autant maigre. Mais son bras mit en travers sur mon buste pour me garder plaquée contre le mur, et son regard vert brillant d'une lueur orageuse, me fait me dire à quel point ça a dû être dur pour lui. Aussi, avant qu'il n'explose, je lance un discret sortilège informulé de mutisme autour de nous, histoire que les Dursley n'entendent rien de ce qui se passe dans la chambre ou plutôt de la discussion qui va y avoir.

- Harry ! dis-je en souriant malgré tout.

  Il reste immobile, à m'observer avec les sourcils froncés, comme s'il n'ose pas y croire. Je peux entendre son pouls battre à une vitesse de cheval. Sa baguette et son bras, au contraire, se renforcent, l'un sous mon menton, l'autre à mon buste.

- Mélody ? murmure-t-il d'un ton mal assuré. C'est toi ?

- J'ai mis du temps à tout planifier, mais oui, c'est moi. Les autres ne sont pas au courant, sache-le - sauf peut-être Tantine qui devine tout à l'avance.

  Harry abaisse légèrement sa baguette mais il continue de la tenir fermement et ne me lâche toujours pas.

- Je sais que tu as d'excellentes raisons de te montrer méfiant. Toi et moi, on a passé neuf mois en compagnie de quelqu'un que tu croyais être Maugrey Fol Oeil pour au final qu'il soit un Mangemort au service de Jedusor, aka Voldemort, mon arrière-arrière-grand-cousin, et là, tu te demandes actuellement si tu n'es pas en plein rêve. Rassure-toi, Ryry, ce n'en est pas un et je ne suis pas un Mangemort ayant pris du Polynectar, si tu veux savoir - encore heureux, c'est de la pisse de gobelin, ce machin miteux.

  Mon meilleur ami me fixe intensément et fini par ranger sa baguette magique dans la poche arrière de son jean. Il recule d'un pas, me faisant souffler de soulagement.

- Contente de te revoir, mon Vieux, dis-je en lui gratifiant d'une tape sur l'épaule. Fiou... C'est quoi tout ce bazar ?

  D'un coup de baguette magique, j'ouvre sa fenêtre qui laisse passer la brise légèrement fraîche de la fin de la journée.
  Je regarde sa chambre qui est beaucoup plus désordonnée que le reste de la maison. La plupart de ses livres sont répandus par terre, la cage d'Hedwige, qui aurait bien besoin d'être nettoyée, commence à dégager une forte odeur. La grosse valise de Harry est ouverte, révélant un mélange de vêtements Moldus et de robes de Sorcier qui ont débordé sur le sol. D'un autre coup de baguette magique, je range toutes ses affaires correctement et nettoie tout ce qui est possible. Petit à petit, son lit se borde tout seul, au carré, les poussières disparaissent, les livres sont rangés dans l'ordre, les vêtements, y compris les chaussettes, sont remis pliés dans son armoire, la cage d'Hedwige est nettoyée et désinfectée, les carreaux de la fenêtre, le sol et ses meubles brillent de propreté, et sa chambre dégage une agréable odeur de fraicheur.

- Aahhh... Voilà qui est mieux ! dis-je en souriant et en rangeant ma baguette magique. Tu ne trouves pas, Ryry ?

  Je me retourne vers lui et le vois avec des yeux rempli d'incompréhension.

- Qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-il seulement, le ton tremblant de fureur. Comment...

- Je suis venue te voir, ça se voit pas ? lâchai-je avec sarcasme en tirant sa chaise de bureau pour m'y asseoir à califourchon. Et je dois dire que je te préfère avec tes cheveux courts, je suis sûre que Ginny en tomberait amoureuse de toi. Bah ! Qu'est-ce que je dis, moi ? Je suis là pour toi, pas pour te caser avec Flambi !

  Déconcerté, passablement pris au dépourvu, Harry balbutie après avoir calmé son rougissement :

- Hermione et Ron... Ils... Ils savent que tu es ici ?

- Bien sûr que non. L'Ordre ne veut pas les tenir au courant. Tout comme Dumbledore a tenu à ne rien te dire - et ça, crois-moi, ça m'a autant énervé que toi sachant que je sais ce que ça fait, d'être tenu dans le secret. Il ne serait sans doute pas d'accord avec le fait que je te parle actuellement, mais je m'en fiche, car l'importance pour moi est de te dire que je suis sincèrement désolée de ne pas être venue plus tôt. Je le regrette amèrement et je n'attends pas à ce que tu me pardonnes. Non, en fait, je m'attends plutôt à ce que tu m'hurles toute ta colère que tu as accumulé ces derniers mois. Mais pas maintenant, ajoutai-je en le voyant commencer à parler ; les Dursley m'ont malheureusement invité à manger ici et c'était mon plan pour te voir. Alors, si tu veux te déchaîner sur moi, me taper, me jeter dehors, m'hurler dessus, tu vas devoir attendre jusqu'à ce qu'ils se couchent lorsque je leur ferais boire mes somnifères maisons. Et là, je répondrais à toutes tes questions, c'est promis.

  Je me lève en lui lançant :

- Au fait ! Deux choses ! Premièrement, tu viens avec moi en bas et tu fais comme si qu'on ne se connaissait pas. Deuxièmement et dernièrement, je leur ai donné un faux nom pour ne pas me faire démasqué. Je m'appelle donc Skye Walker dorénavant, jusqu'à la fin du repas.

  Le temps qu'il comprenne la référence, je l'ai déjà dépassée pour poser ma main sur la poignée de la porte.

- Sérieusement ? lâche-t-il, oubliant toute sa colère.

  Je me retourne vers lui en souriant.

- Je ne savais pas quel nom sortir alors j'ai dit le premier qui m'est venu.

  Il pouffe moqueusement.

- Je suis une fan de Star Wars, me prétextai-je.

- Ils ne connaissent même pas cette saga.

- Encore mieux !

  Harry se décontracte et se met à rire. Au moment où j'ouvre la porte silencieusement, il me retourne de force et me serre puissamment dans ses bras. Je souris en entourant les miens à son dos, sentant combien tout ce temps a été dur pour lui. Mais si ça lui a été compliqué, je crois que moi, je bats le record avec le ministère.

- Merci, souffle-t-il. Merci, d'être venu. D'avoir au moins pensé à moi.

  Je me détache de lui en prenant son visage entre mes mains, déterminée à lui rappeler combien il compte pour moi.

- Je penserais toujours à mon frère de cœur, lui dis-je dans les yeux.

  Il a un sourire montrant tout l'espoir qu'il retrouve mais fronce les sourcils alors que je me détache de lui.

- C'est quoi ça ? s'inquiète-t-il.

- De quoi ?

  Il me désigne ma balafre.

- Rien, ne t'inquiète pas, répondis-je. Ah ! Et dernière des choses, puisqu'il y en avait en réalité trois : dès qu'il a vu à quoi je ressemblais, Dudley a eu une réaction parfaitement semblable à celle de Cedric Diggory. Donc... Ne t'étonne pas si...

- Il est tombé amoureux de toi ?

  Harry s'éprend d'un fou rire auquel je lève les yeux au ciel.

- Encore un, décidément, tu en fais collection ! Et c'est qui le prochain ? Neville ? Goyle ? Crabbe ?

  Je lui donne un coup de poing dans l'estomac qui lui coupe le souffle.

- Ça t'apprendra à raconter des conneries !

  Il est à nouveau secouer d'un fou rire qui le fait tordre en deux.

- Pfrrt... Dudley est... amoureux... de toi ! Ah, ah ! Il est... tombé... amoureux !

- Bon, tu as fini ?

- C'est un jour à graver d'une pierre blanche !

- Harry.

- Dudley, mon cousin qui ressemble à un cochon, est tombé amoureux de la plus belle fille que le monde des Sorciers ait jamais connu !

  Il se fiche encore longtemps de moi, savant pertinemment que cette étiquette qu'on m'a accolée m'énerve plus qu'autre chose.

- Harry ! Il faut descendre, sinon ils vont se douter de quelque chose !

  Il se calme peu à peu, riant un peu par moment, et efface ses larmes de rire. Même si c'est vraiment un abruti, je suis heureuse de le revoir.
  Je finis par ouvrir la porte de sa chambre, suivi des toilettes auxquels je demande à Harry comment tirer la chasse d'eau vu qu'à la maison, c'est un toilette sèche qu'on a. Il se moque à nouveau de moi en pouffant de rire et je pars me laver les mains, toujours pour que les Dursley ne se doutent de rien. Puis je descends les escaliers en première, suivi par mon meilleur ami qui ne manque pas de me chuchoter que la coupe au carré long me va bien. Je souris.

- Mrs Dursley, qui est ce garçon ? demandai-je soudain en entrant dans le salon.

  Harry ne cache pas son étonnement et je lui fais un clin d'œil discret. Sa tante arrive précipitamment et lui adresse un regard noir.

- Te voilà, toi, lui dit-elle sèchement. C'est Harry, mon neveu, ajoute-t-elle plus doucement pour moi. L'apéritif est prêt, si tu veux bien venir, Skye.

  J'hoche de la tête en la remerciant et on s'installe à la table qui a été dressée avec leurs plus belles vaisselles, comme si que ma présence nécessite un grand soin. Je perçois les différents sons des diverses télévisions et ne peux m'empêcher de grimacer par tant d'ondes électromagnétiques qui perturbent mon Énergie habituée à la magie. Je sens d'ailleurs mes mains me piquer. Je souffle doucement, me répétant mentalement que c'est pour mon meilleur ami et que je ne reviendrais plus dans cette maison Moldue.

- Ça va ? me demande Dudley, sans même voir Harry.

- J'ai juste un mal de crâne qui survient souvent, mais ça se fini vite, répondis-je en lui offrant un sourire.

  Je vois que Harry a l'immonde envie de rire, mais se retient quand je lui envoie par la pensée un pincement au ventre. Il fronce ses sourcils en me regardant et j'hausse les épaules en le désignant.

- C'est donc ton cousin ? dis-je à Dudley.

- Ouais, grogne-t-il.

  Je suis surprise de ne voir la table que pour quatre personnes.

- Harry, vas surveiller les légumes, qu'ils ne soient pas trop cuits ! ordonne sèchement Mrs Dursley.

  J'écarquille des yeux, choquée de voir à quel point elle le prend pour un serviteur.

- Harry, dépêche-toi !

  En entendant qu'elle continue (en plus de ça !), je sens un feu m'enflammer intérieurement et contracte ma mâchoire pour ne pas lui crier dessus, gardant mon masque.

- Pourquoi ne vient-il pas s'asseoir avec nous ? demandai-je avec la voix d'une fille innocente.

  Mr Dursley, qui servait du vin rouge dans deux verres à pied, renverse un peu de la bouteille sur la nappe fraichement blanche.

- Oh, attendez, je vais vous aider, dis-je aussitôt en sortant un mouchoir de ma chemise blanche. Tenez, Monsieur.

  Il me remercie dans un grognement, agacé d'avoir sali la nappe mais sûrement choqué de ma réflexion.

- Il s'asseoit avec nous dès qu'il a fini ses corvées, lâche Dudley.

  Je suis écœurée de voir qu'ils le prennent vraiment pour un bon à rien, comme Madame Tremaine et ses deux filles avec Cendrillon, et sens mon collier aspirer ma colère alors que je me contrôle pour ne pas répliquer méchamment.

- Mais... Mais pourquoi il ne peut pas venir occasionnellement ? dis-je d'une petite voix.

  Je regarde Mrs Dursley avec mon fameux regard que personne n'arrive à résister et en claquant sa langue sur son palet par l'énervement, elle dit à Harry :

- Exceptionnellement, Harry, tu vas faire plaisir à l'invitée et venir t'asseoir directement avec nous.

  Le fait qu'elle ait détaché chaque mot montre à quel point elle fait tout son possible pour se contrôler. J'ai un sourire en coin victorieux, alors que les deux autres garçons la fixent avec des yeux ronds.

- Est-ce que vous voulez de l'aide ? proposai-je à Mrs Dursley.

- Non, Harry va aller chercher lui-même sa chaise, merci, Skye.

  Elle pose les couverts à côté de moi et Dudley se décale contre son grès, ayant une mine soudain frustrée. J'ai une envie incroyable de rire surtout en voyant le visage rouge de colère de Mr Dursley, qui me fixe comme si que je n'étais pas normale. Et en effet, si déjà Harry est pour eux un extraterrestre, qu'est-ce que ce serait avec moi qui ai les cinq Éléments ?
  Une fois tous assis, il me propose malgré tout un cocktail sans alcool que j'accepte en le remerciant. Harry n'a le droit qu'à de l'eau mais je vois bien à quel point il a envie de se jeter sur moi pour me serrer fortement contre lui, heureux à mon avis de voir à quel point j'arrive à être persuasive.

- Alors... Miss Walker... commence Mr Dursley.

- Vous savez, vous pouvez m'appellez Skye, je suis encore une ado, pouffai-je doucement.

- Oui, ça, je le vois bien. Si vous nous parliez un peu de vous, où vous habitez, qui sont vos parents...

  Je discerne un ton cassant de sa part, prouvant qu'il n'a pas confiance en moi. Ayant déjà élaboré tout mon plan en tête, je réponds :

- Il n'y a pas grands choses à dire... J'habite au nord de Londres, à proximité de Northwood Headquarters - mes parents adoptifs y sont commandants pour l'armée Anglaise.

  Mr et Mrs Dursley s'échangent un regard soudain glacial.

- Tes parents adoptifs ? répète la femme, qui est la seule à me tutoyer.

- Oui, mon père biologique nous a abandonné ma mère et moi à ma naissance, et ma mère m'a laissée devant un orphelinat à l'âge de six mois parce qu'elle ne voulait pas de moi. J'ai été balancé de foyer en foyer. Certaines familles d'accueils étaient plus ou moins odieuses avec moi ; la pire m'a fait dormir sur un matelas rongé par les mites avec une couverture miteuse, en contact constant avec les araignées. Ce qui m'a déclenché une phobie des endroits confinés. Ils me traitaient comme un monstre à cause de ma blancheur Albinos, m'obligeaient aussi à travailler dehors pendant sept heures ou plus pour soigner le jardin sous un Soleil ardent qui m'a envoyé à l'hôpital. Je portais les vêtements trop grands de leurs enfants, et ils me frappaient dès que j'avais le malheur d'ouvrir la bouche alors ils ont été conduits en justice pour maltraitance. Ils ont fini en prison et leurs propres enfants ont été placé en familles d'accueils...

  L'air horrifié se lit sur le visage de Mrs Dursley et de Harry. Même s'il sait que tout ça est du vent, ça a l'air de vraiment le révulser tout mon speech. Sa tante Pétunia, de son côté, regarde son mari avec inquiétude, sachant pertinemment qu'eux ont fait les mêmes choses à Harry - évidemment, puisque c'était mon plan de les culpabiliser indirectement. Sans compter qu'ils savent que mes soi-disants parents travaillent pour l'armée Anglaise, alors ils sont un peu effarés.

- Et c'est seulement à l'âge de treize ans que j'ai été adoptée par ma mère adoptive, Padmé, une militaire dans les forces spéciales, continuai-je après avoir piqué une tomate cerise avec un bâtonnet en bois. Ça m'a vraiment changé et j'ai vite compris ce qu'était l'amour d'une véritable famille... Et c'est justement à ce moment-là qu'on en arrive à la dispute de Dudley et son ami...

- Il ne l'est plus, rétorque le concerné.

- Ce voyou ne s'en sortira pas comme ça, je m'entretiendrai sérieusement avec sa mère car c'est inacceptable qu'on fasse ça à mon fiston ! dit Mrs Dursley.

- De toute façon, chaque mauvaise action fini toujours par être payée d'un jour ou l'autre, appuyai-je lentement.

  Je vois du coin de l'œil Harry avoir un rictus et entends une pensée de sa part qui fuite hors de son esprit :

- Elle va leur faire peur si elle continue, Tante Pétunia va voir clair dans son jeu.

  Je me retiens de rire à cette pensée et prends à la place une gorgée de mon cocktail.

- Je te serais toujours reconnaissante d'avoir aidé mon Diddy, me dit Mrs Dursley en posant une main sur la mienne.

  Une étrange Énergie émane d'elle. Je sais alors, rien qu'en voyant sa lueur dans le regard, qu'elle sait pour le monde Magique. C'est donc une Cracmol. Comme Mrs Figg. Mais à l'inverse, Pétunia Dursley a un mari et un fils qui sont purement Moldus et qui détestent la magie. Ça ne l'aidera donc pas à dévoiler ses pouvoirs. Ceux-ci sont en réalité tellement peinturés d'égocentrisme matériel et de terreur face à la magie, qui lui est impossible d'y accéder.

- Ce n'est rien, répondis-je en souriant.

- J'aimerai quand même savoir comment vous avez pu lui en venir en aide, vous êtes aussi maigre et plus petite que Harry, persiffle Mr Dursley.

- Les apparences sont trompeuses, il y a un potentiel en chacun de nous.

  Il glousse d'un rire méprisant.

- En fait, j'ai découverte il y a peu qu'on peut se méfier des paroles d'autruis mais pas de ce qu'il ou elle peut faire, dis-je, ce qui a le don qu'il plisse ses petits yeux porcelet. On peut même avoir le sentiment que la dite personne mente, pour en réalité s'avérer avoir un talent caché. Le mien me vient de mes parents adoptifs. L'un est ceinture rouge de wushu, l'autre pratique le kung-fu et l'aïkido. Leurs parents avant eux ont suivi une formation de moines shaolins - ce qui inclue le fait de manger spécifiquement végétalien. Je tiens évidemment tout d'eux et maîtrise parfaitement toutes les compétences. Dudley peut en certifier.

  Ses parents le regardent, son père a les lèvres pincées, alors que je lance un clin d'œil à Harry qui fait aussitôt le lien. Il écarquille des yeux et se racle la gorge pour cacher son étonnemment.

- C'est vrai, je l'ai vu faire, répond Dudley en haussant les épaules, se goinfrant de gâteaux apéritifs qui ne vont pas arranger sa ligne, ça, c'est sûr.

- Si je puis me permettre, à quelle école êtes-vous assignée ? me demande Mr Dursley.

- Je me suis déscolarisée, répondis-je sans aucune gêne.

  On dirait que ma réponse a provoqué chez eux le choc extrême ; la tante de Harry s'étouffe avec une cacahuète et son oncle tousse après avoir bu son vin de travers. Sa barbe de morse en goutte un peu et il s'essuit activement en me fixant avec une sacrée indignation.

- Déscolarisée ?

- Oui, après avoir vu que l'école ne formatait que des esprits fermés et conditionnés, je me suis lancée dans une aventure insolite : faire le tour de l'Angleterre accompagné seulement de mon skateboard, de mes jambes et de ma bonne volonté. Car lorsqu'on n'a peur de rien, c'est tentant de se lancer des défis.

  Je leur fais un sourire polit, le regard pétillant de malice, et Mrs Dursley, remit de ses états d'âme, me demande en posant sa main sur le bras de son mari qui semble fulminer :

- Et donc... Comment fais-tu pour avoir les moyens ? Tes parents t'ont donné une carte de crédit, je présume ?

  Je me demande tout d'abord ce qu'est une carte de crédit avant de faire comme si que je n'ai rien entendu et réponds :

- En fait, j'ai toujours une bourse bien remplie, si je puis dire, alors c'est plutôt simple. Aujourd'hui, j'ai du faire une halte pour aider l'amie de ma mère. Je devais surveiller son enfant que je surnomme souvent Ryry, mais qui s'avère s'appeler en réalité Ryan. Un petit rebelle qui en veut au monde entier mais qui se sent simplement très seul quand ses proches ne sont pas là. Mais il est adorable. Vraiment très gentil, malgré qu'il enfreint souvent les règles. Je vous le présenterais, un jour, si je vous revois !

  Harry sait. Il sait que c'est de lui que je parle indirectement par le regard en biais discret que je lui lance mais qu'il évite pour ne pas que je me fasse grillée. Il se lève d'ailleurs pour aller remuer les légumes dans la poêle.

- Enfin - pour en revenir à ce que je disais -, reprenai-je ; la plupart du temps, je fais mon chemin de place en place, en vendant mes dessins et mes peintures. Je voyage souvent par les moyens les plus rapides, tout en profitant du voyage.

  Harry revient et on sert à présent le repas - pour les autres, une part de rôti de bœuf et pour moi, des pommes de terre au four avec divers légumes onctueux.

- Et vous trouvez sûrement que cette vie sans attache est amusante, détrompez-moi ? me lance Mr Dursley avec mépris.

- J'ai toujours été un électron libre, répondis-je. L'argent n'est pour moi qu'un supplément à mes véritables besoins, tels que de l'air dans mes poumons, un cœur qui bat, des vêtements propres et toujours autant de feuilles blanches et de batterie téléphonique que je le souhaite. J'adore me lever le matin sans prévoir la moindre chose, sans prévoir qu'une épopée totalement insolite peut m'arriver comme je l'ai toujours espéré. Qui je vais rencontrer, qui je vais surprendre, ou mieux encore, où je vais tomber... Il y a quelques années, j'ai rencontré deux frères, Georgie et Frederick. Des jeunes hommes extraordinaires qui m'ont montré que la Liberté est la chose la plus précieuse au monde.

- L'argent aussi, méprise Mr Dursley.

- Sous votre respect, Monsieur, vous êtes-vous déjà aventuré quelque part, sans la moindre certitude que votre argent va vous sauver ? Car, c'est un fait, si vous êtes sur un bateau qui coule à l'avant, et que vous vous tenez à l'arrière mais tombez à l'eau, votre argent et vos plus beaux habits vous tireront dans le fond à la moindre seconde où vous essayerez de nager. Car, les imprévus font la vie et de nos jours, je crois qu'on peut tous s'estimer heureux de nous réunir pour manger - dont, d'ailleurs, le repas est esqui, mes compliments, Madame - sans qu'une bombe nous atterrisse dessus ou qu'une armée entière nous pourchasse pour notre différence... Je suis d'avis que la vie est un don, un cadeau. Chaque jour qui passe nous donne toujours de nouveaux espoirs, de nouveaux chemins qu'on doit avoir le cran de prendre. Et de ce fait, je n'ai pas envie de gâcher ma vie à me mettre en servitude pour un Système qui risque de s'écrouler à tout moment. (Je bois une gorgée de mon cocktail.) On ignore où le destin nous mènera, d'une fratrie aux parents pauvres mais aux cœurs chaleureux, à une famille aisée offrant un onctueux repas à une parfaite inconnue, qui a aidé leur fils prodige à comprendre que les apparences sont trompeuses. On apprend à accepter la vie comme elle est, même si c'est parfois dur, même si c'est parfois douloureux, on se doit de la croquer à pleines dents pour ne pas sombrer. Pour que la chance nous sourit et vienne à notre porte.

  Tout en souriant, j'adresse un regard appuyé à Harry puis observe les autres. Dudley semble avoir été depuis longtemps perdu dans mon récit et continue de fixer bêtement son morceau de rôti sur sa fourchette en argent. Sa mère me regarde d'un air interdit, presque curieux, laissant son masque de glace tomber pendant une seconde, et son mari a les sourcils froncés, dans une expression que j'ai du mal à déchiffrer.

- Vous avez une bonne parole pour une adolescente, approuve Mr Dursley.

- C'est une vieille habitude, pouffai-je.

- Oui, il vaut mieux la garder, me dit sa femme en approuvant d'un hochement de tête. Merci pour ta sincérité.

  J'ai un sourire pensif et à mesure que je la regarde dans les yeux, j'entends une pensée de sa part. « Lily avait le même sourire », entendis-je. Je suis étonnée de percevoir une telle chose, étant donné à quel point Harry m'a parlé qu'elle était odieuse. Finalement, je crois juste que si elle suit les idéologies de son mari sur la magie, c'est seulement parce qu'elle a dû être jalouse de sa sœur étant jeune. Je le vois de toute façon dans ses pensées. Même si elle n'en a pas conscience que je sache faire ça.
  La suite du repas se déroule paisiblement, parfois même j'arrive à faire rire Harry et Dudley en même temps, sous leurs plus grandes surprises. Ils arrêtent aussitôt en s'en rendant compte, s'adressant un regard noir. Mr Dursley, lui, est un peu moins brut dans son ton, mais toujours si distant et fermé d'esprit. Le fait que je lui ai mis indirectement la vérité en face a sûrement dû le déstabiliser. Quant à sa femme, Pétunia, elle se décontracte un peu, souriant en me regardant souvent d'un air nostalgique. Évidemment, je ne fais aucune mention de magie ou de créativité, je prends soin de bien formuler mes phrases à la Moldue en mettant quelques sous entendus par-ci par-là que seul Harry comprend. Même lorsqu'arrive la tarte meringuée au citron.

- ... et il ne s'est même pas rendu compte de ce qui lui arrivait qu'il était déjà au tapis ! continuai-je, faisant pouffer Harry et Dudley de satisfaction. Vous auriez dû voir la tête de Darren, il était aussi rose qu'un jambon grillé au four !

  Darren étant Drago, je raconte l'anectode d'un jour à la Grande Salle, lorsqu'il m'a énervé après avoir dénigré les Weasley, l'année dernière, en quatrième année. J'avais usé de mes arts martiaux pour le mettre à terre et la professeure McGonagall m'avait donné une heure de retenue pendant trois semaines.

- Notre professeure principale m'a surnommé la Sauvage pendant une semaine, ajoutai-je. Et après ça, Ronny s'est carrément mis sur un petit nuage pour savourer cet instant.

  Je finis par pouffer de rire, rapidement suivi par Harry et Dudley, et mange une cerise. Même si elle est moins bonne et moins juteuse que chez Tantine et Titonc', et que je n'ai clairement pas faim depuis le début du repas, je dois me forcer pour éviter que les autres se posent des questions.

- Eh bien, vous êtes une trouble-fête, Skye, fait observer Mr Dursley. Heureusement tout même que Dudley n'est pas ce comportement péril.

- Pourtant, je vous assure, s'amuser est le meilleur apprentissage, dis-je avant de boire doucement une eau qui va me rendre malade à coup sûr.

- L'école de Dudley est l'une des plus prestigieuses, à franc payé. Vous devriez la connaître, il s'agit de Smelting, un collège privé où j'ai moi-même fait mes études, ajoute fièrement Mr Dursley.

- Oui, je vois. Et vous respectez donc sur le plan scolaire, à la lettre, le diction de : tel père, tel fils.

  Il hoche de la tête et sort une bouteille de cognac, tandis que Mrs Dursley dit :

- Je vais faire du café. Skye, voudrais-tu une tisane ?

  Lorsqu'elle me dit, j'ai un sourire plus appuyé et demande :

- Je peux venir vous aider ?

- Si tu insistes, répond-elle dans un soupir qui montre à quel point c'est inutile.

  Je la suis jusqu'à la cuisine, remarquant que celle-ci est aussi impeccable qu'une table d'opération. Une table et une chaise occupe le centre de la pièce, entourés d'électroménagers ainsi qu'un téléviseur mit dans un coin dont je ressens chaque onde électromagnétique. Après avoir mit l'eau dans sa cafetière électrique, et moi dans la bouilloire, je prends trois tasses et lance en y mettant mon sachet de tisane :

- Et Harry, où est-ce que tu as fait des études ?

  Je ne me retourne pas, savant pertinemment qu'il est probablement en train de se décomposer à l'idée de me dire un mensonge.

- Euh... Je... J'ai...

- Allons, réponds, aboie Mr Dursley.

  Je me mords la lèvre par l'agacement et l'impuissance.

- À... À St Brutus, dit Harry, me faisant esquisser un rictus.

  Il aura au moins appris à mentir de façon pas du tout naturel à sa meilleure amie !

- Oui, c'est un excellent établissement pour les cas désespérés, complète aussitôt Mr Dursley.

- Harry Potter serait-il un délinquant ? dis-je d'un ton exagérément ironique en me retournant pour regarder le concerné.

  Il me fait une moue exaspérée, excédé de ma voix appuyée, et son oncle répond, les yeux exorbités d'évidence :

- C'est un vrai voyou quand il s'y met, c'est bien pour ça que Pétunia et moi l'avons envoyé à ce centre d'éducation.

- Vous avez raison, il a vraiment la tête de quelqu'un qui collectionne les problèmes.

  Harry est encore plus exacerbé, sachant que je fais très bien allusion aux quatre dernières années qu'on a passé à Poudlard. Mrs Dursley sort un gros mug du placard sous la demande de son fils qui veut un chocolat chaud avec de la chantilly. Et finalement, Harry a le droit aussi à une tisane grâce à mon pouvoir inné de persuasion. Tandis que Mrs Dursley a le dos tourné, je sors discrètement ma plante remplie de somnifère et la sépare en trois avant de l'écraser au-dessus de sa tasse, celle de son mari, puis celle de son fils. La Mélastenia se dilue parfaitement et je bouge mes doigts au-dessus, utilisant un peu de mes pouvoirs pour accélérer le processus et la force du somnifère. Les tasses brillent légèrement d'une couleur dorée avant de revenir à la normale. Je les prends et les mets sur un plateau que Mrs Dursley vient de me donner.

- Et voilà ! dis-je joyeusement.

  Je distribue à chacun sa tasse et m'assoie à ma place alors qu'on entend les informations de dernières minutes à la télévision, sonnant la fin du journal télévisé :

- Il nous vient une dernière exclusivité très croustillante de dernières minutes, dit le présentateur qui vient de toucher son oreillette. D'après Sékou Zulu, un jeune homme qui aurait filmé la scène à l'aide de son téléphone portable, on aurait l'exceptionnelle opportunité de voir renaître l'incroyable Bruce Lee - malheureusement décédé le 20 juillet 1973. Rappelez-vous, Bruce Lee était connu pour être le roi des arts martiaux, au même titre que Michael Jackson dans la pop. Hasard ou non, une jeune fille est apparue sur nos radars vingt ans plus tard, dans un petit quartier du Surrey. Voyez par vous-même, elle semble vraiment savoir s'y faire lors de cette bagarre.

  À peine ai-je entendu ces mots que je failli recracher ma tasse de thé. Ne me dis pas que cet abruti à filmer mon combat contre Dudley et sa bande ? Apparemment si, car l'angle de la caméra change sur le visage d'un jeune homme africain.

- Je suis sur le chemin du retour, là, et regardez sur quoi je tombe, mes frères, cette meuf est incroyable, dit-il dans un chuchotement.

  J'utilise aussitôt mon don pour jouer avec l'électricité. Normalement, seul David sait faire ça mais comme j'ai les principaux élémentaires du Cinq Éléments, j'arrive à contrôler la plupart de ses pouvoirs.
  Je sens les ondes passer entre mes doigts que je bouge discrètement et fixe le téléviseur en me concentrant pour le brouiller. J'entends chaque son, chaque grésillement, chaque staticité, chaque flux condensé au bout des deux antennes de la télévision et de la parabole sur le toit... jusqu'à ce que celle-ci se mette à pixeliser par la seule force de ma pensée. L'image se coupe soudain, emportant les cris de protestations de la famille Dursley et me faisant sourire intérieurement alors que je fais semblant de participer à leurs agacements. Malheureusement, je n'ai pas songé que ça entrainerait aussi une coupure brusque d'électricité. Mrs Dursley sursaute quand tout s'éteint d'un seul coup, nous faisant retrouver dans l'obscurité totale puisque la nuit est déjà tombée depuis longtemps. Et évidemment, d'un coup d'œil vers les fenêtres aux volets inexistants, je remarque que toutes les lumières de l'extérieur ont aussi subi une décharge plus ou moins intense. Oups.

- Apparemment, même les voisins ont ce problème, constatai-je à voix basse.

  Mr Dursley, qui vient d'allumer une lampe de main, se lève en grommelant des injures sur ces installations qui ne fonctionnent pas correctement, et part dehors pour voir le problème.

- Bizarre que ça se passe au même moment, me chuchote ironiquement Harry dans l'oreille.

  Je le regarde avec un sourire qu'il ne peut pas remarquer puisqu'on est plongés dans l'obscurité. Il sait que c'est moi qui ai fait ça et d'un autre bougement de doigts, je fais rallumer l'électricité. J'ai alors un mal de crâne qui me fait contracter la mâchoire, et entends malgré tout que Mrs Dursley est rassurée, elle qui ne se voit pas vivre sans électricité comme elle le dit.

- Vernon ! VERNON ! crie-t-elle. Tout est revenu !

  Mr Dursley revient et on l'entends sortir plusieurs jurons en fermant la porte.

- Ça doit être des petits voyous qui se sont amusés ! grogne-t-il.

  À ses mots, le téléviseur se rallume, mais heureusement, le journal est déjà clôturé et les noms de fin défilent sous nos yeux, me faisant souffler légèrement de soulagement. Qu'est-ce que c'est bien d'avoir ce don, finalement !

- On a loupé la fin ! scandalise Dudley.

- De toute façon, personne ne pourrait remplacer Bruce Lee, dis-je.

- Ça l'arrange bien, tiens ! entendis-je de la pensée de Harry. C'est elle qui a dû taper Dudley, j'aurai bien aimé voir ça !

  Je pouffe en entendant ça et les premiers signes de fatigue s'entendent lorsque les Dursley finissent leurs tasses.

- Je crois bien que je vais vous laisser, dis-je. Vous avez l'air fatigué... Aaaahhhh... baillai-je faussement ; et moi aussi, d'ailleurs.

  Je me lève donc et après quelques minutes, me voici au pas de la porte, à leur dire au-revoir.

- ... ce fut un merveilleux repas, Mrs Dursley, vous êtes vraiment une très bonne cuisinière.

- Oh, merci, répond-elle, flâtée, bien que vacillant légèrement sur ses pieds. J'ai été ravie de faire ta connaissance, tu es quelqu'un de très... unique en ton genre.

  Je souris alors qu'elle me serre dans ses bras d'une étreinte maternelle que je préfère recevoir avec Tantine et après s'être détachée de moi, elle aboie à Harry :

- Fais la vaisselle et assure-toi de ne rien casser !

  Mr Dursley vient alors vers moi en me regardant avec encore beaucoup de mépris :

- Au plaisir de ne pas vous voir rôdée autour de notre fils, Miss Walker.

- Bien sûr, je n'y manquerais pas, répondis-je ironiquement avant de me tourner vers Dudley, qui a poussé son père pour me saluer. C'était un plaisir de rencontrer ta famille, ils sont tous aussi sympathiques que toi.

- Où tu vas aller, maintenant ? me demande-t-il.

- Mon nouveau projet est d'aller en Amérique du nord, après... la vie me mènera où elle le désirera.

  Je lui souris et présente ma main qu'il serre doucement, comme si qu'il a peur de me casser en deux, et alors que j'espère m'en aller, il me retient en me demandant :

- Tu reviendras ?

  L'espoir s'entend dans sa voix et j'hausse les épaules, réfléchissant si je le ferais vraiment. Mais comme je vais trouver un plan pour revoir Harry en prétextant faire mes tours de garde auprès de l'Ordre, je ne peux que répondre :

- Je n'ai pas dit que je partais maintenant.

  Je lui fais un clin d'œil qui est en fait adressé à Harry, qui me regarde derrière le dos de Dudley. Il comprend alors et hoche de la tête en partant vers la cuisine.

- Salut, Dudley ! dis-je enfin.

  Il me sourit bêtement et je fais mine de partir. Dès que je l'entends fermer la porte, je me propulse dans les airs et passe au-dessus de la haie du jardin, redescendant au sol une fois la véranda atteinte. Harry vient m'ouvrir et me dit :

- Ils viennent à peine de s'endormir.

- Je t'avais dit que le somnifère agirait vite, pouffai-je en lui passant devant. Maintenant, ne manque plus que d'aller modifier leurs mémoires !

  Mais mon meilleur ami m'arrête en attrapant mon poignet. Je me retourne et lève mon bras où je louche sur ses doigts serrés, arquant un sourcil. Il est sérieux ? Je le questionne du regard et il me sourit en coin en me relâchant.

- Ne modifie que les souvenirs d'Oncle Vernon sur son interdiction, s'il te plait.

- Tu sais, je pourrais aussi les obliger à être gentils avec toi.

- Ce ne serait pas vraiment eux... soupire-t-il en se grattant la nuque.

- Et alors ?

  J'ai du mal à comprendre sa logique.
  Harry me regarde un long instant dans les yeux, semblant réfléchir à une chose, et fronce ses sourcils de manière interloquée.

- Dis-moi que tu ne t'es jamais servi de tes sorts de modification de mémoires sur George et Fred ?

  Je manque de m'étouffer.

- Tu veux savoir si j'ai forcé George à m'aimer ? Non, rassure-toi, jamais je n'utiliserais mes sortilèges sur lui ou sur quelqu'un d'autre qui m'est cher - sauf Drago, éventuellement, et une fois, sur Mrs Weasley, mais ça, c'était pour la bonne cause.

- La bonne cause ? s'offusque-t-il.

- Oh, ça va, elle allait faire toute une histoire à cause d'un saignement de nez ! me défendis-je en levant les yeux au ciel.

  Harry semble soulager et me dit alors que je pars vers les escaliers :

- Surtout, garde bien la mémoire de Dudley intact, je veux savourer ses petits yeux doux qu'il t'envoit !

  Je lui montre mon majeur en me retournant.

- Pas question que cet abruti continu d'être amoureux de moi sachant que l'unique personne que j'aime, c'est George.

- Ah, vous êtes toujours ensemble ? s'étonne-t-il faussement.

  Je lui adresse un regard évident et monte au premier étage en ouvrant silencieusement la chambre de Mr et Mrs Dursley. Ils sont tous les deux endormis sur leur lit, complètement habillés et complètement endormis. Ils ronflent même de la même façon que des éléphants. Après m'être pris d'un fou rire, j'altère leurs mémoires ; ils ont reçu l'amie de Dudley, une fière et belle Moldue qu'ils ont adoré et qu'ils savent parfaitement dans le Système.
  Je referme leur porte et file à la chambre de Dudley qui me donne vraiment mal au cœur - littéralement, car la puanteur qui y règne est digne des déchetteries.

- Ew... Il y a un truc qui est mort, là-dedans ? lâchai-je à haute voix.

  Dudley est affalé sur son lit qui plie dangereusement à cause de son poids. Des vêtements et surtout des slips sales imprègnent autant le sol que les paquets de chips, de bonbons et de tout autres aliments nocifs pour la santé - ainsi que des morceaux de pain et des boites de pizza ouvertes qui sont toutes moisies. Le papier peint d'un des murs est entièrement arraché, ensevelie sous un panache de dessins plus grotesques les uns que les autres, le second mur est complètement recouvert d'affiches de filles en maillot de bain, ou pour certaines vêtuent de lingeries coquines dans des positions très... provocantes (d'autres sont mêmes carrément nues, à faire des choses intimes qui me donnent envie de vomir), et le troisième, celui où il y a sa fenêtre, a un téléviseur qui grésille faiblement près d'un sac de boxe. Je l'éteins et regarde Dudley en soupirant de tristesse. Harry déteste peut-être son cousin, mais moi, j'ai maintenant de la peine pour lui. Si sa chambre est dans cet état, comment doit-il se sentir ? Car, à mon avis, s'il harcèle de pauvres enfants qui n'ont rien demandé, c'est simplement qu'il a un sentiment d'infériorité grave. Ses parents en sont la cause, ils lui ont tout facilité. Et ils ne l'ont jamais aidé à appréhender le véritable monde Moldu, puisqu'ils ont toujours tout fait à sa place.
  Je m'approche de lui et décide de l'aider en altérant sa mémoire ; je ne lui efface pas qui je suis, seulement ce qu'il ressent pour moi et pour lui, atténuant sa colère et son capricieux comportement pour le libérer de toute sa souffrance. J'ignore si ça va avoir des répercutions sur Harry, ou sur ses amis. Mais je sais qu'en faisant ça, je lui donne une chance de se rattraper et de se souvenir qu'il n'a pas besoin d'être méchant pour savoir qu'il existe, qu'il a de la valeur, car au fond de lui, il n'en est clairement pas certain.
  Je finis par ranger totalement sa chambre avec ma baguette magique, lui donnant une meilleure mine et surtout une meilleure odeur. Je laisse sa fenêtre ouverte avant de refermer sa porte et redescendre, un sourire aux lèvres.

- Ne me dis pas que tu as modifié sa mémoire ? me lance Harry en essuyant la vaisselle.

- Si, dis-je fièrement. Et j'espère que ça l'aidera.

- Que ça l'aidera ?

  J'hoche de la tête et l'aide à ranger.

- Tu ne t'es jamais demandé pourquoi il te harcelait ? Pourquoi il était si méchant ?

- Parce que ses parents sont pareils ? ironise-t-il. J'ai du mal à croire que tu prennes sa défense ! Peut-être qu'il n'est pas le seul à être tombé amoureux, finalement, car l'Amour rend vraiment aveugle. Même pas, là, il t'a crevé les yeux.

- Harry... dis-je avec exaspération. Tu manques vraiment d'un esprit fin !

- Alors explique-moi ! s'emporte-t-il.

- Dudley a toujours eu un sentiment d'infériorité à cause de ses parents. C'est pour ça qu'il ne râckète que ceux qui sont plus faibles, plus petits, car lui-même se sent minuscule à l'intérieur ; sa mère le surnomme même mon canard adoré ! Et s'il harcèle les autres, c'est parce qu'il a un manque de confiance en lui. Car en pointant leurs faiblesses par peur que les gens voient les siennes, il est sûr de détourner suffisamment l'attention. Et s'il a en plus besoin de dominer les autres, c'est qu'il cherche à calmer sa souffrance.

  Harry me regarde en fronçant les sourcils, songeant à ce que je viens de dire. Soudain, mon estomac se tord en deux et je plaque une main sur ma bouche en filant jusqu'au lavabo, où je rends tout le repas copieux qu'on vient de manger. Trop copieux pour moi qui ai l'habitude de ne plus rien avaler à part une pomme verte et du thé noir au citron.

- Ça va, Mélody ? s'inquiète Harry en accourant vers moi, délaissant sa vaisselle pour m'aider en me tenant les cheveux.

  Je me tiens à la vasque, gémissant.

- Je crois que j'ai de bonnes raisons de dire que je suis anormale...

- Comment ça ? De quoi tu parles ?

- Le ministère... À cause de...

  Je n'ai le temps de finir, interrompue par une nouvelle remontée gastrique qui me vaut les larmes aux yeux de douleur ; c'est à chaque fois comme ça dès que je vomis. Je sens la main de Harry me caresser doucement le dos d'un geste réconfortant. Je finis par avoir vidé l'entierté de mon estomac et me mets à souffler pour reprendre une respiration normale.

- Ça va mieux ? me demande Harry.

- J'ai connu mieux...

  Il soupire gentiment en me donnant un bout d'essuie-tout et je m'essuie la bouche en grimaçant.

- Ew... Je déteste vomir, soupirai-je.

- En même temps, qui aime ça ?

  Je lui accorde un point et rince le lavabo, ainsi que ma bouche.

- Désolée que tu aies assisté à... ça...

- Ça arrive à tout le monde, m'assure-t-il en me lâchant les cheveux. Par contre, tu es la première à parler si franchement de Dudley.

- Parce que je sais ce que ça fait de se sentir inférieure, même si je n'ai jamais harcelé. C'est pour ça qu'à Poudlard, quand mon frère me cherchait, je n'avais aucune retenu à le frapper : c'était mon moyen de remettre ma carapace et de montrer qu'une fille pouvait faire mal. À l'inverse, Drago souffre beaucoup. Car il voit que tu es aimé de tout le monde et lui non. Il est simplement jaloux.

  J'achève sur un sourire qui a l'air de le faire réfléchir et on part dans sa chambre pour éviter que l'un des Dursley, qui ne serait pas assez achevé, nous entende parler.

- Alors... Je t'écoute, demande-moi tout ce que tu veux, dis-je alors qu'on s'asseoit sur son lit.

  Il semble d'abord pris au dépourvu et je l'encourage :

- Allez, je sais que tu n'attendais que ça. Vas-y, choisis ta question, n'importe laquelle, il faut bien commencer par quelque chose.

- Pourquoi... Pourquoi Dumbledore a-t-il tenu à tant me garder dans l'ignorance ? demande-t-il en s'efforçant sûrement d'adopter un ton détaché. Est-ce que tu as... heu... pris la peine de le lui demander ?

- Ça se résume au fait qu'il nous a simplement dit de ne rien te communiquer d'important dans les lettres que Hermione et Ron t'envoyaient, de peur que les hiboux soient interceptés. Et comme j'ai eu... plus ou moins de problèmes après la mort de Cedric, j'ai eu de la difficulté à reprendre du poil de la bête.

- Comment ça ? s'inquiète-t-il.

- Ça, par contre, Harry, je préfère garder ça pour moi.

  Je finis par tout lui expliquer dans les moindres détails, n'ommettant aucune information, délivrant le plus de choses que possible tout en évitant royalement toutes les questions qu'il a par rapport au ministère suite à ce qu'ils m'aient emmené. Je lui raconte comment Amy a changé, ce qu'est l'Ordre du Phénix, pourquoi je suis la seule à m'être dressée contre l'avis de Dumbledore, l'accident de Daniel... Il s'avère que ce passage me laisse les larmes aux yeux.

- ... il est maintenant dans le coma et je n'ai aucune solution pour l'en sortir...

  Ma voix tremble mais je garde au mieux mes sanglots qui essaient de sortir. Pleurer, c'est pour les faibles.
  Je souffle doucement, la respiration difficile, et Harry pose une main réconfortante sur mon épaule.

- Je... Je suis sûr que ça va aller.

- Oui, je sais... Le soucis est que c'est entièrement à cause de moi : j'ai été incapable de tuer Kristine avant et j'ai continuellement peur qu'elle s'en prenne à vous tous...

  Ne savant quoi répondre, Harry me fait un sourire conciliant et amorce un mouvement pour me serrer dans les bras mais je secoue négativement la tête.

- Non, tranchai-je en le regardant dans les yeux. Ne fais pas ça. Ne me prends pas dans tes bras, sinon je vais vraiment pleurer.

- Il y a quoi de mal à ça ?

- C'est faible et je ne suis pas sensée l'être, tu comprends ? Surtout pas avec tout ce qui se passe en ce moment.

  Il me regarde avec impuissance, savant pertinemment que rien ne me fera changer d'avis. Je continue de lui parler de l'Ordre et de ce qu'on y fait là-bas. En fait, je m'attendais à ce qu'il soit en colère, qu'il m'hurle dessus à cause du fait qu'il ait été laissé de côté, mais j'ai l'impression qu'il ne veut vraiment pas s'en prendre à moi pour rien.

- Merci pour m'avoir tout dit et d'avoir pensé à venir me voir, dit-il après plus d'une heure de discussion. Les autres, ça ne leur à pas déranger de me tenir à l'écart, ajoute-t-il avec amertume.

- Je pourrais te dire que ça ne sert à rien de leur en vouloir, mais tu en as toutes les raisons.

  Il a l'air soulagé que je dise ça.

- Au fait... Où vous vous trouvez, exactement ? Je pourrais venir avec toi ?

- Malheureusement non, dis-je, à son plus grand dam. Pour les deux, je ne peux te le dire. Mais crois-moi qu'ils viendront pour te chercher dans au maximum une à deux semaines, parce que je vais leur secouer le cocotier.

- Une à deux semaines ? répète-t-il, désespéré.

- Je sais, ça va être long, mais tu n'as pas d'autre choix d'attendre, soupirai-je avec embarra. Mais je te promets de faire mon maximum pour venir te voir en prétextant accepter mes tours de garde.

  Ce sujet là, par contre, a vraiment failli déchaîner sa plus grande haine, qu'on le surveille pour le protéger sans même le lui dire.
  Harry soupire et je regarde l'heure sur mon téléphone. Il nous reste encore une heure... Je laisse mon regard dérivé sur la fenêtre et esquisse un sourire.

- Ça te dirait de faire une promenade nocturne ?

  Il me regarde avec curiosité...

- Tu es vraiment sûre, Mélody ? demande-t-il en voyant la hauteur qu'il va avoir si jamais il tombe.

- Meuh oui... Tu me fais confiance, non ?

  En réalité, j'ai ouverte sa fenêtre en grand et y suis montée avant de tendre ma main vers mon meilleur ami, lui expliquant mon plan de voler dans les airs jusqu'au parc de Magnolia Crescent. L'ennui est que Harry, sans son balai volant, est vraiment un froussard.

- Tu as confiance en moi ? répètai-je plus sérieusement en le regardant dans les yeux.

  Il soupire, sidéré, mais accepte finalement. J'attrape sa main en entourant mon bras à son buste et nous propulse tous les deux dans les airs, mon don le rendant aussi léger qu'une plume. Il a un cri de fillette qui me fait pouffer de rire. Malgré la nuit noire, parsemée d'étoiles, et le vent qui m'ébouriffe agréablement les cheveux, je me guide aisément en volant jusqu'au parc, nous y posant doucement. Harry est tremblant comme une feuille malgré qu'il a un large sourire aux lèvres.

- Woaaa... C'était incroyable !

  Je rigole et on s'asseoit sur le même muret où je me trouvais avant que Dudley et sa bande n'essaient de me harceler.

- Du coup, pour Dudley, ce n'est pas Gordon qui lui a porté le cou ? dit justement Harry, alors que les lumières des lampadaires nous éclairent faiblement.

  Je souris, la tête baissée, et la relève en arborant un grand sourire.

- Aaah... Non, pouffai-je.

  Harry se met à rire et je lui demande :

- Comment tu as su ?

- Parce qu'il n'y a qu'une personne qui sait portée des coups aussi forts et tu étais justement là. Ensuite, Gordon a trop peur de Dudley pour le frapper. Et troisièmement ; la télévision que tu as brouillé exactement au même moment que le présentateur allait montrer la nouvelle « Bruce Lee ».

  Je ricane et passe une main dans mes cheveux, fière de moi.

- Je craque pour ce nouveau surnom, dis-je.

  On pouffe tous les deux de rire, mais nous arrêtons au même moment qu'un cri d'oiseau retentit. Nous sursautons et levons en même temps nos têtes pour apercevoir un faucon pèlerin descendre en rappel vers nous avant d'amortir en battant gracieusement des ailes, se posant sur la branche de l'arbre. C'est le même oiseau que tout à l'heure, sur le toit de la maison des Dursley. Des frissons me secouent l'échine quand je vois ses yeux ambrés être devenu d'un bleu cristallin et murmure, estomaquée :

- Tantine...

- Quoi ?

- Feur.

  J'ai un sourire qui s'étale sur mes lèvres alors que je baisse la tête, pouffant silencieusement. Et moi qui croyais qu'elle n'aurait plus de secret... Finalement, comme Daniel, c'est une Animagus.

- Inutile de te cacher sous cette forme, Maman, j'ai compris que c'était toi ! lançai-je.

  Sous l'étonnemment de Harry, et son choc potentiel, le faucon pèlerin, qui est descendue à terre, retrouve son apparence normale. Les cheveux blancs, une tenue de luxe entièrement blanche composée d'un pantalon droit taille haute et d'un blazer fermé et perlé de diamants sur le buste, des talons aiguilles Yves Saint Laurent avec des bijoux tout aussi luxueux et une Aura magnifique, c'est bien Éléona, ma mère adoptive (et ma tante biologique paternelle). Mais aujourd'hui, son visage exprime bien à quel point elle est désapprobatrice au fait que je sois aux côtés de Harry, dehors, en pleine nuit.

- Et heureusement, répond-elle en s'avançant vers nous.

  Je lui fais un grand sourire.

- Dis bonjour, Harry ! chantonnai-je.

  Mon meilleur ami, qui est toujours si stupéfait, se remet de ses états d'âme. Enfin à moitié.

- M... Madame Rogue ?

  Éléona se pince les lèvres, forçant un sourire...

- Bonjour, Harry, les explications viendront plus tard. Même si je crois que ce n'est plus nécessaire.

  ... et me regarder avec exaspération, amusement, fierté, mais surtout et en grand partie énervée, impuissante et tendant sur la signification « Elle va me disputer ».

- Quoi ? Au moins je vous ai épargné de l'énergie, dis-je fièrement.

- Ce n'est pas un sujet de plaisanterie, tranche-t-elle. Je t'ai fait confiance, nous t'avons tous fait confiance, et tu n'as pas tenu ta promesse.

- Techniquement, dis-je en levant un doigt, ce n'est pas moi la fautive. C'est de la faute de Dudley, c'est lui qui m'a invité chez lui et c'est là que j'ai croisé Harry. Donc, automatiquement, c'est le hasard qui a bien fait les choses !

  Je finis sur un sourire qui lui déplait fortement.

- Il n'y a jamais de hasard, et sûrement pas avec toi.

- Ose me dire qu'il y a des preuves !

- J'en compte au nombre de sept : le fait que ma Mélastenia ait disparu de ma table de chevet, que tu ne saches pas mentir au moment où tu as promis de ne pas aller voir Harry, que tu t'inventes une identité venue de Star Wars juste après avoir usé de tes compétences martiales sur cinq adolescents, et, pour finir, que tu glisses la dite Mélastenia dans les verres uniques des Dursley, avant d'aller leur modifier la mémoire pour changer les perdurations temporelles, qui ont subi un changement fréquentielle assez étonnant. Alors, oui, j'ai de forts doutes de croire que tu avais déjà prévu tout ça.

  Elle a dit ça d'une seule traite, me faisant esquisser un sourire alors que Harry semble vouloir se faire tout petit. J'ai remarqué que chaque fois qu'il voyait ma tante, il était très silencieux, comme si qu'elle l'intimidait énormément. Ce qui montre à quel point elle en jette. Sauf sur moi, puisque je sais qu'elle reste fière de ma ténacité.

- La dite Mélastenia ne te rend pas un fier service, et tu le sais, soupirai-je. Ensuite, pour ma défense, tu aurais aussi très bien pu m'arrêter depuis le début. Mais tu ne l'as pas fait. Pourquoi ? Réponse A : tu es très fière de tout ce que j'ai pu prévoir en seulement quelques heures. Réponse B : il n'y a pas eu de casses temporelles et tu conçois que j'ai aidé Dudley à être mieux dans sa peau. Et réponse C... Tu as raison sur toute la ligne, j'avais tout prévu, et en quoi c'est gênant ?

- Ce n'est pas gênant, c'est le fait que tu mentes et que cela commence à devenir une habitude.

- De toi à moi, je crois que tu n'as pas de leçon de morales à me donner sur le mensonge, Maman !

  Une étrange lueur passe dans ses yeux, mais ça ne retire en rien qu'elle semble se contrôler pour ne pas accepter sa colère et l'exposer au grand jour.

- Harry, donne-moi ta main, je te ramène chez toi, dit-elle.

- Pas avant que vous me disiez pourquoi vous refusez de tout me dire !

- Tu exagères, j'ai pris trois heures à t'expliquer pourquoi, m'exaspérai-je.

- Comme si une ne suffit pas, il faut en plus que tu fasses aussi des tiennes... soupire Tantine à Harry en se pinçant le début du nez, excédée.

- J'avais prévenue l'Ordre.

- Je me passerais de tes commentaires, Mélody, tranche-t-elle avant d'empoigner de force le bras de Harry en même temps que le mien.

  En moins de temps qu'il ne le faut pour le dire, nous voici à transplaner au 4, Privet Drive. Évidemment, Harry vomi et après lui avoir donné un anti-vomissement et lui avoir formellement interdit de sortir de chez lui jusqu'à demain, Tantine nous fait toutes les deux transplaner au 12, Squard Grimmaurd. Je pars silencieusement dans la cuisine me chercher ma bouteille de thé noir au citron qui est dans le « réfrigérateur » comme l'aime appeler les Moldus. Mais je ne la trouve pas.

- Est-ce ça que tu cherches ? me lance Éléona.

  Je relève ma tête du réfrigérateur qui fonctionne en fait grâce à la magie et le referme lorsque je remarque qu'elle a ma boisson dans les mains. Je souris et viens jusqu'à elle. Mais à peine ai-je tendu le bras pour la prendre qu'elle recule le sien vers elle, me regardant avec un air appuyé.

- Quoi ?

- Je ne veux plus que tu me mentes comme tu l'as fait.

  Je me mords la lèvre d'énervement et la foudroie du regard en expirant brièvement par le nez.

- Ça va durer encore longtemps ? lui lançai-je.

- Seulement jusqu'à ce que tu cesses de me mentir et surtout, de prendre la situation de Daniel pour la mettre dans tes mensonges de fausse identité. Tu n'as pas le droit de faire ça.

- Sur ce coup-là, je n'en suis pas fière, je l'avoue. Mais venant d'une personne qui garde pour elle la vérité sur presque tout la concernant, tu n'es pas la mieux placée pour m'en parler, persifflai-je. Mais ce n'est pas grave, de toute façon, j'ai l'habitude des secrets entre proches, il suffit amplement de voir comment toi et les autres refuser de parler de tout ça à Harry. Et encore une fois, c'est moi qui me charge de vos responsabilités ! ajoutai-je froidement en la contournant.

  Elle me retient aussitôt par le biceps, m'obligeant à me retourner vers elle. Ses yeux se plantent dans les miens et je vois bien que cette fois-ci, elle ne laissera pas passer.

- Qu'est-ce qui t'a pris de faire ça sans même m'en parler ?

- Pas besoin de t'en parler, tu le savais en acceptant.

- J'ai accepté parce que je te faisais confiance.

- Harry est mon meilleur ami, d'accord ? Tout comme toi tu as aidé Sirius alors qu'il était en cavale, moi, j'aide le mien lorsque tout le monde lui tourne le dos.

- On ne lui a pas tourné le dos, ne métamorphose pas les choses. Et ne me prends pas de haut comme tu le fais, tu as bien compris ?

  J'ai un rire méprisant.

- Pourtant c'est bien ce que toi et les autres adultes faites à longueur de temps.

- Je sais que c'est dur à accepter, mais tu as quinze ans, Mélody...

- Et alors ? Où étiez-vous, toi et les autres, quand Harry et moi avons empêché Voldemort de voler la Pierre philosophale ? Où étiez-vous quand on a dû tous les deux affronter un serpent géant qui transforme tout en statut, avec la peur aux entrailles que Ginny soit morte ? Où étiez-vous quand on a failli nous faire tuer à cause d'un tournoi idiot ? Et toi, principalement, où étais-tu lorsqu'on m'a torturé physiquement et mentalement, hum ? Je n'ai absolument rien à vous redevoir, à toi et les autres, si ce ne serait-ce que des remerciements pour m'avoir ouvert les yeux : je ne peux jamais compter que sur moi et mon don !

- C'est faux, et tu le sais très bien.

- C'est vrai, et tu ne vas pas me contredire là-dessus tout simplement pour essayer de remplir ton rôle de mère alors que tu restes ma tante, c'est toi-même qui me l'as dit !

  Je vois des larmes lui monter aux yeux et une lueur profondément blessée mais je n'en ai étrangement aucun remord, sentant déjà le feu prendre place autour de mes doigts et l'atmosphère monter en chaleur.

- Et, dernière question, où étais-tu quand les larbins de Kristine m'ont violé un par un, à six ans, lors d'un rituel satanique, et que je les ai tous brûlé dans mes propres flammes pour leurs actes ? crachai-je avec amertume.

  D'un coup brutal, je me défais de sa prise à mon bras, lui arrache ma bouteille des mains et m'en vais en coup de vent au dernier étage pour ensuite ouvrir la fenêtre. Dans un dernier élan de mon don, je me propulse dans les airs pour me poser sur le faîtage de la maison, là où je me recroqueville sur moi-même, le dos contre la pierre de la cheminée qui dépasse. Les poings serrés, une larme me coule seule à mon œil droit.
  Je sais que j'ai été blessante. Je sais que je lui ai fait mal. Mais j'ai trop de rancœur pour sentir une pointe de culpabilité.
  C'est une larme de rage qui vient de s'échouer sur ma joue. Une larme de rage et de douleur causée par mon seul souvenir de ce jour avec Kristine et ses autres larbins. Voilà ce que je refuse principalement d'avouer à tout le monde, même à Éléona et Daniel. Pour eux, comme pour Lucius et Narcissa, de ce que je leur ai raconté, ça n'a jamais été plus loin que les souffrances mentales. Mais en fait, c'est tout autre. Je me souviens... de la terreur irrationnelle que j'ai ressenti, des douleurs et des larmes qui se mélangeaient à mes hurlements et mes supplices d'arrêter que personne n'a jamais entendu à part ces connards d'inhumains, tandis que Kristine se délectait de la scène avec un verre de sang à la main... De cette sensation que jamais je n'effacerais de mon esprit : la saleté de mon corps autant que mon Âme, la non-confiance aux gens, de la peur du contact et du passage charnel avec quelqu'un d'autre... Tellement de choses à décrire qui ne pourraient pour autant pas qualifier cette abomination. Je ne pourrais même pas l'avouer de vive voix comme je l'ai faite devant Éléona il y a un instant. Je ne pourrais jamais le dire à George, ni aux autres. Pour la simple et bonne raison que cette époque est révolue. Cette époque où je vivais dans la terreur, l'horreur de tout ce que pouvait me faire et m'ordonner Kristine et l'insécurité cachée par un faux sourire. Tout ça est terminé depuis que j'ai vu Voldemort revenir, juste avant que je sois envoyée et torturée au ministère de la Magie. Car j'ai vite compris... j'ai tout de suite appris... qui j'étais réellement. Une Guerrière qui ne se laissera plus jamais marcher sur les pieds par quiconque, et encore moins les adultes qui croient savoir mieux que nous.
  Je suis celle que je suis, et tant pis si ça déplait. Tant pis si, après ce moment seule, George et Fred sont venus me voir sur le toit, étant tous les deux restés éveillés pour savoir si ça s'était bien passé, vu que je leur avais déjà tout dit de mon plan. Évidemment, je leur ai parlé de ma dispute avec ma tante. Je leur ai parlé du début jusqu'à la fin, évitant comme toujours les choses me concernant, ou mentant, comme j'en ai l'habitude lorsque je le veux. À eux-deux, ils arrivent à être un anti-stress incroyable...
  Et jamais je n'oublierais que leurs simples présences ont le don de me rassurer et me faire sentir un peu plus normale : à ce moment-là, je ne suis qu'une adolescente qui s'est disputée avec sa mère et qui en parle avec son petit-ami et son meilleur ami d'enfance.

Fiou ! Eh bah moi, je suis une auteur qui ne sait pas s'arrêter ! Non, franchement, 20 000 mots, les gars ! 20 000 ! J'ai vraiment un problème avec les chapitres trop longs mdr. Mais en vrai, j'avais trop envie d'écrire ce passage avec les Dursley, ça me trottait dans la tête depuis le début. Et Mélody et ses secrets... qu'elle dévoile légèrement à Tata Léo ! - ou Mama Léo, du coup.

Dites-moi ce que vous en avez pensé, ça me ferait grand plaisir de connaître vos avis sur cet immense chapitre que j'ai écrit en trois jours !

BYE MES POTTERHEADS

L'Auteure

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