Bon, on va parler de trucs qui fâchent, et même si on me reproche de taper encore sur les ereristes (en tout cas une certaine catégorie d'entre eux), je m'en fous. Cependant, je vais essayer de me montrer la plus diplomate possible, voire même maternelle autant que je le peux.
Commençons par les colporteurs de fausses informations (ce n'est qu'un échantillon des plus récents, mais sachez que des interventions du genre, j'en ai bouffées pas mal).
Les ereristes sont passés maîtres dans l'art de la désinformation. Ils utilisent plusieurs méthodes, principalement deux :
La déformation : "je prends une info officielle qui a rien à voir avec mon ship, ni avec le shipping en général, et je la fais passer aux yeux des naïfs pour une info qui soutient mon ship en la déformant. De toute façon, ils iront pas vérifier". On peut le voir avec le commentaire sur la confiance. La personne soutient qu'elle a lu cette info en rapport avec Eren et Livaï, alors qu'en fait ça concerne Erwin et Livaï. Et sans donner de source, évidemment. Ce sera toujours "je l'ai lu quelque part, mais je t'assure que c'est vrai". Soyons logique : si une telle information avait été donnée sur le ereri, croyez bien qu'elles auraient la source à disposition.
L'analyse fausse : les ereristes essaient souvent de se faire passer pour des as de l'analyse du manga, sauf que deux fois sur trois, elles disent des bêtises aisément démontables (les articles précédents l'ont déjà démontré). Exemple avec l'hystérique qui écrit en majuscules et qui gueule de fausses infos en croyant dur comme fer qu'elle dit vrai. Ces personnes affirment souvent avoir lu le manga ; comment peut-on l'avoir lu et ne pas avoir remarqué que Livaï frappait Eren plus d'une fois dans SnK, à moins d'avoir une mémoire sélective ? Mystère. Ajoutons à cela l'extrait de la très mauvaise lecture de l'arc de Shiganshina, totalement conditionnée par le fait d'être ereriste (et qui va à l'encontre de ce que le manga, Livaï et enfin Isayama ont dit sur le sujet). Une fois pour toutes : NON, Livaï n'a pas choisi Armin parce qu'il le pensait plus apte que Erwin ; ni pour faire plaisir à Eren ! Livaï dit lui-même que Armin ne remplacera pas Erwin, juste, ouvrez vos yeux ! Tout n'est pas interprétable à votre guise, y a des faits officiels dans le manga !
Dans les extraits en anglais, vous avez un peu le même type d'arguments, à savoir que Livaï et Erwin ne sont même pas au moins amis, qu'il y a plein d'arts officiels avec Livaï et Eren, que Livaï croise les jambes quand il s'assoit à côté d'Eren et que apparemment ça a un sens hyper pointu au Japon (???), que Livaï il regarde Eren des fois, et qu'il a pas obéi aux ordres d'Erwin en allant le sauver à la fin de la saison 2 (en omettant que ceci n'existe pas dans le manga). Le best of c'est l'argument de Eren Jaeger qui affirme que Livaï a privilégié le salut de l'Humanité au bonheur d'Erwin en le laissant mourir. Alors que s'il savait lire le manga, il aurait vu que Livaï associe justement le salut de l'Humanité à la survie d'Erwin, et qu'en laissant partir Erwin, c'était l'équivalent d'un fuck géant à l'humanité (et quand on voit la merde dans laquelle se trouvent nos héros, on peut pas le nier, et on peut légitimement penser que Erwin aurait pu régler des tas de problèmes). En laissant mourir Erwin, Livaï nous emmerde tous et dit clairement : "le salut de l'humanité passe après la santé mentale et physique d'Erwin. On l'a assez fait souffrir, on l'a assez épuisé, on peut plus le sauver autrement qu'en lui permettant de partir. Et si ça entraîne notre défaite, je m'en carre." C'est concrètement ce que Livaï dit en peu de mots dans le texte. Mais ça, les ereristes ne le voient pas car ils ne comprennent pas Livaï ; ils n'analysent qu'à travers le prisme de leurs propres désirs.
Conclusion de cette première partie : que vous soyez ereriste ou non, ne croyez jamais sur parole ce qu'un ereriste affirme sans être allé vérifier ; et s'il n'y a rien sur le net qui le corrobore, il est d'usage de douter fortement, voire de rejeter en bloc. Ils peuvent donner l'illusion de s'y connaître mais même quand ils affirment lire le manga, ils sortent des énormités longues comme le bras du Colossal. Même moi je fais attention à ce qui se dit sur mon ship, et je n'affirme rien qui ne soit prouvé ou au moins vérifiable par une source. Donc au pire, renseignez-vous auprès des eruristes, nous sommes les champions de l'analyse de SnK et on a toutes nos sources presque sous la main^^
Seconde partie, je vais revenir sur un sujet déjà abordé, mais qui me paraît trop important pour ne pas en parler de façon plus précise : le viol dans le ereri et ce que les ereristes en pensent/disent.
Sachez que ce genre de propos n'est pas rare (et que le type de fanfics qu'on y trouve associé ne l'est pas non plus).
On va me dire d'emblée "le viol, c'est pas que dans le ereri", et je l'entends bien. On le trouve dans beaucoup d'autres ships, de fanfictions, ou de fictions tout court sans rapport avec des ships, et même si c'est pas plus rassurant, on est tous au courant. Seulement, en ce qui concerne les ships SnK, aucun autre fandom que le ereri ne concentre un tel nombre de personnes (souvent très jeunes) prêtes à consommer les fictions qui glorifient/romantisent/banalisent le viol, et son cortège habituel d'abus en tous genres. Je ne vais pas revenir sur les raisons qui font que le ereri rassemble davantage ce genre de personnes que d'autres ships (la jeunesse de la fanbase, la toxicité de la dynamique Eren/Livaï qui sert de base à l'imagination, l'influence néfaste des mangas yaoi sur des lecteurs trop jeunes et influençables, sans recul ni expérience de la romance et du sexe sains, le tout saupoudré de parents absents qui se foutent royal de ce que leurs enfants produisent ou consomment sur le net, etc). Tout ça, on le sait, ou on le devine. Vous savez à quel point ce type de commentaire sous ce type d'écrit me met hors de moi, donc je vais zapper ma colère pour aller à la conclusion, en abordant le problème de façon plus générale.
Il faut bien comprendre que tant que ce type de fanfiction existera en grand nombre, sera lu, acclamé et réclamé par des lecteurs, il ne risquera pas de se faire rare. Les ereristes entretiennent eux-mêmes l'image négative de leur ship en soutenant ce genre d'écrit. Et les quelques ereristes un peu responsables qui n'aiment pas que leur ship renvoie cette image ont une toute petite voix. J'aimerai qu'elle soit plus forte, cette voix. Si vous ne voulez pas que votre ship continue d'être déconsidéré même dans les AU, il est peut-être temps d'y remédier. De boycotter les écrits qui utilisent ces sujets-là pour en faire des divertissements sexuels qui devraient mettre mal à l'aise n'importe qui possédant un semblant de morale. Ecrivez des AU où les rapports sont sains, amicaux, ou réellement amoureux, sans recourir à tous ces stéréotypes qui n'ont pour résultat que pousser des jeunes à alimenter la culture du viol. Je vous assure qu'on peut prendre son pied en lisant du sexe consensuel entre adultes (ou entre ados) consentants, sisi. Y a rien qui me fait plus bander (excusez de l'expression, je suis pas outillée pour ça, mais vous voyez ce que je veux dire) que de voir deux personnes (ok, surtout deux mâles, j'avoue) qui s'envoient en l'air dans la joie et la bonne humeur, avec un plaisir partagé, et de l'amour aussi pourquoi pas. Et ça n'exclue pas la fantaisie ! Même des trucs aussi chelou que le BDSM peuvent rentrer dans le cadre de rapports consentis et amoureux si on les décrits bien ! J'ai l'impression que les jeunes essaient d'écrire des choses les plus trashs possibles parce qu'ils imaginent que ça les rend différents, rebelles ou autres choses. Ils jouent juste à faire les grands et imaginent qu'être adulte c'est aimer ce genre de chose. Ca ne vous rend pas différents. Beaucoup écrivent les mêmes choses aussi ridicules et insipides par leur naïveté. Ce qui serait réellement rebelle et anti-conformiste, ce serait d'écrire des dynamiques saines et réalistes, avec leur lot de déboires et de difficultés, tout en prônant de bonnes valeurs derrière à travers les épreuves subies. Oui, ça se serait rebelle car malheureusement, on en voit de moins en moins.
On entend souvent des évidences du genre "c'est pas parce que je lis un roman policier que je vais avoir envie de tuer des gens", ou "c'est pas parce que je regarde des films d'horreur que j'aime voir des gens se faire massacrer". Bien évidemment, car tout dépend de l'intention de l'auteur. Qui a déjà lu un roman policier où le tueur (s'il y en a un) est dépeint comme une personne positive à considérer comme un héros, et ses meurtres comme des actes héroïques, comme des divertissements sexuels décrits comme tels au lecteur ? Pas grand monde, j'imagine, en tout cas pas moi, et j'en ai lus pas mal quand même. De même dans un film d'horreur, on peut être fasciné par ce qu'on voit, mais on est surtout effrayés, on a des frissons, du dégoût, et à aucun moment on aimerait vivre ce que vivent les personnages. A aucun moment on en arrive à affirmer "moi, j'aurai adoré". Je suis moi-même une grande fan de Silent Hill, qui est un univers sombre et macabre, mais à aucun moment je n'aimerai vivre dans cet univers. Ce que vivent ou commettent les personnages peut me paraître triste, dégoûtant, émouvant ou effrayant, mais à aucun moment cela ne m'excite sexuellement. Parce qu'il n'y a rien d'excitant, et l'univers de Silent Hill a été construit pour nous faire ressentir ça. Les crimes sexuels sont tout aussi peu excitants que les meurtres des romans policiers ou des films d'horreur. Cela devrait engendrer la stupeur, le dégoût, car c'est ainsi que des personnes normalement constituées devraient réagir. Vous vous êtes touchés sur la scène où Armin se fait tripoter par le pervers dans le manga ? J'espère que non ! Et bien lire une scène de viol, avec Livaï ou non, devrait vous procurer le même dégoût, parce que c'est la même chose ! Un viol ne devient pas acceptable et désirable sous prétexte que le coupable est votre sex-symbol ! Imaginez ce que ça donnerait IRL, juste une minute...
"Oooh cette nana exagère, je suis sûre qu'elle a aimé ! Moi, j'aurais adoré ! Et puis si c'est Monsieur XXX, ça passe !"
Vous voyez où ça mène ? A la culture du viol, oui. Et qu'il s'agisse ici de personnages de fiction ou de personnes réelles n'est pas le plus important, c'est le cheminement de pensée qui mène à ce raisonnement qui est problématique. Car tout le bashing que doivent subir les victimes de la part des autres, de ceux qui jugent, ne vient pas du vécu des basheurs ; mais de préjugés, de schémas mentaux inculqués par leur éducation, mais aussi par tout leur environnement, de choses qu'ils ont vues, lues, entendues, etc. La pop culture y contribue. Quand on s'abreuve sans arrêt de textes où le viol est banalisé et réduit à un simple jeu sexuel où la victime n'est plus victime mais quand même un peu consentante "parcequemoiçamexcitedebaiseraveccetypecommentellepeutseplaindrelagourde", on finit par y croire réellement et le sens moral est anesthésié, de même que s'abreuver au quotidien d'hyper-violence finit par rendre insensible à la violence réelle. Tout est une question de dosage et de recul. Et aussi d'âge. Quand on est jeune, on veut tout en excès, très vite, très facilement ; on est moins armé pour faire preuve de recul et de retenue sur ce qu'on consomme (oui, les enfants, votre cerveau est encore en cours de fabrication, donc c'est normal) que des adultes avec du vécu et de l'expérience.
(Attention, je ne dis pas qu'il faut croire tous les plaignants sur parole ! Il existe des personnes prêtes à accuser des hommes de viol pour des tas de raisons alors que le rapport était consenti. Je ne cautionne pas ce comportement ! Être violé peut détruire une vie, mais être accusé à tort le peut également ! On ne peut pas dire que finalement le rapport était peut-être pas consensuel parce qu'on regrette ou parce que monsieur a rompu. Si vous étiez d'accord pour passer à l'acte au moment où c'est arrivé, si vous avez donné votre consentement, alors y a pas de viol ! Faut se responsabiliser aussi ! Et aussi arrêter de décrédibiliser les vraies victimes ! )
Un viol est un crime. Dans la réalité et dans la fiction. Et il n'est pas réservé aux femmes, les hommes aussi se font violer, par d'autres hommes essentiellement, mais aussi par des femmes.
Aborder des sujets sombres ou tabous dans des fictions n'est pas interdit, au contraire, cela fait partie de la vie et on doit pouvoir les utiliser dans nos créations. Je le fais aussi. Mais il faut le faire bien. Transformer un viol en divertissement sexuel destiné à faire ressentir des sensations de plaisir aux lecteurs, c'est de la mauvaise écriture. Cela veut dire que vous ne savez pas de quoi vous parlez. Et je veux pas entendre l'argument du "j'ai moi aussi été abusé, je me sers de ça pour faire face". On l'entend constamment cet argument et s'en est pas un. Des témoignages écrits de gens qui ont vécu des choses horribles, j'en ai lu aussi beaucoup, et aucun ne ressemblait de près ou de loin à ce qui se trouve dans les fanfictions dont je parle. Témoigner pour essayer de changer les esprits, de mettre en garde, se soigner d'un traumatisme, c'est tout à fait bénéfique et là on a affaire à de l'écriture thérapeutique. Mais aucun thérapeute ne vous conseillera de vous vautrer dans l'écriture ou la lecture de textes faisant passer le crime subi pour un truc sans importance, niant l'impact émotionnel traumatique, et niant aussi l'aspect criminel en tentant de le faire passer pour un acte d'amour ou un jeu sexuel excitant. Aucun. Et si vous pensez vous soigner en faisant ça, vous vous trompez ; vous ne faites que réitérer votre traumatisme encore et encore en niant votre statut de victime ; or se reconnaître comme victime en affrontant le crime en face, tel qu'il est, c'est le premier pas à faire vers la guérison, et c'est pas en niant l'aspect criminel du viol qu'on y arrive. On ne soigne pas un alcoolique qui veut s'en sortir en le faisant boire, ni un toxicomane qui veut arrêter en le faisant fumer. C'est juste la base, et y a pas besoin d'être médecin pour le savoir. Ajoutons à cela que les survivants sont en fait assez rares à écrire ce genre de chose dans ce but, et on en a fini avec cet argument.
Il n'y a pas de crime de pensée. Si vous avez des fantasmes, c'est votre droit, on en a tous. Certains sont communs et même sains, d'autres plus inavouables. Et dans l'absolu, c'est pas dramatique. La nature humaine est ainsi faite, on ne contrôle pas toujours ce qui nous fait réagir sexuellement, surtout quand on est ado et qu'on a toutes ces hormones qui nous chatouillent de partout. Il n'est pas nécessaire de culpabiliser pour ce que vous ressentez. Ce qui est dans votre tête vous appartient et tant que ça y reste, ça ne regarde personne. Mais à partir du moment où vous l'exprimez en public, ce n'est plus votre vie privée. Quand vous décidez de publier un texte, vous attendez qu'on vous lise. Or les critiques viennent avec la lecture. C'est votre choix d'exposer vos fantasmes en public, et à ce titre, il faut assumer qu'on vous dise ce qu'on en pense. Que vous fantasmiez de vous faire violer par Livaï, tant que c'est dans votre tête, on s'en fout ; mais traduit en fanfiction, ça devient plus qu'une pensée. Des gens peuvent vous lire, et considérer que le viol est donc une chose que vous aimez et plébiscitez IRL. Tous les fantasmes ne sont pas de bons supports d'écriture ; très peu le sont en vérité (suffit de voir Twilight) lol Et dans l'absolu, on ne connaît pas toujours la personne qui écrit (ou qui nous lit). Elle peut se présenter comme "Amandine, 14 ans" et en fait de l'autre côté on a "Marc Dutroux, 55 ans". Vous voyez où je veux en venir ? Vous ne savez pas qui vous lit, qui écrit sur internet. Alors avant de clamer votre excitation de voir Livaï violer Eren, essayez au moins de penser à ça. Et qu'on ne me sorte pas le sempiternel "et la liberté d'expression alors ?!" Quand on se rend compte que n'importe qui, y compris des prédateurs, peuvent tomber sur un texte relatant du porno trash, écrit (souvent mal) par une ado de 13 ans, on se dit très simplement que c'est pas une histoire de liberté d'expression ou de création mais un problème de société.
Ensuite, la fanfiction est un média bien plus consommé que vous ne le croyez. Ne pensez pas que vos écrits n'ont pas d'impact parce qu'ils sont moins lus que des fictions populaires et célèbres (à titre d'information, la fanfiction dont sont issus les commentaires de mes captures d'écran comptabilisait plus de 31 000 vues et plus de 1500 votes, cela ne me paraît pas peu). Car pensez un peu à ça : les fanfictions sont gratuites et accessibles en un clic. Elles sont a priori plus accessibles qu'un film ou un livre, qui eux sont payants, et peuvent être consommées plus discrètement à l'insu des parents. Il y a même une proportion non négligeable de jeunes qui consomment plus de fanfictions que de romans ou de BD (une bonne partie ne lit même pas les oeuvres originales dont sont tirées les textes qu'ils lisent) ! Ne minimisez pas les fanfictions comme vecteurs de stéréotypes nuisibles et toxiques. La proportion de jeunes qui forment leurs goûts en matière de sexe via le porno et les fanfictions est sans doute considérable. J'admets ne pas avoir de chiffres, car il n'y a pas d'étude à ma connaissance sur ce sujet, mais quand on évolue comme moi depuis environ 20 ans dans les fandoms, on s'en rend compte.
Pour finir, la fiction ne repose pas sur du vide. Elle modèle une bonne partie de la société et de notre inconscient collectif. Elle a une influence sur notre réalité, et nous, qui sommes tous des consommateurs acharnés de fictions sous toutes les formes, nous le savons même si on aime bien le minimiser. Aussi l'argument du "c'est juste de la fiction" est particulièrement dangereux. Le marquis de sade écrivait de la fiction bien trash, ça l'empêchait pas d'être aussi un délinquant sexuel. Combien de fictions populaires (50 nuances de Grey, Twilight, ou Game of Throne pour ne citer que ceux-là) se sont fait critiquer pour leur morale douteuse et les stéréotypes qu'ils véhiculent ? Ce n'est pas le fait de bigots puritains qui veulent un retour à la pureté et à l'ordre moral, non ; en tout cas, je ne suis pas de ceux-là lol Vous viendrait-il à l'idée d'applaudir des deux mains une fiction mettant en scène un Hitler fantasmé et glorifié comme un héros, et les juifs montrés comme de vils monstres, tout ceci dans un contexte de fiction différent de la réalité ? Ou vous viendrait-il à l'idée de féliciter une fiction tentant de démontrer qu'un homme qui bat sa femme est le mari idéal ? Non, n'est-ce pas. Cela vous paraît évident. Pourtant, ce serait de la fiction là aussi. Ca l'est tout autant en ce qui concerne les crimes sexuels. Que les personnages soient inspirés de la réalité ou totalement imaginaires, originaux ou tirés de mangas, de films ou de jeux vidéos, ils sont, dans le contexte de fiction dans lequel ils évoluent, victimes de crimes. Des crimes réels transposés dans de la fiction en somme (parce que oui, le viol c'est pas de la fiction, ça arrive partout dans le monde, tous les jours, toutes les heures et toutes les minutes). Si vous êtes logiques avec vous-mêmes, et que vous êtes réellement contre ses crimes IRL, ne les cautionnez pas dans la fiction. Car tout est lié, les frontières ne sont pas fermées.
De plus, comme le dit ackbang, eruriste de son état, les personnages de fiction nous ont été offerts par des auteurs de talents. Le moins que l'on puisse faire c'est de les respecter un minimum. On peut les transformer, les adapter, oui, s'amuser un peu avec, mais en gardant tout de même ce respect. Qu'il s'agisse des bad guys ou des "gentils" d'ailleurs. Il y a bien assez de bad guys qui sont assez noircis canoniquement dans les oeuvres de fictions que nous aimons pour les utiliser eux, au lieu des autres, pour perpétrer des crimes. Faire commettre un tel crime comme le viol à Livaï, sans au moins donner une explication valable à cet acte autre que "ça m'excite de le voir violer Eren", c'est ne pas respecter les personnages d'Isayama. C'est même les détester. Et en admettant que Isayama s'exprime un jour sur ce genre d'écrit, je suis pas sûr qu'il dira qu'il apprécie. Pour cela, laissons parler les avocats de J.K. Rowling qui expliquent très exactement ce qu'elle en pense (désolée, c'est écrit en tout petit et je peux pas grossir mais si vous voulez le lien, demandez) :
J. K. Rowling est pour la fanfiction, elle est très heureuse que son oeuvre inspire les gens de façon positive, qu'elle pousse à la créativité. Mais elle ne s'attendait pas à ce que son oeuvre donne naissance au fandom sans doute le plus pourri par la pornographie de l'histoire de la pop culture. Et cela la dérange. Le fandom HP est l'antre de tout ce qui se fait de plus ignoble en matière de trash porn (ce qui n'empêche pas qu'on peut aussi y trouver de bonnes fanfics). Ces gens ne sont pas des fans, ils détruisent ni plus ni moins ce qu'elle a créé. Et il n'y a pas lieu de croire que Isayama penserait autrement. En tant qu'auteur, on tient un minimum à l'intégrité de nos créations. On veut que les fans lui rendent hommage, pas qu'ils lui crachent dessus et s'en servent de support pour leurs fantasmes déviants. Pensez-y la prochaine fois que vous lirez du trash porn ereri avec viol, MPreg, drogue, mutilation et suicide, et demandez-vous si ce que vous lisez fait honneur à la série (bien que je me doute que beaucoup de gens qui se disent fans de SnK parce qu'ils lisent des fanfics s'en carrent en fait pas mal, de SnK). Respectez les auteurs et leurs oeuvres ! Ils sont déjà bien sympas de nous autoriser à écrire des fanfictions, rappelez-vous de ça, merde !
Petit rajout sur cet article ! C'est un truc dont j'avais déjà discuté avec un eruriste sur tumblr mais puisque j'ai un exemple concret, on va en parler.
Les ereristes (et les jeunes fangirls consommant du yaoi de manière générale) ont une indignation sélective quand il s'agit d'abus sexuels ou de ships avec un grand écart d'âge (qui est plus propice aux abus donc de fait). Cela est dû au fait que le yaoi met très en avant le cliché du jeune uke qui se fait b***** par le seme plus âgé (que le rapport soit consenti ou non) et que c'est un cliché tellement intégré dans leur esprit que ça leur pose plus de problème. Au contraire, elles kiffent. Il s'agit ici du même phénomène qui fait dire à pas mal d'hommes qu'ils trouvent le lesbianisme tolérable mais pas l'homosexualité masculine. En clair, on fait passer son goût personnel comme un juge moral. Ces hommes fantasment sur les lesbiennes, donc ils trouvent rien à redire quand ils voient deux nanas qui se broutent le minou (passez-moi l'expression), alors que deux hommes qui couchent ensemble, c'est pas bien, voir c'est le mal absolu. La personne ici a le même raisonnement : je fantasme sur les couples gays dans les stéréotypes yaoi, j'adore ça, donc je trouve ça acceptable quand c'est un garçon, ça m'excite, mais pas avec des filles, car ça m'excite pas. Quand vous discutez avec eux et que vous demandez des explications, on vous servira toujours le traditionnel "nan mais dans la réalité, je trouve ça mal dans les deux cas, mais là on parle d'un anime, donc on s'en fout, on pense ce qu'on veut". Ou comment essayer de se rattraper aux branches... Ou alors le sempiternel "c'est peut-être de la pédophilie mais dans les fanfics que je lis, ils sont consentants". Indépendamment du fait que les termes pédophilie et consentement ne vont pas ensemble dans la même phrase, une fanfic qui voudrait vous faire avaler ce genre de couleuvres est juste mal écrite. Sans compter qu'invariablement, en allant vérifier les listes de lecture de ces personnes, vous vous rendez compte que les fics qui y sont rangées sont loin de dépeindre des relations toujours consensuelles...
J'aurais pu continuer à parler de ce sujet qui me tient à coeur encore longtemps (et il y a encore beaucoup à dire), mais on va arrêter là. Vous pouvez en discuter dans les commentaires évidemment. J'ai écrit cet article car il y a des choses que j'aimerai ne plus lire, des crimes, fictionnels ou pas, que j'aimerai ne plus voir banalisés. J'aimerai que la jeunesse puisse développer un imaginaire sexuel plus positif et sain, car ils sont de futurs adultes. J'aimerai que les fandoms soient un espace plus sécurisant pour tout le monde, et que les ships soient des vecteurs de positivité et des exemples de rapport un minimum sains, car après tout, un ship, c'est l'amour. Je ne me fais pas d'illusion, je sais que mon témoignage ne changera pas le monde, mais si les quelques personnes qui en sont là dans leur vie pouvaient au moins arriver à s'interroger sur elles-mêmes après avoir lu tout ce pavé, j'aurai pas perdu mon temps.