j'enfilais mon gros pull
complètement déformé
couleur rose pastel
et je me suis mise à courir.
je courais,
j'essayais de slalomer entre
les gouttes d'eau.
stupide temps lunatique,
il a l'air encore plus lunatique
que moi
-je ne sais toujours pas à
l'heure actuelle si cela
est censé être rassurant-.
puis c'est stupide
d'essayer d'éviter autant d'eau
quand il pleut des cordes.
d'ailleurs,
il pleut des cordes,
est-ce-que c'est une
invitation pour mes pensées lugubres ?
bof.
je m'arrêtais d'un coup
me demandant pourquoi
je courrais ?
puis j'ai haussé les épaules.
après tout,
comme orelsan a dit dans
un épisode de Bloqué
«par exemple des fois freud il faisait
un foot ça ne signifiait rien tu vois ».
alors, je me remettais à courir.
puis je me suis arrêtée une
nouvelle fois 50 mètres après.
non,
pas pour réfléchir cette fois-ci,
juste le combo cigarettes
et course à pied
n'est jamais bon.
j'avais l'impression que je venais
de parcourir paris-marseille
à la vitesse de flash
-sauf que moi, je n'avais pas de costume rouge.
juste un vieux jogging douteux et
un pull deux fois trop grand à l'odeur de lavande-.
quelle merveilleuse idée de courir
en hiver,
sous la pluie,
avec comme compagnon de course
un ouragan.
dame nature,
oh,
un peu de respect.
vu ma tête j'ai
bien vu que tu ne m'appréciais pas
mais là
quand même.
des bourrasques de vent en pleine tronche,
je ne suis pas une éolienne moi.
puis je regardais autour de moi.
ce soir, mon corps est parmi vous mais mon esprit est ailleurs
quand il a ce genre de rendez-vous, il ne me calcule pas
il sera peut-être de retour en moi d'ici...
je coupais violemment la chanson.
faut que j'arrête d'écouter des musiques
aussi déprimantes et
de me morfondre sur ma tristesse,
car là j'ai qu'une envie,
me jeter sous les roues du vélo
qui vient de passer.
-ne sous-estimez jamais le danger du vélo-
je veux bien que les artistes aux âmes perdus
fassent les plus belles choses,
mais là,
ce n'est pas le moment hein.
puis,
c'est quoi ce texte sérieusement ?!
il n'a ni queue-ni tête.
puis je me suis assise sur le trottoir,
complètement pensive.
reproduisant la statue
'le penseur'
mode fille désespérée du XXIe siècle.
qu'est-ce-qui n'avait pas de queue,
ni de tête ?
puis,
après mainte et mainte réflexion
j'en ai déduit que c'était
une mante religieuse mâle
après le coïte.
comme quoi,
mes cours de biologie m'ont servi.
plutôt satisfaite de ma réflexion,
je me relevais
et marchais direction ma maison.
-de toute manière,
j'étais à même pas un kilomètre.
c'est peut-être à ça que servent les
cours de sport finalement-.
alors,
ouais ce texte est une mante religieuse
qui a succombé à ses envies sexuelles,
pas de poésie,
pas de tristesse caché derrière chacun
de mes mots,
ni même d'appels à l'aide cachés,
rien de tout ça,
juste un fil rouge qui relie des pensées
complètement bordéliques qui
volaient dans ma tête à cause du vent.
puis,
c'est cool aussi de coudre ses pensées
même si elles ne sont pas déprimantes,
ça a juste moins de gueules.
bon ok,
ça ne ressemble à rien
mais on ne va pas s'en plaindre hein.
dites-vous,
que quelque part dans ce monde,
une mante religieuse se fait arracher
sa tête par sa copine.
-si cela ne vous fait pas relativiser
alors,
je ne sais plus quoi faire pour vous.-