La Molaire du Zombie

By LauraScala

71.7K 9.6K 626

Dante Thurston a tout : l'argent, la beauté, l'intelligence... Et une balle dans la tête. Hélène venait juste... More

Prologue
Chapitre 1: Le Testament
Chapitre 2: Hantise
Chapitre 3 : Mort de Garde
Chapitre 4 : Fantasme
Chapitre 5 : Gâchette Fleurie
Chapitre 6 : Chasseurs et Vampires
Chapitre 7 : Epis de maïs
Chapitre 8 : Vision de rêve
Chapitre 10 : Chéri !?
Chapitre 11 : Une cave dans le noir
Chapitre 12 : Telle une fiente
Chapitre 13 : Châtiment
Chapitre 14 : Frustration
Chapitre 15 : Fantôme-chercheur
Chapitre 16 : Négociation
Epilogue
C'est la fin!

Chapitre 9 : Colère Fantomatique

3.4K 489 18
By LauraScala

C’est de cette façon que trente minutes plus tard, fâchés, nous nous retrouvâmes dans une foule de vampires surexcités. Tous vêtus de costumes impeccables –même Jason avait quitté son attirail taché de peinture « spécial action sanglante »-, tous lorgnaient Dante comme des affamés un buffet à volonté. 

Dans une grande salle de balle, mon amant se positionna au milieu d’une grande fresque sur le sol, auprès d’Elwis. Je restais en retrait, occupée à observer tous ces gens, quelque peu dubitative. Cela ressemblait à une grande cérémonie.

L’avenir des vampires était-il si sombre, pour qu’ils souhaitent à ce point voler les dons de Dante par son sang ?

Ce devait être le cas, car Elwis fit un grand discours enflammé. Dante, lui, ne me quittait pas de ses yeux bleus. Impassibles, pourtant terriblement accusateurs. Je le lui rendis, en tentant de juguler mes souvenirs. Mais le monologue du chef des Blader était trop long, ils revenaient au galop sur le devant de la scène.

Dante avait été mon voisin durant des années. Jusqu’à ce que je parte faire mes études à Rennes, en fait. Lui, il était resté à La Garde pour devenir informaticien.

Nous étions très soudés. Mon père me forçant à m’entrainer à cause de ses délires paranoïaques, Dante venait souvent me rejoindre. Pour me soutenir dans ces entraînements de fous, pour me réconforter après mon retour de trois jours dans la neige à chasser le sanglier avec un coutelât. Nous étions allés à la même école primaire, au même collège, même lycée.

Puis, l'année de mes seize ans, quelque chose avait fait basculer notre relation.

-Miranda, approchez-vous ! tonna Elwis.

Une femme plantureuse se détacha du reste des vampires, pour s’approcher en roulant des fesses de mon ex-petit ami.

Ex… La première fois que nous étions sortis ensemble, c’était lors de mes seize ans. Cela était arrivé par surprise, en fait. N’ayant jamais eu un physique de top model, j’étais souvent l’objet des brimades des écervelées anorexiques de ma classe. Les cours de sports étaient terribles pour moi, car personne ne me voulait dans son équipe. Aussi, un soir après cette épreuve, j’étais rentrée en pleurs. Enfermée dans ma chambre, je m’étais regardée nue dans la glace, m’était détestée pour ce que j’étais. Ma mère avait frappé à ma porte. Furieuse, j’avais ouvert telle une furie, en larmes.

« -Pourquoi suis-je née aussi laide, maman !?! »

Sauf que devant moi c’était tenu Dante, seize ans, ses yeux manquant jaillir de leurs orbites. Mortifiée de m’être laissée voir nue, j’avais claqué la porte, bien décidée à ne plus jamais sortir de ma vie… Sauf qu’il avait rouvert la seconde suivante, m’avait pris le visage dans ses grandes mains, pour me dire « Tu n’es pas laide, Hélène. Tu es la femme la plus belle au monde ». Il avait alors fait taire mes protestations d’un baiser passionné.

C’est ainsi que nous avions commencé à sortir ensemble.

-Je vais te faire vibrer, murmura la vampire Miranda en caressant le cou de Dante.

Il ne lui accorda pas un regard. Stoïque, il me fixait toujours. Quand elle se dressa sur la pointe des pieds pour embrasser sa gorge, je fronçai les sourcils.

Bon. D’accord. J’avais quitté Dante deux ans après pour partir faire mes études. Cela c’était fait d’un commun accord. Puis j’étais revenu pour les vacances de Noël, avec un nouveau petit copain. Au cours d’une fête pour revoir mes amis, je m’étais retrouvée face à Dante, lui aussi en couple. Tout c’était bien passé. Dans la soirée, nous nous étions croisés dans la salle de bain. Nos couples respectifs furent brisés, car nous avions été surpris en pleine action. Nous nous étions remis ensemble. Cela avait duré trois semaines. Puis le schéma c’était reproduit des dizaines de fois.

De par notre simple proximité, nous étions incapables de penser à quelqu'un d'autre.

Tous retinrent leur souffle quand la vampiresse ouvrit la bouche, dévoilant des crocs saillants, une certaine excitation venant électrifier l’air. Une boule se forma dans mon estomac, une vague de jalousie me coupa la respiration. Un demi-sourire étira les lèvres de Dante, à l’instant même où ma colère explosait.

-N’approche pas tes sales dents de mon homme !

Les crocs claquèrent à une millimètre de la gorge de mon amant, qui venait de stopper la tête de la vampiresse. Il la repoussa sans grand ménagement, pour fendre la foule dans ma direction. Je lui sautais dessus, pour le soumettre à un baiser de propriétaire, sous le regard de toutes ces greluches en chaleur. Il était à moi ! Personne ne ferait de près ou de loin quelque chose de sexuel avec lui, même si cela consistait à lui sucer le sang !

-Pari gagné, haleta Dante en rompant notre baiser.

-Je te déteste, grommelai-je, sans le lâcher pour autant.

-Comment osez-vous interrompre la cérémonie !?! rugit Elwis.

Sa fureur se communiqua à tous ses sous-fifres. Il marcha sur nous, les poings serrés, prêt à se battre. Mon vampire me serra contre le lui, décidé à me protéger de cette foule assoiffée de son sang.

-Cette cérémonie n’a rien de logique, lança-t-il calmement. Si je dois me faire mordre par tous les vampires des lieux, je serais mort rapidement.

-Sottise ! Emparez-vous d’eux !

-Je m’occupe de la fille, susurra Jason, sa langue venant lécher ses crocs.

-Touche-la et je t’arrache les bijoux de famille, gronda Dante.

-Heu… Attendez…

Je ne le sentais pas, mais pas du tout, là ! La brusque colère de Thurston enflammait encore plus celle de cette bande de cinglés, prêts à nous saigner tous les deux ! Agrippée à mon amant, je cherchais désespérément une solution, en dépit du cercle de crocs et de poings se refermant un peu plus sur nous. Rien ne me vint. Nous allions mourir dépecés…

-Calmez-vous, bande de crétins dégénérés !

Le rugissement statufia toute l’assemblée, moi y compris. Je regardais Dante, aussi surpris que nous. Pourtant, c’était bien sa voix qui venait de raisonner.

-Vous ressemblez à ces zombies sans cervelle ! Assez stupides pour croire en une vaine légende obsolète ! Ouvrez les yeux, sales gueux, et fichez la paix à mon fils !

Un glapissement resta bloqué dans ma gorge, mes ongles s’enfoncèrent profondément dans l’épaule de Dante. Car, faisant barrage entre nous et les fous, venait d’apparaitre des dizaines de fantômes, les poings sur les hanches, la mine excédée… avec, à leur tête, un homme qui fut gigantesque, vêtu d’une longue veste de scientifique, des lunettes rondes sur le bout de son nez. Il ressemblait traits pour traits à… Dante.

-Elwis Glenn, l’évolution ne se fait pas à grands coups de crocs, mais avec le temps. C’est la première chose que je t’ai enseigné, maudit mioche désargenté !

-Dragan Fertel !?

-Quant à toi, Jason, tu devrais avoir honte de te réjouir à l’idée de faire du mal à une femme. Ton cerveau serait-il déjà en train de pourrir ? Allez, circulez ! J’ai autre chose à faire que de voir vos yeux de bœufs stupides !

Les vampires s’empressèrent de déguerpir, se bousculant en tous sens. En à peine cinq minutes, la pièce se retrouva quasi-déserte, ne laissant que Jason, Elwis, Dante et moi, face à cette assemblée fantomatique.

-Tu as du cran, Thurston, fit Dragan en se tournant vers lui. Je reconnais bien là mon sang.

Il voulut lui donner une tape sur l’épaule, plein de fierté, mais il s’arrêta à mi-chemin.

-Ah, oui. Je ne suis pas encore habitué à mon immatérialité. Je viens à peine de réussir à me manifester de la sorte. Pas vrai, Hélène ?

Accrochée à mon amant, en véritable sangsue, je fronçais les sourcils. De quoi me parlait-il, celui-là ? Oh non… Ne me dite pas que…

-Dans la cuisine ! m’exclamai-je. C’est vous qui avait… La cuisine… Les couteaux…. Dans la vitre ! Espèce de sale….

Dante me retint de justesse, m’empêchant de me vautrer au travers du fantôme.

-Hum, désolé, je voulais essayer d’entrer en contact avec toi.

-Avec moi ? Mais c’est lui, qui vous intéresse, remarquai-je en désignant mon partenaire. D’ailleurs, tu n’es pas fatigué de me porter, depuis tout à l’heure ?

-J’adore sentir ton petit corps contre le mien. Vous vouliez faire passer un message à Hélène, parce que je n’étais pas encore saint d’esprit ?

-Ce sont bien là mes neurones exceptionnels, approuva Dragan. Prends-en de la graine, Jason !

-Stop ! m’exclamai-je. Des explications. On a besoin d’explications.

Je me tortillai pour redescendre à terre. Dante marmonna quelque chose, dont je ne tins pas compte. Jason, Elwis, et Dragan –sans compter le reste des fantômes, dont la présence translucide me mettait mal à l’aise- nous observaient, appréciateurs.

-Bande de pervers.

-Quoi ? Je suis juste heureux que mon clone ait trouvé l’amour, s’indigna Dragan.

-Je suis amoureux depuis que j’ai treize ans, rétorqua Dante. C’est elle qui est indécise.

-Quoi !? Non, je ne suis… Peu importe ! Dragan. Pourquoi avez-vous fait un clone de vous-même ?

Les lumières tamisées conféraient une étrange ambiance au lieu, renforçant mon appréhension. Une main sur mon épaule, Dante attendait patiemment. Du moins, il en donnait l'impression.

-Oh, rien de bien compliqué, soupira son original, bras croisés. Je n’allais pas tarder à me transformer en zombie, et je ne pouvais avoir confiance en personne, à l’époque.

-Pas même à Jason ? Il était votre bras droit.

Ledit vampire hocha la tête, blessé.

-Oui, bien sur. Quand on soupçonne les zombies d’être aidés par un vampire de la maison, on ne se confie à personne, pas même au minot qui nous aide !

-Ca tombe sous le sens, approuva Dante.

Les grands esprits se rencontrent, songeai-je en roulant des yeux exaspérés.

-Comment ça, les zombies sont aidés ?

Elwis semblait tomber des nues. Dragan eut un sourire moqueur. Il ressemblait énormément à Dante, mais cela ne l’empêchait pas d’être plus… Expressif que mon amant. Ce dernier était sempiternellement calme, offrant au monde une froide indifférence. Sauf avec moi.

J’adorais ça !

-Évidemment, que les zombies sont aidés. Ils ont un QI de moule dans un corps vermoulu ! Ils peuvent parler, compter jusqu’à deux, mais ça s’arrête là. Je suis bien placé pour le savoir, je suis passé par ce stade, je te rappel.

-Logique. Sinon, vous ne seriez pas là sous forme de fantôme. Vous avez perdu votre enveloppe quand ?

-Oh, je ne sais plus, Dante. Deux, trois mois ? Il faut du temps, pour parvenir à se matérialiser.

-Intéressant… Donc, vous avez réellement retrouvé toutes vos capacités mentales ?

Où donc voulez-t-il en venir, avec toutes ses questions ? Les autres semblaient aussi perdu que moi face à cet échange en pig-pong.

-Oui, heureusement !

-Donc, vous allez pouvoir me dire pourquoi je me retrouve dans cette merde sans nom ?

Il avait grondé cette dernière phrase, faisant reculer même les fantômes. Je l’apaisais d’une main sur l’épaule. Ses muscles contractés étaient durs comme de la pierre. Il était à deux doigts de se battre. Ou d’imploser. Ou de faire de la combustion spontanée. Bref, il était en colère.

-C’est simple, s’empressa de dire Dragan. J’ai modifié tes gènes pour que tu deviennes une espèce supérieure des vampires. Plus de problème pour aller au soleil, ralentissement de la dégradation physique, faculté de penser même sous forme de zombie, capacité à sentir les aliments autres que le sang…

-Je vais pouvoir de nouveau boire de l’alcool ?! s’exclama Elwis, plein d’espoir.

-… Mais tout cela n’était qu’un projet expérimental. Tu es né vampire, avec tes gènes endormis jusqu’à ta mort. Jason le savait, c’est pour cela que récemment, tu as été tué.

-Pour faire de moi un vrai vampire. Et voir si j’étais viable en tant que tel.

Oula… C’était un plan à long terme, ou je ne m’y connaissais pas.

-Oui, approuva l’ancien bras droit du scientifique. Maintenant, nous devons chercher un traitement pour les vampires déjà existant. Nous pensions que boire ton sang aiderait, mais si Dragan est intervenu, cela doit étre faux.

-Exact, approuva le fantôme. En réalité, le sérum a été fait depuis bien longtemps.

-Quoi !?

Jason et Elwis fixèrent Dragan comme s’il était fou –ou comme s’ils voulaient lui arracher la tête. Manque de pot, il était mort-.

-Vous voulez dire que nous avons attendu tout ce temps pour rien ? Que nous aurions déjà pu évoluer !?

-Ne râlez pas, je vous ai déjà dit qu’il y a un traitre parmi nous. Je réponds de tous mes actes.

-Où se trouve le sérum !? rugit Elwis, les poings serrés.

-C’est là le problème. J’ai oublié où j’ai dissimulé les données après ma transformation en zombie, soupira Dragan en se tournant vers Dante. C’est là que tu interviens, toi, mon clone. Nous sommes identiques. Tu dois pouvoir deviner où j’ai pu cacher la chose la plus importante à mes yeux : la clé du futur de la Maison Balder.

Continue Reading

You'll Also Like

4.3K 849 60
La magie a toujours été au coeur de ce monde qu'est Elyanëa. Depuis tout petit, vous rêvez de devenir comme ces Chevaliers Élémentaires, manipulant à...
1K 93 24
Léonie Durval à 18 ans. Elle s'apprête à quitter la France pour aller étudier aux Etats-Unis, plus précisément à New-York, dans une école d'Art du Sp...
134K 8.3K 13
Une histoire, un fragment d'une vie.. Le destin choisira une vie horrible.. ou superbe, cela reste à voir. Elle? C'est une louve, elle ne sais pas en...
2.1M 157K 109
Ruby est une jeune orpheline elle ne connaît rien de son passé rien de ses parents de sa famille ni de ses origines. Elle n'a pas connue que la joie...