Love on Notes [Publié avec &H]

De thejanesloan

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Elizabeth, rédactrice pour un magazine féminin, trouve de mystérieuses notes dans des livres qu'elle emprunte... Mais

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De thejanesloan

La première chose que je fis en ce jeudi fut de relire une dernière fois mon article sur les criminels avant de l'envoyer à Sibylline. Je n'eus pas besoin d'attendre une dizaine de minutes qu'elle m'appela.

« Tu es bien matinale aujourd'hui, me fit-elle remarquer. Tout va bien ?
- Impeccable, souris-je en lui répondant. Pour tout te dire, je suis soulagée d'avoir terminé de rédiger l'article, il était beaucoup plus intense à écrire que je ne le pensais.
- Je comprends mais en tout cas, tu ne m'as pas du tout déçue. C'est très synthétique, ouvert, assez léger mais en même temps intense. C'est parfait pour tout te dire. »

La petite boule au ventre qui s'était formée au début de la rédaction de l'article s'en alla enfin pour laisser place à un pétillement de bonheur.

« Oui j'arrive, l'entendis-je dire un peu plus loin du combiné. Elizabeth, il faut que j'y aille. La réunion de demain au QG à quinze heures est toujours d'actualité.
- Très bien, à demain alors ! m'écriai-je rapidement avant qu'elle ne raccroche.
- Oh et, dis à Ève d'être à l'heure cette fois-ci s'il te plaît, ne put-elle s'empêcher d'ajouter d'un ton léger avant de raccrocher. »

Mon Dieu, sauvez cette enfant, même la patronne en a marre.

Je me levai de mon fauteuil avec un énorme sourire aux lèvres. Je savais pertinemment que ce n'était pas méchamment dit. Pour rien au monde parlerait-elle de quelqu'un avec de la méchanceté. Et puis, Ève était une personne absolument adorable, mais être à l'heure semblait être mission impossible.

Voyant qu'il faisait idéal dehors, je me changeai en tenue de sport afin d'aller courir dans le parc. Alors que je m'apprêtais à prendre la droite pour entrer dans ce dernier comme à ma plus grande habitude, je m'arrêtai si brusquement que quelqu'un me rentra dedans. Je fus alors projetée violemment sur le goudron.

« Mon Dieu, excusez-moi! s'exclama une voix féminine.
- Aïe. »

Ce fut le seul son que je pouvais émettre tout en me relevant doucement et en me massant les poignets. Je me retournai pour voir qui m'était rentrée dedans quand elle recommença à s'excuser.

Ce n'était qu'une autre joggeuse qui tenait ses écouteurs à la main et portait un air désolé sur son visage rougi, probablement par l'effort et l'embarras. Elle était bien plus petite que moi. Je ne continuai pas mon inspection plus longtemps que je lui dis que c'était entièrement de ma faute, je m'étais arrêtée en plein milieu, sans crier garde. Après quelques sourires échangés, elle finit par repartir dans son élan et pénétra dans le parc.

J'allais moi-même reprendre mon trajet quand je me demandai pourquoi je m'étais arrêtée dans un premier temps.

Ah oui, je ne voulais pas entrer dans le parc.

Je voulais du changement, briser ma routine.

Il semblerait que mon esprit ait besoin de changement, de liberté, de ne plus se sentir oppressé par les habitudes.

Mais pourquoi ?

Cela restera un mystère à tout jamais.

Enfin, du moins, c'était ce que je croyais.

Je regardai alors tout autour de moi et décidai de continuer à longer le trottoir. Il était vrai que cela changeait de la routine; observer les quelques personnes matinales de Lille aller boire leur café au café du coin ou acheter des journaux dans les rares endroits qui en vendaient encore procurait une sensation de bien-être différent à celui de courir dans un espace vert.

Paradoxalement, j'avais l'impression qu'il y avait plus de vie en ville que dans le parc. Même au milieu de ses voitures, voir l'agitation quotidienne du centre-ville donnait envie d'être actif. C'était donc avec le sourire aux lèvres que je courus une bonne heure avant de rentrer chez moi.

« Allô ? répondis-je au coup de fil en sortant de la douche.
- Salut boule de poils, entendis-je la voix rouillée d'Harry. Et parle moins fort veux-tu ?
- Oula, ça sent la personne qui a passé la nuit à faire la fête. Mais attends, on est jeudi... Comment ça se fait que tu sois sorti un mercredi soir comme ça ?
- Eh bien on a un nouveau directeur des Ressources Humaines et donc comme on est une toute petite boîte, il nous a tous invités à boire un verre. Et ça a fini par être au moins six verres par personne et on va essayer de caser ça comme dépense de la boîte. Mais bon, comme c'est un ami d'enfance du patron tout puissant, je ne pense pas qu'on ait de problèmes pour ça.
- J'aimerais bien entrer dans ta boîte, ris-je doucement avant de lui demander s'il m'appelait pour une raison en particulier.
- Non non absolument pas, je voulais juste voir si tu allais bien, me dit-il tout banalement. »

Mais comme je connaissais Harry du bout des doigts, son ton léger m'indiquait qu'il y avait une vraie raison derrière l'appel.

« Crache le morceau, soupirai-je.
- Bon ok ok, alors tu as reparlé aux gars qui t'a laissé les notes ? »

J'aurais dû le voir venir.

« Alors premièrement, souris-je, il ne m'a pas laissé de notes à moi précisément, il les laisse comme ça sans destinataire précis. Secundo, on ne parle pas, je lis juste ses notes. Mais sinon j'ai fini le bouquin et j'en ai emprunté un autre où il a aussi laissé des notes mais je n'ai pas eu le temps de le commencer.
- Comment s'appelle le livre ?
Six Ans Déjà de Coben.
- Mais t'es sûre que tu t'écris pas des notes à toi-même ?
- Pourquoi dis-tu cela ? ris-je.
- Eh bien parce que vous aimez le même genre de livre et puis là c'est Coben soit un de tes auteurs préférés.
- Il me semble que c'est un des auteurs préférés de tout le monde. Je ne gagne donc pas beaucoup niveau originalité.
- Le gars qui écrit les notes non plus apparemment. »

Je levai des yeux en attendant qu'il change de sujet, ce qu'il ne fit point.

« Mais donc tu veux pas essayer de rester à la librairie pendant quelques heures pour voir qui c'est ?
- Je ne vais jamais faire cela voyons ! m'exclamai-je. Mais penses-tu que je suis folle ?
- La folie coule dans nos veines Liz, rit-il.
- Pas faux mais non, je ne vais jamais faire ça quand même, c'est malsain...
- En quoi c'est malsain de découvrir l'identité de la personne qui t'écrit des notes.
- Qui écrit des notes, tout simplement. Et puis je sais pas... »

Il eut un moment de silence avant qu'il n'inspire bruyamment.

« J'ai compris !
- Compris quoi ? m'empressai-je de lui demander.
- J'ai compris pourquoi tu ne veux pas aller voir qui c'est !
- Et quelle serait la raison d'après toi ?
- Tu n'as pas envie de mettre fin à ce jeu.
- Il n'y a aucun jeu et même si c'était le cas, voir à quoi il ressemble ne mettrait pas fin aux notes.
- Non mais tu as peur d'être déçue vis-à-vis de son identité.
- Pas du tout...
- Bien sûr que si, je te connais et s'il ne te correspond pas physiquement, tu te diras que ce n'est pas une personne avec qui tu peux être.
- Et pourquoi je me dirais ça ?
- Liz, je te connais. Toi et tes choses bien faites. S'il ne te correspond pas physiquement, tu te diras que tu n'es pas supposée être avec lui. »

Il me connait à ce point bien ?

« Harry, il faut que je m'habille.
- Tu mets fin à cette conversation parce que tu sais que j'ai raison.
- Peut-être, écoute, peut-être. Peut-être que oui, j'aime bien ce côté mystérieux mais tu sais comment je suis. Je vais m'en lasser à un moment.
- Arrête de te dire ça Liz.
- Mais c'est totalement vrai. Les personnes violemment passionnées se lassent des choses un jour ou l'autre.
- Pas si la chose vient de la personne.
- Harry, je ne le connais pas. C'est juste un inconnu.
- Rencontrer un inconnu à travers des notes c'est quand même du jamais-vu. Surtout quand il se trouve que tu es en total accord avec lui.
- Mais comment-
- J'ai lu quelques notes, on dirait que c'est toi en version masculine ma petite.
- Mais- »

Bip. Bip. Bip.

« C'est gentil de raccrocher comme ça, dis-je à voix haute. »

Mon Dieu Liz, arrête de parler à voix haute, je vais te prendre pour une folle.

Ce n'est pas comme si je ne le suis pas déjà.

En expirant longuement, je mis fin à tout cela en secouant la tête et finis par me vêtir d'un nouvel ensemble de pyjamas pour me mettre à la lecture de Six Ans Déjà. Je pensais m'être trompée de livre en ne voyant toujours pas de notes, arrivée au milieu du deuxième chapitre, quand je finis par en voir une à la dernière page de ce chapitre.

« Je retournai à mon ordinateur et réservai une place sur le premier vol à destination de Savannah. »

Impulsive comme personne ! Tout comme moi d'ailleurs, on va bien rigoler.

Wow, c'est la première fois qu'il est aussi familier dans ses propos. Ceci me laisse supposer qu'il ne doit pas être si vieux que ça. Et puis... impulsif ? Serait-ce mon jumeau ?

Il fallait dire que c'était un roman très intense, dû au suspense, et la lecture étant simple et l'écriture légère, il n'y avait pas beaucoup à commenter. Ce roman était plus fondé sur l'enchaînement d'actions que sur le démêlage de pensées. Mais je ne pouvais nier le plaisir dans lequel je nageais en lisant un roman fluide, sans prise de tête, sans trop de réflexions et de neurones à utiliser. Cela faisait drôlement du bien de temps à autre.

Je ne pus m'empêcher de sourire en voyant un deuxième post-it.

« Mon coeur s'arrêta de battre. Trois mots. Rien que trois mots, mais qui me fendirent la poitrine telle la faux d'un moissonneur, me coupant presque la respiration. Je me tassai sur mon siège. Les trois mots me fixaient depuis l'écran.
Tu avais promis. »

Je suis époustouflé par le build-up de tension dans l'atmosphère. La caractérisation de ce personnage comme étant impulsif et ce build-up promettent des choses mouvementées. Je retrouve effectivement le talent qu'a Coben de faire ce mélange parfait pour enivrer le lecteur d'envie de continuer à lire le roman jusqu'au dernier mot, sans s'arrêter. D'où élu un de mes romanciers préférés.

Il est un de mes auteurs préférés également... Mon Dieu, mais qui es-tu ?

Je commençais à me poser de plus en plus de questions au fur et à mesure que j'avançais. Premièrement, sa façon de penser est si similaire à la mienne. Ensuite ce pouvoir d'être capable de communiquer l'incommunicable. Et puis cette façon absolument magnifique et gracieuse de s'exprimer. Et enfin, les mêmes goûts ?

Mais qui est cet homme ? J'ai l'impression que c'est un personnage sorti tout droit d'un roman fictif qui aurait été écrit par mon cerveau et où serait représenté l'homme idéal à mes yeux moi.

Je viens de dire quoi ?

Décidément, je déraillais complètement. Je me levai rapidement de ma chaise, allai me rincer le visage avant de reprendre place pour continuer dans le roman. Il fallait bien que je sorte tout cela de mon cerveau grâce à une giflée d'eau froide.

J'avalai d'un trait la centaine de pages qui suivit avant de tomber sur une autre note. Il fallait avouer que si je n'étais pas aussi intriguée par la réflexion du jeune homme, j'aurais continuer dans la lecture du roman sans m'arrêter, étant trop absorbée par l'histoire.

Comment se fait-il que je n'ai jamais vu ce roman jusqu'à présent ? Parce qu'il est certainement en train de grimper les échelons dans mes romans préférés.

Cette note n'est liée à aucun passage mais je tiens à me détacher de force de la lecture pour exprimer le fait que les personnages sont placés à des polaires variantes : c'est absolument fascinant la façon qu'à Coben de pouvoir incorporer une profondeur d'âme considérable concernant chacun de ses personnages. Habituellement, l'auteur n'arrive à le faire qu'avec seulement un des personnages, principal d'habitude, étant donné que c'est celui avec lequel il arrive le plus à se lier. Je suis tout simplement bouche-bée.

Alors que je devais trouver cela agréable qu'il puisse expliciter ma pensée, la frustration de ne pas connaître l'identité de l'auteur de ces notes m'en empêchait. Plus on avançait, plus son identité devenait cruciale pour une certaine tranquillité d'esprit que je ne saurais expliquer. Je le trouvais si réfléchi, mais en même temps si léger d'esprit tout en étant intense... un feu d'artifice humain.

Voilà ce qu'il était.

Un feu d'artifice humain.

Du moins pour moi.

(ATTENTION POUR CEUX QUI COMPTENT LIRE LE ROMAN, LA TOUTE FIN DE L'HISTOIRE VA ÊTRE CITÉ, COMPORTANT UN GROS SPOIL)

« Lorsque nous sommes enfin seuls, elle me prend la main.
- Je t'aime.
- Je t'aime aussi, lui dis-je.
Elle me sourit. Et, s'il y a un gris dans le monde, il se dissout instantanément dans une flamboyante explosion de couleurs. »

Absolument magnifique. Ces mots, bordel, ces mots... Ils sont d'une finesse et d'une beauté encore jamais vu. Tout ce roman est un pur chef d'oeuvre. Un thriller romantique aussi bien écrit et aussi frappant ?

L'écrivain est Dieu. Seule hypothèse qui expliquerait la bombe de bonheur qui vient d'exploser en moi.

L'intensité de la fin du roman mélangée à ses propos reflétant la violence de mes émotions fit déborder mon vase d'émotions. Jusque-là, je n'avais jamais ressenti une telle sensation.

Bon sang mais qui es-tu ? 1) Tu me voles mes propos 2) Je fonds à tes propos.

Je restai là, assise, pendant plusieurs minutes, hésitante à coller ma note.

Et je finis par le faire.

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mail: thejanesloan@gmail.com

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