Il me plaque brutalement sur ma voiture. Il me fait mal en me tordant le bras. Son souffle empeste l'alcool, mêlé à l'odeur du tabac. Ça me donne la nausée.
-" Tu peux crier autant que tu veux ma belle, il n'y a personne pour te défendre. " Dit Steve en se frottant contre moi. Je suis complètement paniquée. Mes larmes roulent à torrent sur mes joues. Je tremble en le suppliant de me lâcher.
-" Steve. Je t'en prie, lâche-moi. Tu me fais peur et j'ai mal. " Je cris en espérant que quelqu'un réussisse à m'entendre. Il plaque sa grosse main sur ma bouche. J'ai du mal à respirer. Soudainement, je sens Steve se faire tirer en arrière. Apeurée de voir ce quil se passe, je m'effondre à terre, à la fois soulagée et encore totalement terrorisée. Je me dis que j'ai frôlé l'agression sexuelle. Je lève la tête pour constater qu'encore une fois, Alex m'a sauvée.
-" Steve ! T'es un homme mort ! " Hurle Alex, complètement hystérique et hors de lui, avant de lui sauter dessus. Il le roue de coups. Ça fait déjà plusieurs minutes qu'Alex frappe Steve. Je vois celui-ci presque inconscient, mais Alex n'a pas l'air de s'en soucier. Il continue de le taper. J'ai l'impression qu'il perd pied. S'il continue, il va vraiment le tuer. Je me lève, je ne veux pas qu'Alex aille jusqu'à lui ôter la vie.
-" Alex, c'est Mia. Arrête-s'il te plaît. Tu vas le tuer. Je vais bien, je suis là. Arrête ! Il est inconscient. Regarde-moi !!! " Dis-je en lui agrippant le bras, pour qu'il sente ma présence et sorte de sa transe. Alex met quelques secondes avant de réagir. Il tourne la tête vers moi et reprend ses esprits. Il lâche Steve et se précipite sur moi.
-" Mia ! Tu vas bien. J'ai tellement eu peur quand je t'ai vu. " Il approche sa main de ma joue. J'ai un mouvement de recul par instinct. Je déteste la violence. J'en ai tellement vu. Même si je sais qu'Alex ne me fera pas de mal et qu'il a pris ma défense, je me méfis. Face à mon geste, je vois une ombre de tristesse passer dans le regard d'Alex. Ça me peine. Mais je ne peux rien faire, mon corps réagit automatiquement de lui-même.
-" Merci Alex. Tu m'as encore sauvée. Si tu n'étais pas intervenu, je ne sais pas ce qui aurait pu se passer... " J'ai dit ces mots encore toute tremblantes.
" - Tu n'as pas à me remercier. J'aurai dû être là ce soir, et m'assurer que tu rentres chez toi en toute sécurité. Je m'en veux tellement. " Il dit ça avec un regard triste mais encore en colère.
-" Tu n'as pas à t'en vouloir Alex. Personne ne pouvait prévoir ce qui allait se passer. Tu es arrivé à temps. " Alex ne répond pas. Il me fixe d'un regard doux. Ça me gêne un peu et je sens le rouge me monter aux joues. Je préfère baisser les yeux.
-" Il faudrait appeler les secours. J'ai peur qu'il perde la vie."
- " Ne t'inquiète pas, je m'en occupe. Je vais appeler la police pour que tu puisse déposer plainte. "
Ah non ! Pas la police. Toutes les cellules de mon corps se glacent. Je n'ai pas envie qu'on puisse me retrouver grâce à eux.
-" Non pas la police Alex ! " Dis-je un peu trop vivement à cause de la peur.
-" T'es sûre de toi Mia ? Il mérite d'être jeté en prison. " Alex à l'air surpris de ma réponse négative.
Il a raison, il mérite d'aller en prison, mais si je parle à la police, je risque d'être découverte par bien pire que Steve. Je ne dis rien et opine de la tête en regardant mes pieds. Je n'ose pas affronter son regard et qu'il arrive à découvrir ce que je cache. Alex s'éloigne de quelques pas pour contacter une ambulance. Il revient un peu plus tard, accompagné des pompiers qui prennent directement en charge Steve. C'est à ce moment-là que je prends conscience qu'Alex risque d'avoir des ennuis, si Steve décide de le dénoncer. Quant à lui, il semble se soucier de moi, plus que de lui.
-" Tu vas mieux ? "
-" Oui, je vais un peu mieux. Mais toi, tu risques de grave ennuis si Steve te dénonce à la police."
-" Non. Ne t'inquiète pas. Ce crétin ne parlera pas et surtout, il ne risque pas de recommencer. " Il dit ça sûr de lui. Je me demande comment il peut en être si sûr. Mais Alex change de sujet.
-" Je vais te raccompagner chez toi. Tu n'es pas en état de prendre le volant. "
J'hésite un instant et fini par accepter. De toute façon, je ne pense pas avoir le choix. Il ne me laissera pas renter seule. Et puis, sa présence me rassure. Je le suis jusqu'à sa voiture. C'est un gros pick-up noir aux vitres teintées. Elle semble neuve. C'est différent de mon vieux tacos qui tombe en ruine. Sur le chemin, Alex me dit qu'il viendra me récupérer avant d'aller au travail demain matin. Il ne veut pas que je vienne seule. Il répète qu'il a eu très peur ce soir, et qu'il s'en veut encore beaucoup. Même sans me le dire, je le vois à plusieurs reprises. Je surprends ses mains serrées fortement autour de son volant. Elles sont gonflées. J'espère tout de même que ce n'est pas douloureux pour lui. Dix minutes plus tard, Alex se gare devant mon bâtiment. J'ai honte qu'Alex sache dans quel genre d'habitat je vis. Mais il ne dit rien, même si je vois bien que ça ne lui plaît pas.
-" Merci pour tout Alex. J'ai eu beaucoup de chance grâce à toi. " Il me fixe de ses beaux yeux bleus qui m'hypnotisent.
-" Je le répète, ne me remercie pas. Je m'en veux, ça n'aurai jamais dû arriver. Mia, les rues d'ici, sont dangereuses. Surtout la nuit."
- "Je tacherai de m'en souvenir. Je vais aller me reposer. Bonne nuit Alex, rentre bien."
-" Bonne nuit Mia. " Dit-il en se penchant vers moi pour me déposer un doux baiser sur ma joue.
Il prolonge son baiser plus longtemps que nécessaire. Son contact me trouble plus qu'il ne devrait. Je m'écarte et descends vite de la voiture. Je vais me réfugier chez moi. Un bon bain me fera du bien. Trois heures du matin enfin couchée dans mon lit. Quelques minutes après que ma tête ait touchée l'oreiller, je plonge dans un sommeil plus qu'agité. Des nouveaux cauchemars s'ajoutent aux anciens...
*Dans la peau d'Alex*
Quelques minutes plus tard après le départ de Mia, je suis encore en bas de chez elle. Je suis toujours autant sur les nerfs de la scène qui s'est déroulée devant mon bar. Je décide de me mettre en route pour rentrer chez moi. Sur la route, je n'arrête pas de repenser à Stevie. Au moment où je l'ai vu poser les mains sur ce petit bout de femme, mon sang n'a fait qu'un tour. J'avais envie de le tuer. Comment –t-il pu en arriver là ? Ça me rend fou. Elle avait l'air si terrorisée. Je n'ai pas pu m'empêcher de démolir cette pauvre merde de Steve. Heureusement que Mia était là pour me stopper, sinon à l'heure actuelle il serait six pieds sous terre. Même si ça ne fait que deux jours que je la connais, cette fille me perturbe. Elle est si douce, si souriante, si gentille, mais on voit dans ses yeux qu'elle a vécu des choses horribles. Quand je suis prêt d'elle, j'ai envie de la prendre dans mes bras. Quand un homme s'approche un peu trop d'elle, ça me dérange au point que j'ai envie de tous les éloigner et de la garder exclusivement pour moi. Je comprends les hommes qui la regarde avec envie. Cette fille est magnifique. Tout chez elle n'est que beauté, de ses cheveux ondulés, à son beau regard vert perçant et ses fines lèvres. Mais il n'y a pas que son magnifique physique. Il y a sa douceur, ce que son sourire dégage, et son rire, je n'en ai jamais entendu un d'aussi beau. Et la savoir habiter dans ce genre de taudis n'arrange rien à mon énervement. Je vais essayer de trouver une solution pour qu'elle ait un meilleur habitat. J'ai plusieurs appartements m'appartenant et dès demain, je lui proposerai de déménager vite fait bien fait dans l'un d'entre eux. Je serai rassuré de la savoir en sécurité et dans un endroit neuf. Ce n'est pas dit qu'elle accepte je le sais, mais je l'espère quand même. Elle a peur de moi. Tout à l'heure, quand j'ai voulu lui caresser la joue, j'ai vu la crainte la gagner. Ça m'a blessé quand elle a reculé. Pourtant, jamais je ne lui ferai du mal. Je ne suis pas ce genre d'homme qui lève la main sur une femme. J'ai assez vu ma mère se faire tabasser par mon alcoolique de beau-père quand je n'étais qu'un enfant. On le craignait beaucoup. Chaque jour, il s'en prenait à moi et ma mère cherchait à me protéger. Finalement, elle récoltait la volée qui m'était destinée. Même quand je ne faisais rien de mal, il trouvait toujours quelque chose à redire. Soit je faisais trop de bruit en jouant, soit je passais devant la télé pendant ses matchs de foot ou soit c'était parce que ma mère me couver trop. Je n'étais qu'un gamin de cinq ans... Repenser à ça me tend encore plus. Arrivé devant chez moi, je me dépêche de rentrer. Il faut que j'évacue encore toute cette tension. J'ai aménagé une salle de sport dans mon sous-sol. A peine rentré, que j'y fonce. Je ne prends même pas la peine de ma changer et j'enfile directement mes gants de boxe. Je me place devant le punchingball et décharge toute ma haine en le frappant. Trente minutes plus tard, je suis en nage dans mes habits. Je saute dans ma douche pour détendre mes muscles. Une fois fini, je suis très vite emporté par la fatigue et tombe K.O dans mon lit.