Love on Notes [Publié avec &H]

By thejanesloan

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Elizabeth, rédactrice pour un magazine féminin, trouve de mystérieuses notes dans des livres qu'elle emprunte... More

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By thejanesloan

On vous blessera, brisera et anéantira mais ne perdez pas espoir en l'humanité. L'humanité est un ensemble de beauté et de laideur qui apporte peine, mais aussi bonheur.

*

«Le docteur Ramon est même allé chercher mon parapluie Arthur, je me faisais du mauvais sang car personne n'en voudrait à cause de sa valeur sentimentale, il faut aimer.»

(La Vie Devant Soi, Romain Gary)

Et celles-ci étaient les dernières paroles d'un jeune garçon de quatorze ans qui venait de perdre sa tutrice. Il fallait avouer que Romain Gary avait ce talent d'écrire la vérité si purement que cela en devenait empoignant. J'inspirai brusquement, les yeux fermés, et finis par relire la dernière phrase du chef d'oeuvre avant de le refermer.

Confortablement installée dans mon fauteuil moelleux, je posai le roman sur mes genoux et me mis à observer tout autour de moi. Je ne pus m'empêcher de sourire en voyant que mon salon était ordonné. Il fallait remercier mon côté maniaque-sur-les-bords pour une telle satisfaction. J'avais eu la grande chance de trouver un appartement qui me convenait, assez spacieux mais cosy, en plein centre de Lille, et avec un loyer raisonnable. Les propriétaires des lieux étaient un vieux couple sans aucun souci financier, bien au contraire. Ils me louaient leur appartement pour la seule et bonne raison qu'il prenait la poussière, étant leur résidence tertiaire. La valeur de l'appartement était normalement le double de ce que je payais mais l'argent ne les intéressait pas; ils avaient seulement mis une annonce avec un prix élevé pour être sûr de n'attirer que des personnes avec un minimum de revenu et non de jeunes fêtards. J'avais dans un premier temps flashé sur cet appartement pour son énorme salon accompagné d'une chambre magnifiquement aménagée. Mon métier de rédactrice pour un magazine féminin ne m'obligeant pas à aller au travail, je passais beaucoup de temps dans mon appartement. J'avais donc pris le soin de bien le décorer tout en combinant littérature et nature.

M'apercevant soudainement qu'il était déjà presque midi, je me changeai rapidement pour aller faire mon footing du samedi, dans une brise plutôt fraîche pour un mois de septembre. Alors que je m'avançais petit à petit dans mon parcours, je fis des signes de la tête à tous les habitués que je croisais. Réglée comme je l'étais, je voyais les mêmes personnes acheter leur déjeuner au stand en bas de mon immeuble et même les mêmes personnes traverser le parc près de chez moi pour aller déjeuner dans leur bistrot habituel à leur pause du midi. Oui, j'étais réglée quand il s'agissait de mes footings. Certaines personnes disent que c'est mauvais de constamment vouloir avoir le contrôle sur sa vie avec une telle routine mais moi je pense tout simplement que la routine est sans prise de tête et permet d'être beaucoup plus productif en empêchant toute distraction. Résultat des courses, ce n'était qu'une simple question de gestion de temps et de rationalité.

Après une bonne heure à sentir un vent délicieusement doux caresser mes cheveux, je rentrai me doucher avant de me faire une délicieuse salade de poulet. Tout en mettant Moon River de Frank Ocean sur mon enceinte, je m'installai, salade en main, au comptoir de ma cuisine et commençai à travailler sur un nouvel article de la section féminine: Les Oeufs de Yoni.

Alors que je reprenais ma fiche avec toutes les informations à inclure, je reçus un appel de Charlie, mon aîné de quatre ans.

« Salut Liz, parla-t-il assez fort afin d'être entendu malgré le brouhaha des personnes autour de lui.
-Charlie! fus-je ravie d'entendre sa voix. Comment vas-tu?
-Je vais bien et toi?
-Moi aussi. Où es-tu?
-Je suis à la gare, cria-t-il alors que j'entendis le crissement d'un train en approche. »

Il semblait avoir pris une grande inspiration avant de continuer.

« J'appelle pour te prévenir que Maman est malade.
-Comment ça malade? m'empressai-je de lui demander. »

Je posai doucement ma fourchette et descendis de ma chaise haute pour me mettre à tourner en rond dans mon salon alors que j'attendais la réponse de Charlie.

« Ne t'inquiète pas Lizzy, elle a juste un rhume mais elle est quand même couchée depuis trois jours.
-Trois jours? m'exclamai-je en levant la main gauche, abasourdie que l'on ne m'ait pas prévenue plus tôt. Ce n'est donc pas un simple rhume si elle se sent aussi mal pour rester couché trois jours connaissant Maman et son dédain à rester au lit.
-Eh bien, je crois qu'elle a aussi un coup de barre, et comme tu le sais, elle a souvent du mal à revenir à elle-même pendant quelques temps. Mais ne t'inquiète pas, elle va bien. »

Même si cela signifiait qu'elle n'était émotionnellement pas au meilleur de sa forme, j'étais tout de même soulagée de savoir que sa santé physique n'était pas en alerte. Il lui arrivait régulièrement de vivre des montagnes russes lorsqu'il s'agissait d'émotions.

« Es-tu sûr qu'elle va bien malgré son coup de barre? Devrais-je aller la voir?
-Non Lizzy, reste à Lille. Et puis ne t'inquiète pas, Harry y va demain et il va bien s'occuper d'elle. Tu le connais dès qu'il s'agit de Maman, pus-je l'entendre sourire.
-Oui en effet, sentis-je la course folle de mon cœur se calmer à l'idée de savoir que Harry allait pouvoir l'aider. Mais pourquoi va-t-il à Paris au juste?
-Quelque chose en rapport avec le travail, un séminaire il me semble.
-Ah d'accord, eh bien je vais FaceTime Maman et essayer de lui remonter le moral.
-Oui, thérapie-via-FaceTime-par-Liz ne me semble pas être une si mauvaise idée que ça, je te laisse petite soeur.
-Bisous Charlie, le saluai-je avant de raccrocher. »

Tout en me servant quelques morceaux de poulet, j'appelai ma mère via appel vidéo. Son image apparut une seconde plus tard. Avec ses cheveux châtains rassemblés en un chignon sur le haut de son crâne, elle buvait une soupe à en juger par la moustache qu'elle avait au-dessus de la lèvre supérieure. Je ne pus toutefois m'empêcher de remarquer ses énormes cernes et son teint pâle.

« Coucou ma princesse! me sourit-elle.
-Bonjour Maman! Comment vas-tu?
-Je vais très bien, faussa-t-elle un ton joyeux et haussa-t-elle beaucoup trop des sourcils, montrant le dénaturé de son expression.
-Maman, c'est moi, donc au lieu de me mentir, dis-moi ce qu'il se passe.
-Je vois que Harry est toujours une pipelette, quel homme ai-je mis au monde? se donna-t-elle une tape sur le front en secouant la tête.
-Ce n'est pas Harry qui m'a prévenue mais Charlie.
-C'est encore pire, émit-elle un rire à la fois doux et mélodieux. Je vais bien Liz, juste un rhume.
-Si ce n'était qu'un rhume, tu ne serais pas restée au lit pendant trois jours, lui jetai-je un regard désapprobateur. »

Elle leva les yeux en soupirant.

« Mais quelle famille de pipelettes! Allez participer à Gossip Girl les commères!
-Maman! ris-je brièvement. Que se passe-t-il?
-J'ai rêvé de ton père et je sais que ça fait longtemps, mais quand je suis fatiguée, ça prend le dessus.
-Je sais Maman et tu n'as pas à t'en vouloir, c'est normal que ça reste dur. Mais regarde où tu es aujourd'hui. Même après sa mort, tu es restée debout pour nous alors qu'au fond, tu n'avais qu'une envie: fuir. Tu es restée pour nous, tu t'es montrée extrêmement courageuse et tu as pris soin de nous en nous enveloppant d'amour, alors que tu étais toi-même brisée par la mort de l'amour de ta vie. Regarde Charlie et Harry qui excellent dans leur métier! Et puis moi, j'ai suivi le parcours de papa, et j'en suis arrivée là. »

Je vis que ses yeux commencèrent à se troubler. Néanmoins, cela ne l'empêcha pas de sourire.

« Je suis si fière de vous... »

Je vis immédiatement son air triste disparaître pour laisser place à une multitude d'émotions. L'amour que je ressentais pour elle dépassait toute description verbale du sentiment. Après tout, elle avait fait tellement de sacrifices pour mes frères et moi que je ne pouvais l'aimer que d'un amour inconditionnel.

«Qu'est ce que j'ai fait pour mériter une fille comme toi? laissa-t-elle échapper une larme, puis une deuxième.
-Tu mérites tout l'or du monde Maman, lui dis-je tendrement avant de dévier la conversation sur un autre sujet afin de faire évaporer ce déluge d'émotions. »

On ne fit que rire les deux heures suivantes, avant de finir par raccrocher. J'envoyai un message rapide à mon frère Harry avant de me mettre à travailler sur mon article.

Il était dix-huit heures trente lorsque j'entendis un bruit assourdissant provenant de l'extérieur. En courant vers la fenêtre, un autre bruit se fit entendre. J'ouvris cette dernière et vis trois voitures qui s'étaient rentrées dedans. Prise par la pulsion de courir en bas, je m'arrêtai au dernier moment, voyant les trois conducteurs sortir de leur voiture, à priori physiquement indemnes de l'accident. Tous étaient en état de choc, à en juger par leur titubement envers l'un l'autre, tendant leurs bras afin de s'assurer que l'autre allait bien. Au fil des secondes, des personnes arrivèrent à leur secours. Les personnes qui faisaient la queue pour la brasserie tout près s'attardèrent aussi vers les victimes après être elles-mêmes sorties de l'état de choc, la collision étant arrivée à quelques mètres. Voyant qu'ils étaient en train de contacter les secours et que les conducteurs commençaient à parler calmement, je refermai la fenêtre avant de me changer pour aller à la bibliothèque.

En sortant de mon immeuble, je ne pus m'empêcher de jeter un coup d'oeil aux blessés: trois hommes de même carrure sauf pour le blond qui, contrairement aux deux bruns, était bien plus grand. Ce dernier portait des habits de sport et à la vue de l'énorme tâche de café sur son t-shirt, il devait certainement être en train de boire son café quand la collision avait eu lieu. Les sourcils froncés, il parlait au combiné et tentait à priori de rassurer la personne à l'autre bout du fil avec « Ne t'inquiète pas, je vais bien. C'était un accident de rien du tout. » Quant aux deux bruns, ils avaient l'air tous les deux pressés d'aller quelque part, probablement tous deux avaient des rendez-vous au vu de leurs costumes. Leur coupe de cheveux était toujours soignée, comment ne pas l'être avec un pot de gel utilisé? Tout près, je vis les trois voitures, dont les carrosseries étaient dans un piètre état. Plusieurs personnes près des lieux étaient en contact avec la gendarmerie et le service de remorquage, d'après les détails qu'ils donnaient. En jetant un dernier regard vers le rassemblement, je repris ma route vers la bibliothèque.

« Bonjour Elizabeth! me salua Claire, la réceptionniste des lieux.
-Bonjour Claire, lui fis-je un rapide hochement de la tête avant de poser le livre que j'avais fini quelques heures plus tôt sur son bureau. Je suis venue rendre La Vie Devant Soi de Gary.
-Alors tu l'as aimé? me demanda-t-elle en le scannant.
-Oui beaucoup, lui souris-je avant de m'engouffrer dans le paradis des lecteurs. »

Le rez-de-chaussée ne contenant que des oeuvres pour enfants, scolaires et historiques, je montai rapidement les huit marches au fond de la salle afin de continuer à m'avancer dans la bibliothèque, un étage plus haut. Je laissai mes pieds me guider jusqu'au fond de la salle, où se trouvaient neuf tables pour que l'on puisse s'y installer et lire ou étudier. Rares étaient ceux qui s'y asseyaient étant donné que la bibliothèque avait une salle étudiante et une autre consacrée à la lecture, toutes deux plongées dans un silence absolu.

Les romances et les thrillers se trouvaient justement à côté de ces neuf tables. Par conséquent, j'y passais trois-quart de mon temps. Après avoir longuement hésité, je décidai d'aller dans la section des romans d'amour. Étant donné que j'en avais lu une bonne partie, je cherchai du regard de nouveaux livres qui seraient arrivés dans la semaine. Alors que je m'apprêtais à abandonner et à aller choisir un thriller, mon regard s'arrêta sur un livre dont le titre m'interpella: Rencontre dans l'Upper East Side.

Alors que je pensais que c'était un nouveau roman, je vis sur la première page à l'intérieur de l'oeuvre qu'il était daté par la bibliothèque depuis plusieurs semaines maintenant. Et pourtant, j'étais sûre de ne l'avoir jamais vu parce qu'il était certain qu'un livre comme celui-ci, avec un dos bleu ciel comportant ce titre, aurait attiré mon regard les vingtaines de fois que j'étais venue chercher un roman les semaines passées. Comme pour tous les romans, j'inspirai profondément l'odeur qu'enfermaient les pages et sentis une douce fragrance de bois usé pour laquelle je ne pouvais jamais résister. Un énorme sourire vint tortiller les traits de mon visage alors que je jetais un rapide coup d'oeil au résumé.

Voici Molly.
Rédactrice au courrier du cœur à New York, elle se considère comme une experte en relations amoureuses. Enfin, seulement celles des autres. Car pour elle, le grand amour de sa vie, c'est son dalmatien.

Et voici Daniel.
Avocat spécialiste des divorces, il est bien placé pour savoir que les relations amoureuses sont à éviter à tout prix. Pourtant, un beau matin, il se retrouve à faire des pieds et des mains pour emprunter un chien... tout ça dans le but de provoquer une rencontre avec la mystérieuse joggeuse qu'il croise quotidiennement à Central Park avec son dalmatien...

Molly et Daniel ont un avis bien arrêté sur les relations amoureuses. Leur rencontre risque de tout bouleverser...

Oh que oui je le prends!

Après l'avoir fait enregistrer par Claire, je rentrai directement à l'appartement, avec une seule hâte: dévorer le roman.

Cependant, je ne m'attendais pas à ce que ce livre soit la perle de notre rencontre et encore moins à ce qu'il change ma vie entière.

instagram: thejanesloan
mail: thejanesloan@gmail.com

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