Le 3eme Prénom

Od AnnaHolahalan

732K 59.5K 9.4K

Le premier prénom, c'est celui que vous aviez avant, et que vos parents vous ont donné. Le deuxième prénom, c... Více

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
F.A.Q
FAQ
Chapitre 18
Message
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Épilogue de la partie 1
Prologue
Chapitre 28
Chapitre 29
OH GOOOOOOOOOOOD !!!
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Important ↓↓↓
Concours pour apparaitre dans l'histoire
All we do is drive, all we do is think about the feelings that we hide...
Hack isn't single
Le concours continue et j'ai besoin de VOUS !!!
Résultats du concours !
Chapitre 36
Chapitre 37
Write It Down
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
The Fiction Awards 2017
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Epilogue
C'est fini

Chapitre 64

7.6K 637 51
Od AnnaHolahalan

Il s'agit du dernier chapitre du Troisième Prénom, alors profitez-en, il fait plus de 8000 mots (le quadruple de ce que je fais habituellement) ! J'ai quelques musiques à vous recommander pour la lecture, à lancer dès le début et à écouter de préférence dans cet ordre.

Imagine Dragons - Radioactive

Imagine Dragons - Believer

Naughty Boy - Running

Halsey - Castle

Stephen - Crossfire

Royal Deluxe - Wanted Man

The Avener - Castle in the snow

Birdy - Wings

Kian

- Que tout le monde garde son calme ! Vous êtes entrainés pour ça, vous connaissez votre affiliation ! Prenez chacun une arme et des munitions ! Tout le monde à son poste ! Je ne veux aucune bousculade ! Conservez un ordre et ne vous laissez pas prendre par la panique ! Surtout, ne...

Lyra, l'une des secondes de Shane, passait dans les couloirs en hurlant des indications. Elle réclamait l'ordre et le calme, elle savait que si l'on commençait à céder à la panique, nous allions tous y rester. Hack s'apprêtait à sortir de la pièce mais je le retins par la manche.

- Vous deux, vous restez ici, je vous interdis de prendre part au combat, au premier bombardement, vous disparaissez dans le métro et vous retrouvez les autres à Woodlawn.

- Kian...

- Ce n'est pas une option ! Faites ce que je dis !

Je sortis de la petite pièce. Le temps pressait. Je récupérai deux armes et deux paquets de munitions, puis courus jusqu'au vestiaire. Je ne pouvais pas rester plus longtemps en talons hauts et vêtements Vincent Shepard. Je m'empressai de retirer mes habits tâchés de sang et revêtis une brassière, le pantalon de l'uniforme de la branche militaire et un simple t-shirt. Après avoir rapidement chaussé une paire de rangers boots, je retournai dans les couloirs, évitant tous ceux prêts à défendre l'ampoule. Mais mêmes s'ils prenaient les armes, une grande partie d'entre eux ne s'était pas battu depuis un sacré bout de temps, voire même jamais. L'ampoule les avait engourdis, ils n'avaient pas connu de situations de crise comparable depuis un sacré bout de temps. Mais moi, au contraire, j'étais en pleine éveil, c'était presque comme si mon sang pulsait trop rapidement dans mes veines, que le monde allait trop lentement pour moi.

Malgré la demande de calme de Lyra, je jouais des coudes pour rejoindre la porte Est. Alors que je sortais tout juste du bâtiment, deux bombardiers passèrent au-dessus de nos têtes. Des projectiles en tombèrent. Tous ceux qui s'activaient à l'extérieur semblèrent s'arrêter pendant quelques secondes et levèrent les yeux. C'était la première attaque. Cela devenait réel. Il y eut un long silence. Je cessai de respirer. Puis les cris s'élevèrent partout dans la base.

- BOMBES !

- TOUT LE MONDE A COUVERT !

Je n'eus pas le temps de me mettre réellement à l'abris que les projectiles atteignaient déjà le sol. La terre se mit à trembler et je tombai à genoux. Pendant quelques secondes, je restai parterre, assommée par le choc, puis je pris appuie sur le mur pour me redresser. Je titubai d'abord en direction du mur, puis repris mon équilibre et mes repères jusqu'à pouvoir courir, armes en main. A première vue, il n'y avait aucun dommage de ce côté de l'enceinte. Le choc passé, les hommes et les femmes se remettaient à courir de tous les côtés, armes en main, ou prêts à charger les quelques armes défensives plus imposantes que Shane avait réussi à déplacer jusqu'ici.

Je montai quatre à quatre les marches jusqu'à atteindre le sommet du mur.

- Kian !

Je rejoignis Delta qui me faisait signe un peu plus loin. Silver parlait dans un talkie-walkie.

- On a été touché ?

Il se tourna vers le bâtiment et je suivis son regard. Les projectiles avaient atteint le côté nord-ouest de l'enceinte. D'épais nuages de fumées s'élevaient jusqu'à dépasser la tour de l'ampoule. L'odeur de brûler qui nous revenait avec le vent me fit prendre conscience qu'il devait déjà y avoir des pertes.

- Ils vont nous assiéger, dit mon ami sur un ton grave.

Nous nous retournâmes simultanément vers l'extérieur. De l'autre côté de la rivière, un longue ligne blanche s'épaississait. Une armée de Novots se dressait face à nous, ils se comptaient par centaines. Par endroits, des chars d'assaut brisaient la continuité, toujours aussi blancs que le reste des appareils de la fondation.

- Tu penses qu'ils parviendront à marcher sur la glace ?

- Je pense que Novus a tout prévu pour faire face à cet obstacle, soupirai-je en chargent mon arme.

- Et tu penses que la glace pourrait céder sous leur poids ? Ils ont une sacrée artillerie, ça doit être lourd.

- Je l'ignore. Ils ne sont pas du genre à laisser des éléments au hasard, même s'ils attaquent dans la précipitation. On a détruit une bonne part de leurs ressources, mais quoi qu'il arrive, il était prévu qu'ils attaquent aujourd'hui. La glace, le poids des chars et des robots, une attaque aérienne à l'ouest, là où l'on s'est préparé à une attaque terrestre et une attaque terrestre à l'est où l'on a prévu le moins de défense puisque c'est plus difficile d'accès... Ils ont dû prendre en compte tout ça.

- Stratégie militaire... On n'a presque aucune ressource, comparé à eux. Tout ce qu'on a c'est des balles et éventuellement quelques bombes, mais c'est tout.

- Ça ne suffira jamais à les repousser... murmurai-je.

Je remarquai soudainement Nyx qui s'avançait vers nous à grandes enjambées, un glock à la main et un fusil dans le dos. Ses cheveux sombres étaient attachés en une haute queue de cheval mais quelques mèches plus courtes s'échappaient le long de son visage tâché par la fumée. Je reconnus le foulard que Delta portait à notre rencontre devant sa bouche.

- Les bombes ont provoqué des incendies et détruits une partie de nos serres, nous apprit-elle en tirant sur son foulard. En cas de siège on a déjà perdu la moitié de nos réserves. On est très mal organisés, tout le monde se presse là où il y a des dégâts alors qu'il faut concentrer nos forces en défense.

Elle tapa avec force dans ses mains, soulevant les cendres qui collaient à ses gants et un sourire amer se dessina sur son visage.

- C'est une belle journée de merde !

Charly

- Tout se passera bien. Continuez d'avancer. Il ne faut surtout pas ralentir. Plus tôt nous serons à Woodlawn, plus tôt nous serons en sécurité. Si vous avez des difficultés à marcher, prévenez-nous. Aidez-vous !

Mindy leva les yeux vers moi non sans cacher son inquiétude.

- Tout ira bien, la rassurai-je en me faisant violence pour ne pas grimacer. On sera en sécurité à Woodlawn.

- La dernière fois que tu as dit que tout irait bien, c'était avant de partir pour une simple mission ravitaillement avec les autres. Tu es réapparu un mois plus tard à moitié mort.

- Je t'ai promis que je reviendrai et je suis là. Moitié mort, moitié menteur.

- Ce que tu dis n'a aucun sens, soupira-t-elle en se pinçant les lèvres.

Je la fixais quelques secondes. Elle serrait l'anse de son sac à dos, à défaut de pouvoir tenir ma main. Il faut dire que j'utilisais des béquilles pour avancer. J'étais si lent et les autres personnes si pressées que nous nous retrouvions au bout du cortège. Nous nous déplacions dans le métro en marchant sur les voies. La plupart des enfants rechignaient à marcher dans la saleté ou jouaient aux funambules sur les rails, ignorant le danger qui les guettait. Nous progressions dans le noir, éclairés par les lampes torches de quelques combattants responsables de notre sécurité. On avait armé tous ceux capables de se servir d'une arme, hommes comme femmes. Les personnes âgées, les jeunes, les blessés et les malades cherchaient donc à fuir en s'entraidant autant que possible, encadrés par quelques militaires. Il y eut soudain une violente secousse et les murs se mirent à trembler. Alors que des cris s'élevaient du cortège et que certaines personnes se couchaient au sol, l'écho de la destruction nous parvint. Je me retournai. Je ne voyais que l'obscurité, mais je savais que là-bas, à l'ampoule, le combat avait commencé. Je ne me sentais pas à ma place parmi les blessés. J'étais blessé, certes, mais j'étais prêt à me battre jusqu'au bout. Ma présence n'aurait sûrement pas fait la différence, mais Delta, Silver et Nachos étaient comme des frères pour moi, j'avais l'impression de les abandonner. Et ne parlons pas de Wade, mon frère de sang, qui agissait encore une fois héroïquement alors que je devais trainer mon corps dans les sous-terrain pour fuir comme un lâche.

Une fois que les tremblements eurent cessé, la plupart des enfants se mirent à pleurer. Leur mère ou leur père avaient beau tenter de les calmer, ils avaient peur, et c'était compréhensible. Mindy se rapprocha automatiquement de moi et posa sa main sur mon avant-bras, pour se rassurer.

Je m'accroupis avec tant de bien que de mal pour être à sa hauteur et souris avec une fausse conviction.

- Tout va bien, mentis-je. On va s'en sortir.

- Et Wade ? m'interrogea-t-elle les larmes aux yeux.

Je passai ma main dans ses cheveux. Je ne pouvais pas mentir cette fois-ci.

- Il fait ce qu'il a à faire, pour nous protéger, et il fera tout pour nous retrouver après ça. On a survécu pendant des mois seuls sur la route. On peut s'en sortir encore aujourd'hui.

Elle ne le croyait pas vraiment, je le savais, mais elle se força à agir comme si c'était le cas et hocha la tête. Puis elle se jeta à mon cou et me serra fort dans ses bras. Alors que je l'enlaçais, mes propres paroles me revinrent en écho. Il fait ce qu'il a à faire, pour nous protéger.

- Il ne faut pas que l'on s'arrête ! cria Trevor afin que sa voix surpasse toutes les autres. Continuez d'avancer ! Il faut rejoindre Woodlawn !

Je forçai Mindy à me lâcher et essuyai ses joues couvertes de larmes.

- Je veux que tu ailles devant et que tu retrouves Hook et les autres enfants. Les enfants sont censés être à l'avant et les blessés à l'arrière.

- Mais je ne veux pas être toute seule, couina-t-elle en serrant ma main, complètement morte de peur à l'idée que nous soyons séparés.

- Tu ne seras pas seule, ils sont tes amis ! Nous nous retrouvons, quand tout sera terminer, lui assurai-je avant de déposer un baiser sur son front. Retrouve-les vite !

- Charly...

- Ce n'est pas discutable, pars devant ! Je te retrouverai à Woodlawn !

Elle me fixa quelques secondes avec méfiance. Elle savait quand je mentais, elle me connaissait sûrement mieux que quiconque.

- Je te le promets, on se retrouvera ! Marche avec les autres !

Encore une fois, j'eus l'impression qu'elle savait que je n'étais pas honnête, mais tentait de se convaincre du contraire. Elle émit une dernière pression sur ma main puis partis en trottinant vers l'avant. Je ramassai mes béquilles et me remis à avancer.

J'hésitais à partir. Je voulais partir. Même Hack et Quinn étaient là-bas. Et moi je fuyais lâchement. Soudain, un garde qui courrait à contre sens le long du cortège s'arrêta à côté de moi.

- Charly, c'est ça ?

Je fronçai les sourcils.

- Oui, qu'est-ce qu'il y a ?

- Trevor veut que vous sachiez que Kian est revenue.

- Quoi !?

Je m'immobilisai instantanément.

- Lors de la cérémonie de Novus, la retransmission a été coupée parce que le vaisseau de Novus est tombé. Elle a profité de la panique pour s'échapper avec d'autres personnes.

- Elle est l'ampoule ?!

- Oui, elle reste là-bas pour nous défendre.

Sans attendre plus longtemps, je récupérai sa lampe torche et fis demi-tour.

- Où est-ce que vous allez !?

- A l'ampoule ! Je dois y retourner !

Il me rattrapa rapidement, on ne pouvait pas dire que je battais des records de vitesse avec mes béquilles et mes muscles douloureux.

- Vous n'êtes pas en état d'y retourner !

- Je m'en tape ! Je ne laisserai pas mes amis et mon frère mourir !

Et il y avait Mindy bien sûr, je ne prévoyais pas de l'abandonner. Je me promettais de revenir pour elle. Mais une chose était sûre : ma famille ne se battrait pas sans moi.

- Vous êtes bless...

- Je sais, le coupai-je en m'arrêtant. Vous ne m'apprenez rien. J'ai vécu un enfer, j'ai passé des mois à prendre soin de ma sœur, à être une personne horrible, à faire d'horribles choses ! J'ai connu la faim, la peur, le manque de sommeil ! J'ai passé tous vos stupides examens une fois ici pour défendre ceux à qui je tiens, puis pour retourner dehors et ramener de la nourriture et des médicaments ! J'ai été torturé, manipulé, affamé ! Alors je m'en tape d'être blessé, parce que je me suis promis de protéger ceux que j'aime, et c'est ce que je compte faire ! Vous n'avez aucune autorité sur moi, vous ne pouvez pas m'empêcher d'y retourner. Vous direz à ma sœur que je suis désolé d'être un idiot.

Il poussa un grognement puis retira le glock à sa ceinture et me le tendis. Je le coinçai à ma ceinture en le remerciant d'un hochement de tête. Puis sans attendre une seconde de plus, je repris la route. J'allais bien plus vite qu'à l'allée. Nous étions partis depuis une bonne heure, mais nous avancions lentement, j'espérais qu'en accélérant, je pourrais rejoindre l'ampoule en moins d'une demi-heure. Au bout de quelques minutes, après que j'ai perdu le cortège de vue, me retrouvant alors seul dans le noir avec pour seul éclairage une petite lampe torche, il y eut de nouvelles secousses. L'ampoule se faisait à nouveau bombarder. Cela me poussa à accélérer. Je forçais sur mes bras, l'effort me faisait transpirer, mais j'ignorais la douleur. Je me répétais que j'avais déjà vécu l'enfer, ce n'était rien à côté des expériences de Nora. Lorsque la terre se remit à trembler, je tombai en avant. J'ignorais le temps qui s'était écoulé, mais je savais que j'étais encore loin de l'ampoule. Il était hors de question que je rebrousse chemin. Je pris alors appuie sur l'une de mes béquilles pour me relever, puis je la laissai tomber. Je fis un premier pas, qui me fit serrer la mâchoire. Puis un deuxième. Un troisième. Chaque pas était plus douloureux que le précédent, mais je devais aller plus vite. Rapidement, je laissai échapper des gémissements, puis des plaintes. Je me mis à jurer à insulter chaque membre de la fondation, à maudire Nora et ses assistants, la Terre entière. Mais je faisais de plus grandes enjambées. Puis je parvins à trottiner. L'effort et la douleur me brûlaient, comme si j'allais m'effondrer à chaque pas, mais je parvins à résister. Je devais les retrouver. Lorsqu'il y eut un quatrième bombardement qui fit craqueler quelques murs, je me décidai à courir. Ma course me semblait interminable, mais très rapidement les détonations couvrirent mes cris. J'arrivais.

Kian

- TOUS A COUVERT !

Je m'accroupis et couvris ma tête de mes bras lorsque de nouveaux bombardiers passèrent au-dessus de nos têtes. Depuis ce qui me semblait des heures maintenant nous nous faisions bombarder. Si à l'ouest et au nord, il y avait moins d'attaquants et plus d'attaques aériennes, au sud ils devaient faire face à une légion d'imposant novots, plus lourds et qui mettaient le mur de l'ampoule à rude épreuve. Quant à l'Est, Nyx, les jumeaux et moi ne pouvions que tenter d'éliminer quelques soldats robotisés de l'armée qui s'avançait vers nous. Ils étaient à peine à porter de nos balles, mais eux pouvaient nous atteindre sans problème. Nachos avaient déjà de nombreux patients qu'il prenait en charge avec quelques médecins et un ou deux infirmiers aux pieds du mur. On tirait de tous les côtés. D'après les informations qui provenaient des talkies, le flan ouest devait repousser les attaquants, mais aussi contrôler des incendies provoqués par les bombardements qui se concentraient pour l'instant de l'autre côté de l'enceinte. Bon nombre des soldats originellement affiliés au côté Est avaient changé de position pour les aider. Nyx, les jumeaux et moi ne pouvions donc que tenter d'atteindre les lignes ennemies avec peine avec une poignée d'autres soldats.

- La glace ne cède pas, ni sous leur poids, ni sous l'impact des balles manquées.

- On pourrait tirer en rafale à un même endroit, proposa Silver en rechargeant son arme.

- Non, on gâcherait toutes nos munitions.

Je fixais la ligne ennemie en serrant les poings. C'était presque comme s'ils nous narguaient. J'avais détruit leur vaisseau, leur base, et ils s'apprêtaient à me rendre la pareille. Soudain les bombardiers repassèrent au-dessus de nos têtes, mais cette fois-ci, leurs projectiles tombèrent dans l'enceinte est.

- BOMBES !

Je m'accroupis à nouveau en m'accrochant au mur pour ne pas tomber. Je fermai les yeux, subis les effroyables tremblements et les détonations assourdissantes. Puis après qu'une vague de chaleur ait fait voler mes cheveux, je me redressai. L'explosion avait été si violente que j'en étais tombée au sol. Une partie de la tour de l'ampoule avait été touchée et le sommet du bâtiment menaçait de s'effondrer.

- Il faut évacuer le bâtiment ! hurlai-je à l'intention des quelques militaires encore en état de se battre plus bas.

Mais personne ne m'écoutait, ils s'occupaient des blessés, des morts et des incendies.

- ATTENTION !

Nyx me prit par les épaules et me mit presque à terre. A peine quelques secondes plus tard, le sol se remit à trembler encore plus violemment. Le choc fut si violent que je restais quelques secondes privée de mes sens. Je dus cligner plusieurs fois des yeux pour retrouver une vue claire. Nyx me lâcha mais resta assise, encore assommée. Je pris appuie sur le merlon pour me redresser puis regardai à l'extérieur. Ils avaient envoyé des explosifs au pied du mur d'enceinte qui résisterai clairement mal à une seconde attaque. Sans mur, nous pouvions abandonner tout espoir de victoire. Puis les balles se remirent à pleuvoir et je me rebaissai. Il y avait tant de priorités à gérer.

- Je vais faire un dernier tour du bâtiment, restez ici !

Sans attendre une seconde de plus, j'enjambai la rembarde de sécurité et atterris au milieu de l'escalier. Une fois au sol, j'évitai les blessés et les hommes et les femmes qui s'activaient à les aider ou à éteindre les incendies. L'odeur de chair brûlée qui s'en dégageait me retournèrent l'estomac tandis que les hurlements de douleur me rappelèrent Charly lorsque nous nous trouvions sur le vaisseau et mon cœur se serra. Je m'engouffrai dans le bâtiment en hurlant à m'en briser la voix qu'il fallait sortir. Il y avait heureusement peu de monde à l'intérieur, quelques personnes venues chercher des recharges ou des bandages sortirent des différentes salles. Seule la section militaire était encore ouverte, le reste du bâtiment avait été évacué des heures plus tôt. Je poussai la porte de l'armurerie et manquai de faire un arrêt cardiaque en voyant Hack et Quinn.

- Vous deviez partir au premier bombardement ! hurlai-je en saisissant mon frère par le bras peut-être un peu trop fort.

- On veut vous aider ! répliqua-t-il en se dégageant.

- Le bâtiment est sur le point de s'effondrer ! Encore un bombardement et c'en est fini ! Il faut que vous dégagiez !

- On sait, on rassemblait les armes, m'expliqua Quinn en chargeant deux fusils sur un chariot déjà garni de munitions et armes en tout genre.

- Très bien ! Sortez !

Je n'avais même pas la force de les engueuler pour être rester. Je devais les faire sortir du bâtiment puis les mettre à l'abris. Hack chargea un sac rempli de grenades et autres explosifs sur son dos tandis que la jeune fille prenait un fusil dans chaque main et je m'occupai de pousser le chariot vers la sortie. Je m'assurais régulièrement qu'ils me suivaient toujours alors que nous courrions dans les couloirs. Je continuais de hurler à ceux qui pouvaient rester qu'il fallait quitter le bâtiment. Nous atteignîmes enfin la sortie, juste à temps pour entendre les « tous à couvert » annonçant un nouveau bombardement. Je pressai mon frère en posant ma main dans son dos. Je n'eus pas le temps de me retourner vers Quinn pour lui hurler d'accélérer que nous fûmes brusquement projetés dans les airs. Je rentrai dans le chariot de plein fouet puis roulai sur le bitume sur quelques mètres avant de m'immobiliser enfin.

Ma tête semblait prise dans un étau. Je perdais à nouveau tous mes sens. En premier lieu, mon corps ne répondit pas, j'étais incapable de bouger, puis je compris que c'était la douleur qui m'immobilisais. Seulement je ne pouvais pas me permettre de rester là, d'être blessée, d'avoir mal. Alors je réunis toutes mes forces pour ouvrir les yeux, prendre appuie sur le béton, puis me redresser. Ma tête tournait, mais je pouvais aisément comprendre ce qui m'étais arrivé. J'avais failli être réduite en morceau par la bombe. Puis je me rappelai brusquement que Hack était là lui aussi.

- Hack ! l'appelai-je avant même d'avoir regardé autour de moi.

- Ici, gémit-il avant de tousser.

Nous étions perdus dans un épais nuage qui me brûlait les yeux et la gorge, mais je parvins à distinguer sa silhouette un peu plus loin. Je manquai de tomber en le rejoignant.

- Hack ! Tu vas bien ?

- Oui, je dois avoir surtout quelques écorchures. Et toi ?

Je hochai la tête en l'aidant à se lever. Nous étions tous deux couverts de sang.

- Et Quinn ? m'interrogea-t-il brusquement en regardant autour de lui. QUINN ! QUINN !

La fumée se dissipa peu à peu et deux hommes vinrent à notre rencontre avec une trousse de premiers soins.

- Occupez-vous de lui, les devançai-je alors que je retenais Hack pour qu'il ne s'approche pas de l'incendie.

- Il y avait une fille avec nous ! dit mon frère qui cédait complètement à la panique. Elle courrait juste derrière nous ! Il faut la retrouver ! Elle est peut-être blessée !

La fumée se dissipa suffisamment pour que l'on puisse distinguer un corps étendu un peu plus loin. L'un des hommes siffla pour demander du renfort et ce fut Nachos qui accourut pour aller ausculter Quinn qui restait inerte. Hack voulut courir pour aller la voir mais je le retins fermement par l'épaule. J'avais peur de ce qu'il pouvait voir...

- Tu saignes, tu es blessé. Assurez-vous qu'il n'a pas une hémorragie interne ou quelques chose du genre, s'il vous plait.

Le médecin hocha la tête mais mon frère protesta :

- Mais...

- Fais ce que je te dis ! Tu ne devrais même pas être là ! lui rappelai-je en le déchargeant de son sac rempli de munitions.

Il ne se laissa guider jusqu'à la zone de soin que lorsque le corps de Quinn y fut transporté. Avec un peu de chance, elle n'était que blessée...

Je ramassai autant d'armes que je le pouvais avec l'aide de d'autres personnes, puis je retournai au mur. Delta vint à ma rencontre pour m'aider à porter les munitions et s'assurer que je pouvais marcher seule.

- Ne pars pas comme ça ! On a cru que tu avais sauté dans l'explosion ou que tu étais toujours dans le bâtiment !

Je me retournai et constatai qu'une partie du rez-de-chaussée, plus large que la tour avait été détruite dans l'explosion, toute la zone contenant l'armurerie, les salles de test et d'entrainement, les vestiaires. Tout avait été détruit...

- Hack et Quinn étaient encore dans le bâtiment, grinçai-je en laissant tomber tout l'attirail que j'apportais au sol.

- Je croyais qu'ils étaient partis au premier bombardement.

Nous devions hurler pour que nos voix couvrent les détonations.

- Je le croyais aussi. Quinn est gravement blessée mais Hack s'en sort bien, enfin j'espère.

- Espérons qu'on ira tous bien à la fin de la journée.

Je jetai un coup d'œil par-dessus le parapet pour avoir une idée de la progression des robots. Ils étaient peut-être à un peu plus de cinq cents mètres. Le mur stoppait leur pluie de balles, mais à chaque projectile lancé par les chars, il tremblait, et il était évident qu'il ne résisterait pas à un deuxième lancer d'explosifs.

- Comment ça se passe sur les autres côtés ?

- A l'ouest, ils sont submergés entre les incendies, les blessés et les assaillants, m'expliqua Nyx qui courrait régulièrement à travers la base pour s'informer de l'état du reste de l'ampoule. Ils parviennent à contenir la menace, pour l'instant. Mais s'ils continuent d'être bombardés, ils ne tiendront plus longtemps. Au Nord et au Sud, ils s'occupent de descendre quelques drones, mais c'est beaucoup moins dangereux. Ils crée une zone de soin au sud et envisagent d'évacuer les premiers blessés par le métro pour qu'ils rejoignent le reste du groupe à Woodlawn.

- Shane ne prévoit pas d'abandonner quand même ?

- Non, mais il y a de plus en plus de morts et de blessés chaque minute alors que la fondation a encore la quasi-totalité de ses ressources. On ne tiendra pas longtemps à cette cadence.

Je passai mes mains sur mon visage en soupirant. En les retirant, je m'aperçus qu'elles étaient tachées de sang. Mes blessures n'étaient que superficielles, je ressentais à peine la douleur, j'étais comme shootée à l'adrénaline.

- A COUVERT !

Les bombardiers repassaient. Nous nous baissâmes tous et protégeâmes notre visage de nos mains, mais il n'y eut pas la double détonation suivie de la double secousse habituelle. Il y eut une détonation différente qui me fis rouvrir les yeux, puis je pus voir l'un des bombardiers voler en éclat. Le second bombardier, déstabilisé par cette attaque, quitta sa trajectoire et s'écrasa contre la tour de l'ampoule.

- Oh merde, jura Silver en contemplant le spectacle.

Nous étions parvenus à nous débarrasser des bombardiers pour de bon, du moins en espérant que la fondation n'en avait pas d'autres en réserve. Cela changeait la donne, c'était l'avantage dont nous avions besoin. Même si nous n'étions pas en positions de force pour autant, de nombreuses acclamations s'élevèrent. Un sourire un peu stupide se dessina brièvement sur mes lèvres jusqu'à ce que la réalité me rappelle. Nous devions toujours nous protéger d'une pluie de balle. Arme en main, je me plaçai stratégiquement entre deux merlons et tirai à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'un robot s'effondre enfin. Les autres ne tardèrent pas à m'imiter. Tout le long du mur, des tireurs plus ou moins aguerris s'affairaient à défendre notre fort. Les armes que j'avais apporté s'écoulèrent rapidement, jusqu'à ce qu'il ne reste que le sac d'explosif, inutile pour l'instant puisque nos ennemis étaient bien trop loin.

Alors que nous tirions depuis ce qui me semblait être des heures, du mouvement un peu plus bas attira mon attention. Alérys longeait le mur, protégée par un simple bouclier de taule.

- Qu'est-ce que tu fous !? hurla Silver.

Pour toute réponse, elle nous désigna un boitier noir et blanc un peu plus loin. Elle trottina jusqu'à celui-ci, non sans trembler dès qu'une balle frappait son bouclier.

- Rentre tout de suite ! cria Silver en se penchant en avant.

Cette action lui fut néfaste puisque quelques secondes plus tard, il poussait un cri en se laissant tomber en arrière. Delta se laissa immédiatement tomber à genoux à ses côtés. Silver n'était pas gravement blessé, mais une balle avait atteint son épaule droite et une tâche de sang grossissait à vue d'œil sur son t-shirt.

- Il faut qu'on t'emmène en zone de soin.

- Non, gémit Silver en se redressant. Vous avez besoin de moi ici.

Il se fit un garrot de fortune avec son propre foulard, celui qu'il portait à notre rencontre. Delta s'assura que la balle était bien ressortie avant d'accepter que son frère reste avec nous.

- Je vais voir ce qu'elle faisait en bas.

- Je t'accompagne, me répondit Silver.

Il me suivit dans l'enceinte jusqu'à la porte Est. Alérys venait de rentrer et contemplait le boitier qu'elle avait ramené avec espoir.

- Qu'est-ce qui t'a pris !? s'emporta Silver en pressant le pas pour aller à sa rencontre. T'aurais pu te faire tuer !

- Tu es blessé ? le coupa-t-elle, visiblement inquiète.

- C'est rien.

Il marqua une pause et la sonda de haut en bas avant de soupirer.

- Et toi ? Tu as été touchée ?

- Non, la taule m'a protégée, souffla-t-elle.

- Qu'est-ce que c'est ? l'interrogeai-je en désignant le boitier.

- Lorsqu'ils ont envoyé des explosifs sur le mur, ce sont des boitiers comme celui-ci qui sont arrivés en bas du mur. Ils ont tous explosé, sauf celui-ci.

- Et pourquoi tu as risqué ta vie pour le récupérer ?

- C'est un détonateur. On programme un compte à rebours sur cet appareil et à la fin c'est lui qui enclenche l'explosion. Si on parvenait à le faire fonctionner et qu'on envoyait notre propre explosif géant, on pourrait au moins fissurer la glace et avec un peu de chance, le poids des robots et des chars la ferait céder.

- Il nous faut des explosifs alors, beaucoup d'explosifs, dis-je en fixant le boitier cabossé.

- Oui, confirma-t-elle. Ramenez tout ce que vous pouvez trouver susceptible de prendre feu avec une étincelle. Plus on aura d'explosifs, plus l'explosion sera destructrice.

- Silver, ramène le sac d'explosif au sommet du mur, je vais aller en chercher à travers la station.

Il hocha la tête. Je repartis immédiatement en courant, à la recherche de n'importe quel objet capable d'exploser. Je récupérai un morceau de t-shirt déchiré au sol et m'en servis pour transporter tous les explosifs que je pouvais trouver. Lorsque j'arrivai à la zone de soin, j'aperçus Hack, assis à même le sol entre les corps.

- Hack !

Il leva les yeux vers moi et soupira. Je m'approchai.

- Comment va Quinn ? l'interrogeai-je.

- Elle est gravement blessée. Nachos dit qu'il a fait tout ce qu'il pouvait faire pour elle, mais que dans la situation actuelle, il ne peut pas observer ses blessures en profondeur. Alors j'attends d'avoir des nouvelles.

Il se raccrochait désespérément à l'idée que sa petite-amie allait survivre. Je remarquai alors un bandage dans son cou qui disparaissait derrière sa nuque et sous son t-shirt.

- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé !? m'inquiétai-je immédiatement en m'agenouillant à côté de lui pour regarder de plus près.

Il me repoussa doucement.

- C'est rien. J'ai été un peu amoché par l'explosion. C'est que superficielle. J'ai eu le droit à un nouveau t-shirt après qu'ils m'aient soigné.

Il semblait tellement à côté de la plaque, incapable de réagir.

- J'ai besoin de ton aide.

Il releva la tête, attentif. Je voulais qu'il pense à autre chose qu'à Quinn, j'avais peur qu'elle ne survive pas à la journée.

- J'ai besoin d'explosifs. Grenades, TNT, tout ce que tu peux trouver qui explose avec une étincelle.

- La nitroglycérine, ça marche ?

Je fronçai les sourcils.

- C'est ce qui fait exploser la dynamite, m'expliqua-t-il en se relevant.

Je l'imitai.

- Tout ce qui explose, répondis-je simplement. Tu peux faire ça ?

Il hocha la tête tout en coinçant son arme à sa ceinture.

- Tu apporteras tout ce que tu trouves à Alérys, à la porte Est, le plus rapidement possible.

- Entendu. L'essence fonctionne aussi ?

- Il faudrait plutôt la garder pour les voitures au cas où on en aurait besoin.

Il hocha à nouveau la tête et partis en courant vers le sud.

Même si effectivement nous devions garder le carburant des véhicules, l'essence n'était pas une mauvaise idée en soi. Je levai les yeux vers le bâtiment pratiquement en ruine. Le bombardier avait foncé dans la tour n'avait miraculeusement pas pris feu. Mais le réservoir avait été transpercé et un filet sombre dévalait le long des gravats. Je récupérai un jerricane vide, originellement remplis d'eau et utilisés par les médecins pour nettoyer les plaies et m'élançai vers le bâtiment. Les incendies avaient été maitrisés, aussi je parvins à atteindre les ruines sans trop de difficulté. Je m'élançai par-dessus le premier bloc puis entrepris l'ascension du tas de décombres. Je n'avais pas besoin de monter jusqu'au bombardier, seulement jusqu'au bout du flot d'essence. Même si je manquai à plusieurs reprises de dévaler la pente en trébuchant ou en glissant, je parvins à atteindre mon objectif assez rapidement. Ma main tremblait tandis qu'elle tenait le jerricane, le temps pressait. De mon point haut, je pouvais voir l'armée de novots se rapprocher. Lorsqu'il fut rempli d'un peu plus de moitié, je refermai le bidon puis dévalai la pente en manquant encore une fois de me tordre une cheville à plusieurs reprises.

Une fois en bas, je reçus quelques réprimandes de personnes me trouvant tarée ou folle à lier pour m'amuser à escalader les gravats alors qu'il y avait des morts à couvrir, des blessés à soigner et un camp à défendre.

Ce ne fut qu'après les avoir ignorés que je remarquai les différents draps blancs recouvrant les cadavres des défunts dispersés un peu partout dans l'enceinte. Certains avaient commencé à les regrouper non loin des blessés. Un long frisson parcourut tout mon corps, puis je me forçai à reprendre ma route. Il y avait tant de draps, tant de morts, tant de sang. Je ne pouvais plus oublier l'odeur de la chair brûlée. Je savais qu'elle me hanterait jusqu'à la fin de mes jours, du moins si je ne mourrais pas aujourd'hui.

Je récupérai une veste tâchée de sang abandonnée au milieu de l'enceinte puis courus jusqu'à la porte Est. Hack rassemblait tous les explosifs trouvés dans le sac dans lequel il avait transporté les grenades hors de l'armurerie. Après l'avoir rejoint, je m'agenouillais sans attendre, jetai la veste au sol, ouvris le bidon puis imbibai le vêtement d'essence. L'odeur chimique couvrit quelques instants celle des incendies du côté ouest. Une fois le tissu gorgé du liquide nauséabond, je l'enfouis entre les autres explosifs dans le sac.

- Alors, le boitier ?

- Je pense pouvoir le faire fonctionner.

Alérys me montra l'objet, simplement ficelé avec la sangle d'une mitraillette. Je fronçai les sourcils.

- Le couvercle était bancale, en supposant que c'est ce qui a empêché le détonateur de fonctionner, il devrait marcher lorsque je le programmerai.

- Parfait. De quoi as-tu besoin ?

- Hack, j'ai besoin que tu me trouves un tournevis plat, pour programmer un compte à rebours.

Mon frère hocha la tête et partis en courant à la recherche de l'outils. Alérys adressa alors un regard bien plus sinistre à Silver et moi.

- On ne peut pas lancer le sac d'ici.

Elle avait raison. Il y avait une bonne centaine de mètre entre le mur et la rivière gelée, et encore plus de deux cents mètres entre la rive et l'armée. Nous ne pouvions pas atteindre les novots d'ici.

- Quelqu'un doit courir jusqu'à la rive et lancer le sac le plus loin possible.

- Celui qui fera ça sera totalement à découvert, fis-je remarquer en fixant le sac.

- Je le ferai, déclara Silver.

- Hors de question, je le ferai, le contra Alérys.

- Il n'y a pas moyen, grogna Silver.

- Je n'ai personne. S'il m'arrive quelque chose je ne manquerai à personne, toi tu as ton frère.

- Je le ferai, les coupai-je.

- Tu as Hack, il n'a que toi. Tu ne peux pas y aller.

Alors que nous débattions sur qui endosserait cette responsabilité, une voix grave s'éleva :

- Je le ferai.

Nous nous tournâmes tous trois vers Wade qui venait d'arriver. Il avait plusieurs entailles, superficielles à première vue, et était couvert de suie. A coup sûr, il avait joué au pompier héroïque dans les incendies ouest.

- Tu as Charly et Mindy, il est hors de question que je te laisse risquer ta vie, surtout quand tu tiens à peine debout, refusai-je.

- Justement. Ils peuvent compter l'un sur l'autre, ils sont en sécurité. Je suis plus rapide que vous tous et je suis militaire par profession. C'est à moi d'y aller. Alors lancez le compte à rebours et je m'occuperai de le lancer. Je vais voir à quelle distance ils se situent du mur.

Puis sans nous laisser la possibilité de débattre plus longtemps, il s'élança vers l'escalier afin de monter sur le chemin de ronde. Je grognai en ordonnant à Alérys et Silver de préparer le compte à rebours, puis je partis moi-même vers le chemin de ronde, je voulais également savoir le temps qu'il nous restait. Lorsque je fus presque au sommet des marches, j'aperçus Nyx et Delta blottis l'un contre l'autre, assis contre le parapet. Le regard perdu dans le vide, mais se serrant discrètement la main, ils parlaient de sujets qui ne semblaient concerner qu'eux. Malgré la guerre qui nous emprisonnait, ils semblaient paisibles, à des kilomètres de cet enfer. Alors que j'hésitais à les déranger, une voix agréablement familière me pétrifia sur place.

- Kian !

Je me retournai doucement, n'osant y croire.

- Kian, répéta-t-il plus doucement en prenant appui sur la rembarde.

Il cherchait à reprendre son souffle. Chacun de ses muscles tremblait, et j'avais l'impression qu'il risquait de s'effondrer à tout moment. Il avait couru pour venir jusqu'ici. Quelques tâches de sang sur son t-shirt me firent comprendre que sa course avait rouvert certaines de ses plaies. Mais c'était bien Charly qui se tenait au bas des escaliers, avec un sourire bien trop soulagé pour les circonstances. Puis mon regard dévia sur Alérys qui avait préparé un compte à rebours de trois minutes qu'elle n'avait pas encore lancé. Et enfin je remarquai Wade, qui se trouvait sur le chemin de ronde au-dessus de la porte et se précipitait déjà vers son petit frère.

Je dévalai les marches à toute allure jusqu'à atteindre Charly.

- J'ai entendu que tu étais rentré et j'ai fait demi-tour. Je voulais te...

Je ne le laissai pas continuer, je glissai une main sur sa joue et l'autre derrière sa nuque puis approchai son visage du mien jusqu'à ce que nos lèvres se rencontre. J'eus peu de temps pour savourer la douceur de sa bouche contre la mienne, ou la chaleur de ses mains sur ma taille, ou encore son odeur caractéristique qui me rappelait le parfum de la maison d'une certaine façon. Pendant quelques secondes, je m'abandonnai à un bonheur inconditionnel, dans un monde où je pouvais embrasser Charly et en profiter pleinement, sans que le temps ne nous presse, sans que les combats ne fassent rage autour de nous.

Mais je ne vivais pas dans ce monde.

J'eus du mal à m'arracher à son étreinte. L'idée de le quitter me noua la gorge et me brûla les yeux. Mais je savais ce que je devais faire.

Je savais que ma mère était l'une des fondatrices de Novus.

Je savais que c'était en partie à cause d'elle que nous avions tous vécu un enfer, Charly plus que n'importe qui.

Je savais que je ne pourrais pas me sentir en paix temps que je n'aurai pas racheté les fautes de ma génitrice.

Je savais que Charly et Mindy ne pouvaient pas perdre un frère qu'ils venaient de retrouver.

Je savais que mon frère et mes amis me haïraient pour ce que je m'apprêtais à faire.

Je savais que quitter Charly était bien la dernière chose que je voulais faire.

Mais je savais ce que je devais faire.

Alors tout en retenant une larme, je m'éloignai de lui, créant au passage une intense impression de vide, comme si j'étais brusquement seule dans l'univers, comme si j'étais la seule planète d'un système.

- Pardonne-moi.

J'eus juste le temps de voir ses sourcils se froncer avant de partir en courant vers la porte. Les deux frères m'appelèrent, Charly parce qu'ils ne comprenaient pas pourquoi je partais et Wade parce qu'il savait. Sans m'arrêter, je ramassai le morceau de tôle utilisé par Alérys pour se protéger et un couteau que je plantai dans le métal afin qu'il serve de poignée. Puis je chargeai prestement le sac d'explosif encore ouvert sur mon épaule. Je pris le boitier des mains d'Alérys. Elle tenta de résister mais mes gestes brusques la firent lâcher prise. Puis avant que qui que ce soit ait pu m'arrêter, j'enclenchai le compte à rebours. Tout en courant vers la porte, je glissai le détonateur dans mon sac puis refermai ce dernier. Un vent violent me fouetta le visage une fois que j'eux la possibilité de sortir. Ignorant tous ceux qui m'appelaient, je m'élançai à l'extérieur. Je courrais aussi vite que le pouvais, plus vite que je n'avais jamais couru auparavant. Je maintenais le morceau de tôle devant moi pour me protéger autant que possible. Mes pieds s'enfonçaient dans la neige à chacun de mes pas. J'entendis encore leurs cris, me priant de revenir jusqu'à ce que j'aie atteint la rivière.

J'ignorais combien de temps il me restait, mais je savais que plus les explosifs seraient proches des novots, plus ils feraient de dégâts. Aussi je m'élançai sur la glace. Mes rangers m'empêchaient de trop glisser et me permirent de progresser longtemps sur la glace. Alors que j'étais presque à mi-chemin entre la rive et les novots, un bout de la tôle vola en éclat. Par chance, mon bouclier de fortune était encore assez grand pour que je me protège.

Lorsque je sus que je n'avais plus de temps, je retirai sans m'arrêter le sac à dos de mon épaule et le lançai d'un geste large vers les robots. Puis j'enfonçai le couteau dans la glace en me laissant tomber au sol pour m'arrêter. Le sac glissa sur la glace sur plusieurs mètres, poussé par ma vitesse, jusqu'à s'arrêter quelques mètres devant la première ligne. Pendant quelques secondes qui me parurent être des siècles, je fixai le sac, attendant une réaction. J'avais peur que le détonateur n'ait finalement pas fonctionné et que je me sois finalement jeté aux pieds de l'ennemi pour rien. Il me sembla qu'il y eut un grand silence, comme si toute l'ampoule et tous les gardes de la fondation dans les chars retenaient leur respiration. Puis tout à coup, une détonation assourdissante me compressa les tympans. Je fermai les yeux pour ne pas être aveuglée. Même lorsque j'avais roulé sur le bitume lors du bombardement, je n'avais pas été autant agressée par l'explosion. Une vague de chaleur me fit glisser, mais je tins fermement mon couteau enfoncé dans la glace et évitai ainsi d'être projeter plusieurs mètres plus loin. Après deux nouvelles puissantes détonations, suivis de violentes secousses et de pétarades assourdissantes, j'osai ouvrir les yeux. Tous les robots situés dans un périmètre de dix mètres autour de la cible avaient volé en éclat. Puis lorsque je pris appuie sur mes mains pour me relever, un craquellement alarmant me fit comprendre que l'explosion avait fissuré la glace. C'était fabuleux ! C'était ce que nous attendions ! Mais j'étais sur la glace et si je ne décampais par rapidement, j'allais finir emportée dans les eaux gelées de l'Hudson. Je me relevai, abandonnant mon couteau et mon morceau de tôle, et partis en courant en direction de la rive. Plusieurs personnes me fixaient de la porte ou du chemin de ronde.

Le visage de mon frère, de Trevor, de Charly, Mindy, Delta, Silver, Nachos, Nyx, Alérys, Peter, Quinn s'affichèrent dans mon esprit et j'accélérai. Je devais atteindre la rive, pour eux. Sans bombardiers et sans armée, la fondation n'était plus si puissante et nous avions toutes nos chances de gagner. Je ne pouvais pas perdre maintenant, pas si près du but, pas à seulement une vingtaine de mètres des berges.

Mais les fissures me suivaient. Au début je ne faisais que les entendre. Puis je sentis peu à peu mes pieds s'enfoncer un peu plus à chaque foulée, comme si je ne pouvais pas détruire tant de chose sans périr en retour.

Et alors que je pensais pouvoir y arriver, si proche de m'en sortir, pour ceux que j'aimais, la glace céda totalement sous mon poids et je sombrai dans les eaux glaciales de la rivière.

Pendant de longues secondes, je perdis connaissance. Ou alors peut-être que mon esprit était juste trop fatigué pour rester éveillé plus longtemps. Pendant une microseconde, je songeai à me laisser couler par le fond, à abandonner. A quoi bon lutter ? Tout pouvait cesser en un instant, il suffisait que je ferme les yeux et que je me laisse porter par le courant jusqu'à ce que je n'ai plus d'oxygène pour gonfler mes poumons.

Puis toutes mes pensées se tournèrent à nouveau vers ceux que j'avais laissé.

Hack était parti chercher un stupide tournevis et en revenant il allait apprendre que sa sœur s'était lancée dans une mission suicide. Je devais le protéger.

Delta et Nyx allaient brusquement sortir de leur petit monde et réaliser que la guerre faisait toujours rage et que de nouvelles personnes avaient péri. Je devais leur assurer qu'ils avaient le droit de s'apprécier.

Alérys et Silver s'en voudraient de ne pas m'avoir retenu. Je devais leur rappeler que c'était ma décision.

Charly ne comprenait sûrement pas pourquoi je l'avais embrassé avant de sortir de notre zone protéger et devait penser que chacun de mes baisers était une façon de m'excuser pour un acte suicidaire que je m'apprêtais à faire, comme le jeter d'un vaisseau à plusieurs centaines de mètres d'altitude ou sortir sous une pluie de balles. Je devais l'embrasser à nouveau, sans risquer ma vie dans les cinq secondes qui suivraient.

Ce qui me motiva le plus, ce fut moi-même. Je voulais vivre. Je n'étais pas si fatiguée que ça de me battre. Je n'avais pas enduré des mois de voyages, des semaines d'amour maternel, des jours de détention, des heures de siège, de bombardement, d'attaque, pour finalement me laisser couler par le fond.

Je fus brusquement animée par le désir égoïste de vivre pour moi, et pour moi seule. Je n'avais pas vingt ans et j'estimais avoir le droit d'avoir plus de temps.

Aussi, je me mis à battre des pieds et des bras, jusqu'à rejoindre la surface. Je pris une longue inspiration, toussai un peu, puis cherchai à rejoindre la rive la plus proche. Même si les combats continuaient sur les zones sud, ouest et nord, une voiture provenant de l'ampoule roulait en ma direction. Il suffisait que je rejoigne la berge, puis je pourrai me laisser aller à la fatigue. Malgré le froid qui engourdissait mes muscles, je redoublai d'effort pour nager avec tant de bien que de mal vers la rive. C'était difficile : j'avais froid, j'étais épuisée, le courant m'emportait et mes vêtements rendaient chacun de mes mouvements plus fatigants.

Mais j'étais presque convaincue que nous avions déjà gagné. Je ne pouvais pas abandonner. Alors avec mes dernières forces, je m'agrippai au rebord, puis saisis fermement les barreaux de la rembarre de sécurité un peu plus haut. Je n'avais pas la force de me hisser sur la terre ferme. Aussi je fermais simplement les yeux et attendis qu'ils viennent me chercher. J'ignorai combien de temps ils avaient pris pour me retrouver, j'avais très possiblement à moitié perdu connaissance. Mais je me réveillai lorsqu'un corps chaud se colla au mien et m'enveloppa fermement. Je relâchai alors les barreaux et me laissai tomber dans les bras de mon sauveur. On nous sortit ensuite de l'eau et je retrouvai un peu de chaleur, enveloppée dans plusieurs manteaux et bercée dans les bras de celui qui m'avait repêché.

- Kian, tu m'entends ?

Cette voix, plus qu'agréable à mon oreille me fit sourire intérieurement. C'était comme si j'étais chez moi. Ses mains frottaient vigoureusement les miennes pour les réchauffer.

- Kian, dis-moi que tu m'entends ! J'ai besoin que tu répondes !

Mon esprit était survolté, mais j'étais bien trop confortablement installée pour que j'ouvre la bouche.

- Kian, m'appela une nouvelle voix remplie d'inquiétude.

Je reconnus mon frère.

- Je t'en supplie Kian...

- On va se rapprocher du moteur, ça la réchauffera encore plus.

Je devinai alors que Charly était celui qui m'enlaçait. La température monta à nouveau et je fus suffisamment à l'aise pour daigner ouvrir la bouche.

- On refait ça quand vous voulez, soufflai-je pour les rassurer avant de me laisser emporter dans un profond sommeil.

Hey ! J'espère que vous allez bien et que ce dernier chapitre vous a plu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentaires !

L'épilogue arrive juste après !

Pokračovat ve čtení

Mohlo by se ti líbit

171K 15.6K 54
TOME 1 : • TERMINÉ • 「 Xander, depuis son plus jeune âge a toujours eu pour simple objectif, réussir dans ses études, là où son père a échoué. Mais i...
42.2K 738 62
𝖣𝖺𝗇𝗌 𝗅𝖾𝗌 𝗍𝖾𝗆𝗉𝖾̂𝗍𝖾𝗌 𝖽𝖾 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖾, 𝗎𝗇𝖾 𝗆𝖺𝗂𝗇 𝗍𝖾𝗇𝖽𝗎𝖾 𝗉𝖾𝗎𝗍 𝖾̂𝗍𝗋𝖾 𝗎𝗇 𝗉𝗁𝖺𝗋𝖾 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝗈𝖻𝗌𝖼𝗎𝗋𝗂𝗍𝖾́...
81.3K 2.5K 13
Ceci est ma première fanfiction. Il s'agit d'un commencement alternatif à l'histoire de Matt dans le jeu Is It Love. L'histoire de l'héroïne est d...
287K 10.8K 34
Tony et Lola. Deux exs. Deux personnalités complètement différentes, faites pour être ensemble. Un amour si profond qui les réunis malgré les nombre...