La Fille Gelée et la Face Cac...

By Mllemlaniiiie

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[Ceci est le deuxième tome de La Fille Gelée, vous ne comprendrez pas si vous n'avez pas d'abord lu le premie... More

Disparition
Duel
Sans pitié
Des réponses attendues
Le cimetière de la Vallée
Un dilemme véridique
Vengeance
Malédiction et psalmodie
Duncandò Majïsa
Eshkhan
Boire pour oublier
Court séjour retour
Trois fois Minuit
Un ruban violet
Annonce funeste
Du bluffe?
Flèche meurtrière
Poison
Guérison retardée (+ surprise)
Alex ou Tarek ?
Sang chaud et sang froid
Khyazgaar
Leeroy
Hallucinations
Confessions fraternelles
Le Départ
Le jeu de pomme
Fleur noire et sens clairs
Au cœur d'un soleil noir
Son combat
Alex
Chasse mouvementée
Emelï
Un funeste plafond
Prophétie
Rodeur
Conrad
Bière maison
Prudence
Course poursuite
Un plongeon vers l'inconnu
Le Condamné
Les Khyazgaars
Petite soeur
Nouveau diagnostic
Connais-tu tes amis?
Guérison miracle
Bon anniversaire
Renversement
Les Quatre Elements
Souffrances parallèles
A l'aube d'un soleil noir
Alex ?
Flagellation
Au beau milieu d'une légende
Écailles blondes
Cor en Épicéa
Diversion
Accords silencieux
Edwin
Quatre Dômes
Provocante
Ni blanc, ni noir
Une rage féline
Traqués
Vingt-huit
Entrée en Guerre
L'homme-elfe
Níniel
Un hiver, cinq mois, mille tensions
Un duel, deux échecs
Message gravé de noirceur
Un ruban violet similaire
Retour des armes
Un nouveau départ
Cerclés d'or
Le reflet du passé
Incohérences et questions
Une sombre nuit
Les flèches
Changement de camp
Le voile tombe
Tome 3

Le seul vainqueur

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By Mllemlaniiiie

        La douleur était insupportable, plus insoutenable encore que la veille alors qu'il recevait les coups. Othar vit un voile tomber devant ses yeux alors que la douleur engourdissait tous ses membres. Une fois de plus, il perdit connaissance.  


         Deux heures plus tard, Othar se réveilla une seconde fois. Alors que le souvenir brûlant de ses blessures dorsales était encore vif dans son esprit, il fut soulagé que la douleur se soit atténuée. Prudemment, il se redressa pour s'assoir sur le lit dont les draps avaient été changés. Regardant son torse, il remarqua le large bandage que lui avait fait Rùmil, couvrant la totalité de son haut du corps jusqu'en bas de ses reins. Il remarqua également qu'il portait toujours le pantalon qu'il avait lors de sa flagellation, et qu'il était couvert de sang.

        Même si le moindre de ses gestes réveillait ses lacérations, la douleur était nettement plus supportable. Encore un miracle de ce bon vieux Rùmil.

        Il profita d'être assis sur son petit lit pour observer les lieux. Rien de bien fantastique, il s'agissait simplement d'une petite cabane, uniquement meublée du lit sur lequel il se trouvait, et d'une petite commode surplombée d'un miroir accroché au mur. Les parois murales paraissaient fines, faites de bois, tandis que la seule petite ouverture amenait une luminosité orangée, aidée par la porte qui était restée ouverte.

        Othar passa ses mains sur son visage et constata qu'il mordait toujours le bout de tissus que lui avait donné le soigneur. Lorsqu'il s'en sépara, il ressentit un engourdissement de sa mâchoire tant il avait mordu dedans. Il ouvrit et ferma sa bouche successivement en faisant jouer sa mâchoire inférieure pour la réveiller et la débloquer.

        Se sentant capable de se lever, Othar se mit sur pied, non sans ressentir une vive douleur dans le bas de son dos et sentir sa vision se troubler. Il resta immobile quelques seconde, le temps que le voile multicolore se lève devant ses yeux écarquillés. Inspirant profondément, il se baissa lentement pour récupérer sa ceinture à laquelle étaient pendues ses armes. Ce mouvement lui tira une grimace, alors il préférant plier les jambes jusqu'à ce que ses genoux touchent presque le sol, plutôt que de se courber pour attraper le morceau de cuir. Il l'attacha ensuite autour de sa taille en prenant soin de ne pas trop la serrer sur le bandage neuf, et sortit de la petite cabane, prudent sur ses appuis.

        Lorsqu'il mit un pied dehors, il ressentit la brise venir caresser son visage et ses cheveux se soulevèrent légèrement. Les yeux de l'elfe s'assombrirent lorsque qu'il passa une main derrière sa nuque sans qu'il sente le poids habituel de sa queue de cheval. La plus grande humiliation pour un elfe était de se retrouver les cheveux courts, car la longueur de cheveux représentait le statut, ainsi que les accomplissements de chacun. Selon la coiffure, on pouvait reconnaitre les vaillants guerriers, les souverains ou les simples serviteurs.

        Othar avait fièrement porté ses cheveux attachés depuis qu'il avait l'âge de combattre. Alors, lorsque la lame avait tranché sa queue de cheval, il avait autant souffert que si on lui avait arraché son passé, ses victoires et sa bravoure.

        Le jeune elfe avait le regard sombre et les poings serrés. Il tourna les talons et rentra de nouveau dans la petite cabane. Il tira le premier tiroir de la commode, ignorant la douleur que lui provoquait malgré tout le moindre mouvement, mais n'y trouva que du linge. D'un geste agacé, il ouvrit le second, et son visage se décontracta lorsqu'il aperçut une longue lanière. Il la saisit, ainsi que le rasoir qui se trouvait avec, et referma bruyamment le tiroir. D'un mouvement sec, il coupa un morceau de lanière avec le rasoir qu'il posa ensuite sur le dessus de la commode, ignorant la moindre douleur qui réveillait ses plaies.

        Longue d'une trentaine de centimètres, la tresse fine et circulaire glissait entre ses doigts. Il la passa derrière son cou, sous ses cheveux désormais courts, et se regarda dans la glace en remontant les deux extrémités pour en faire un nœud. Mais son regard s'obscurcit plus encore lorsqu'il constata que ses cheveux n'étaient même plus assez longs pour faire une queue de cheval basse.

        Rageur, il jeta le morceau de lanière tressée sur le lit et posa ses coudes sur le meuble, la tête dans les mains, tentant d'oublier la douleur, tant dans son dos que dans son esprit. Mais c'est alors, qu'entre ses doigts, il aperçut le rasoir. Il envisagea tout d'abord de se raser la barbe qui avait poussé depuis les quatre derniers jours, mais se ravisa.

        Othar se redressa, et prit le rasoir dans sa main droite. Le regard concentré sur son reflet dans la glace, il coupa alors une mèche de cheveux, au ras de son crâne.

        S'il était condamné à avoir les cheveux courts et à supporter le regard mauvais de ceux qui ne l'avaient jamais apprécié, il se les couperait lui-même, ne supportant pas l'idée de garder cette coupe affreuse que lui avait gracieusement offert l'un des gardes royaux. Une colère le submergea alors que ses gestes étaient de plus en plus rapides. Aldaron avait voulu l'affaiblir et l'humilier devant toute la Capitale Elfe. Mais il n'en montrerait rien. Il se servirait de cette faiblesse comme d'une force.

        Après quelques minutes, Othar reposa le rasoir sur le meuble couvert de cheveux blonds, et observa son reflet. Cette nouvelle coupe mettait nettement en valeur ses oreilles pointues ainsi que ses trapèzes musclés dans son cou. Il fixa son bleu sur sa pommette, se souvenant du coup de poing que lui avait assené Elendë lui-même. Sa carrure de battant et sa mâchoire recouverte d'une légère barbe lui rendait une autorité naturelle plus imposante qu'auparavant. Ses prunelles d'un bleu cristallin fixaient sa cicatrice désormais visible sur le côté droit de son crâne, longue d'une quinzaine de centimètres.

       Fier dans son déshonneur, le jeune elfe passa ses mains sur son crâne désormais uniquement recouvert par un petit centimètre de cheveux, ressentant une douce sensation sur ses paumes en frôlant ainsi sa boite crânienne.

        Le Roi avait voulu lui couper les cheveux ? Il les avait rasés.

        Aldaron voulait jouait au plus cruel ? Othar serait le seul vainqueur de ce combat.

        Le jeune elfe inspira profondément et sortit une nouvelle fois de la petite cabane, mais il resta devant le seuil, le regard parcourant les alentours. Comme la plupart des villages de la Forêt, Antístasì était aérienne, à plus de cent mètres du sol, bâtie sur d'épaisse branches de différents arbres. Comme la capitale, les elfes se déplaçaient agilement grâce à des passerelles en bois et en cordes, avec des escaliers, des échelles, des ponts... Othar n'était pas complètement dépaysé. La lumière douce de fin d'après-midi traversait la canopée et teintait les lieux d'une lueur verte frôlant l'orangé.

        L'elfe plissa les yeux, et remarqua que devant les maisons des habitants du village, traînaient des affaires, des sacs avec des provisions, du linge, des armes. Mais il n'y avait pas âme qui vive dehors. Othar se souvint alors des paroles de sa mère. Ils avaient tous voyagé sans s'arrêter, et devaient être fatigués. Ils devaient sûrement dormir et les habitants du village avaient sûrement accepté de loger les rebelles chez eux.

        Il n'était jamais allé à Antístasì, mais lors de ses nombreuses batailles, il avait entendu dire que c'était l'un des villages les plus hostiles à leurs souverains. Il avait alors immédiatement songé à amener les rebelles ici.

        Pourquoi tant d'elfes haïssaient la couronne ? Cela remontait déjà à l'époque du père d'Aldaron, Aegnor. Le Roi, avide de pouvoir, avait réclamé beaucoup à son peuple. Les impôts avaient augmenté, au même titre que la misère. Il n'avait fait preuve d'aucune pitié et avait exécuté de nombreux elfes, « pour l'exemple », et pour des broutilles. Aegnor avait aimé le sang, et il ne s'en était jamais caché. À chaque bataille, il avait combattu aux côtés de ses troupes, les terrifiant par la même occasion par son regard sadique lorsqu'il enfonçait son épée dans le thorax de ses ennemis. Par sa haine et sa soif de sang, il avait causé de nombreuses guerres avec les royaumes voisins, surtout ceux de l'Est, mais également au sein de son propre peuple. Il avait massacré des villages entiers, tué et violé des femmes et des enfants sous les yeux des maris. Aegnor comptait parmi les Rois les plus cruels de l'histoire.

        Alors, lorsqu'il avait succombé au poison d'une flèche anonyme qu'il avait reçu en pleine poitrine, Aldaron lui avait succédé. Mais l'elfe avait fait preuve d'une grande intelligence, il savait que son père avait été détesté, et que, du fait qu'il avait le même sang, il ne serait pas apprécié. Alors, il avait tout mis en œuvre pour reconstruire la Forêt des Elfes, faisant preuve d'une bonté oubliée. Il avait aboli la peine de mort, avait dédommagé les elfes détruits par son père et avait entamé les négociations avec les Royaumes voisins. Il avait alors réclamé l'aide de la Vallée des Dragonnier, réputée pour être un havre de paix. Le Haut-Dragonnier de l'époque, Hildebald, avait accepté de rétablir une atmosphère paisible dans le Sud. Il avait tout d'abord envoyé des combattants pour affirmer sa puissance, mais n'avait quasiment pas eu à mener de combat, mais plutôt à apporter sa voix influente dans les négociations avec les Royaumes voisins pour arrêter les guerres. Il avait également dû intervenir lors des guerres civiles pour calmer le jeu. Si la Forêt avait ensuite connu des années paisibles, c'était grâce à la Vallée et à son Haut-Dragonnier.

        Aldaron avait alors commencé à remonter dans l'estime de son peuple, et à se faire apprécier. Les gardes royaux lui étaient devenus alors plus loyaux, plus dévoués, alors que les femmes elfes s'étaient bousculées devant sa porte pour devenir son épouse. L'une d'elle avait réussi à attendrir son cœur et lui avait donné un fils, Elendë. La famille royale avait alors été très appréciée de tous, et Aldaron avait réussi à faire passer son père au second plan. Il s'était montré comme un Roi aimant et proche de son peuple. Il avait pris sous son aile de nombreux enfants elfes, dont Othar, pour leur apprendre l'art du combat, épaulé par Hyamendacil qu'il avait fait nommé Chef Soldat, devenant ainsi une figure presque paternelle pour de nombreux enfants.

        Mais cela n'avait duré qu'un temps.

        Sa femme avait été assassinée. De là, avait commencé sa descente aux enfers. Ne dormant plus, Aldaron avait traqué jour et nuit celui qui avait détruit sa vie et brûlé son cœur, pour le torturer et le tuer de ses propres mains. Depuis, il n'avait plus jamais été le même, son regard avait changé et il avait commencé à faire peur aux enfants qu'il avait encore en charge. Othar était alors déjà devenu un combattant renommé. Le Roi avait commencé à devenir plus sévère, à élever les impôts, comme son père. S'il avait respecté sa propre loi lui interdisant les mises à morts, il avait mis en place des séances de torture publique, comme la flagellation. Il n'avait plus montré de respect pour les petites gens, et ces dernières avaient recommencé à haïr la famille royale. Elendë était alors en fin d'adolescence, et était devenu détestable. Arrogant, supérieur, il avait peu à peu appris à se faire craindre et haïr par beaucoup, bien qu'il continuât d'être admiré par nombre d'autres elfes. Aldaron avait retrouvé les traits cruels de son père et sa réputation était redescendu en flèche. Si lui n'avait pas pu être heureux aux côtés de sa femme assassinée, il le faisait payer injustement à son peuple. Une jalousie maladive, nourrie par une haine profonde.

        La Forêt avait alors été partagée en deux durant ces dernières années. Ceux qui idolâtrait la famille royale pour ce qu'elle avait accomplie et pour le nouveau caractère sévère qui plaisait à beaucoup, dont les elfes les plus riches, et ceux qui commençaient à nourrir une haine envers Aldaron et son insupportable de fils. Les tensions avaient été lourdes pendant longtemps. Et dorénavant, la guerre civile éclatait.

        Othar avait longtemps suivi son Roi qu'il avait apprécié dans son enfance, qui lui avait permis, suivant les traces de son père, d'élever les loups en plus de se dévouer aux combats de son peuple. Mais lorsqu'Aldaron avait plongé dans la haine et la douleur, Othar avait commencé à prendre ses distances, tentant tout de même de ne pas être trop insolent, ne souhaitant pas subir les foudres de son souverain. Certains avaient pensé que c'était de l'hypocrisie, et beaucoup de ses elfes avaient cessés de lui obéir, puisqu'il avait été nommé haut responsable dans l'armée Royale. Mais d'autres avaient compris sa stratégie, et lui avaient été encore plus loyaux. En silence alors, il avait commencé à rassembler des elfes qui le suivraient s'il arrivait quelque chose de grave. Aldaron ne s'était douté de rien, et avait continué de nourrir un attachement et une confiance aveugle en son fidèle combattant, qui lui, l'avait détesté un peu plus chaque jour en secret.

        Mais lorsqu'Othar avait rencontré Aïkida et Leeroy, qui avaient pris des risques pour arriver jusqu'à eux, il avait senti que le temps était venu. Il avait assisté en personne au refus catégorique d'Aldaron pour secourir la Vallée, alors que celle-ci l'avait aidé lorsqu'il risquait de se faire renverser par un peuple en colère. Il avait vu le désespoir dans les yeux de cette fille qu'il avait trouvé admirable, et il avait vu la force de Leeroy qui avait survécu à une blessure mortelle. C'était à ce moment-là qu'il avait pris sa décision. Il était parti le soir même avec son armée d'elfes rebelles qui lui était loyaux. Et il s'était engagé dans le Grand Combat, sauvant la vie de nombreux combattants, mais perdant aussi de nombreux soldats. Lorsqu'il avait pris cette décision, il connaissait les risques encourus, et n'avait pas agis sans l'accord de ses troupes. Mais ces dernières ne l'avaient pas déçue.

        La veille encore, elles lui avaient prouvé leur loyauté. 

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