Le syndrome des Dumas 2 - Maë...

By MaevaAndStories

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Maëlys est belle, intelligente et gagne bien sa vie. Oui en effet, celle qui est source du complexe d'infério... More

Avant-propos
Prologue
• AVRIL •
Maëlys ou la femme parfaite
Quand tout part en vrille
Conflit avec madame la juge
Tentative de séduction échouée
Dédoublement...ou pas
• 2 •
Tu regretteras
Fuck la famille
Sombre secret
Mauvais karma
• MAI •
La malchance est ma meilleure amie
Ce salaud m'a entubée
Non, je ne chialerai pas en discothèque
Occupe-toi de ta vie et fous-moi la paix !
« Va le rejoindre et botte-lui les fesses »
Épilogue
Bonus : Dans la tête de Bastien
Une série spin-off

Vous me sortez par les yeux

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By MaevaAndStories

Le lendemain matin, j'arrive en avance pour l'entretien. Ce n'est pas pour faire bonne figure ou quoi que ce soit. C'est simplement parce que je déteste être en retard.

Et s'il y a quelqu'un d'autre qui semble maniaque de l'heure, c'est bien Bastien le vaurien qui ouvre la grande porte cinq minutes en avance.

— Bonjour, lance-t-il d'un ton grave.

On dirait qu'il se lève juste avec sa chemise de bucheron, pourtant son visage et ses cheveux me prouvent le contraire.

Pas de porte tenue, pas de main m'invitant à entrer, pas de sourire accueillant. Rien. Le con est aussi froid qu'un iceberg. Mais ce n'est pas grave, ce n'est pas ça qui me déstabilisera. J'ai bien remarqué qu'il n'était jamais souriant en ma compagnie et il le sera encore moins lorsque je lui aurais planté un couteau dans le cœur d'ici quelque temps...

— Bon...

— Je vais commencer par regarder vos références, me coupe-t-il, peu désireux de m'entendre le saluer. Puis on fera un essai pour voir comment vous vous débrouillez en situation.

Impossible de lui répondre et de lui faire remarquer son manque de politesse car voir ma discothèque favorite vide est trop étrange. Sans sa musique, ses clients, ses projecteurs et tous ses autres artifices, elle est méconnaissable. La piste de danse ne ressemble à rien et les fauteuils rouges sur le côté font dépareillés avec le reste de la salle. C'est clair que lorsque les lumières sont tamisées, ça change tout.

— Bon je vais être clair [...] et puis [...] Donc euh mademoiselle... ?

C'est la main qu'il remue devant mon visage qui me fait réaliser que je n'ai pas écouté un piètre mot de ce que le con vient de dire.

— Votre nom. Vous ne me l'avez pas donné.

— Dumas.

— Très bien mademoiselle Dumas, souffle-t-il à première vue agacé, suivez-moi.

Dire que je l'imaginais simple employé la veille, voilà qu'il m'emmène dans son bureau. Le bureau du patron (enfin du service de restauration, si je peux l'appeler ainsi). Le dernier supérieur que j'ai eu en date était bien différent. Mais au final ils portent pratiquement le même surnom. Le connard pour un, le con pour l'autre. Et je devine sans mal que la fin sera similaire (non pas que je me sois envoyée en l'air avec Vilard, berk) puisque je compte planter le nouveau aussi.

Je m'assois sur la chaise (pas très élégante au passage) et lui tends mon CV ainsi que ma lettre de motivation. Puis j'attends quelques secondes qu'il décortique mes dossiers en tapant des ongles sur son meuble, question de lui montrer qu'il a beau être derrière le bureau, je ne suis pas impressionnée pour autant.

— Un parcours sans faute, remarque-t-il.

Évidemment.

— Mais je ne comprends pas. Pourquoi vouloir travailler dans un bar si vous êtes banquière ?

J'abandonne la contemplation de la pièce pour le regarder. La question qui fâche.

— Disons que j'avais envie de changement. Je ne dis pas là que je quitte le monde de la banque, mais un peu d'aventure n'a jamais tué personne.

Mes propos sont carrément ignorés puisqu'il continue, tel un inspecteur :

— Je ne vois aucune expérience dans le domaine. Est-ce que vous connaissez le métier de barmaid au moins ?

Lui qui n'avait pas quitté mes feuilles des yeux, relèvent ces derniers sur moi. Gris, ils me sondent longtemps en silence. Je hausse un sourcil pour lui faire comprendre que son petit jeu de regard du grand méchant loup ne marche pas sur moi et recommence à taper des ongles sur son bureau.

Le son des aiguilles de son horloge murale raisonne dans mes oreilles, ainsi que celui des gens dans la rue. Je soupire, commençant sérieusement à m'impatienter. Une touche d'ambre et une autre senteur que je ne saurais définir vient envahir mes narines.

Dia, ça sent bon. Oui, presque autant que chez moi.

— Alors ?

Je n'ai aucune idée de ce que ce « alors » signifie mais comme je le vois reculer, je me lève de ma chaise. Dans un silence pesant, nous nous dirigeons vers le comptoir.

— Très bien. Préparez-moi un Zombie, lance-t-il soudainement.

Bah voyons ! Ce n'est pas parce que je consomme de l'alcool que je connais toutes les combinaisons de cocktails moi. Il m'a prise pour une encyclopédie de breuvages ou quoi ? Bon, heureusement, je connais celui-ci puisque c'est un de mes préférés.

— Rhum, liqueur, jus, sirop, énumère-t-il un brin irrité, pensant certainement que je ne sais pas où aller.

Si j'étais ma sœur, je perdrais probablement les moyens et j'enverrai la vaisselle par terre d'un coup de coude maladroit. Sauf que je ne suis pas elle et pas le moins du monde stressée, je me dirige vers le rhum ambré (que j'ai tout de même eu du mal à repérer étant donné qu'il ne m'a pas fait faire le tour des lieux).

— Il faut du blanc aussi, lance l'autre derrière moi.

Je fais ma petite tournée : liqueur d'abricot, jus de citron vert. Je vais poser les deux bouteilles sur le comptoir et repars chercher le jus d'ananas et le sirop de grenadine.

— Le shaker, où est-il ?

— Vous comptez vraiment déplacer les bouteilles à chaque fois ? Le travail en binômes, vous connaissez ? Chaque pas de trop que vous faites est du temps perdu. Un temps que votre collègue devra rattraper à votre place. Chaque pas de trop que vous faites présente un risque, celui que vous renversiez quelque chose ou rentriez en collision avec le personnel. Je préfère ramasser la monnaie que les consommations figurez-vous.

Wow, il se calme un peu là ? Tout de suite, il monte sur ses grands chevaux.

— Vu que vous regardez tous mes faits et gestes mais que vous n'avanciez pas, je me suis dit qu'il valait mieux que je fasse le déplacement, répliqué-je.

— C'est normal que je supervise puisque je suis le patron, rétorque-t-il.

Dia dia dia dia dia, c'est bon j'ai compris là je crois !

— Pff, patron... patron du bar seulement, ce n'est pas une raison pour se prendre pour Dieu, grincé-je.

— J'ai racheté la discothèque à monsieur Vasquez. Parce que vous ne trouviez pas bizarre que ce soit moi qui m'occupe de l'entretien si je n'étais qu'un chef de service ? se moque-t-il.

Je n'aime pas du tout la tournure que prend la conversation. J'ai l'impression qu'il descend chacune de mes remarques. Que c'est lui le maître et moi l'élève. Or, c'est moi qui excelle dans l'art de remettre les gens à leur place. Et je refuse qu'un petit nouveau vienne me détrôner.

— Le shaker, vous ne m'avez pas dit où il se trouve, lui fais-je remarquer, feignant l'indifférence face à son discours.

— Le sirop de sucre de canne ne va pas venir tout seul, critique-t-il en retour tout en posant une main sur le comptoir.

Mes yeux se baladent sur les bouteilles. Oh merde, j'ai eu un petit oubli. Je me retiens de jargonner car premièrement je suis à côté de mon peut-être futur patron et deuxièmement parce que de tels propos sortant de la bouche d'une jolie femme, ça ne fait pas très classe.

Je repars donc chercher le sirop et quand je reviens devant le comptoir, le con appuie sur l'écran de son portable. Non... C'est une plaisanterie ? Il m'a chronométrée.

Ridicule le mec !

— Là, pile à l'instant où je vous parle, le cocktail devrait être servi. Et de ce que je vois, vous n'avez rien commencé encore. Donc je crois que j'ai tout dit. Je ne vous raccompagne pas, vous connaissez la sortie mademoiselle Dumas.

L'excellente actrice que je suis a du mal à garder son masque d'intouchable. Mais fort heureusement, mes répliques elles, ne sont pas du tout en mode off.

— C'est tout ? Vous me refusez parce que je n'ai pas été rapide comme Ludovic alors que c'est la première fois que je fais un cocktail dans un bar ? C'est ça pour vous un essai ? En plus de ne pas me faire faire un tour des lieux, vous ne me faites pas lire les règlementations ? Je ne sais même pas où se trouve la fiche tarifaire ou la réserve, c'est pour dire !

Il me regarde de la tête aux pieds, prêt à exploser je crois bien, puis se frotte la barbe. Monsieur ne peut pas revendiquer mes mots puisque j'ai raison. Et évidemment, il le sait.

— Si vous voulez vraiment m'envoyer chier, faites-le correctement alors.

Il fait un pas dans ma direction, pensant certainement me faire flancher avec son autorité à deux francs mais je garde la tête haute. Ce n'est pas ses beaux yeux clairs qui me feront lâcher prise. Parce que j'ai un objectif après lequel courir moi : argent et vengeance, les deux en un.

— Vous me sortez par les yeux, crache-t-il.

Un rictus de sourire m'échappe. Au moins, que ce soit positif ou non, je provoque quelque chose chez lui.

— Voilà une façon exemplaire de se comporter de la part d'un patron.

Anaïs m'a souvent dit que je poussais trop les gens à bout mais justement, je crois que c'est ce que je préfère. Les voir perdre pieds à cause de mes remarques, c'est amusant. Je dois reconnaître que pour une fois, je me trouve face à un adversaire de taille. Mais c'est encore plus excitant, parce que ça demande plus de savoir-faire.

— Écoutez, j'ai de nombreuses autres candidatures de personnes expérimentées dans le milieu elles, alors vous comprendrez que je me tourne vers elle plutôt que vous.

— Ah oui ? D'autres candidatures ? C'est vrai que vous avez l'air de crouler sous les demandes, ironisé-je.

Le Bon Dieu décide à ce moment-là de se mettre dos à moi puisque la sonnette de la porte d'entrée retentit.

— Il est 11h30 et le candidat suivant attend alors si vous voulez bien débarrasser le plancher, lance Bastien le vaurien.

Finie l'excitation du conflit. Tout retombe d'un coup. Si bien que j'en suis frigorifiée et figée sur place.

Je crois que c'est la première fois que je suis autant humiliée parce qu'évidemment le visiteur est rentré et regarde la scène, pas le moins du monde gêné d'être indiscret. Je fulmine intérieurement. Mais lui montrer que je suis touchée par ses remarques lui apporterait une satisfaction que je ne compte pas lui donner justement. En silence mais la tête haute malgré tout, je pars récupérer mon sac dans son bureau. Je passe ensuite devant lui sans lui accorder ne serait-ce qu'un regard.

Le candidat suivant me regarde lui, de la tête aux pieds (bien que ses yeux bloquent quelques secondes sur mes seins).

— Bonne chance. Il est d'une humeur exécrable. Il a remballé tout le monde aujourd'hui à ce qu'il paraît, lui soufflé-je avec un sourire se voulant compatissant, faussement compatissant évidemment. 

Pour le coup, le visage de l'indiscret sans gêne se teinte d'inquiétude. Et mon estime ainsi que mon moral remontent un peu par la même occasion. « Le malheur des uns fait le bonheur des autres » est probablement mon proverbe préféré et celui qui me correspond le mieux.

Pourtant, une fois dans la ruelle, je ne peux que reconnaître que je suis sur les nerfs. Après les refus de candidature pour le poste de banquière, voilà que je me fais démonter par un petit prétentieux qui se prend pour le roi du monde parce qu'il a racheté une discothèque.

Ridicule le mec.

Je vais être bonne pour revenir sur mes paroles concernant l'offre dont m'a parlé Anaïs. Je ne serai jamais descendue aussi bas de toute ma vie.

Tout ça, c'est de la faute à madame Coudert. Si cette vieille chouette avait envoyé une lettre postale ou était tout simplement passée à l'appartement pour me relancer à propos de son congé pour vente, rien de tout cela ne serait arrivé. Je n'aurais pas perdu mon appartement et je n'aurais pas dû quitter mon boulot pour visiter un nouveau logement. Je n'aurais pas songé à bosser dans un bar de merde et jamais je ne me serais fait remballer de la sorte par Bastien le vaurien.

Oui, tout est de la faute à madame Coudert.


NDA : C'est un coup dur pour Maëlys l'égocentrique puisqu'elle se fait remettre à sa place par notre cher barman (ou patron de la discothèque devrais-je dire). Beaucoup devaient penser que la brune serait embauchée et bien non. Pourquoi les héroïnes le seraient toujours ?  En tout cas, je crois que l'on peut le dire, notre cher patron ne la porte pas dans son cœur. Des avis concernant la suite ?

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