- Papa ? Je peux te parler ?
Mon père est dans son bureau. Il travaille sur son ordinateur.
- Bien sûr, chérie. Prête pour les examens ?
Je hoche la tête en essayant de sourire.
- Et comment !
Surpris par le ton de ma voix, il lève les yeux vers moi et lit l'angoisse sur mes traits.
- Entre, Kaylee. Qu'y a-t-il ?
Je m'assois sur une chaise face à lui. Je réfléchis un instant avant de prendre la parole.
- Tu te rappelles de ce garçon, Nathan, qui est venu ici ?
- Oui, très bien.
J'inspire profondément.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Demande papa. Où est-il ?
- À Redland.
- Que fait-il là-bas ?
- Il est parti vivre avec son père. Jusque-là, tout avait l'air de bien se passer pour lui. Mais... plus maintenant.
Papa m'observe, calé dans son gros fauteuil en cuir noir. Je continue :
- Il a des ennuis. Et il a besoin de mon aide. Je dois aller le chercher.
- Quand ?
- Là. Ce soir.
- Mais tu as tes épreuves demain.
- Je sais.
- Tu vas les reporter ?
- Je ne pense pas qu'on ait le droit. En partant tout de suite, je peux être de retour demain matin. Il y a environ deux heures de trajet.
- Chérie, tu ne peux pas aller à Redland en voiture au milieu de la nuit. Il faut que tu dormes. On ne passe pas un examen sans avoir dormi.
- Je crois que je vais réussir.
- Tu es vraiment obligée ? Et ton accord avec monsieur Brown ?
- Je sais. Je sais.
Il étudie mon visage.
- Tu es sûre de m'avoir tout dit ? Ce Nathan - tu es amoureuse de lui ?
J'évite son regard.
- Oui. Du moins, je l'étais. Enfin... je ne sais plus trop. Papa, je n'ai pas toujours été une super amie pour les autres et...
- Kaylee, tu n'es absolument pas responsable de ce qui est arrivé à Emily.
- Si Nathan avait un accident, et que je n'avais pas fait tout mon possible pour l'aider, je ne me le pardonnerai jamais. Jamais !
Il me dévisage avec gravité.
- Kaylee, je comprends. Cependant, pose-toi cette question : est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Est-il le genre de personne que tu veux dans ta vie maintenant ?
- Je sais, papa, mais il a besoin d'aide. Je peux faire quelque chose.
Mon père soupire.
- Chérie, je ne peux pas te laisser partir comme ça.
- Papa, tu ne peux pas m'en empêcher.
Il m'examine une minute, puis secoue la tête.
- Non. J'imagine que non.