Aëla - La Légende de la Princ...

Από Aela_Stories

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Au printemps 1680, les journaux relayent un mystérieux phénomène. A Paris, un mystérieux bandit masqué, armé... Περισσότερα

Avant-propos
Galerie des Personnages
Extrait d'Aëla: La légende de la Princesse de Moret
Prologue
👑 - Première Partie - 👑
1 - Ennemis ou Amis
2 - L'art de la séduction
3 - Deux Sœurs Différentes (1)
3 - Deux Sœurs Différentes (2)
4 - La Voix de Paris
5 - Que la Chasse commence
6 - Une rebelle malgré elle
8 - Une brume de mystère à la Cour des Miracles
✨ Note ✨
9 - La flamboyante Rousse
10 - Le précieux du Roy ?
11 - L'homme au fleuret
12 - Une étoile filante
13 - Un prince en danger ?
☄J'ai besoin de Vous ☄
14 - Une Impétueuse Rencontre
15 - Les Enfants Terribles
16 - Retrouvailles Explosives (1/3)
16 - Retrouvailles Explosives (2/3)
16 - Retrouvailles Explosives (3/3)
17 - Le Mystérieux Cavalier - Partie 1
17 - Le Mystérieux Cavalier - Partie 2
17 - (3)
Note de remerciements - Un an
Chapitre 18 - (1)
Chapitre 18 - (2)
Chapitre 18 - (3/3)
Chapitre 19
Chapitre 19 - (2)
Chapitre 19 - (3)
Chapitre 20 (I)
Chapitre 20 - partie 2
Chapitre 20 - partie 3

7 - L'étrangère de la Cour des Miracles

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Από Aela_Stories

NdA: Hey c'est moi l'auteure ~ Avant de commencer, je voulais vous signaler qu'il y a des passages en argot du 17ème siècle que j'ai traduit entre parenthèse.

Bonne lecture à tous ;)

Aëla attacha solidement la jument à la robe de jais à la barre d'attache près d'une auberge.

« Sois sage, Flèche » dit-elle en lui caressant la crinière noire.

L'intrépide brune était sur le point de partir lorsque le pur-sang s'agita nerveusement et donna des coups de sabots retournant la terre boueuse.

Intriguée, Aëla tourna sur elle-même pour faire face à sa jument à la crinière scintillante étrangement nerveuse. La jeune femme revint sur ses pas pendant que l'étalon grimaçait , la tête levée.

«Tout doux. Calmes-toi. Tout doux. »

D'une main ferme, un pied appuyé sur la barre d'attache, cette dernière prit la corde pour rassurer Flèche qui se cambra violemment.

« Pourquoi es-tu si agitée,soudainement ? Que t'arrives-tu ? »

Aëla approcha sa fine main hâlée pour caresser et apaiser l'animal.

« Calme toi, veux-tu ? »

Les oreilles dressées en pointe mouvant dans tous les sens, Flèche ondula de la tête et tira sur sa corde comme pour lui indiquer de rebrousser chemin.

«Tu n'iras nulle part, ma belle. Je sais que tu n'aimes que j'y aille mais je trouvais mes réponses,Flèche. »

La belle jument hennit puis frappa à nouveau le sol avec sa jambe, éclaboussant sa maîtresse qui s'écarta.

« Flèche ! gronda-t-elle avec douceur. Tu sais que Pénélope ne va pas être contente quand elle se rendra compte que tu as crotté sa robe. »

Soudainement, la jument éternua, arrosant sa cavalière au passage.

« Charmant .» soupira Aëla, en essuyant la bave du revers de sa manche sous les hennissements de l'équidé.

« Es-tu fière de toi ? J'irai là-basque tu le veuilles ou non.» rétorqua-t-elle en croisant les bras,le pied sur barre d'attache.

La cavalière haussa un sourcil en examinant la queue de Flèche fouettait l'air comme un fouet qui piétinait sur place en grattant la boue. Aëla s'avança donc vers Flèche qui scruta sa maîtresse. Avec un sourire malicieux, la brune sortit une pomme de sa poche puis la tendit au pur-sang. Docilement, la jument se saisit de la pomme de ses dents sous le regard amusé d'Aëla.

Cette dernière prit la tête affectueusement entre ses mains puis posa son front contre la tâche blanche au milieu de la tête de la jument.

La cavalière fit pénétrer son regard vert dans celui noir de sa jument puis lui

« Yara* (clair de lune),souffla-t-elle, un mot qu'elle ne connaissait guère la signification. Ne sois pas têtue. Il ne m'arrivera rien. Reste tranquillement, ici. »

La belle jument baissa ses oreilles mais, sa queue continua à fouailler l'air. Aëla sourit en s'éloignant de sa jument qui détourna la tête, visiblement agacée.Telle jument, telle cavalière.

« Arrête de faire la tête, veux-tu !La prochaine fois tu viendras avec moi » s'écria-t-elle en partant.

Flèche hennit pour réponse. Ses yeux écarquillés scrutaient sa maîtresse qui s'enfonçait dans la rue.

Son large chaperon rabattu sur la tête,Aëla longea la rue du Bout du Monde, entrée de la fameuse Cour des Miracles.

Elle savait qu'il n'était pas bon des'y aventurer en pleine journée, surtout en ces temps où de La Reynie nettoyait Paris par ordre du Roi. Malgré les efforts du courageux lieutenant de police, c'était peine perdue. Dès qu'une petite cour de truands disparaissait, une autre réapparaissait dans un autre coin de Paris par enchantement comme un phœnix renaissant de ses cendres.

Arrivée dans le cul-de -sac de l'Etoile, Aëla pénétra dans un monde méconnu qui nourrissait des multiples fantasme et où très peu osait y pénétrer : la plus mystérieuse et fameuse Cour des Miracles.

Aëla se fraya un chemin pour atteindre une vaste place, irrégulière et mal pavée de Paris dont les effluves épouvantables piquaient son nez. Un nuage de poussière planait comme une nébuleuse sombre bloquant la lumière des rayons de soleil et assombrissant la place déjà bien insalubre et hideuse,encadrée de vieilles maisons biscornues, rabougries, et ratatinées les unes sur les autres.

Elle s'engagea dans cette cour difforme mais, animée à la recherche d'un visage familier. Les gens hurlaient, criaient, se frappaient ou ricanaient. Aëla passa devant une gitane qui tapait de son tambourin et dansait pieds nus sous les sifflements et les commentaires lubriques de quelques hommes et femmes.

La brune continua son chemin, examinant cette jungle où fleurissaient les aveugles clairvoyants, les sourds à l'ouïe parfaite, les handicapés miraculés, les cris des riffaudés jurant que le ciel aurait consumé leur maison, la cour où s'élevaient la musique des marquises, les voix des jésus* et filles de joie; là où les habitants y jouaient la vaste tragédie de la décadence humaine.

Malgré l'anarchie apparente de cette Cour, celle-ci était très codifiée et régissait à ses propres règles.

Le grand Coësre - Jacques Lagniet - Paris - 1663

Aëla sentit des paires d'yeux derrière son dos la scruter, la détailler avec défiance. Elle jeta un coup d'œil en coin et s'aperçut que certains malfrats l'encerclaient discrètement.

Prudemment, elle souleva les draps qui bloquaient sa route tandis que les malfrats reculèrent, déçus.

Derrière ces draps étaient amassées quelques boutiques, étalages où étaient entreposés quelques bocaux étranges, babioles de tour genre ou herbes et autres artifices. Aëla scruta aux alentours pour identifier l'emplacement de la fameuse boutique lorsqu'un vieillard noirci par la crasse l'apostropha en rampant :

« Eh toi, Balle d'amour* ! Une maltaise* pour un invalide qui ne demande qu'un artie du gros guillaume* ! » brailla-t-il dans sa direction en tendant son bras gauche.

Aëla considéra froidement le vieillard amputé du bras gauche, assis à même le sol qui affichait un vaste sourire montrant la seule dent qui lui restait. Elles'agenouilla afin d'atteindre la hauteur du mendiant puis lui demanda  sèchement:

« Dis-moi où se trouve la boucard*(boutique) du Berbère.

― Es-tu folle ? couina-t-il de peur,en reculant.

― Dis-moi juste où se trouve cette boucard, répéta-t-elle froidement.

― Crois-moi, Marquise, aucun homme ne souhaite pénétrer labago* (là-bas), dans l'antre du boulanger*(diable) où l'on ne valse* (se sauve) jamais indemne. »

Aëla expira bruyamment puis se leva tandis que le mendiant cracha pour éloigner le mauvais œil.L'invalide ne lui serait d'aucun recours et ne voulait pas parler à moins que ...

Elle fouilla dans la poche de sa cape où quelques pièces dansaient. Monnayer, telle était la règle de la Cour des Miracles. Intrigué par la mélodie que jouait l'argent,le mendiant redressa sa tête puis ses yeux brillèrent à la vue de l'écu que lui tendait la mystérieuse femme. Il tendit la main prête à s'en emparer.

«Parle maintenant, ordonna Aëla en éloignant l'écu. Et, cette pièce sera à toi.»

L'estropié plissa les yeux puis passa son index sous son nez puis fit un signe de tête qui se voulut discret en direction d'un homme

« Hé bah ... »

Interpellée par l'ombre derrière elle, Aëla pivota sans attendre sur elle-même. La brune saisit le poignet d'un homme, surpris et le lui tordit sans état d'âme. Ce dernier lâcha son petit couteau puis Aëla écrasa la tête de l'homme portant un corsaire sur la table, faisant tomber au passage des cartes de tarot. Le malfrat écrasé sur la table fit un clin d'œil à la gérante pour qu'elle lui vienne en aide puis se mit à hurler sous la douleur du bras tordu.

« Tut, Tut ! Pas touche à ma valade*! Veux-tu risquer d'avoir ta main cassée* (coupée) pour de boncette fois, le prévint-elle en empoignant fermement le bras de l'homme à chapeau sans accorder le moindre regard à l'estropié. Ce serait ballot.

― Sale sorcière ! » jura le mendiant sèchement dans sa barbe avant de cracher à nouveau et partir.

Les joueurs de mathurins à côté,ainsi que les autres commerçants de la Cour, avaient cessé toutes activités. Aëla examina l'homme vêtu d'un long manteau à feindre des convulsions comme pris d'une soudaine crise d'épilepsie lorsque la brune remarqua la grosse boucle en laiton accrochée à son oreille gauche. Blasée, elle le lâcha puis marmonna exaspérée:

« Bellevue ? »

Sceptique, elle posa une main sur sa hanche pour observer Bellevue à terre qui simulait à présent de la bave provoquée par l'écume d'un morceau de savon qu'il avait habilement glissé dans sa bouche. Il souleva la tête en posant sa main sale sur son front puis lâcha dramatiquement un râle dans une violente convulsion.

« Du grand art, Bellevue ! Tes talents de miseloquier* (comédien*) m'impressionnent de jour en jour ! »applaudit Aëla peu convaincue. »

Bellevue bornoya et distingua un visage sous le capuchon encadré par des mèches brunes et ces yeux verts qu'il ne connaissait que trop bien, hélas. Il grimaça en refermant les yeux.

« Arggh... Tout cela pour ça !rouspéta-t-il en tendant son bras. Je dois être maudit »

Aëla l'aida à se relever avec un petit sourire mutin.

« Tu comptais auditionner pour la troupe du Roi ? » releva-t-elle avec sarcasme.

Bellevue ramassa son chapeau troué et tacheté, sans prêter les jérémiades de la vieille dame, puis recracha le morceau de savon de sa bouche.

« J'aurais dû me douter que c'était toi, Aëla, fustigea Bellevue en remettant son chapeau. Toi l'escargot (vagabond) et les autres, allez-vous faire valser l'escargot*! »

Les habitants de la Cour des Miracles se dispersèrent et reprirent leurs activités comme si de rien n'était.

« Et mésigo* (moi), j'fais comment ?râla la voyante avec un bandana rouge lui couvrant l'œil.

― Sais-tu à qui tu balances le chiffon (parles) la Birbasse* (vieille) ? menaça Bellevue en louchant et en dodelinant sa tête. Va te faire valser. »

Mécontente, la vieille bohémienne lui jeta un mauvais regard puis se tourna vers Aëla et lui prit brusquement la main.

« Ohh, je babille (lis) un grand avenir, dit-elle avec un mystérieux sourire. Un roi et Deux dardants* (amours) puissants...

― Tu me méprends avec la Princesse de Montpensier,soupira Aëla, agacée, en retirant sa main.

― Non, trois dardants, se corrigea la voyante. Qui ? 

― Trois ! siffla Bellevue en jetant un regard espiègle à Aëla. Tu planques bien ton jeu ! Suis-je l'un...

― Ne rêve pas. Elle pavillonne*(délire). » lança du tac-au-tac Aëla sèchement.

L'épaisse dame marqua une pause puis écarquilla les yeux soudainement effrayée. Aussitôt elle relâcha la main de la jolie brune si bien que cette dernière ne sut si la voyante fut courroucée par son commentaire, ou si elle avait vu quelque chose d'étrange. Aëla la remercia, toute même, d'un écumais l'agitée bohémienne refusa en bafouillant. Bellevue plissa les yeux puis regarda la vieille bohémienne ramasser ses cartes précipitamment puis partit comme une furie dans une ruelle ténébreuse.

« Cela, c'est décarrer comme si elle avait vu le Boulanger ou je ne m'y connais pas ! » se moqua le cagoux* en gesticulant sur lui-même.

Le cagoux Bellevue

Théâtralement, ce dernier se tourna vers la jeune femme encapuchonnée puis il lui proposa son bras. Ils déambulèrent ainsi dans la Cour des Miracles. Elle se laissa guider par Bellevue dans cette place. Malgré toutes les vilaines choses dépeintes sur ce coin de Paris, bien mystérieux, elle se sentait à sa place.

Personne ne l'a dévisagée comme une bête noire ou comme un monstre. Elle salua quelques habitants qu'elles croisaient alors que d'autres venaient aborder le cagoux pour lui filer leurs butins, son dû.

Elle discutaillait gaiement avec certains malfrats avec lesquels elle avait tissé une certaine complicité, affaire oblige. Après avoir chassé un frêle, les yeux noirs de Bellevue s'attardèrent sur la jeune femme élancée, enthousiasmée par une conversation. Il sourit en coin, en quelques années l'énergique et malicieuse enfant* avait gagné l'amitié   du Coësre* et sa place dans sa cour. Tous, ici, la reconnaissaient comme l'une des leurs, maintenant.

«Bon, quel bon vent t'amène ici, Madrinne* ? Es-tu labago* pour intimider mes sujets ou as-tu des jolies choses à me montrer ? s'enquit Bellevue. Avant cela, il me faut, mon petit cœur, du chiffonnier* (eau-de-vie) pour t'affronter.»

Il sortit une petite fiole de son long manteau troué puis il déboulonna une petite fiole à l'aide de ses dents assez bien conservées pour un homme de petite vertu. Il but cul-sec sa liqueur et émit un râle d'homme bienheureux avant de proposer la petite fiole à Aëla qui déclina.

« Ça m'en fera plus pour moi. Tu ne sais pas ce que tu perds, ma p'tite ! » dit-il en haussant les épaules.

De là où elle était, Aëla pouvait sentir son haleine qui empestait les effluves de l'alcool fort. Il proposa une nouvelle fois la liqueur à celle-ci qu'elle refusa puis le cagoux rangea son eau-de-vie sous son manteau puis lorgna la jeune femme en dodelinant.

« Serais-tu venue juste pour contempler l'unique merveille du Forest moust rubin * (Cour des Miracles) ? »

Aëla afficha un rictus moqueur au moment où Bellevue s'embrassa la main droite, signe qu'il était comme béni des Dieux. Elle s'apprêtait à répondre d'une manière assassine comme elle savait si bien le faire mais le malfrat ne le lui laissa point l'occasion. Faussement peiné, il écrasa son index orné d'une grosse bague pour la faire taire. Aëla recula, rebutée face à ce doigt crasseux.

« Chut ! Chut, ma jolie marquise. Tu sais que notre amour, aussi puissant qu'il soit, est voué à une fin tragique. Je dois te protéger de mes amantes dangereuses que je ne contrôle plus !

― Epargne-moi de tes palabres incompréhensibles. » protesta-t-elle en repoussant violemment son doigt. »

En posant l'autre main sur le front,tel un comédien de la Commedia dell'Arte, il geignit :

« Quel affreux destin qu'un dardant cornélien comme le nôtre ! Espérons que tu auras plus de   les trois autres ! »

Il ricana après lui avoir jeté un clin d'œil complice. Aëla lui lança un sourire délicieux et, rit de bon cœur devant cet étrange personnage attisant les commérages aux alentours.

Bellevue s'agita maintenant dans tous les sens, sautilla et sauta sur les pavés hauts comme un vigoureux fou. Cependant ne vous fiez pas à cette allure et à sa dégaine de soûlard, Bellevue était l'un des cagoux* (chefs) les plus dangereux de la Cour des Miracles. Bien qu'il régnait d'une main de fer sur ses sujets, personne ne savait ses origines ou même son âge. Bellevue alimentait les rumeurs les plus folles et était craint de tous. Il maîtrisait aussi bien la langue de Molière que le latin que l'argot de la Cour ainsi que les codes de la rue ; ce qui faisait de lui un redoutable adversaire de la Reynie. De temps à autre, il arrivait à Aëla de s'interroger sur les raisons de la présence d'un homme aussi rusé que lui, ici.

Il retira son corsaire troué dévoilant ses cheveux noirs attachés en queue de cheval basse par un foulard et agita le chapeau pour lui indiquer l'entrée de son bureau en plein air, au pied des escaliers de l'église où des filles et des garçons, de tout âge, prostituaient devant l'Eglise.

« Si la Madame la Marquise le veut bien ? »

Bellevue s'assit sur l'une des marches tordues alors qu'Aëla sauta pour se poser négligemment sur la rambarde de l'escalier en pierre. Il pinça les fesses d'une prostituée qui montait les marches pour jauger la marchandise.

Celle-ci ferait bien l'affaire tout à l'heure, envisagea-t-il avec un regard concupiscent pendant que la femme sursauta de surprise.

Cette dernière, habillée d'un simple corset et d'une culotte, se retourna réceptive à l'appel. Bellevue découvrit avec effroi un visage couvert de pustules. Il accéléra le pas et, se saisit immédiatement de sa fiole l'eau de vie pour s'y asperger les doigts sous les ricanements d'Aëla.

« Cesse de rire comme un cochon. Elle avait un joli petit c-... »

Aëla lui donna un coup de coude,décontenancée. Le cagoux tiqua puis rajusta son corsaire.

« Mais je m'égare ! dit-il. Alors, tu n'es pas là pour commenter mes performances de comédien, ni ceux de galant. Je t'écoute, dit-il en buvant une nouvelle gorgée de son élixir.

― Dorian, déclara-t-elle avec un regard appuyé.

― Maudit soit ce Robin, grommela-t-il, en dodelinant de la tête. Dis-moi quelque chose que je ne sache pas comme, par exemple..... Que veut-il cette fois-ci ?

― Une boucard* (une boutique) d'un certain...

― Est-il lâche pour ne pas se montrer et t'envoyer toi ? Tu sais, beaucoup d'hommes le cherchent...pour lui régler son compte. Voyons ne me regarde pas ainsi. Etre un officier ....

― Un petit délice, Cagoux ? » intervint une fille à la chevelure d'ébène à peine plus âgée qu'Aëla.

Celle-ci se frotta contre Bellevue, comme un félin. Elle passa de ses mains autour de ses épaules et y enfonça ses longs ongles. Sensuellement, elle se laissa choir sur les genoux du cagoux pendant que des Jésus, tantes et filles de joies sifflotaient.

« Chenu Reluit* Carlita, salua Aëla, gênée en détournant le regard au sol où un gros rat se faufilait.

― Oh Aëla, je ne t'avais pas vue,salua la fille avant d'embrasser Bellevue qui la repoussa mal à l'aise. Qu'est-ce qui te fait rabouler ? »

Carlita dégagea une mèche de cheveux ondulés qui balayait son visage pour dévoiler un regard aussi bleu que le ciel.

« Balocher* (parler affaire). Et toi,que fais-tu labago* ? Pourquoi n'es-tu pas avec les Sœurs de la Charité pour apprendre... ? s'adressa Aëla, dépitée.

― Apprendre ? Ne sais-je pas déjà tout, n'est-ce pas Bellevue ? »

Carlita glissa une manche sur son épaule dévoilant la naissance d'un sein en gloussant. Comme pour prouver ses dires, elle leva sa jambe droite soulevant sa jupe qu'elle avait raccourcit avec un rire cristallin. Elle glissa avec souplesse rare son pied sur la joue du cagoux, bienheureux tandis qu'Aëla leva les yeux au ciel exaspérée, priant qu'on mette fin à ce supplice.

« Je ne te parle pas de ça, Carlita.

― Une vraie pucelle, balança-t-elle sous le ton de la taquinerie à la brune sous son capuchon. Jet'apprends si tu veux toi qui aime tant apprendre. Tu montreras à ce filou de Dorian Blaise tes nouveaux talents

―Sans façon, Carlita.

― Déguerpis Carlita, dit Bellevue en passant une main sur sa cuisse pour tirer sa jupe. Va dire à tes frangins et frangines de jouer ailleurs, nous devons balochons*(parler d'affaire). »

Avec une moue triste, Carlita se leva puis remonta sa manche couvrant son sein. Elle se cambra en passant sa main dans les cheveux laissant ondulés ses cheveux bruns sur son dos. Il donna une bonne tape sur ses fesses pendant que Carlita se dandinait pour montrer ce que Bellevue avait raté. Aëla ne put s'empêcher de grommeler.

« Belle paire de fesses non ? J'en ferai mon quatre heure, jaspina-t-il en haussant simplement les épaules, ravi. Ce sera mon acte de charité.

― Tu es un véritable chrétien,toussota Aëla mi- dégoûtée par le langage cru.

― Bah ! Personne ne naît saint, dans ce bas-monde. Ne sois pas jalouse, voyons. Si jamais tu te lasses de ce prince des voleurs, tu devrais songer à travailler pour moi, glissa-t-il avec un brin de malice. D'ailleurs, ne t'a-t-on jamais dit que tu ressemblais à si méprendre à la Esméralda, mon ancêtre la marquise* d'une beauté remarquable?Quoique je ne te souhaite pas la même fin.

― Ton ancêtre ? Comment a-t-ellefini ?

― Une bohémienne si belle mais son grand cœur l'a perdue. Triste fin. Méfie-toi des gens d'en haut qui prétendent t'aimer ou sinon couic ! »

Il mima une pendaison puis se mit à rire, seul. Il enfonça sur la gouttière de sa fiole vide. Et, il pencha sa tête pour récupérer les dernières gouttes de son alcool. Tristement, il laissa choir la fiole au sol.

« Tu as sombré dans la folie, Bellevue. »

Le cagoux sortit de nulle part un morceau de bois. À l'aide d'un couteau qu'il sortir de son long manteau, il l'aiguisa.

« Sais-tu combien je pourrais en tirer pour une fleur de Marie* (vierge) comme toi ? Beaucoup !répliqua-t-il sans lui laisser le temps de répondre, surtout que ton joli minois qui s'embellit de jour en jour, ma marquise*(bohémienne) »

« Tu prends des risques inutiles. Tu risques de perdre ta précieuse clientèle. Et eux, leurs membres ! » glissa l'intrépide brune avec pointe d'agacement.

Il lâcha un long soupir puis il adossa son bras nonchalamment sur une marche de dessus puis tailla son morceau de bois.

« Je dois te reconnaître une chose,il souffla sur le bout de bois puis le nettoya, tu as de l'atout*(être courageuse). Pourquoi n'es-tu pas comme ces filles dociles et peu avares de commérages du Grand mec* (Le Roi) qui gloussent d'embarras lorsqu'on leur fait une propositions indécentes. Ou, qui rougissent  sous leur éventails lorsqu'on leur conte les délices de la vie humaine ou les douces supplices qu'offre ce petit Linspré*(prince).

― Cette pierreuse*, persifla Aëla.

― C'est que ça mord, sourit-il entaillant le bois puis il s'arrêta. Ses fêtes, à Versailles ou à Paris, rendrait jaloux le Coësre * (chef de la Cour des Miracles) avec ses parties de jambes fines où le champagne coule à flot. Ma p'tite, je me suis bien rincé l'œil, la dernière fois. Et, plus,il se retourna pour vérifier qu'il ne soit pas entendu puis rajouta,je peux te dire que les dames de cour s'y connaissent drôlement bien. »

Aëla secoua sa tête pour effacer la vision qu'il venait d'apparaître sous ses yeux alors que Bellevue lâcha un rire graveleux.

« Bellevue, connais-tu où se trouve le dénommé Berbère? » changea de sujet Aëla.

A ces mots, le couteau dérapa des mains de ce dernier. Bellevue se raidit en entendant le prénom que seuls les fous se risquaient de prononcer à voix haute.

« Chut ! On ne prononce pas son nom. »

Pleine d'interrogation, la jolie brune lui tendit son couteau. Dans les yeux du cagoux, elle décelait une once de peur et de l'agitation. Les cicatrices sur ses lèvres pincées, il l'attira vers lui.

« Que cherches-tu ? souffla-t-il, bien sombre. Il y a des endroits que les capons* évitent et qui mènent à la carline* (mort), lago*.

― Bellevue, parle ou je n'hésiterai pas à balancer tes petites manigances. »

Le cagoux grimaça, hésita puis soupira de plus belle.

« Que lui veux-tu ? Blaise*cherche-t-il à te capahuter*?s'inquiéta-t-il en agrippant son avant-bras. Il est hors de question, ma jolie Marquise, que je t'indique le chemin de la mort.

― Tu ne me laisses pas le choix,alors. » menaça-t-elle en se levant.

Celui-ci sonda froidement et, silencieusement,  la jolie brune déterminée qui se tenait devant lui.Il lâcha un lourd soupir puis pointa finalement le couteau en direction d'une ruelle tortueuse, abstruse et étroite en face d'eux.

« Sa boucard* sous les grands arcs rose. concéda-t-il. Il faut emprunter au bout de cette ruelle puis tu tourneras une fois à gauche et deux à droite. Ce sera la première porte à droite. Tu ne pourras pas la rater. Mais, je net'ai rien dit. »

Aëla se leva du haut de la rambarde puis sauta de la rambarde agilement.

« Tu vois quand tu veux ! Tu es le meilleur ! lui sourit-elle, délicieusement, dévoilant ses dents blanches.  

― Oh je le sais déjà, Princesse !» s'exclama-t-il fièrement en levant pour la saluer.  

Bellevue remit son couteau dans sa poche et descendit les quelques marches en chaloupant. Ce dernier saisit brusquement le bras d'Aëla. Celle-ci se tourna vers lui,prête à frapper. Elle se ravisa en découvrant la mine inquiète du truand.

« Labago*, c'est la peste. Ne joue pas avec ces diablotins qui pactisent avec le boulanger* (Diable),dansent sur les cadavres d'enfants et se livrent à des rituels particuliers. Sois prudente, la prévint-il d'une mine sombre. Labago, tu ne seras plus sous la protection du Coësre ou sous la mienne.

― Je le serai, Bellevue ! »promit-elle en lui tenant chaleureusement la main.

Bellevue lui fourra dans le creux de sa main, le morceau en bois. Aëla l'embrassa tendrement sur la joue ce qui le déstabilisa un peu. Le cagoux observa, le cœur serré, sa jolie marquises'évaporer dans la ténébreuse ruelle en direction de la boutique.

« Que le Mec des Mecs (Dieu) te protège, ma belle marquise ! » souffla-t-il.

Carlita, pieds-nus sur les pavés boueux et tortueux, se livra à une danse rythmée ce qui attira l'attention de Bellevue.

*** ***

Fin de la première partie du chapitre 7

En média: La mystérieuse rousse

Merci d'avoir lu ce chapitre

N'oubliez pas de commenter ou de me faire part de vos suggestions ou d'éventuelles fautes :)

Excusez-moi pour les fautes d'orthographes et n'hésitez pas à me les signaler.

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Συνέχεια Ανάγνωσης

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