l'alchimiste

By a_nanas

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Jaffar Yahya, jeune parisien bouffé par la haine, froid, insociable, cru et antipathique. Un genre de mal aim... More

Prologue
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«Révélations dans les bois»
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37.
38.
39. (un)
39. (deux)
39. (trois)
40. (un)
4o. (deux)
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47.
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49.
50.
51.
52. (un)
52. (deux)
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54.
54/2
54/3

21.

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By a_nanas

À peine un seul pieds dans l'appartement, je remarque que tout est sombre, la pièce empeste le charbon.

J'imagine rapidement qu'elle vit seule.

Je constate aussi qu'elle est super gênée et mal à l'aise face à moi alors qu'elle est chez elle, dans son propre territoire.

J'ai dit que ça empestait le charbon?

Plus j'avance plus cette odeur est prononcée et plus elle m'est familière.

ÇA PUAIT LE SHIT!!


-   T'es toute seule?

-   Oui...

-   Il est où le petit?

-   Chez ma sœur.

-   J'espère vraiment pour toi que t'as pas l'habitude de fumer ta merde devant lui.

- Non jamais w'Allah!

- Grosse t'as un enfant en bas âge, que tu élèves seule alors que tu te drogues? Tu trouves ça normal ou bien? Ton appartement est super crade, DÉGUEULASSE c'est pas normal mais sur ma nièce tu vrilles complet là.

- C'est parce qu'il est pas la, sinon je m'occupe très bien de lui j'suis une bonne mère l'Alchimiste. Ne me l'enlève pas s'il te plaît, il est tout ce que j'ai.

- Ces aiguilles elles sont à toi!?

- Non, fin oui mais j'me pique pas.

- J'ai envie de t'éclater, t'as tout ce bordel sous le même toit où dort le petit? Attends, la j'te parle de mon fils. Tu veux qu'un jour il tombe par hasard sur ça et décide de jouer avec puis finit par se piquer et attraper une sale maladie? ZEBI mais est-ce que tu penses à tout ça?


Elle se gratte la tête ne sachant quoi répondre. Mes yeux se trimballent dans toutes les pièces, j'examine les moindres recoins comme une assistante sociale.



-   Emmène moi voir sa chambre.



Elle avance en silence,
je la suis assez tendu mais je parviens à me canaliser lorsqu'elle ouvre la porte de cette piaule qui était fermée à clef.

Cette pièce n'avait absolument rien à voir avec le reste de l'appartement. On pourrait penser être complètement dans un autre habitât. C'était lumineux, spacieux, propre, bien ordonné!

Le lit était nickel, les jeux étaient tous autant qu'ils sont parfaitement rangés ainsi que les vêtements. On pouvait aussi voir sur le mur des cadres de photos accrochées de lui lorsqu'il était bébé.

Ouais, j'étais agréablement surpris.



- Propre.

- J't'ai dit que je prenais bien soin de...

- On discute ici ou dans ton squat?

- Comme tu veux...

- Restons là.


Elle se positionne alors sur le lit, quant à moi je m'installe sur le bord du bureau.

Je ressens très rapidement son stress.



-   Qu'est-ce que... qu'est-ce que tu...

-   Je veux tout savoir!



Elle se lève, se dirigeant vers l'un des meubles afin d'en sortir un album.

Un album photos suivi d'un dossier où résidait tous les documents regroupés concernant Jamel depuis sa naissance.



-   Tiens



J'intercepte ce qu'elle vient de me tendre, elle me parle mais je suis absorbé par ces photos de naissance, je ne l'écoute pratiquement pas. Cet être est le mien.



- Il est né le 31 décembre 2009 à l'hôpital Robert Debré avec 2kg700

- Pourquoi tu m'as rien dit !?



Elle se gratte l'avant bras gauche.



- T'étais en prison, on ne s'entendait pas... t'étais jugé de «dangereux» et je...

- C'est une raison ça?

- T'as dit ne jamais vouloir d'enfant.

- Et alors? Peu importe ce que j'ai dit, peu importe comment je suis, j'aurais dû au moins être mis au courant. Que je l'assume ou non t'aurais dû me le dire.

- J'avais peur, j'étais terrorisée à l'idée d'imaginer que tu m'pousses à l'avorter, t'aurais vraiment été capable du pire.

- Et tu m'connais pas ta race évite d'affirmer des choses comme ça sur moi! Ce qui est vrai c'est que je comptais récemment te faire une dinguerie mais...

-   On me l'a enlevé à un an.

-   Quoi?




Elle retient ses larmes, le regard vide, les yeux remplis par les poches de fatigue.

- Il avait à peine un an...



Et elle fond littéralement en larmes.

Je ne sais quoi faire ni quoi lui dire.
Cette situation me dépasse à vrai dire.

La seule et unique chose qui nous rassemble c'est Jamel, notre fils.

Gêné, je souffle.

C'est la mère de mon enfant, malgré toutes les idées sombres qui ont pu me passer par la tête, malgré la rébellion et l'envahissement de certains d'mes démons, je dois faire preuve d'empathie ne serait-ce qu'un minimum.



- Pleure pas. C'est terminé tout ça maintenant il est là ton fils.

- C'est pour ça que j'osais pas te dire qu'il était de toi, tu aurais pu aussi me l'enlever et je m'en serais jamais remise. Ils ont tout fait pour me le retirer à nouveau en disant que j'étais folle, que j'étais une mauvaise mère mais c'est faux.


Lâche t'elle en essuyant ses larmes.



- Ils? Ce sont qui?

- Tout le monde, ils sont tous contre moi... ils veulent nous séparer.

- Explique moi pourquoi ils te l'ont prit.

- J'avais dix sept ans, Jamel n'avait qu'un an je m'étais prise la tête avec mes parents alors sans réfléchir j'ai fait mes affaires et je m'en suis allée avec lui. J'étais au début hébergée chez une amie mais fallait que je prenne mes responsabilités, que je me trouve un boulot et un appart pour nous deux... j'ai été finalement placé en foyer et ils ont jugé bon d'envoyer Jamel à la DDASS.





Je me sentais bouillir à l'entente de ses dires, je lui en veux inconsciemment. Je lui en veux d'être tombée enceinte sans que je sois mis au courant, je lui en veux d'avoir fugué de son domicile avec un bébé, je lui en veux d'avoir caché mon existence, je lui en veux d'avoir fait subir toutes ces galères au petit, je lui en veux pour un tas de choses. Je lui en veux!

Au lieu de lui en vouloir je devrais sûrement être en train de compatir, éprouver de la peine pour ce qu'elle a pu endurer. Sauf que je n'y arrive pas.

«- Ne sois pas dur, mets toi à sa place!» me chuchote légèrement ma conscience.

J'y arrive pas,
aucun mot ne parvient à sortir de ma bouche. Le sentiment de haine contre cet événement passé m'attrape aux tripes.




- J'suis désolée de n'avoir rien dit j'pensais vraiment avoir choisis la meilleure des solutions.

- Et ça ne l'était pas zebi!

- Si j'aurais su que tu pouvais être comme ça je te l'aurais très certainement dit mais tu étais incarcéré, c'était pas...

- M'en bats les couilles, il sait qui j'suis?

- Non je ne...

- T'ATTENDS QUOI POUR LUI DIRE?


La manière dont j'ai haussé la voix a du l'effrayer, j'ai perdu le temps d'une seconde mon self-control, elle m'agaçait!



- Sept piges que tu mens à ton marmot, tu t'en rends compte? Et après tu joues l'hypocrite en disant qu'il est tout ce que tu as. Quelle connerie tu lui as fait croire? Que son père est mort, qu'il est dans un autre pays à l'autre bout du monde, qu'est-ce que ta bouche a dit?



Ses yeux se remplissent petit à petit de liquide incolore, mes mots ont été blessants ou vexants je n'en sais rien.




- Et arrête de pleurer w'Allah réponds moi, qu'est-ce que tu lui as dit? Que son père est un méchant, qui a fait de la prison? C'est ce que t'as raconté?! T'as du bien me rabaisser à ses yeux.

- Non... je ne lui ai jamais parlé en mal de son père, jamais! Je lui ai toujours dit qu'il rencontrera son père en temps voulu, lorsque Dieu l'aura décidé.

- Faut que tu lui dises putain.

- Je sais...


Agacé,
je m'éloigne du rebord où j'étais appuyé. Je quitte soudainement la chambre, suivi par Amina qui semblait étourdie.



- Il revient quand?

- Dans trois jours.

- Écoute moi bien, maintenant j'suis là et sache dès à présent j'suis pas un pédé. Le petit a mon sang qui coule dans ses veines, je vais l'assumer comme il se doit et t'as intérêt à lui dire la vérité!




Elle ouvre grand ses yeux, limite abasourdie par mes sincères propos.



- J'te le dit clairement c'est la dernière fois que je vois cette baraque dans cet état là, c'est la dernière fois que tu laisses traîner tes putes d'engins ici.


J'inscris quelques chiffres sur un bout de papier qui figurait sur le bureau.


- Tiens mon numéro si t'as le moindre soucis tu m'appelles et dès qu'il revient préviens moi, je viendrais peut être.



Elle acquiesce encore sous le choc de ma réaction. J'étais obligé de prendre les devants, de faire preuve de maturité.

Tout a été dit.

Je m'arrache sans rien ajouter,
sans rien attendre d'elle en retour.

Sur le chemin, capuche sur la tête,
je m'allume un dernier joint.

Après avoir expiré mon épaisse fumée,
j'ai décroché l'appel de mon cellulaire.


«
- Ouais?

- Désolée de te déranger... »

Rien qu'à ses premiers mots,
J'avais parfaitement reconnu sa voix.


«
- C'est Rita, Émilie vient de sortir et la chaufferie fin le chauffage ne fonctionne pas, elle m'a dit de te prévenir pour que tu passes voir et normalement elle t'a laissé quelques messages et appels...

- Ha ouais, j'ai capté tous les prétextes sont bons pour que tu puisses me voir.

- Pardon? Tu crois que je suis en train de m'inventer une vie rien que pour tes beaux yeux? Tu peux rester où tu es, c'est Mimi qui a insisté mais moi je peux très bien survivre sans chauffage merci.

- J'arrive




Je raccroche rapidement.

Depuis notre nuit blanche dans les bois, on ne s'est plus reparlé. Certes on s'est croisé sur notre lieu de travail mais nos conversations restaient seulement centrées sur le business et rien d'autre.

Lorsque je fais un pas en avant, je recule inconsciemment de trois pas en arrière.

Je l'ai à nouveau ignoré,
elle m'a également ignoré.

Comme si,
il ne s'était absolument rien passé,
comme si il n'y avait jamais eu de baiser, comme si l'on ne s'était jamais embrassé.

Et cette situation me suffisait amplement.

Après avoir rejoint ma voiture,
je me suis dirigé aussitôt chez Mimi.

Arrivé sur le pallier, c'est la métisse aux tâches de rousseur qui m'ouvre encerclée par une belle grosse couverture rose.

À peine un regard, elle me laisse entrer.



-   Elle est où Mimi?

-   Au ciné.


J'avance jusqu'au sofa,
j'étais prêt à m'installer oubliant presque la cause de ma principale venue.



-   Et c'est depuis quand que votre chauffage a rendu l'âme?

-   En début d'après-midi

-   Vas y je vais voir ça.

-   Très bien.



Elle s'en va dans la cuisine sans pour autant lâcher sa couverture, quant à moi j'ai été examiner leur ballon chauffe-eau.

En une seconde c'était déjà réglé. Il suffisait de manier quelques boutons.



-   C'est bon, le chauffage va reprendre.

-   Quoi? DÉJÀ?

-   Ouais c'était vite fait.

-   Mais, soupire t'elle,
ça fait depuis quatre heures de l'après-midi je me prends la tête avec cette merde, j'ai grave la haine t'es arrivé t'as fait ça en deux secondes même pas. En tout cas, merci à toi de t'être déplacé et désolée pour le dérangement.

-   Tranquille.



Elle n'était pas sereine, totalement incapable de me regarder dans les yeux, elle fuyait sans aucun doute les miens.



-   Euh tu as... déjà mangé?

-   Pourquoi t'esquives?

-   J'esquive quoi?

-   Tu m'esquives, qu'est-ce qui te gênes?

-   Mais rien du tout!

-   J'vois que t'es gênée la, j'suis pas fou.



Elle repositionne ses quelques mèches rebelles avant de finir par me fixer.


-   Non t'es pas fou, c'est juste que j'sais pas comment me comporter avec toi.

-   Pourquoi?

-   Je sais pas, tout est chelou je...

-   Tu regrettes la nuit dernière?

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