Anna Pashvalof claqua sur la table, devant tous les autres membres de l'Anti-Patrouille, deux flyers d'invitation à la traditionnel Fête du Printemps, que la Princesse de Barkingburg organisait dans deux jours, dans la salle du trône/réception de son château. Deux places, qui permettraient ainsi à deux membres de l'Anti-Patrouille de pouvoir se mêler à la foule d'inviter, dans l'espoir de pouvoir accomplir le reste de leur nouveau plan d'attaque.
-Trois jours ! Annonça Anna. Nous n'avons que trois jours pour agir à partir de Mercredi, date à laquelle aura lieu la fête débile de la princesse !
-La Pat Patrouille sera bien présente ce soir-là ! Dit soudain Vicky. J'ai entendu ma maitresse les appeler et leur envoyer des invitations !
-Tous serons-là sans exception ? Demanda soudain Mago, vêtu de manière plus moderne. Y compris ce sale Chihuahua de Tracker ?!
Maintenant privé de ses pouvoirs par la faute du chiot ranger de la jungle (voir tome 4 : Tracker et la Légende de l'Arbre de Vie), Mago dû se fondre dans le monde moderne, afin d'éviter de trop attirer l'attention des gens sur lui. Il avait troqué depuis plusieurs semaines ses vieux vêtements Aztèques contre une garde-robe plus d'actualités, aujourd'hui il portait par exemple un jean bleu, des baskets rouge de la marque Adidas, une chemise blanche à rayures noir et un gilet gris sur le dos. Sans sa sombre magie, il ressemblait maintenant à un homme tout ce qu'il y avait de plus normal : ses yeux autrefois rouge sang à cause de ses pouvoirs étaient à présent marron et le tour de ces derniers autrefois noir, des suites de sa puissance magique, avait disparu mais sa cicatrice était toujours présente, bien qu'elle ne ressemble maintenant plus qu'à une cicatrice ordinaire et même les ongles de ses mains, autrefois très longs, noir de crasses et semblables à des griffes, étaient devenus plus courts et surtout beaucoup plus propre.
-En effet, répondit la petite Caniche Royal, Tracker sera bien présent à la fête !
-Et ce sale Zuma aussi ? Demanda à son tour Héloïse La Bourgeoise, assise avec ses deux pieds sur la table, Barbe Noir à ses côtés.
-Oui, lui aussi ! Dit Vicky. Ils seront TOUS là le soir de la fête !
L'ensemble des méchants se mirent à sourire de joie et de malveillance pure, mais la scientifique Russe ramena le calme en levant une main en l'air.
-Bref ! En tout cas, si Croc et Vicky parviennent à se saisir de la couronne de la princesse, la suite de notre plan pourra se mettre en place !
Récemment, Croc et Vicky s'étaient rendu compte que la Princesse avait eu pour idée de décorer sa nouvelle couronne avec ni plus, ni moins que... la Pierre de la Réalité, que les deux chiots avaient malencontreusement oublié dans la salle des trésors du château, directement par terre, dans la salle. S'étant dans un premier temps fait disputer très sévèrement par Anna Pashvalof, cette dernière s'était tout de suite calmé, après avoir eu une idée en tête, pour se débarrasser de la jeune princesse, afin de faire monter à sa place sur le trône de Barkingburg son cousin le Duc de Griffinton. Ainsi, Barkingburg tomberait aux mains de l'Anti-Patrouille, le tout avec la colonie de dragons qui y résidaient, que la méchante femme avait bien l'intention de rallier de force à sa cause, pour se débarrasser de la Pat Patrouille.
-Sans sa couronne, la princesse ne pourra plus prétendre au trône de Barkingburg, continua la méchante femme, c'est là que le Duc pourra prendre sa place et en plus, la couronne entres nos mains permettra ainsi à Croc et à Vicky de pouvoir retourner dans cet autre monde anthropomorphe, pour prendre le contrôle de ses habitants, afin de les forcer eux aussi à se joindre à mon armée, pour détruire la Pat Patrouille !
Le cousin de la princesse se frotta les mains l'une dans l'autre de joie, son aigle Jean-Crochu émettant des petits cris satisfaits, comme s'il venait de faire l'affaire du siècle.
-Oooooh oui, que j'ai hâte de pouvoir me débarrasser de mon idiote de cousine ! Fanfaronna-t-il. Cette petite peste déchue de son trône, je l'a chasserai du royaume et je pourrais enfin faire ce que je veux de Barkingburg ! De toute façon, elle a toujours été la chérie préféré de notre famille, il est plus que temps que cela change !
Face à la remarque du Duc, Croc coucha un peu ses oreilles de mécontentement et ne put s'empêcher de dire quelque chose :
-La princesse ne vous a jamais rien fait que je sache, elle a toujours donné de sa personne pour le royaume et ses habitants et personne n'est malheureux à Barkingburg ! En réalité, vous êtes juste jaloux d'elle parce qu'elle a réussi là ou vous avez échoué avec Griffinton, votre propre royaume !
Sa remarque choqua tout le monde, tous l'observaient avec des yeux grand ouvert de surprise, comme si l'ex-chevalier venait de dire la plus grosse bêtise de toute sa vie. Ce détail n'échappa d'ailleurs nullement à Anna, qui regarda le petit Doberman bizarrement, en fronçant les sourcils de mécontentement, une drôle d'intuition naissant peu à peu dans son esprit, lui disant qu'elle ne devrait plus lui faire confiance à l'avenir.
-A quel camp appartiens-tu déjà, Croc ? S'exclama le Duc en réponse. Tu défends mon abruti de cousine maintenant ? Je te rappelle que c'est elle qui t'a injustement destitué de ton statut de chevalier et banni de Barkingburg !
Croc ne répondit rien face à cette réponse, une partie de lui-même ne put s'empêcher de reconnaitre enfin qu'il avait mérité ce qu'il lui était arrivé, mais l'autre lui hurlait que son sort était toujours injuste et que la princesse méritait tout le mal du monde en guise de vengeance. C'était comme si une lutte acharnée et violente se déroulait dans l'esprit et le cœur de Croc, comme deux entités en désaccord qui cherchaient perpétuellement à prendre le dessus l'une sur l'autre, sensation qui était réellement désagréable. Était-ce cela qu'on appelait la conscience ?
-Dé... désolé, s'excusa-t-il, je disais juste ça comme ça !
-Ouais et bien à l'avenir ferme-là si c'est pour dire des bêtises pareilles ! Lui ordonna le Duc en réponse.
Croc baissa le regard et caressa sa pierre dans un geste machinale, son esprit toujours perdu dans ses pensées parasites habituelles. La réunion repris, mais Vicky – assise juste à côté de son amoureux – se rapprocha de lui et posa sa patte sur la sienne, qu'elle pressa un peu, faisant ainsi sortir Croc de ses pensées. Il redressa ses oreilles et sa tête et se tourna vers elle.
-Eh ! Mais qu'est-ce qu'il t'arrive en ce moment ? Lui demanda-t-elle à voix basse. Depuis quelques temps, t'as l'air plus du tout avec nous, aussi bien physiquement que mentalement !
Un peu embarrassé, Croc retira sa patte de celle de son amoureuse et mit un moment à formuler une réponse, cherchant ses mots :
-Je... je sais pas Vicky, j'en sais rien ! Je... je ne sais pas ce qu'il m'arrive, je me sens... franchement mélancolique, avec cette impression perpétuelle que... j'sais pas, je fais une erreur !
La Caniche Royal fronça les sourcils et prit un air totalement perdue.
-Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire ?
-Juste que... et si c'était vraiment moi qui avait tort depuis le début ? Et si... et si la Pat Patrouille avait raison pour moi ?
Vicky prit un air dégouté et se recula un peu, avant de se rapprocher et de se saisir de Croc par une patte.
-Excusez-nous une minute, Miss Pashvalof, nous avons... euh... un soucis à régler dehors !
La femme Russe les regarda partir sans comprendre, au même titre que les autres.
-Très bien, finit-elle par dire, mais faites vite dans ce cas !
Vicky répondit de l'affirmative d'un signe de tête à la leader, avant de remonter l'escalier qui menait au dehors du QG. Une fois dehors, alors qu'une fine pluie s'était abattue, la chienne de compagnie de la princesse jeta presque le petit Doberman à terre, avant de lui mettre ensuite une gifle, sans même que Croc n'ai pu dire ou faire quoi que ce soit.
-AïE ! Gémit-il en se massant la joue. Qu'est-ce qui te prend ? Pourquoi tu as fait ça ?!
-Pour te remettre les idées en place ! Répondit sèchement Vicky. Ecoute-moi bien Croc, je ne sais pas ce qu'il t'arrive depuis quelques temps, mais il va falloir que tu te reprennes vite !
-Mais... mais... je... je n'ai rien fait ! Bégaya le pauvre chiot chevalier.
Vicky se rapprocha de lui et lui donna une deuxième gifle sur l'autre joue, faisant presque gémir son amoureux, qui ne comprenait toujours rien à ce qu'il se passait soudainement, si bien qu'il ne pouvait se défendre et puis de toute façon, il refusait de faire du mal à la chienne de ses rêves.
-Mais arrête de me frapper enfin ! Ça rime à quoi de me faire ça, à la fin ?!
-Reprend-toi ! Lui dit Vicky en réponse. Reprend-toi ou je te frapperais encore !
Elle le saisit par son collier, avant d'ajouter :
-Redeviens toi-même Croc ! Redeviens le Doberman dont je suis tombée amoureuse, celui qui hait la Pat Patrouille et la princesse de tout son être, celui qui ne fait pas la chiffe-molle, celui qui n'a pas peur de faire du mal aux autres !
Croc l'écouta avec un drôle d'air, il se mit à grimacer en songeant à cet autre lui que Vicky lui décrivait, plus le temps passait, moins il était sûr de vouloir continuer d'être celui qu'il avait toujours été.
-Vicky, je... !
-Non, tais-toi et écoute-moi ! Rentre-toi ça dans le crâne : les membres de la Pat Patrouilles, tous sans exception sont nos ennemis ! Ce sont eux les véritables méchants de l'histoire, ce sont eux qui doivent disparaitre ! Ils font croire qu'ils sont les gentils, mais au fond c'est une simple question de point de vue ! Tout le monde les voit comme les bons, qui sauvent tous le monde, mais ce que les gens ne savent pas, c'est qu'ils ont détruis nos vies, simplement pour conserver leur statuts de bonnes personnes !
Elle lâcha le collier de l'ex-chevalier, avant de reprendre, cette fois-ci sur un ton plus que morose :
-La Pat Patrouille est égoïste, chacun de ses membres nous voient tous comme des moins que rien, des obstacles à absolument abattre alors que nous, tout ce que nous voulons c'est être heureux ! Ils ont gâché ma vie, ils ont gâché ta vie, je te rappel que c'est à cause d'eux que tu n'es pas redevenu chevalier ! C'est eux les véritables méchants de l'histoire, nous nous ne sommes que des êtres sans importance à leurs yeux, sur lesquels ils marchent, sans jamais se soucier une seule seconde de ce que nous pouvons bien ressentir !
Vicky s'arrêta de parler, elle s'était mise à pleurer de rage et mit un long moment avant de reprendre son souffle. Une fois plus calme, elle s'approcha de Croc et s'assit face à lui, tandis que ce dernier ne craigne soudainement qu'elle ne le gifle une troisième fois : jamais deux sans trois comme on dit. Mais non, la pauvre petite chienne se contenta de lui adressa un maigre sourire, avant de reprendre la parole :
-Toi, moi et tous les autres nous ne sommes que des victimes de la Pat Patrouille, ils ne sauvent pas tout le monde, c'est faux ! Ils condamnent aussi d'innocentes personnes, qui n'ont rien demandé à part exister et être reconnu, aimé ! Mais tout ça a assez duré, il est plus que temps qu'ils disparaissent, il est plus que temps qu'ils paient pour leurs actes !
Elle se releva et saisit une nouvelle fois Croc par son collier.
-Et là, aujourd'hui, ça va être à nous deux de jouer, tu m'as compris ? L'Anti-Patrouille compte sur nous pour finaliser le nouveau plan, alors pas question que tu me lâches en cours de route pour je-ne-sais quel prétexte ! Tu n'as pas le droit de faire preuve de lâcheté Croc, c'est clair ?!!!
Face à sa question, le petit Doberman se sentit réellement mal, car il prit la précédente déclaration de sa copine limite comme une menace. La sensation qu'un étau se resserrait de plus en plus sur lui devint encore plus grande, il se sentit comme piégé, coincé dans un cercle infernal dont il ne pouvait se défaire, comme si Vicky et le reste de l'Anti-Patrouille lui passaient partout sur son corps des chaines pour le maintenir en laisse, prisonnier afin de l'empêcher de potentiellement partir. Son estomac se serra de stress et Croc répondit néanmoins :
-Oui Vicky, je... j'ai compris et ne t'en fais pas, je... je ne te laisserais pas tomber ! Tu peux compter sur moi !
La chienne royale se remit à sourire devant sa réponse et reprit ses aires aguicheuses. Elle passa ses pattes autour du cou de son amoureux et vint le serrer contre son cœur, avant de se mettre à le bercer.
-Oooooh, merci mon petit chevalier servant, à moi toute seule ! Je t'aime !
Croc ne répondit rien, il répondit à son étreinte mais pas à sa déclaration d'amour, qui sonnait plutôt comme une marque d'appartenance, comme s'il lui appartenait corps et âme, non pas comme un partenaire mais plutôt comme un jouet, une propriété quelconque et cela lui déplut fortement, au point ou il en vint même à se demander si Vicky l'aimait réellement pour ce qu'il était...