➠ 𝘉𝘳𝘺𝘢𝘯𝘯𝘢
- - - - - - - - - - -☾°
On m'a toujours dit que tout pouvait basculer du jour au lendemain... J'en sais rien, mais parfois, c'est nous qui provoquons certaines choses... Si j'étais restée tranquillement dans mon pays natal, je ne serais pas mêlée à tout ça...
Ce matin, je voulais parler avec lui... J'allais dire quelque chose d'important avant qu'il ne se fasse endormir et moi attraper par des hommes en traître.
Et puis, noir total... La seule chose que je pouvais sentir, c'est cette odeur, la même que celle qui était dans le salon et qui me retourne de l'intérieur.
Les mots d'Andrew sonnent nouveaux à mes oreilles. C'est la première fois qu'on me propose d'être protégée... Quelqu'un veut le faire à ma place...
Quand j'ai vu cet homme rentrer, j'ai tout de suite pris tout ça avec humour. Après tout, si je dois mourir, autant le faire avec courage. Je ne suis pas une héroïne, loin de là... Et encore une fois, c'est moi qui l'ai choisi... Je l'ai voulu...
Quand je pensais avoir un moment pour discuter avec cet homme aux cheveux bouclés qui hante mon quotidien, il décide de ne plus répondre... Je ne sais pas si je lui ai fait quelque chose, mais ça me perturbe...
Je sens son corps trembler. Ne me dites pas qu'il a peur ? Ça me surprendrait beaucoup. Et quand il finit enfin par m'adresser la parole, il est trop tard...
L'homme me traîne avec brutalité dans une pièce obscure, les ténèbres enveloppant nos mouvements comme un linceul. Jamais je n'ai craint la présence d'un homme, jamais... Mais cette fois, cette crainte viscérale qui m'étreint, elle est différente. Elle ne vient pas de la peur de recevoir des coups, car je les ai encaissés trop souvent pour en craindre la douleur. Non, cette peur-là, elle réside dans l'obscurité de l'âme humaine, dans les abysses sombres où se tapissent les monstres les plus vils.
Je refuse de laisser cette obscurité m'engloutir. Si ses poings peuvent me meurtrir, je résisterai stoïquement, mais si ses mains osent effleurer mon corps, je sais que l'ultime lumière s'éteindra en moi.
C'est à cet instant que je prends conscience de ma plus grande terreur : la souillure. Les souvenirs fragmentés de ma première rencontre avec cet abîme de perversion sont flous, mais ils sont là, tapies dans les replis de ma mémoire, témoins muets de ma détermination à ne pas sombrer. Ces souvenirs m'ont forgée, m'ont endurcie, mais ils ont aussi gravé au fer rouge cette crainte indicible.
Le malfrat dont le visage reste une ombre menaçante me projette sans ménagement sur un vieux sommier de fer, provoquant une douleur aiguë qui irradie le long de mon dos. Je serre les dents, refusant de lui offrir la satisfaction de voir la faiblesse transparaître sur mon visage. Pourtant, je sens son regard lourd de désirs malsains, prêt à se délecter de ma détresse.
Je sais comment cela se déroulera, comme dans les récits sordides que l'on trouve dans les pages sombres des livres interdits. Il prendra son plaisir à me torturer, à briser mon esprit pour mieux assouvir ses instincts pervers. Il profanera mon corps sans vergogne, et finalement, il achèvera son œuvre macabre en me privant de la vie.
Andrew paie à cause de moi...
Il a été amené ici par ma faute.
Je voulais me faire kidnapper...
Me voilà servie.
Quelle idée de ma part... Je suis complètement folle, ça c'est sûr.
Je fixe l'homme avancer lentement vers moi, sa silhouette se dessinant dans l'obscurité comme une menace rampante.
Ses mains s'agitent nerveusement, attrapant un couteau qu'il fait tournoyer avec une habileté cruelle. La lueur dans ses yeux trahit son intention macabre : il compte me déchiqueter morceau par morceau. Une vague de terreur m'envahit, mais je refuse de la laisser prendre le dessus. Je ne peux pas me permettre de flancher, pas maintenant.
Je sais que je vais en ressortir marquée à jamais, que ses sévices laisseront des cicatrices tant physiques que mentales, mais je refuse de me laisser briser. Je trouverai un moyen de sortir d'ici, je le dois, pour moi-même et pour ceux qui m'attendent à l'extérieur.
Pourtant, une question lancinante m'envahit alors que je tente de maintenir ma détermination à flot : qui se rendra compte de ma disparition ? Ma mère, peut-être, si je manque à l'appel de notre rituel quotidien de messages. Mais ma sœur... Est-ce qu'elle pense seulement à moi ? Ou bien est-elle trop absorbée par sa propre vie, sa relation avec Luka, pour remarquer mon absence ? Peut-être qu'elle est occupée à vivre sa meilleure vie avec lui, inconsciente de l'angoisse qui me ronge ici, dans l'ombre de la terreur.
Un sourire crispé se dessine sur mes lèvres alors que je repousse ces pensées sombres. Je refuse de me laisser envahir par le désespoir. Je vais trouver un moyen de m'en sortir, je le sais, même si pour l'instant, la perspective semble lointaine et incertaine.
— Le bébé va faire joujou ?
— Ferme ta gueule !
— Je fermerai ma gueule quand tu m'expliqueras ce que tu veux de moi.
— Venger mon patron salope ! Et ceux de la pire des manières. Tu vas regretter à un point !
L'homme s'approche de moi d'un pas délibéré, son regard empreint d'une cruauté glaciale. Sans un mot, il enfonce son couteau dans mon épaule avec une force implacable. La douleur est fulgurante, me traversant de part en part comme une lame de feu. Chaque fibre de mon être semble résonner de cette souffrance lancinante, amplifiée par le mouvement brutal de la lame qui se retire.
Je suis prise d'une vague de vertige, mes sens embrouillés par la douleur qui pulse dans mes veines. Pourtant, malgré l'agonie qui m'étreint, je refuse de céder à la faiblesse. Au contraire, je ressens une étrange fascination pour cette douleur intense, presque délectable dans son intensité. C'est comme si chaque coup de couteau réveillait en moi une part sombre et insatiable, avide de sensations fortes et de défis à relever.
Je garde mon sourire crispé, un sourire de défi et de détermination, comme si j'étais en train de jouer un jeu macabre avec cet homme qui cherche à me briser. Dans ce moment d'extrême violence, je me sens étrangement vivante, comme si la douleur elle-même était un rappel brutal de ma propre existence, de ma capacité à résister et à survivre, quoi qu'il arrive.
— Ok, cool, et maintenant ?
— Tu vas voir...
Je commence à le sentir se déstabiliser. C'est comme si mon sourire permanent commençait à lui faire peur. C'est comme si savoir qu'il ne provoque aucun sentiment chez moi lui criait de se méfier. Et il a raison. Méfie-toi !
Quand il s'approche, je mords si fort son bras qu'il en saigne. Grave erreur, il pète un câble.
— Tu vas voir, sale chienne !
Il me donne d'abord une gifle avant de venir déboucler sa ceinture.
— Quoi ? Tu vas me violer ? Désolée, mais faudrait innover, tu ne seras pas le premier.
J'ai prononcé cela avec tellement de détachement qu'il m'observe choqué et dégoûté. Oui, c'est comme si moi, je le dégoûtais alors que c'est lui et ses actes qui sont répugnants.
Les hommes comme lui, je les hais... J'ai pourtant romancé ce genre de conneries dans les livres de dark romance, mais je pense qu'en réalité... Je voulais les combattre... Oui, je me devais de rentrer dans ce monde et de devenir la superbe protagoniste qui ne tombe pas amoureuse du mafieux connard, non, mais de celui tout gentil... D'un mec comme Andrew...
— Je vais pas te violer. Tu es exécrable, tu donnerais envie à aucun homme dénué d'un peu de conscience.
Je l'observe abasourdie. Il croit me faire du mal avec ses paroles ?
— En plus, j'ai toujours préféré les brunes. Rajoute-t-il.
— Raconte pas ta vie, tout le monde s'en fout.
Ma respiration s'accélère, sifflante et entrecoupée, alors que la douleur qui irradie depuis mon épaule devient presque insupportable. Je sens chaque battement de mon cœur résonner dans ma poitrine, comme un écho lancinant de l'agonie qui me consume.
Son visage, empreint de mépris et de sadisme, ne laisse aucun doute sur ses intentions cruelles, mais aussi sur la satisfaction perverse qu'il éprouve à me voir souffrir.
L'homme s'approche de moi avec une lenteur calculée, accentuant l'angoisse qui me tord les entrailles. Son geste est si rapide que je n'ai pas le temps de réagir.
Ses doigts s'enfoncent dans ma plaie béante, arrachant un cri de douleur involontaire à mes lèvres. La sensation est indescriptible, une brûlure lancinante qui semble me déchirer de l'intérieur.
Vivre cette scène en chair et en os est une expérience terrifiante, bien loin de la simple lecture. La douleur est oppressante, écrasante, me submergeant dans un tourbillon de souffrance et de dégoût.
Je lutte contre l'envie irrépressible de vomir ou de pleurer, dépassée par la réalité brutale de la situation. Peut-être que je ne suis pas aussi forte que je le croyais, après tout. Peut-être que je suis juste humaine, vulnérable aux atrocités de ce monde.
Je prie en silence pour qu'Andrew vienne à mon secours, même si je sais que c'est peu probable. Pourtant, un mince espoir persiste en moi, une lueur fragile dans l'obscurité de la terreur. Je refuse de mourir ici, vidée de mon sang, dans ce piège infernal. Ma blessure n'est pas mortelle, je le sais, et je m'accroche à cette certitude avec férocité.
Je serre les poings avec une intensité désespérée, m'accrochant au barreau du lit comme à une bouée de sauvetage dans la tempête. Je dois rester consciente, lucide, même dans l'ombre de la douleur qui menace de m'engloutir. Je ne suis pas assez faible pour sombrer dans l'inconscience. Pas encore.
Et puis, sans prévenir, les coups pleuvent, s'abattant sur moi avec une violence inouïe. Il se positionne au-dessus de moi, sa masse imposante m'écrasant contre le sol. Écrasée sous son poids, je sens mes côtes fléchir sous la pression, mon souffle devenant de plus en plus saccadé. Ma silhouette déjà mince semble disparaître sous son emprise, tandis que la panique monte en moi.
Chaque coup est comme un éclair de douleur, déchirant mon corps meurtri. Chaque impact est accompagné du bruit sourd de sa rage, martelant mes sens dans une cacophonie infernale. Je me sens écrasée, broyée par sa colère déchaînée, comme si chaque coup était un pas de plus vers ma fin.
Déjà éprouvée par la douleur lancinante de ma blessure, je lutte pour respirer sous le poids écrasant de son corps. Chaque inspiration est un effort, chaque expiration est un gémissement étouffé. Je crains l'étouffement, la sensation d'être étouffée par sa présence oppressante.
Je suis prise au piège sous lui,
impuissante et vulnérable, tandis qu'il me martèle de coups sans relâche. La terreur me submerge, me noyant dans un océan de souffrance et de désespoir.
Je me sens si fragile, si insignifiante face à sa brutalité dévorante. Et dans cette obscurité écrasante, je crains que ma fin ne soit proche.