TYLER'S POV :
J'arrive au commissariat et malgré la peur que je ressens je suis en train de bouillir de colère.
Quand je pense que je me suis promis de plus revenir ici...
J'entre et fais comprendre aux agents avec mon regard que je ne suis pas venu par plaisir ou pour voir Yann.
-Tiens c'est Tyler ! dit un agent en me saluant
-Bonjour. Dis-je histoire d'être poli
C'est un agent que je ne connais pas très bien, ou alors je ne l'ai vu qu'une seule fois.
-Tu as bien grandi depuis la dernière fois, t'es un homme maintenant ! me dit-il en souriant
A ces mots le souvenir de mon père me hurlant d'être un homme, « un vrai », me revient en mémoire, et mon cauchemar aussi. Je me concentre sur l'agent en face de moi, grand et a l'air imposant. Je ne dois plus penser à mon cauchemar.
-Tu viens pour quoi ? me demande l'agent
-Je viens voir le commissaire Flint. C'est urgent.
-Dans son bureau au fond à...
-Merci je sais où c'est. Dis-je en lui coupant la parole
Je pousse la porte qui donne accès aux bureaux et marche dans le couloir à grandes enjambées. J'entre sans frapper et la première chose que je vois est le commissaire en train de boire un café derrière son ordinateur, je constate également qu'il y a toujours l'habituelle pile de papiers avec les procédures en cours.
-Tyler ça fait plaisir de te voir, ta mère m'avait dit que tu avais bien grandi depuis la dernière fois mais là je suis impressionné. Me dit-il
Je m'étais juré quand j'avais 15 ans de ne plus revenir au commissariat. C'était compliqué, et ça me rappelait des souvenirs mauvais. Encore aujourd'hui je me souviens de ma mère en pleurs me tenant la main en disant "ça va aller on va s'en sortir" , les agents qui m'emmènent dans une salle avec des jouets ou alors une salle avec un bureau similaire à celui de Flint pour être interrogé sur ce qui se passait à la maison.
-Commissaire je viens ici parce que j'ai vu sa voiture.
-La voiture de qui ?
-De Georges.
-La voiture de ton père? Tu es sûr ?
-Pourquoi il est dehors ?
-Liberté conditionnelle, il s'est bien comporté en détention.
-Il a un bracelet ? Des gens qui le surveillent ?
-Pour le moment ton père est assigné à résidence, il ne peut rien faire.
-Et si..
-S'il doit faire des courses on lui apporte à domicile, il n'a aucune excuse pour sortir ne t'inquiète pas on le surveille.
Je soupire, ça ne me rassure pas de le savoir dans notre ancienne maison. Ça ne me rassure pas de le savoir dehors.
-Pourquoi il est là-bas et pas ailleurs ?
-On a informé ta mère qu'il allait sortir et elle a dit que vous partiriez du domicile familial. Alors on l'a mit là-bas.
Elle ne m'a rien dit.
Je comprends mieux maintenant pourquoi maman était si pressée de partir : c'est parce qu'elle savait qu'il allait être libéré et assigné à résidence. Je ne comprends pas pourquoi elle ne m'a rien dit.
-Je sais que tu t'inquiètes pour ta mère, mais on surveille ton père de près.
-S'il vous plaît, ne dites pas que c'est mon père ça me rend malade.
-Ah excuse-moi j'avais oublié. On surveille Georges, on passe des coups de fil pour le surveiller et s'il ne répond pas on débarque.
-Désolé commissaire mais je peux pas vraiment être tranquille...
-Je connais un excellent psychologue si tu veux. Ça ne peut que te faire du bien.
-Ça ira merci.
-Tyler il n'y a aucune honte à aller voir un psy, ça montre que tu te prends en main. Après c'est vrai que si tu veux être plus tranquille essaie de penser à autre chose, sors avec tes amis ou trouve toi une amoureuse?
Comme si c'était le moment.
-J'y penserai. Merci commissaire.
-Prends soin de toi mon grand.
Je m'en vais en le saluant de la tête et me dirige vers ma voiture. J'essaie de me rassurer du mieux que je peux en ressassant ce que le commissaire m'a dit : ils l'appellent et si il ne répond pas ils vont débarquer, il est assigné à résidence et n'a pas le droit de sortir c'est la loi qui l'interdit.
Tout se passera bien, tiens le coup jusqu'au procès.
Je rentre à la maison, Katy n'a pas bougé et regarde toujours la télé. Je passe devant le salon et jette un regard sur Katy absorbée par ce qui se passe à l'écran et finis par m'arrêter.
-Attends tu regardes Tagano's twin ? je lui demande
-Ouais et ?
-C'est quelle saison ?
-La 3e et après j'attaque la 4e dès que j'aurai trouvé un moyen de la regarder.
-C'est pas l'épisode où Tagano va se...
-Faire attaquer par des miroirs ? Non ça c'était l'épisode 21 moi j'en suis au 24. Là c'est l'épisode où le reflet est sorti temporairement. Me dit-elle en me coupant la parole
-T'es en retard toi, moi j'ai déjà tout vu et j'en suis au 10e épisode de la saison 4.
Katy se retourne vers moi, étonnée que j'en sois déjà aussi loin. Et peut-être même que je connaisse cet animé.
-Alors de 1 oui je suis en retard parce que je bosse gros naze, et de 2 c'est quoi ton truc pour avoir la 4e saison ?
-Je croyais que tu me détestais et que tu ne me demanderais jamais rien. dis-je en lui offrant mon plus beau sourire narquois
-Gros naze. Me dit-elle avant de se retourner finalement vers l'écran
Elle a bon goût finalement dans ce qu'elle regarde cette morveuse.
Yann entre dans le vestiaire juste après cette « insulte » et je me tourne vers lui. Yann nous salue et me remercie d'avoir pris soin de Katy après avoir constaté qu'elle allait mieux. Il se dirige ensuite vers l'étage et je le suis.
-Yann faut que je te parle.
-Moi aussi ça tombe bien. Me dit-il
Nous allons dans son bureau, juste à côté de sa chambre. C'est une petite pièce assez grande pour avoir un bureau et des installations électriques ainsi qu'un meuble fermé à clé pour garder des dossiers sûrement importants et confidentiels. Je me plante devant Yann qui s'assoit derrière son bureau.
-Je l'ai vu.
-Vu quoi ? me demande-t-il
-Il est là, j'ai vu son pickup noir.
A son regard il comprend immédiatement que je parle de Georges.
-Tu es sûr que c'était le sien ?
-Oui la plaque d'immatriculation correspond, c'est « 425 SC D » !
-Je ne comprends pas, pourquoi il est sorti ? Il devait rester dans le centre de détention jusqu'au procès !
-On m'a dit qu'il avait été libéré parce qu'il s'était bien comporté.
-C'est en prison que ça marche ça, pas en détention. Il y a un truc pas net, j'irai me renseigner du mieux que je peux.
-Et sinon tu voulais me dire quoi ? je lui demande
-Ah oui, je voulais savoir si Katy avait prit des médicaments ?
-Oui, enfin un qui arrête la sensation de nausée c'est tout.
-Elle l'a prit elle-même ?
-Non c'est moi qui lui ai donné, pourquoi ?
-Oh pour rien, je...Je m'inquiète pour elle c'est tout.
-T'as l'air bizarre, ça va ?
-Oui, c'est juste que ça m'a rassuré de savoir que tu étais avec elle mais je m'inquiète quand même quand elle est malade ou qu'elle est pas bien. Je suis comme ça. Je suis son père et j'ai veillé sur elle depuis toujours.
-T'en fais pas, c'était rien de grave.
-Merci Tyler. Je sais que tu la déteste, et je ne te force pas à l'aimer. Je te remercie d'avoir mis ça de côté pour prendre soin d'elle. Me dit-il
On dirait presque qu'il est sur le point de pleurer, c'est vrai que Katy et Yann ont été seuls pendant un moment avant que ma mère et moi n'arrivions dans cette maison. Je n'ai jamais demandé quoique ce soit sur la mère la défunte femme de Yann, et je ne pense pas le faire un jour. Je ne veux pas lui raviver ce genre de souvenirs. Je retourne dans ma chambre histoire de le laisser tranquille, les paquets de joints que j'ai sont posés sur mon lit, je décide de les jeter à la poubelle. Je ne fais pas ça pour elle, du moins c'est ce que j'essaie de me dire.
De toute façon il était temps que j'arrête.
Je ne fais pas ça pour cette morveuse.