Le loup et moi 2 [terminée]

By Herrade_Riard

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Tome 2 ! Après toutes ses mésaventures l'année passée, Théo espérait pouvoir enfin vivre la vie tranquille à... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Épilogue

Chapitre 3

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By Herrade_Riard


Nu comme un ver, je frissonne, la peau recouverte de chair de poule. Pas parce qu'il fait froid, au contraire. Non, parce que je suis persuadé que Martin m'observe d'une manière ou d'une autre. Il le fait tout le temps, mais je n'arrive pas souvent à le prendre sur le fait.

Je ramasse mes vêtements, les roule en boule et les fourre dans un sac plastique étanche accroché à une branche. Ils resteront là, bien à l'abri, jusqu'à ce que je retourne les chercher.

C'est moi qui ai inventé ce procédé et j'en suis plutôt fier. Avant, nous emportions nos vêtements dans notre gueule et ils étaient à l'arrivée tout froissés et couverts de bave. Sans compter qu'il n'est pas spécialement agréable de courir avec quelque chose entre les dents. Maintenant, nous laissons tout simplement nos habits bien à l'abri dans un endroit facile à repérer et nous en mettons d'autres que nous avons laissés chez les parents de Martin. Puis nous faisons l'inverse ensuite. N'est-ce pas astucieux ?

Le seul problème est que les sacs ne sont pas parfaitement hermétiques et qu'il arrive à des insectes de s'y glisser. L'autre jour - tenez-vous bien - j'ai trouvé un énorme mille-pattes dans mon caleçon.

Je ferme un instant les yeux en chassant cette vision d'horreur de mes pensées. Lorsque je les ouvre à nouveau, je suis un loup et je tombe à quatre pattes. Un autre, plus imposant, est posté en face de moi et me fixe avec amour. Il hoche la tête une fois dans ma direction et nous commençons à courir.

La nature se met à défiler autour de nous à toute allure. La forêt est coupée en deux par un cours d'eau que nous suivons en prenant garde à ne pas le traverser. Ce ruisseau rachitique qui n'a l'air de rien est en réalité une frontière très importante qui délimite le territoire des Imbert, dont relève Martin, de ceux des Raspail, la meute ennemie. Je suis le seul loup à pouvoir passer d'un côté à l'autre sans m'attirer des problèmes. Mais j'évite autant que possible de mettre mes pattes chez les Raspail parce que je n'aime pas l'idée d'être biologiquement l'un des leurs. Je ne suis pas un psychopathe qui enlève les gens, moi ! Et puis, si je le faisais, Éric et son père seraient encore plus renforcés dans l'idée qu'ils ont un droit de regard sur ma vie...

Être un loup a quelque chose d'enivrant. Tous mes sens, pourtant habituellement plus développés que ceux d'un humain ordinaire, sont encore décuplés. C'est comme si mon nez se débouchait soudain après un long rhume.

Une biche affolée se cache dans un buisson non loin de nous. Je ne lui accorde pas d'attention, n'ayant évidemment pas envie de la manger. Martin m'avait proposé de m'apprendre à chasser, mais j'avais refusé avec indignation. Je trouve cela dégoûtant et je ne vois pas l'intérêt de se donner tout ce mal alors qu'il me suffit d'ouvrir le frigidaire de mes parents si j'ai un petit creux.

Martin court plus vite que moi, probablement parce qu'il est un alpha et que ses pattes sont plus longues. Et parce qu'il a plus d'expérience. Au début, il m'arrivait de m'emmêler les pattes et de m'écrouler par terre, ce qui semblait beaucoup amuser mon petit ami. Il prétendait que non, mais je voyais bien que si.

Sa vitesse supérieure l'oblige à se retourner régulièrement pour s'assurer que j'arrive à suivre le rythme. Je me dis toujours qu'il va finir un jour par rentrer dans un arbre, à force de ne pas regarder où il va (je sais d'expérience que les arbres sont dangereux, lorsqu'on les contrarie). Pour le moment, ce n'est encore jamais arrivé.

Nous arrivons un peu trop vite à mon goût à notre destination. Je ralentis et m'arrête, la langue pendante. Voilà, il ne me reste plus qu'à me transformer dans l'autre sens. Et c'est toujours le moment où mon petit problème récurrent commence. Je reste bloqué.

Martin s'approche de moi sous sa forme humaine et pose une main sur ma tête.

— Ne panique pas, me dit-il. Vide-toi la tête et tout ira comme sur des roulettes.

Je secoue la tête. Comment suis-je censé me vider la tête alors que le jeune homme se colle contre moi tout nu ? Son... son truc pendouille juste à côté de mon museau. Qu'il commence par se rhabiller !

J'arrive maintenant presque sans aucun problème à me transformer en loup. Il me suffit de me concentrer une seconde et hop, l'affaire est dans le sac. Parfois même, je le fais sans le vouloir la nuit et je me réveille en loup, ce qui est très perturbant et met des poils partout dans mon lit (heureusement, je peux accuser Pruneau et mes parents ne se doutent de rien, même si ma fourrure est légèrement plus claire que celle de mon chien). Le processus inverse m'est cependant beaucoup plus difficile et j'ai toujours peur de rester coincé à tout jamais sous ma forme de loup. D'après Martin, mon blocage pourrait provenir de cette appréhension. Il me dit toujours de me détendre et de ne pas trop réfléchir, mais c'est plus facile à dire qu'à faire !

Puis, hop, je redeviens soudain humain sans trop savoir comment. Je me retrouve à quatre pattes sur l'herbe, le derrière levé, tout aussi nu que Martin. Mais, contrairement à lui, je me précipite pour attraper le sac avec mes vêtements accroché dans une dépendance du domaine et me rendre présentable, plutôt que de continuer à me balader avec ma chose à l'air.

Je prends un moment avant de me retourner lentement. L'alpha s'est lui aussi rhabillé lorsque je pose à nouveau les yeux sur lui. Sa chemise à manches courtes est encore entrouverte tandis qu'il achève de la boutonner, un petit sourire aux lèvres.

Je sens mon souffle se bloquer. Bon sang ! On n'a pas idée d'être aussi sexy !

L'alpha tend sa main vers moi.

— Allons-y.

Je noue mes doigts au sien en espérant fortement que je ne suis pas aussi rouge que je ne le crains. Nous nous sommes tellement de fois tenus par la main cet été que j'ai eu l'impression que nous nous étions transformés en jumeaux siamois.

M. Imbert, le père de Martin, est le chef de l'une des deux meutes de Gardelune. Cela explique pourquoi il y a presque toujours du monde chez lui. Les loups sont très sociables. Ce matin-là, trois voitures sont garées devant la maison et j'entends des rires et des éclats de voix depuis la fenêtre ouverte du salon.

La première personne à venir nous saluer quand nous ouvrons la porte d'entrée qui n'est jamais verrouillée est Mirabelle, la chienne de la famille, qui est aussi la grande tante de Pruneau. Avant, je la trouvais terriblement agitée, mais maintenant que je dois m'occuper d'un chien, je me rends compte qu'elle est en réalité plutôt calme. Ce calme ne l'empêche pas, bien sûr, de me sauter dessus pour me lécher le visage. Mais elle retourne ensuite faire la sieste qui est son activité principale, avec celle de vider sa gamelle.

Mme Imbert a tenu à ce que le dernier repas de Martin à Gardelune se fasse dans l'intimité, avec uniquement eux, leurs deux enfants et moi-même. Les visiteurs partent donc un peu avant que le repas gargantuesque ne soit servi.

Stéphane, le grand frère de Martin, nous rejoint lorsque les entrées sont servies en bâillant, sortant apparemment du lit malgré l'heure bien avancée. Il est lui aussi un alpha, mais dans un genre très différent, avec ses cheveux mi-longs, son anneau accroché à l'oreille et son attitude nonchalante.

— Salut p'tit frère, lance-t-il de son habituelle voix moqueuse. Je ne te vois plus beaucoup, en ce moment... Salut à toi aussi, charmant Théo. Alors, bientôt les grands adieux ?

Martin et moi l'ignorons. Se moquer de nous est l'une des activités favorites de Stéphane et il est préférable de ne pas entrer dans son jeu. Je me concentre donc sur mon œuf mimosa que je coupe en plusieurs morceaux. Je n'ai déjà presque plus faim lorsqu'arrive un énorme plat de pot au feu.

Mme Imbert regarde son fils cadet avec émotion. Elle ne cesse de remplir son assiette de carottes et de navets.

— Je n'ose imaginer la maison sans toi, soupire-t-elle. Elle sera si vide !

Stéphane coupe son pain en deux avec une petite moue.

— Je serai toujours là, moi, rappelle-t-il en attrapant le plateau à fromage.

Stéphane travaille avec son père dans leur entreprise de bois. Il est l'héritier de ce dernier à la fois à la tête de la meute et dans la vie professionnelle.

— Je sais, chéri, je sais, répond sa mère. Et notre petit Théo sera là également.

Elle m'adresse un sourire chaleureux que je lui rends plus timidement.

Je craignais, au début, que les parents de l'alpha estiment que je sois un mauvais parti pour leur fils, lorsqu'ils ont appris que je n'étais qu'à moitié loup. Ils ne semblent en réalité considérer ce fait comme un détail très secondaire, voire inexistant.

Puis elle ajoute :

— Vivement que nous ayions des petits enfants pour combler un peu cet espace gigantesque !

Tous les regards sont désormais braqués vers moi, car, rappelez-vous, je suis censé pouvoir enfanter. Je crois pourtant avoir clairement exprimé le fait que je n'en avais pas la moindre intention. Ou alors dans un futur très lointain. Mais, comme d'habitude, personne ne m'écoute. Enfin... Les parents de Martin ne sont pas méchants... Faisant de mon mieux pour ne pas m'énerver, je mâchonne ma viande.

Mme Imbert insiste pour resservir Martin plusieurs fois de son tiramisu maison au moment du dessert, craignant visiblement qu'il ne sache pas se nourrir tout seul à Lyon. Pour avoir déjà goûté sa cuisine (à savoir des sandwichs dégoulinants de beurre), je partage cette inquiétude.

Lorsque nous finissons le dernier plat et que mon ventre est sur le point d'éclater, Martin prend soudain une grande inspiration et se tourne vers sa famille.

— Promettez-moi de veiller sur Théo en mon absence, demanda-t-il.

— Bien sûr que oui, chéri, répond aussitôt sa mère.

— Théo est un membre de notre meute et, plus encore, de notre famille, affirme son père, ce qui est assez curieux puisque, techniquement, j'appartiens plutôt à la meute rivale de celle des Imbert.

Mais personne ici n'aime beaucoup évoquer ce fait, moi le premier.

— Ton précieux oméga ne risque rien avec nous à ses côtés, lance de son côté Stéphane.

Je croise les bras, contrarié. J'ai horreur d'être pris pour une petite chose fragile.

— Oui, bon, ce n'est pas non plus comme si je risquais grand chose, je grommelle.

Il y a quelques mois, certes, je me suis retrouvé en danger de mort, parce que les demis loups ne sont pas censés exister. Mais, maintenant, la grande assemblée des chefs de meute a voté en ma faveur et je ne risque plus rien, surtout depuis que mon principal accusateur a découvert qu'il était mon géniteur et s'est mis en tête de vouloir jouer un rôle de père.

Après avoir mangé, nous passons un agréable moment dans le salon tous ensemble à digérer. Je reste collé contre Martin, à m'enivrer de son odeur comme le drogué que je suis devenu. Je ne sais pas encore comment je vais faire quand il ne sera plus là. Je lui ai discrètement piqué un t-shirt que j'ai planqué dans mon armoire, mais la renifler ne sera pas pareil que de le sentir lui.

Puis, fatalement, M. Imbert regarde sa montre et dit :

— Il est temps de se mettre en route pour la gare.

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