Nathanaël
– Où est Léonie... ? m'interpelle aussitôt ma belle-mère qui a l'air d'avoir pris un sacré coup.
Elle a le visage aussi pâle que si elle avait rencontré un fantôme mais quand je regarde plus attentivement, je remarque des traces de larmes pas encore sèches sur ses joues.
Bon, au moins, Matthew a pour une fois servi à quelque chose.
Je balaie l'assemblée du regard et remarque que ma mère semble tout autant profondément sous le choc.
– Partie respirer, je réponds laconique.
C'est une réponse comme une autre. Picasso ne voulait pas de suite rentré dans la maison. Pas après ce qui s'était passé. Sauf que moi, je n'avais pas le choix. J'aurai préféré cent fois rester avec elle mais elle m'a rappelé fermement :
– Tu dois confronter ta mère, Nathanaël.
Et du coup me voilà ici tandis que ma copine doit être au trente sixième dessous à l'heure qu'il est. Pour autant, j'ai confiance en elle et c'est pour cette raison que j'ai accepté de la laisser seule. Mais si elle ne rentre pas dans les trente prochaines minutes, je partirai la chercher.
C'est le deal.
– Où ça ? questionne presque amorphe ma mère.
J'hausse les épaules.
– J'en sais pas plus, je mens.
Parce que bien évidemment que je sais où elle est partie. Elle me l'a dit.
Je sens le regard pesant de Matthew et je tourne la tête pour soutenir son regard sans ciller. Ok, lui n'en croit pas un mot étant donné qu'il sait combien je suis proche de ma demi-sœur. Et je lui en suis silencieusement grès de ne rien dire.
Un soupir m'arrache de mon duel de regard avec mon... Eh bien oui, père et je reporte les yeux sur Gaëlle qui a l'air complètement abattue.
– Comment n'aie-je rien pu voir...
Je ravale une réplique acerbe que j'ai sur le bout de la langue et garde le silence.
– Tu sais combien Léo est discrète sur sa vie, tente de la réconforter ma mère et j'étouffe un ricanement nerveux.
Discrète avec qui elle veut les gars. C'est peut-être la fille de Gaëlle mais elle est à des années lumières de la comprendre comme je la comprends. Rien de plus normal à ce que ma belle-mère ne sache rien au sujet de la vie de Léonie. Après le coup foireux qu'elle a fait avec son père, elle a littéralement rompu les derniers liens de confiance entre elles et ils n'étaient pas déjà pas bien solides.
– Je savais que quelque chose n'allait pas mais elle n'a jamais rien voulu me dire depuis qu'elle est ici, soupire encore Gaëlle.
– T'as essayé et ça n'a pas fonctionné.
– Elle n'a pas essayer, elle a tendu un putain de piège, je corrige sentant un agacement pas bienvenu monter en moi.
Je me prends toutes les paires d'yeux des adultes mais je soutiens ceux de ma belle-mère et ma mère sans sourciller.
– Tu peux te calmer, s'il te plaît ?
– Donne moi une seule bonne raison de t'écouter, toi qui a littéralement interdit mon propre père de m'approcher ou de me contacter, je grogne.
Bon, c'est foutu. Je suis énervé.
– Matt est le père de Naël... ? questionne Gaëlle, les sourcils froncés.
– Longue histoire, soupire sa compagne et j'échange un regard agacé avec Matthew qui essaie de m'intimer silencieusement de me calmer.
Echec. Je suis remonté comme une pendule et putain il y a de quoi.
– Longue histoire ? je ricane sarcastique. Je ne vois en quoi baiser et faire un gosse est une longue histoire.
– Nathanaël ! s'offensent les deux femmes devant mon langage cru.
– Quoi ? Je ne suis pas venu en tombant du ciel, je raille. Vous avez baisé, point barre.
– Oh seigneur, soupire ma mère dont je l'aperçois... Rougir ?
Bah merde alors.
C'aurait clairement pu être comique dans une autre situation.
Une main ferme se pose sur mon épaule et vu comment il la presse fortement, je saisis aussitôt le message : Un conseil, calme-toi tout de suite.
Je serre les dents et me mure dans le mutisme en fusillant mon père d'un regard noir qui me renvoie un sourire narquois. Je détourne les yeux.
– Bon, que tout le monde redescende en pression. Ce n'est pas en se criant dessus qu'on fera avancer les choses, intervient Matthew - enfin pardon, papa - dans un soupir.
Etrangement, personne ne dit mot.
– Il y a une chose que je ne comprends pas, lance tout à coup Gaëlle en s'adressant à ma mère. Si Matt est son père, pourquoi ne lui avoir jamais dit ?
La question à un million et j'attends clairement la réponse.
Ma mère soupire.
– Je n'ai rien dit parce que je ne voulais pas que Naël connaisse ce que j'ai vécu moi-même. Je sais ce que c'est que de trouver un père mais qu'il nous soit arraché même pas deux jours après. Ca fait mal et je ne voulais pas imposer cela à mon fils.
– Alors t'as fait croire à Drys que j'étais son gosse, je renifle, dégoûté.
Elle hoche la tête.
– Il a toujours su, Elia que Naël n'était pas de lui, lui apprend Matthew.
Oui, bon j'ai encore quelques problèmes avec les termes.
Les yeux de ma mère s'écarquillent mais j'ajoute quand même le coup de grâce :
– C'est pour ça qu'il n'a jamais cessé de me traiter comme si je n'étais littéralement rien du tout.
– Naël... Je suis tellement...
– Désolé ? je raille sèchement. C'est trop tard pour les excuses et j'en ai rien à branler de tes remords, maman. Les faits sont là et tu ne pourras pas les changer. A cause de ta peur de ce que tu as toi-même eu, tu m'as privé pendant presque toute ma vie de mon véritable père. Même quand je l'avais devant les yeux, je ne savais rien ! Tu aurais pu tout dire surtout quand Matt t'a foutu ce putain de test recouvrant tes mensonges. Mais non, t'as menti, spéculer et résultat, j'ai fini par vivre avec un connard qui en avait rien à branler de moi parce qu'il savait que je n'étais pas son fils, putain. Alors tes excuses, tu peux te les carrer là où je pense.
Cette fois, personne ne me reprend sur mon langage et personne ne me retient quand je me casse encore une fois du salon.
Evènement mit sur la table, je les abandonne sans regret dans un silence lourd et pesant que j'ai moi-même provoqué et file rejoindre Léonie au vieil entrepôt.
Seulement, j'ai à peine ouvert la porte d'entrée qu'elle se trouve devant moi et en larmes. Mon cœur accélère vivement ses battements, déjà inquiets de ce qui a pu se produire en mon absence.
– Picasso... ? Pourquoi tu pleures putain ?!
Elle me montre son téléphone pour toute réponse. Sur l'écran, un billet d'avion, aller simple pour Boston y figure et je sens mon sang se glacer dans mes veines.
– Léo ? C'est quoi ce bordel ?
Elle renifle, essuie ses larmes mais d'autres recoulent en suivant.
– J'ai appelé mon père et tout raconté...
– Ca s'est mal passé, j'en déduis.
Elle hoche la tête.
– Il... Il veut me foutre en HP, souffle-t-elle entre deux sanglots.
HP ? Putain de bordel, dîtes moi pas que c'est ce que je pense ?!
– J'ai accepté de me faire soigner mais pas en allant dans un hôpital psychiatrique. Je ne suis pas folle, putain !
Et elle éclate à nouveau en sanglots. Et moi, je sens une rage sourde s'infiltrer en moi.
– Pour quand ton départ ? je demande doucement.
– Après demain...
Jamais putain.
– Tu dois le dire à ta mère, Picasso.
– Et si elle était d'accord elle aussi... ?
Si c'est le cas, je vais commettre un homicide et finir derrière les barreaux. Jamais je les laisserai emmener Léonie en psychiatrie, putain.
– Alors il restera mon père, je m'entends lui dire. Et aussi ma mère.
Parce qu'elle n'est certes pas parfaite, mais jamais elle ne laisserai une telle chose se produire. Du moins, je l'espère.
– Et si c'était trop tard ? Et si on me pensait tous folle ? Et s'ils ont tous raison... ?
Je saisis gravement son visage en coupe.
– T'es pas folle, Léonie tu m'entends ? Tu n'es pas folle et je ne les laisserai jamais t'embarquer en HP, bordel.
Ses larmes de détresse me tailladent le cœur encore et encore.
– En HP ? j'entends tout à coup la voix de Matthew dans notre dos.
Nous sursautons de concert.
– Jamais, je grogne. Faudra me passer sur le corps avant.
Il jette un regard sur une Léonie complètement désespérée.
– Même en tant que médecin, ce n'est pas ce que je recommande. C'est beaucoup trop direct et c'est pas ce dont a besoin Léonie.
– Alors t'es contre ?
– Evidemment, s'exaspère mon père. Je ferai tout mon possible pour empêcher ça.
– T'as vingt quatre heures, je le préviens.
Il acquiesce.
– Je vais aller en toucher quelques mots à Gaëlle et voir déjà ce qu'elle en pense. Si elle est pour, je la ferai changer d'avis.
Il retourne en suivant dans la maison tandis que je me tourne vers Léo. Du pouce, j'essuie ses larmes.
– Nous on se casse.
– Où ça... ?
– Chez notre gang de déjanté, Picasso.
Je lui arrache un sourire et c'est déjà ça.
– On va chez Shiro ?
– Kaylee, je corrige en textant à la concernée. Ils sont déjà là-bas.
Elle hoche la tête.
– Alors allons-y...
J'attrape sa main et tout en commandant un taxi, nous commençons déjà à avancer vers le lieu de rendez-vous. Quelques minutes d'attentes plus tard, nous moutons dans la voiture et disparaissons au loin.
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Joyeux Noël les amis !!!
Bon comme vous pouvez le voir, Léo n'a pas fini d'en voir de toutes les couleurs, ma pauvre chérie et Nathanaël est plus remonté que jamais.
Dites moi ce que vous en pensez et n'oublier pas de voter !
À très vite pour la suite !
Xoxo 🦋