Coeur Ardent - La légende d'A...

By Blue_Fantazia

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Un esclave ne représente rien aux yeux de ces bourgeois. Dans le royaume de Drakna, le jeune Izuku ne dira p... More

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Chapitre 1 : La prison dorée
Chapitre 2 : Divine créature
Chapitre 3 : Envoûte-moi
Chapitre 4 : Accepte-moi
Chapitre 5 : Doute et incertitude
Chapitre 6 : Fuis-moi, j'aime ça
Chapitre 7 : Le roi colérique
Chapitre 8 : Deviens nôtre
Chapitre 9 : Puis-je vous goûter ?
Chapitre 10 : Le peuple de Drākõnia
Chapitre 11 : Câlin poisseux
Chapitre 12 : Un grand voyage
Chapitre 13 : Le couturier extravagant
Chapitre 14 : Un bain à trois
Chapitre 15 : La cascade de Féria
Chapitre 16 : Mourir peut attendre
Chapitre 18 : Réveille-toi
Chapitre 19 : Retrouvailles humides
Chapitre 20 : Oh, l'amour~
Chapitre 21 : La cité rocheuse
Chapitre 22 : La cité marine
Chapitre 23 : Révélations inattendues
Chapitre 24 : Racontez-moi
Chapitre 25 : Regarde nous !
Chapitre 26 : Le calme avant la tempête
Chapitre 27 : Unissons nos forces !
Chapitre 28 : Le héro ailé
Chapitre 29 : Ateas, notre défunt roi
Chapitre 30 : La bataille finale
Chapitre 31 : Dévorez-moi
Chapitre 32 : La famille s'agrandit
Epilogue
- Le goût de la liberté -
- Les flammes de ton cœur -
- L'amour dans les ténèbres -
- L'avenir dans le sang -

Chapitre 17 : Un réveil difficile

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By Blue_Fantazia


Mon esprit est embrumé par la noirceur. Malgré toute la volonté que je possède, il m'est impossible de me réveiller, ou du moins, il m'est impossible d'ouvrir les yeux. Je sent le tissu contre ma peau ainsi que la fraîcheur sur mon front. Mes membres sont endoloris, m'envoyant des fourmis à chaque secondes. Pourtant, je ne sent aucun mal qui s'apparente à une brûlure. Je ne sais pas où je suis, ni avec qui. Autour de moi c'est le calme plat. Un frisson parcourt mon corps, signe que j'ai froid. Sans plus tarder, je ressens la douceur d'un drap recouvrir ma peau. Je prend les dernières forces qu'il me reste et parviens enfin à bouger. Je lève ma main qui reste un long moment dans le vide, en quête de réconfort, de soutien. Après de longues minutes, une présence se fait à mes côtés mais aucun mot n'est prononcé. Des doigts se posent sur ma main pour la remettre le long de mon corps. On me retire également le linge humide de mon front avant de m'en remettre un deuxième.

- Je ne sais pas si vous m'entendez mais, vous devriez vous ménager.

La voix me paraît familière et pourtant, je ne parviens pas à mettre un nom dessus. Une caresse sur mon bras me fait tourner la tête sur la droite. J'entends le raclement d'une chaise sur le sol, puis plus rien.

- Cela ne devrait plus être long.

J'espère vraiment que cette voix mélodieuse, bien que fortement inconnu, a raison. De nouvelles minutes interminables s'écoulent quand une porte claque dans la pièce.

- Ne fais pas autant de bruit ! Il y a un blessé.

Le bruit du papier, puis celui d'un mortier. Cette fois-ci, deux présences se font ressentir près de moi.

- Excuse-moi, papa. Quand j'ai entendu ce qu'il s'était passé, je me suis précipité à la maison avec les soins adéquats.

- Tu as bien fait, Shoto. Je suis fière de toi. De nouveau le bruit du mortier avant d'entendre de l'eau couler. Mais le temps presse. Donne lui ça à boire, cela devrait le remettre sur pied. Du moins, je l'espère.

Le lit, car j'ai deviné être installé dessus, s'affaisse sur ma gauche. Une aile frôle mon dos et une main me force à me relever. N'ayant plus de force, je suis une poupée de chiffon ballottée d'une poigne de fer. Un récipient est présenté à mes lèvres, et j'ai un mauvais pressentiment. Je ne sais pas qui ils sont et ce qu'ils comptent me faire ingurgiter. Sans mes compagnons, sans Eijiro et Katsuki à mes côtés, je ne parviens pas à faire confiance à de parfait inconnu. Face à ma réticence et mes lèvres scellées, l'inconnu se met à me parler avec calme.

- Buvez le, c'est un remède pour votre corps endoloris. Vous irez bien mieux après, faites nous confiance.

J'ai envie de protester, mais impossible de parler. À peine mes lèvres se séparent qu'il fait couler une épaisse mixture. Cela a un goût infâme, encore pire que ce que j'ai connu étant plus jeune. C'est immonde. Les grumeaux se mêlent à une épaisse pâte que j'ai envie de recracher. Quand le récipient quitte ma bouche, je tousse fortement. Je sent alors de nouveau le contour caractéristique du verre et je ne peux empêcher un mouvement de tête. Hors de question de recommencer cette torture, que ce soit pour mon bien ou non.

- C'est de l'eau. Dit-il comme si il a entendu mes pensées. Cela vous fera passer le goût.

Je ne me fais pas prier pour accepter et bois le verre entier, en profitant par la même occasion pour rincer ma bouche. Quand j'ai terminé, il me recouche avec beaucoup de délicatesse et s'éloigne de moi.

- Combien de temps avant qu'il n'ouvre les yeux ?

- Ne soit pas impatient, on dirait ton père. Un silence se fait avant d'entendre une seconde chaise. Regarde, il remue déjà.

Le sang afflue soudainement dans mes veines. Ma peau me picote de la tête aux pieds. Je peux enfin bouger mes doigts et mes orteils. Avec difficulté, mes yeux se mettent à papillonner. La lumière est discrète dans la pièce et par conséquent, elle ne m'agresse pas la rétine. Je dois mettre plusieurs secondes pour focaliser mes pupilles sur un point quelconque au plafond. Je gémis de douleur en essayant en vain de me relever. Une main se plaque aussi sec sur mon poitrail pour m'empêcher toute action irréfléchi. Ma tête remonte le bras et mes yeux fixent le Drākõn un peu trop longtemps. Encore une nouvelle tête.

- Mettez-vous contre le dossier du lit.

Docile, je me laisse guider. Quand je suis en position assise, la douleur me paraît moins lancinante.

- Vous n'avez aucune blessure visible. Seul votre corps a reçu un choc intérieur.

Je bois ses paroles, me remémorant les derniers événements. Mon arrivée à Rokiā, la dispute d'un père et son fils puis, plus rien. Le trou noir.

- Vous semblez perdu et c'est normal. Vous avez subit un choc assez conséquent. Il m'imite et s'assoit en face de moi, sur ma droite. Mon père a veillé sur vous, vous êtes resté endormi pendant plus de vingt heures. Ma gorge se noue. J'ai dormi si longtemps ? Si vous êtes un peu groggy, c'est également normal. Il va vous falloir encore quelques heures pour récupérer entièrement.

Je l'écoute attentivement tout en hochant la tête en bon élève que je suis.

- Est-ce que... Je pose ma main sur ma gorge. Elle est plus que sèche. Mes mots se meurent dans ma bouche. Est-ce que le petit... Va bien ?

Il hausse les sourcils et croise les jambes.

- Oui, il est en parfaite santé. D'ailleurs, ses parents voudront vous remercier. Ce n'est pas tout les jours que nous voyons un humain sauver un Drākõn.

Il se lève et part me chercher un verre d'eau. Je lui souris en remerciement quand il me le tend.

- Ce n'est donc pas vous que je dois remercier pour... Cette mixture infâme ?

Il a un léger sourire avant de poser une main sur sa bouche.

- Il est vrai que mise à part leurs effets bénéfiques, toutes les plantes n'ont pas bon goût. Il pose mon verre sur la table de chevet à mes côtés. Comme je vous le disais, c'est mon père qui vous a soigné. Si vous le désirez, je peux l'amener auprès de vous.

- Ce serait avec plaisir, merci.

Il baisse la tête et sort de la pièce sans attendre. Quand je suis enfin seul, je laisse couler mon corps et soupire longuement. Une nouvelle fois mon cerveau va à mil à l'heure. Où est Katsuki ? Que fait Eijiro ? Pourquoi mon corps n'a-t-il rien subit ? Où sont les brûlures ? La douleur ? Je ne comprend, une nouvelle fois, absolument rien. Je repense à cet étrange Drākõn très aimable. Ses yeux et ses attributs me rappellent cette famille de tout à l'heure. Il a des yeux particulièrement beaux et étranges. Un œil gris et un œil bleu. Ses ailes sont elles aussi à part. Une aile blanche et une aile rouge. Tout comme ses cheveux de la même couleur attachés en catogan avec quelques mèches rebelles. Et puis ses cornes blanches et sa queue rouge. Je ne peux m'empêcher de détailler chaque Drākõn que je croise. Mon but est de parvenir à tous les identifier même si je sais la tâche impossible. En tout cas, il ne m'a pas semblé hostile. Il est même très posé et sûr de lui. Comme je suis seul, je me permet de regarder autour de moi. C'est une chambre simple, avec des murs de pierre et quelques poutres apparentes. Un lit confortable, une table de bois avec le fameux mortier, deux chaises, et la table de chevet. Cette pièce est impersonnel. Aucun bibelot ne me donne d'indication quant à l'appartenance de ces lieux. En même temps, il n'y a aucune trace de vie.

- Vous êtes enfin réveillé.

Honteux de m'être fait prendre en pleine inspection, je rougis malgré moi. Que ne fut ma surprise de revoir le Drākõn de tout à l'heure, celui qui a défendu griffe et corne son fils.

- Vous êtes... Keigo, c'est bien ça ?

Il est étonné et frotte sa nuque de sa main.

- Il n'y a que ma famille proche qui m'appelle ainsi mais... Oui, c'est moi.

Je me souviens alors des règles de politesses chez les Drākõn et je suis une nouvelle fois gêné.

- Pardonnez moi. Dis-je en me rattrapant. C'est vrai qu'il faut s'appeler par un nom bien distinct.

Il secoue la tête avant de s'asseoir, suivi de près par son fils.

- Voyons, ce n'est pas grave. Je peux bien accorder cela au compagnon du roi.

Cette fois, c'est mon corps tout entier qui prend feu. C'est étrange de se faire appeler ainsi. J'ai l'impression d'être passé d'esclave à "le compagnon de". C'est assez vexant mais je n'ai pas mon mot à dire.

- Peut-être vais-je vous paraître indiscret mais, où suis-je ?

- Vous êtes chez nous. Répondit-il avec un grand sourire chaleureux. Et je vous présente mon fils, Shoto.

- Enchanté. Dis-je avec une petite courbette plutôt pitoyable puisque mon corps est encore mou. Dites moi, pouvez vous me dire ce qu'il s'est passé exactement ? Je ne me souviens absolument de rien après m'être jeté à terre.

Tous deux se regardent, cherchant sans doute leurs mots. C'est une fois de plus Keigo qui me répond. Il semble étrangement gêné.

- Et bien, c'est assez complexe. Personne ne s'attendait à vous voir courir. Nous avons tous eut peur que vous brûliez dans les flammes, moi le premier. Il croise ses bras et fronce les sourcils. Nous n'avons pas été très intelligent. Renvoyer pareil première impression, j'en suis navré. Il lève les yeux et les plante dans les miens. Notre roi s'est rejeté sur vous et l'enfant pour vous protéger.

Mes mains attrapent le drap blanc et je crois perdre ma respiration. Les larmes sont déjà présentes au coin de mes yeux sans que je ne puisse rien y faire.

- Est-il... Je ne parviens même pas à dire la phrase entièrement tant l'idée me donne la nausée. À la simple pensée qu'il puisse mourir, mon cœur arrête de battre.

Keigo s'affole les mains en l'air tandis que son fils ne bouge toujours pas.

- Je vous arrête tout de suite, Eijiro et Katsuki vont très bien.

L'oxygène revient dans mes poumons et le sang reprend son court dans mes veines. Un instant, un court instant, j'ai imaginé le pire. Pourquoi est-ce que cette idée me fait autant souffrir ? Est-ce l'idée de le perdre ? Me suis-je finalement attaché à eux ?

- Le roi a déployé ses ailes pour vous protéger tandis que Eijiro a accouru pour l'aider. Keigo se lève, les bras derrière le dos, la queue basse. Il n'est pas notre roi pour rien. Il est le Drākõn qui nous guide. De simples flammes ne peuvent consumer son être quand son cœur bat aussi fort pour vous. Je le suis alors qu'il pose sa main sur la pierre. Il est sorti des flammes en un battement d'ailes, vous dans ses bras, l'enfant couché contre votre cœur. Il n'avait ni blessure, ni brûlure.

- Mais sa colère était terrible. Continue Shoto en me regardant. Il était énervé contre lui-même, contre vous.

- Ne parlons pas des yeux qu'il a eu en posant son regard sur mon mari et Toya. Keigo pose une main sur son visage.

Le silence se fait dans la pièce et je me rend compte des choses. Tout ceci, c'est moi qui l'aie causé. Si je n'avais pas écouté mon stupide cœur, on n'en serait pas là. Qu'a fait Katsuki ? Où est-il ? Je pose mes pieds sur le sol, prêt à aller le chercher pour payer le prix de ma stupidité. Bien évidemment, mon action ne semble pas au goût des deux Drākõn.

- Que faites-vous ? Dit Keigo en m'obligeant à m'asseoir.

- Il faut que je sorte. Je dois le retrouver. C'est ma faute. Jamais votre mari ou votre fils ne m'auraient attaqués de leur plein gré.

Je le pousse sans réfléchir mais une fois debout, ma tête se met à tourner. Je me sent partir en avant sans avoir la force de me rattraper. C'est les bras de Shoto qui me maintiennent hors du sol. Il me repose sur le bord du lit avec délicatesse tout en me jetant un regard glacial.

- Vous n'êtes pas en forme pour tenir debout. Je viens de vous le dire, n'en faites pas trop.

Je baisse les yeux, me faisant gronder comme un enfant.

- Ne le prenez pas personnellement, simplement, si vous faites votre apparition maintenant, vous risquez d'envenimer les choses. Keigo soupire et passe sa main dans ses cheveux blonds. Ce n'est pas votre faute. Votre acte était irréfléchi mais héroïque et ça, nous l'avons tous compris. Si mon mari et mon fils s'entendaient mieux, ce ne serait pas arrivé.

Nous restons tous les trois sans rien dire. Keigo a le dos posé contre le mur, Shoto est assis sur une chaise et moi, je balance mes pieds dans le vide.

- Que pouvons-nous faire ? Je demande en me sentant affreusement inutile.

- Absolument rien, malheureusement. Dit Shoto avec une grimace. Nous devons attendre qu'ils se calment.

- Mais où sont-ils ?

- Mon père est parti prendre l'air. Toya est dans sa chambre enfermé à double tour. Notre roi est quant à lui avec Eijiro.

- Ils n'ont pas demandés à me voir ? Je demande d'une petite voix.

- Ils ont demandés plusieurs fois. Dit Keigo en fixant la porte en bois. Ils étaient intenables, signe qu'ils tiennent énormément à vous. Il reporte ses yeux sur moi. Mais je les ai formellement interdit de rentrer. Cet affolement était mauvais pour vous. Ils ont donc abdiqués et ont pris une chambre à l'auberge.

- Que va-t-il se passer pour votre fils ? Keigo ne me répond pas, Shoto non plus. Je sais que cela ne me regarde pas, car nous ne nous connaissons pas, néanmoins je ne veux pas que mon action alourdisse sa peine.

Keigo m'offre un sourire discret mais sincère.

- Vous avez bon cœur, j'en suis ravi. Sachez que mon fils est juste un Drākõn intenable qui adore contester l'autorité des plus vieux. Je n'aurais qu'à lui tirer les oreilles assez fort pour qu'elles s'allongent et là peut-être qu'il comprendra.

Shoto pouffe, une main sur la bouche tandis que je ris de bon cœur à mon tour.

- Après un si long sommeil, vous souhaitez sans doute manger quelque chose ? Propose le patriarche.

- Je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité. Je suis gêné qu'il ai prit soin de moi sans me connaître mais qu'en plus, il veuille en faire encore davantage.

- C'est proposé de bon cœur. Shoto va vous escorter jusqu'à la cuisine.

Keigo disparaît le premier, tandis que son fils vient vers moi. Un bras autour de mes reins, il me soulève sans mal. Sa proximité pourrait m'incommoder, mais je suis beaucoup trop dans la lune pour m'en soucier. Nous empruntons un long couloir où diverse portes s'offrent à nous. Arrivé au bout, le couloir donne sur une parfaite cuisine rudimentaire. Je vois enfin une petite personnalisation de l'endroit. Malgré les éléments de base, il y a quelques peintures et broderies sur les murs. Quand Shoto m'aide à m'installer sur une chaise, mes yeux sont attirés par un portrait de famille. Shoto prend place à ma gauche.

- C'est vous ? Dis-je en désignant le dit tableau.

Keigo pivote sa tête, arrêtant ce qu'il fait et hoche la tête.

- C'est ma petite famille à moi. Vous avez déjà rencontré Toya tout à l'heure ainsi que Natsuo. Le plus grand mais également le plus beau c'est mon mari, Enji.

Je détaille la peinture, la trouvant extrêmement bien faite. Le peintre devait avoir le soucis du détail car il y a même la petite étincelle de malice dans les yeux de Toya.

- J'ai comme l'impression que vous êtes de nature très curieuse. Commente Keigo en découpant des carottes.

- On me l'a souvent reproché et je dois bien avouer que c'est plus fort que moi.

- Une question brûle vos lèvres, n'est-ce-pas ? Shoto a vu juste.

- Je pense que ce n'est pas la première fois qu'on vous le demande mais... Qu'est-il arrivé à Toya pour qu'il... Enfin...

- Vous parlez de ses cicatrices ? Me coupe Keigo en s'occupant maintenant du maïs. J'acquiesce silencieusement. Ce n'est pas une longue histoire, elle est même assez banal. Mon fils a toujours eu le goût du risque et de la bagarre. Un jour, cela s'est retourné contre lui. Il n'était pas plus haut qu'une biche et pourtant, il se battait comme un cerf. Son élément ne s'était pas encore déclaré mais beaucoup savait qu'il serait comme son père. Toya était mon premier enfant. J'avais autant peur pour lui que j'étais fière qu'il soit qui il est.

Il se tait, remuant la nourriture dans un bol en terre.

- Il s'est immiscé dans un règlement de compte entre adultes. À cet époque, notre roi, qui n'était pas Katsuki, ne venait pas aussi régulièrement nous voir. Des tensions se créaient régulièrement. Toya a voulu régler l'affaire comme un grand, il disait. Mais l'un d'eux l'a poussé si fort qu'il s'est cogné la tête. À moitié sonné, triste et en colère, son cœur s'est consumé. De gigantesques flammes bleutées sont sortis de son corps. Effrayés, tout le monde a reculé alors que mon bébé était en train de brûler. Keigo arrête ce qu'il fait et agrippe le plan de travail. Comme il est de dos, je ne vois pas son visage mais, je sens sa tristesse. J'ai tout de suite reconnu ses cris. Quand je suis arrivé, je ne pouvais rien faire au risque de me brûler aussi. Je regardais mon fils souffrir sans pouvoir rien faire. Il reprend son souffle, et se penche un peu. À mes côtés, Shoto ne dit rien. Quand mon mari est arrivé, il n'a pas hésité à l'éteindre pour le rassurer car c'était le seul remède. Il a été brûlé sur une partie de son visage mais après, Toya s'est calmé. Nous l'avons emmené chez le guérisseur mais, c'était trop tard. Il s'en est évidemment sorti mais, avec des séquelles physiques.

Keigo dépose le saladier sur la table ainsi que quelques couverts.

- C'est pour ça que Toya déteste son père. J'aurais pensé qu'il me haïrait moi, mais non. C'est Enji qui lui a transmis son élément. C'est pour cette seule raison qu'il essaie constamment de le faire sortir de ses gons.

Je regarde Shoto me servir, et je comprends que je vais déguster une salade fraîche. C'est la première fois que j'en mange.

- À agir ainsi, il ne risque rien ?

- Il risque gros. Me répond Shoto. L'exil, si il ne se calme pas.

- Ou la mort. Dit Keigo en se laissant tomber sur la chaise, une main sur le visage.

- Mais... Personne n'est mort.

- Pas encore, mais il fait peur à tout le village. À la simple idée qu'il puisse sortir et aller quelque part, mon ventre se tord. Keigo me regarde, le visage triste. Je ne pourrais pas le retenir à Rokiā indéfiniment. Les enfants doivent un jour prendre leurs envoles mais... Je me demande si je veux qu'il le fasse.

Je prend une fourchette de salade que je m'empresse d'engloutir.

- Vous avez d'autres fils. Puis, ce n'est pas comme si il partait indéfiniment. Peut-être que c'est cela qu'il cherche. Il souhaite partir mais comme il est retenu par des chaînes invisibles, il fait tout pour être détesté et ainsi, il pourra enfin partir d'ici.

Même si je tente de ne pas parler la bouche pleine, c'est très difficile. Cette salade qui semble banale a vraiment meilleur goût que la potion de tout à l'heure.

- Il est vrai que... La communication est compliqué avec lui. Keigo passe plusieurs fois une main sur sa nuque. Il parle plus facilement avec Natsuo ou moi, mais dès que nous abordons des sujets glissants, il fuit.

- Il réagit en enfant. Vous l'avez couvé toute votre vie depuis cet incident donc si je comprends bien, la seule solution d'avoir des réponses c'est de le pousser dans ses retranchements.

Ayant fini mon assiette je repousse le tout et essuie ma bouche d'un revers de la main. Keigo m'offre un demi-sourire.

- Vous êtes perspicace et très observateur. Je pense que cela fait du bien d'entendre ces mots.

- Cela ne vous gêne pas que je donne mon avis ?

- Absolument pas ! Au contraire, plusieurs avis sont toujours bons à prendre. Keigo se penche pour me servir une seconde fois. Avec tout ceci, je ne vous ai même pas demandé si une salade vous convenez.

- Vu la façon dont il l'a mangé, je pense que ça lui plaît. Dit Shoto légèrement taquin.

- Je suis coupable. Peu importe ce que vous me faites, mais cette salade est délicieuse.

- Vous m'en voyez ravi. Il prend le saladier qu'il s'empresse de nettoyer. Tiens Shoto. Il tend un bol rempli généreusement. Va donner ça à ton frère. Je ne l'ai pas vu depuis hier, cela m'inquiète. Shoto se lève et s'exécute sans broncher.

- Vous avez de la chance d'avoir une famille aussi grande. Ne puis-je m'empêcher de lui faire remarquer.

- J'en suis tout aussi heureux. Nous avons des hauts et des bas mais au final, je n'ai pas à me plaindre. Il débarrasse la table et continu de sourire. Je me souviens quand je suis tombé enceint de Natsuo. Toya était un petit frère exemplaire. Puis quand ce fut le tour de Shoto, les deux aînés ont rempli leur fonction haut la main. Après, ils ont grandis et mûrit mais au fond, je sais qu'ils s'aiment.

- Je vous envie. Dis-je en regardant les diverses peintures.

- Alors vous aussi vous souhaitez une grande famille ? Dit-il en venant s'asseoir à mes côtés.

- Grande je ne sais pas, mais si je pouvais au moins avoir un enfant, ce serait le comble pour moi. À vrai dire, je n'y avais jamais pensé jusqu'à ce que je rencontre Katsuki et Eijiro. Au delà du fait qu'ils sont des Drākõn extraordinaires, ils m'offrent une grande liste de possibilités. Avoir ma propre famille, être aimé, avoir une vie libre. Je baisse les yeux sur mes mains et sourit. J'ai longtemps été enchaîné comme un vulgaire esclave. À aucun moment je n'aurais imaginé que quelqu'un veuille de moi. Peu importe qui ils sont, hommes ou Drākõn. Je commence enfin à être heureux.

Keigo pose avec tendresse sa main sur mon bras et frotte ma peau de son pouce. Il m'offre un regard légèrement humide.

- Vous serez apte à me faire verser des larmes. Ce sont là de bien belles paroles. Je crois que, ce n'est pas vous qui avez de la chance de les avoir mais bel et bien eux qui ont la chance de vous avoir trouvé.

D'un mouvement vif j'essuie les gouttes qui menacent de s'échouer tandis qu'il fait de même.

- Vous ne me trouvez pas pathétique ?

- Nous serions les derniers à penser cela. Nous attachons énormément d'importance aux sentiments et à l'amour. Alors croyez moi, vous pouvez verser autant de larme que vous le souhaitez si cela peut permettre à votre cœur d'aimer.

Nos mains se lient sur ma cuisse et je vois dans ses yeux tout l'amour qu'il porte à ses enfants et son compagnon. Keigo et moi sommes pareils, peu importe notre physique ou notre nom, notre race ou notre couleur, nous aimons nos proches de la même façon.

- Papa ! Papa !

Nous nous sommes levés si rapidement que nos chaises se sont renversées. Shoto arrive dans la cuisine le souffle court.

- C'est Toya, il... Il ne parvient pas à finir sa phrase, trop essoufflé.

- Il quoi ? Que se passe-t-il ?

Shoto se remet bien droit.

- J'ai essayé de l'en empêcher, je te le jure.

- Shoto ?

Il baisse les yeux, la voix à peine audible.

- Il s'est enfui.

Et je compris que nous n'étions pas tiré d'affaire.

_____

Plus de peur que de mal finalement, j'aime bien vous faire peur ^^
Et merci pour les 1k de vue sur cette histoire, ça me fait vraiment plaisir...

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