-Ça doit être ça, admit Bertrand qui voyait comment Rose regardait l'étalon.
Il les a rendus nerveux.
-Le jour où miladies sont arrivées, j'ai provisoirement laissé Toby dans cette stalle et j'ai vu Teddy commencer rapidement à donner des coups de pied aux planches afin de lui faire peur.
Mais au lieu d'être effrayé, le cheval a répondu en frappant plus fort les planches.
-Vraiment ? rit Rose en caressant le vieil animal avec affection.
Eh bien, je ne savais pas que tu avais encore autant d'énergie.
-C'est une excellent cheval, dit Bertrand.
C'est pourquoi je ne l'ai pas changé d'écurie.
Toby est le seul qui parvient à calmer Teddy et il a gagné la confiance de cette bête en quelques jours.
-Je ne pense pas que ce soit si terrible, chuchota Rose au cheval qui semblait la regarder avec des yeux noirs profonds.
Et j'aimerai que tu me laisses me rapprocher.
-Madame... répéta Bertrand en la voyant s'approcher plus près.
Ce cheval a un mauvais caractère et tous ceux qui essaient finissent par embrasser le sol.
Rose, après avoir regardé sa soeur et l'avoir vue rouler des yeux, demanda :
-Si j'essaye, est-ce que tu garderas le secret ? Bertrand n'appréciait pas ça et dit en bégayant:
-Milady, je ne crois pas... Je ne pense pas que vous devriez faire ça... S'il vous arrive quelque chose, je veux pas avoir à supporter les conséquences.
-Rassurez-vous Bertrand, dit Ada en voyant comment sa soeur et le cheval de regardaient.
Nous ne dirons rien si vous gardez le secret.
Ma soeur, en plus d'avoir la tête dure, sait très bien garder un secret, n'est-ce pas ?
-Bien sûr, ne vous inquiétez pas Bertrand, murmura Rose en se rapprochant du cheval brun.
Il commença à donner des coups de pied au sol en voyant Rose approcher, la paume levé vers le haut.
-Viens ici mon garçon.
Je sais que tu veux que nous soyons amis autant que moi.
-S'il vous plaît... supplia Bertrand, le front en sueur. Rose lui ordonna de se taire.
-Sssshhh.... Nous jouons.
Alors qu'elle caressait soigneusement l'animal, Rose vint à ses côtés.
Prudemment, elle monta sur une planche et, reprenant un peu d'élan, sauta sur le dos du cheval.
Sentent le corps de la jeune fille sur lui, Teddy fut d'abord silencieux, laissant Bertrand sans voix.
Retenant son souffle, Rose se mit à sourire.
Mais soudain, le cheval se cabra et elle vola dans les airs jusqu'au sommet d'un tas de paille.
Ada éclata de rire.
-Par tous les saints ! cria Bertrand, horrifié par ce qu'il s'était passé.
Vous allez bien ?
-Rassurez-vous Bertrand, répondit Rose, époussetant la paille de ses cheveux alors qu'elle regardait le cheval avec ses yeux noirs de défi.
J'ai monté des chevaux pires que lui.
- Ma sœur est dure, dit Ada en riant toujours.
Après cette première chute, il y en eut beaucoup d'autres, au grand désarroi de Bertrand.
Trempé de sueur, il regardait la femme du Faucon voler dans les airs sans donner son bras pour l'acclamer.
Cela le désespérait.
Cet après-midi-là, Bertrand apprit que si le cheval était têtu, la femme du Falcon l'était encore plus.
-Wow, quelle soif ! dit Rose échevelée, en remplissant un verre d'eau.
-Maintenant il te cherche, murmura Ada en regardant Teddy bouger, cherchant la voix de sa sœur pendant qu'elle buvait de l'eau.
Lassée de tant de chutes, Rose se laissa tomber à côté de sa sœur.
-Je commence à me sentir coupable.
J'ai promis à Niklaas que je n'irais pas près de ce cheval.
-Pourquoi faire une promesse alors que tu ne l'a tiendras pas ? reprocha Ada.
Il ne me semble pas juste que tu promettes des choses que tu ne tiendras pas plus tard.
-C'est juste que je ne pouvais rien faire d'autre.
Il me l'a ordonné.
Et quand Rose dit cela, elles ont toutes les deux ri.
Rose regarda Bertrand qui était assis sur une botte de paille et dis :
-Bertrand, s'il vous plaît, ce secret doit rester entre nous.
Si mon mari l'apprend, je dirais que vous ne saviez rien.
- Je vous remercie, dit-il en prenant le verre d'eau qu'Ada lui avait donné.
Mais quand il la vit s'approcher à nouveau du cheval, il cria :
-Qu'est-ce que vous faites madame ?
-Ssssshhh....ne crie pas, dit Rose.
Enlevant ses chaussures, la jeune femme répéta les mêmes mouvements qu'auparavant mais cette fois, elle n'arrêtait pas de chuchoter des mots doux en gaélique alors qu'elle le montait.
-Ouvrez les écuries de Teddy et Toby, ordonna-t-elle en fixant son regard sur Bertrand.
Mais c'est Ada qui les ouvrit.
Les deux chevaux sortirent tranquillement dans la cour.
Après avoir fait plusieurs tours, Teddy commença à devenir nerveux, mais Rose le rassura, se penchant dans son cou pour lui parler doucement.
À côté de lui, Toby les regardait.
-Très bien Impatiente, dit ada en voyant le visage heureux de sa sœur.
Je vois que tu n'as pas perdu ta main dans l'apprivoisement des chevaux.
- Tiens Toby, je vais me promener avec teddy, je ne pense pas qu'il pourra nous accompagner.
-Ça sent comme une course pour moi, sourit Ada.
-Par tous les saints, chuchota Bertrand, incrédule à ce qu'il voyait.
Attendez, madame.
Cette bête jouera quand vous vous y attendrez le moins.
-Teddy est un bon cheval, dit Rose très près de ses oreilles, pour que l'animal puisse entendre sa voix.
Il ne jouera pas avec moi parce qu'il sait qu'il peut me faire confiance.
Et en regardant Ada et Bertrand, elle dit :
-Ouvrez la porte patio.
- Non, non, impossible.
L'homme secoua la tête.
Mais Ada était plus rapide.
Tenant Toby, elle ouvrit la porte du patio d'un seul mouvement.
À pas lents, Rose traversa à cheval face aux marmonnements de Bertrand et aux sourires de sa sœur.
-Je reviens bientôt.
Et s'il te plaît Bertrand, ne t'inquiète pas, insista Rose.
Enfonçant doucement ses pieds nus, elle se mit à trotter lentement.
-Très bien Teddy, bon cheval, murmura-t-elle en le tapotant affectueusement. Puis, se dirigeant vers l'un des arbres, elle commenta : Maintenant que personne ne regarde, je vais te montrer quel genre de sang coule dans tes veines.
Et sur ces mots, elle enfonça ses talons dans le cheval, qui se mit à galoper si bien que Rose crut qu'elle volait.
Il esquiva les arbres et sauta de petits obstacles.
Pour la première fois depuis des jours, elle se sentait libre et profitait de l'air frais contre son visage.
Le cheval répondait à chaque mouvement qu'elle demandait, et cela lui donnait confiance pour survoler le manteau vert qui s'ouvrait devant eux.
Après avoir traversé la prairie, ils escaladèrent une colline d'où elle put admirer la forteresse et le village.
Comme tout paraissait petit à partir de là ! Respirant avec le cheval qui haletait aussi suite à la course, elle dit :
-Merci Teddy, tu m'as fait tellement m'amuser.
Tu et un bon cheval.
Je te conseillerais donc de ne pas mordre Bertrand qui est une bonne personne et surtout, d'adoucir ta personnalité.
Le cheval soupira, bougeant sans relâche, faisant sourire Rose.
-Hé, c'est juste un conseil ! Tu feras ce que tu veux.
-Je pense qu'il ferait bien de suivre vos instructions, dit une voix derrière elle.
Rose se retourna rapidement et trouva un homme aux cheveux cuivrés qui la regardait avec ses yeux bleu clair.
Derrière lui, plusieurs guerriers l'observaient avec curiosité.
-Désolée, mais je ne vous parlais pas, répondit-elle en le regardant.
Qui était cet homme pour la regarder comme ça ? Et surtout, où avait-elle déjà vu ces yeux pâles ? L'homme mit son cheval à côté du sien et l'observa comme un loup prêt à bondir sur sa proie.
-Je parlais à Teddy, dit l'inconnu.
Je voulais juste vous dire que j'ai aussi apprécié votre course.
C'était incroyable de vous voir voler comme le vent.
Les deux forment un beau duo, beau et troublant.
Et là-dessus, il toucha Teddy qui hocha la tête comme s'il connaissait l'homme.
-C'est une cavalière spectaculaire, et je dois admettre que son talent et son courage pour diriger cet étalon m'ont impressionné.
Mais maintenant qu'elle est devant moi, je ne sais pas si ce qui me frappe le plus est sa beauté ou sa dextérité, murmura l'homme en tendant la main pour toucher la joue de Rose.
Elle l'esquiva rapidement, le faisant sourire.
-Merci pour vos compliments, dit-elle en regardant avec curiosité l'homme aux yeux bleus.
- Désolée, mais je dois y retourner, ils m'attendent.
-Vivez-vous dans la forteresse ? Je vais vous accompagner, répondit-il en la faisant sourire.
Cela lui rappela quand Niklaas avait insisté pour l'accompagner.
-Qu'est-ce que j'ai dit de si drôle ? demanda-t-il en la regardant avec une lueur dans les yeux qui la mettait mal à l'aise.
-Oh rien.
Désolée, répondit la jeune femme, ne réalisant pas l'image séduisante que lui offrait la montée sur cet impressionnant cheval.
- Où sont tes chaussures ? demanda-t-il en désignant ses pieds.
Et où es-tu tombée pour avoir les cheveux pleins de paille ? gloussa-t-il en tirant quelques brins de paille de ces spectaculaires cheveux noirs.
-Je ne pense pas que cela vous intéresse, répondit Rose, jetant la tête en arrière et tirant sa jupe vers le bas quand elle le remarqua en train de regarder ses jambes.
-Pourquoi montez-vous le cheval de mon ami mort ? Autant que je sache, depuis sa mort, personne ne le monte.
Rose jura quand elle apprit qu'il connaissait le cheval.
-Je faisais juste une promenade tranquille avec lui, répondit-elle, réalisant que ce secret absurde serait enfin découvert.
-Appelez-vous calme la promenade que vous venez de faire ? Il courait comme s'il fuyait l'enfer, plaisanta-t-il en répondant, tout en la regardant avec envie. D'où venait cette femme ?
-D'accord.
Elle sourit enfin en roulant des yeux.
- Vous avez raison, mais j'étais désolée de voir ce beau cheval privé de course.
Après avoir gagné sa confiance et l'avoir attrapé sans que personne ne s'en aperçoive...mentit-elle, couvrant Bertrand.
J'ai décidé de galoper un peu.
Mais s'il vous plaît, je dois y retourner.
Si ma sœur se rend compte que je suis en retard, elle aura peur.
Le guerrier, de plus en plus ensorcelé par elle, ne voulait pas la lâcher :
-On peut y aller ensemble, répéta-t-il, gardant un œil sur chacun de ses mouvements.
Cela ne plaisait pas du tout à Rose.
-Nous sommes en route mes hommes et moi, nous allons à la forteresse.
Au même moment, un chevalier sérieux s'approcha. C'était Kieran.
Après avoir regardé Rose, il regarda de plus près la personne à côté d'elle.
C'est à ce moment qu'il remarqua qu'il était devant Pieter White.
-Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda sérieusement Kieran, faisant signe à Rose de se taire.
Tu sais que Banberry n'est pas satisfait de ton entreprise.
-J'étais proche et j'avais besoin de provisions, répondit l'autre sans émotion dans la voix.
Et toi, qu'est-ce que tu fais ici, mon frère ?
-Quelle coïncidence, Pieter apparaît lorsque Banberry n'est pas là, siffla Kieran d'incrédulité, s'interposant entre lui et Rose.
Es-tu maintenant le Seigneur de ces terres ? rit Pieter avec dédain.
Et regardant avidement Rose, ce qui fit sentir à Kieran que les ennuis arrivaient, il continua :
-Es-tu le tuteur de cette femme ? Les mots durs de Kieran et le regard noir de Pieter ne plaisaient pas à Rose.
-Ce que je fais ici ne t'intéresse pas, répondit Kieran, surprenant Rose avec ce ton de voix.
Et par rapport à la femme, disons oui.
Je suis ton tuteur.
-Trop femme pour toi, tu ne trouves pas ? Pieter se moqua de son frère mais Kieran ne bougea pas.
Rouge de colère, il s'approcha et dit, les dents serrées et au visage de son frère :
-Écoute, si tu as besoin de provisions, je ne serais pas celui qui t'empêchera de les prendre.
Mais dès que tu feras le plein, je veux que tu disparaisse.
Et regardant Rose qui était restée silencieuse tout ce temps, il dit :
-Retournons à la forteresse !
-Je pense qu'il me faudra un peu plus de temps pour partir, répondit sèchement Pieter.
Certains chevaux ont besoin d'une visite du forgeron.
-Je ne veux pas de problèmes Pieter, répondit Kieran en le regardant fixement.
Et juste au moment où lui et Rose se préparaient à partir, Pieter les arrêta.
-Un instant, chuchota Pieter avec colère.
Il s'était de nouveau approché de Rose et, tendant la main, il prit l'une de ses boucles noires.
Jusqu'à ce que d'un rapide hochement de tête, elle se dégage de sa main.
L'homme la fixa avec des yeux bleus froids et tordit la bouche pour sourire.
-Tu me diras ton nom ?
-Dis donc, on peut revenir en arrière, insista Kieran, inquiet des ennuis que son frère pourrait causer.
-Rose, répondit-elle, le regrettant instantanément.
Et, baissant la tête en guise d'adieu, elle agrippa à nouveau la crinière de Teddy et se mit à descendre la colline à côté de Kieran, silencieuse.
-Puis-je savoir ce que tu faisais seule avec Teddy ? demanda-t-il sans se retourner.
Il savait que Pieter et ses hommes les regardaient.
-Tu es folle ?
-Je ne pensais pas qu'il y avait un danger, répondit Rose avec inquiétude quand elle vit la hâte de Kieran.
Kieran jeta un coup d'œil de côté à la colline et, avec une expression féroce, cria :
-Dieu merci, je l'ai vue !
-Mais qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle, ne comprenant pas quel était le problème et la raison de cette urgence.
-Celui qui m'a appelé mon frère, expliqua Kieran, toujours en train de taquiner son cheval.
C'est la personne la plus ennuyeuse que j'aie jamais rencontrée de ma vie.
Retournons donc à la forteresse au plus vite.
Puis Rose enfonça ses talons dans les flancs de l'animal et celui-ci se remit à galoper, cette fois comme si le diable lui-même était après eux.
Pieter qui les observait du haut de la colline, laissa échapper un grand rire en voyant la jeune fille reprendre sa course folle avec cet animal impressionnant.
Après les avoir perdus de vue parmi les arbres, il leva la main et, avec ses hommes, continua son chemin vers la forteresse, se demandant qui était cette brune aux yeux noirs appelée Rose.
Lorsque Rose et Kieran atteignirent les écuries, Bertrand soupira de soulagement.
Ada, à son tour, la salua de la main et fronça les sourcils quand elle vit que le secret n'était pas si secret. Rose guida Teddy.
D'un bond, elle descendit de cheval, chuchota quelques mots gentils à l'oreille et lui donna deux gifles dans le dos.
Puis elle se pencha pour ramasser ses chaussures.
-Entrez rapidement dans la forteresse, indiqua Kieran avant d'aller parler à ses hommes.
La garde avait dû être renforcée.
Son frère Pieter était là, et il ne faisait pas confiance à un de ses hommes.
-Comment cette beauté s'est-elle comportée ? demanda Ada en s'approchant de sa sœur.
-Génial ! répondit-elle en mettant ses chaussures et en jetant un coup d'œil de côté aux arbres.
-Milady, s'il vous étiez arrivé quelque chose, votre mari m'aurait tué, dit Bertrand en fermant la porte de l'écurie.
-Mais il ne m'est rien arrivé, tu ne vois pas ? sourit Rose avec teddy.
Maintenant, nous devons y aller Bertrand.
Si quelqu'un me demande, vous ne me connaissez pas ! Et tu ne sais rien de ce qu'il s'est passé cet après-midi avec Teddy.
Et en regardant sa sœur elle dit :
- Allez Ada !
Et elle se mit à marcher précipitamment vers la forteresse, comme Kieran le lui avait demandé.
-Pourquoi es-tu si pressée ? Et comment es-tu revenue avec Kieran ? demanda sa sœur en lui prenant le bras.
-Dépêche-toi ! J'ai un mauvais pressentiment, insista Rose en prenant sa sœur par la main.
Ada la regardait étrangement.
Rose tenant ses cheveux avec un morceau de cuir, déclara :
- Je vais te dire ce qu'il se passe, d'accord ? Une fois dans la chambre, elle raconta ce qu'il s'était passé, regardant par la fenêtre l'arrivée d'un groupe de guerriers mené par l'homme au sourire charmeur, qui fut bientôt reçu par Berta, Sabina et les autres prostituées avec une nette familiarité.
-C'est Pieter White ? demanda Ada en voyant le bel homme qui regardait actuellement autour de lui.
-C'est ce que Kieran a dit.
D'après le peu que je lui ai parlé, Kieran ne voit rien de positif en la présence de son frère ici, murmura Rose en voyant Pieter se diriger vers les écuries.
Après avoir parlé brièvement à Bertrand qui secoua la tête, Pieter regarda autour de lui avec agacement.
Un instant plus tard, Kieran apparut et ils commencèrent tous les deux à se disputer.
Pendant le reste de l'après-midi, les deux surveillaient de près les mouvements de Pieter qui tentait d'entrer dans la forteresse, mais Kieran l'arrêta.
Marie avec d'autres femmes, passa à proximité mais plusieurs guerriers firent fuir les filles qui étaient effrayées par leurs cris.
Les femmes finirent par entrer rapidement dans la forteresse.