Plus tôt que tu ne le crois. Qu'avait-il bien pu vouloir dire par là ? En effet, il y avait des chances pour que nos chemins se recroisent à nouveau, puisqu'il était le client d'Alex. Mais tout au fond de moi, j'étais persuadée que ses propos détenaient un sous-entendu qui m'échappait, tout comme persistait en mon for intérieur l'irrésistible envie de le revoir très rapidement.
Cette impression s'était accentuée maintenant qu'il était hors de ma vue ; une sensation de vide m'envahissait, et pour la première fois de la soirée, le fait de me retrouver seule me troublait fortement.
Il fallait que je reprenne mes esprits : je ne le connaissais pas, et je n'aurai sûrement jamais l'occasion de changer les choses. Nous habitions deux univers si distincts que cette soirée en sa compagnie apparaissait comme une parenthèse, très agréable, certes, mais qui ne se reproduirait plus.
Je ne comprenais absolument pas cette envie d'en vouloir plus : je devais bien admettre qu'il me plaisait, mais il n'était rien de plus qu'un acteur célèbre avec qui je ne pourrai jamais nouer une quelconque relation.
Et puis, quelle genre de relation ? Être amants ? Cela était impensable, il était en couple et je n'étais pas une stupide groupie. Être amis ? A mon avis, il avait assez de monde dans son entourage pour ressentir le besoin de traîner avec la sœur de son agent artistique.
L'alcool me faisait divaguer, et lorsque je le constatai, je me sentis soulagée. Mes pensées s'étaient emballées, ce qui n'était pas du tout dans mes habitudes. J'avais seulement un peu discuté avec Jared Evans, et cela restera un bon souvenir. Rien d'autre.
Il me semblait avoir dessaoulé, et je me dirigeai de nouveau en direction de la réception, tout en essayant de ne plus penser à lui.
Pourtant, une fois à l'intérieur, je compris que j'étais encore un peu ivre : peut-être que cela était dû à ma démarche hésitante ou au fait que je n'arrivais pas à ouvrir complètement les yeux à cause des lumières de la salle.
Afin de ne pas attirer l'attention sur moi, je marchai en direction d'une espèce de bar que je n'avais pas remarqué tout à l'heure, situé dans une des extrémités du hall. Par chance, je trouvai un siège de libre et m'accoudai nonchalamment sur ce qui ressemblait à une espèce de comptoir.
J'observai attentivement ces hommes et ces femmes déambuler à travers cette immense pièce, et je me rendis compte avec un sourire que personne ne semblait véritablement s'amuser.
Mais où était-il ? Je poussai un grognement de frustration : cela n'avait aucune importance.
Je me retournai et aperçut le barman s'affairer pour répondre aux commandes des clients .
-Excusez-moi, lui dis-je avec une voix étrange.
Il leva les yeux vers moi, et après avoir servi du champagne à une espèce de blonde complètement refaite, il me demanda:
-Mademoiselle, qu'est-ce qui vous ferez plaisir ?
-Heu ... du whisky.
Je n'avais aucune idée de ce que j'étais en train de faire. J'étais censée dessaouler dans un coin, et je reprenais encore de cet alcool qui m'avait mis dans un sale état.
Peut-être que j'avais conscience du fait que j'allais rester là encore quelques heures, à m'ennuyer. Et peut-être que le goût du Whisky commençait à me manquer. Tout comme lui, d'ailleurs. Mais qu'est-ce qui m'arrivait ?
En tout cas, puisque j'avais pris la décision de boire davantage, ce qui n'était pas particulièrement judicieux, je n'aurais pas le droit de me plaindre si jamais la nausée pointait le bout de son nez. J'attrapai mon verre et but une gorgée rapide. Finalement, Los Angeles allait peut-être me rendre alcoolique.
Je percevais vaguement, depuis quelques minutes, de l'agitation dans un des coins de la salle : mais ce ne fut qu'à cet instant que je m'en préoccupai. Plusieurs personnes s'étaient attroupées, et je ne comprenais pas ce qui pouvait bien attirer leur attention.
Soudain, je vis très distinctement de nombreux flashs, et je compris. C'était lui.