Vous arrivez enfin sur le parking de la clinique de garde ce soir là. Tu as pris le temps d'appeler sur la route pour prévenir de votre arrivée. La porte grince sur votre passage et c'est Aedan, la chienne dans les bras, qui pénètre le premier à l'intérieur, toi le suivant de près avec le petit carton contenant les chiots. Une petite clochette annonce votre venue et, immédiatement, une jeune femme se lève de derrière son comptoir. Elle avance à grandes enjambées vers vous.
- Ah vous voilà !
La vétérinaire n'est pas bien plus vieille que vous, certainement la petite trentaine. Elle s'arrête devant vous et le regard surprit qu'elle pose sur ses les deux hommes qui t'accompagnent ne t'échappe pas.
Elle secoue brièvement la tête, se reprend et caresse la tête de Tsuki, les sourcils froncés.
- Suivez moi, dit-elle.
Le bruit de vos pas résonne dans le couloir alors que vous vous hâtez de rejoindre une salle d'examen.
- Posez la ici, dit la jeune femme à l'adresse d'Aedan en désignant la table au milieu de la pièce.
Aedan s'exécute et la vétérinaire marmonne des paroles incompréhensibles en l'auscultant rapidement
- Je vois, dit-elle en brisant le silence nerveux de la pièce.
Un bruit de pas précipité se fait entendre et la porte du cabinet s'ouvre à la volée. Un homme blond essoufflé et pantelant se tient dans l'encadrement. Lui aussi est jeune, bien plus que la vétérinaire.
- Je suis là Docteur Hill ! Pardon pour le retard !
Le nouvel arrivé vous regarde tour à tour puis entre dans la pièce.
- Ah, Lucas, dépêche toi il ne faut pas tarder. Conduis ces messieurs dames dans la salle d'attente s'il te plait.
Puis elle se tourne vers vous avec un sourire rassurant.
- Nous allons prendre bien soin d'elle, ne vous inquiétez pas.
Aucun de vous trois ne parle lorsqu'on vous conduit en salle d'attente. Vous arrivez dans une pièce éclairée au néon mais plutôt chaleureuse. Une télévision est accrochée au mur, diffusant une chaine d'information au volume le plus bas. Deux canapés en cuir noir sont disposés devant, en angle, et une petite table basse carrée accompagne ce semblant de « salon ». Des magasines sont posés de façon désordonnés dessus.
- Vous pouvez patienter ici, dit Lucas. Je reviendrais vous donner des nouvelles dès qu'on en sait un plus.
Son regard se pose en dernier sur toi, il t'adresse un sourire se voulant rassérénant et récupère le carton que tu tiens. Il murmure un « je m'occupe d'eux, ne vous inquiétez pas ».
Ton frère se laisse tomber dans un des canapés en soupirant lorsque l'assistant sort de la pièce. Il regarde dans le vide, les mains jointes devant son visage. Eren pose une main sur le bas de ton dos.
- Je suis sur que ça va aller, dit-il doucement.
Tu hoches lentement la tête, le regard dans le vide. Aedan et toi êtes dans le même état : angoissés, fatigués et nerveux. Ton frère semble néanmoins encore plus chamboulé. En effet, il est le plus proche de Tsuki, l'ayant choisi lui même à l'élevage trois ans plus tôt. C'est lui qui s'en occupe et la chérie le plus.
Tu relèves la tête vers Eren.
- Merci, dis-tu les yeux brillants.
Il penche la tête sur le côté, ne comprenant pas pourquoi tu le remercie. Tu souris.
- Je ne sais pas ce que tu faisais en bas à cette heure ci mais si tu ne l'avais pas trouvé...
Il soupire et t'attire doucement dans ses bras. Son étreinte est un peu hésitante et maladroite.
- N'y penses pas, le principal est que j'ai été là.
Ta tête contre sa poitrine, tu entends son coeur battre et ce tambourinement régulier t'apaise. Quelques dizaines de minutes plus tard, vous êtes tous les trois assis dans les canapés, patientant dans un silence pesant. Soudain, Aedan se lève d'un bond.
- Pas moyen que je reste là à m'angoisser, j'ai besoin de bouger.
- Mais ?? dis-tu en levant les yeux vers lui.
- Je vais faire un tour.
- Aed, il est une heure du matin, tu comptes aller où comme ça ?
- Mial habite à dix minutes d'ici.
Sortant son téléphone de la poche, il compose déjà le numéro de son meilleur ami.
- Tenez moi au courant, je reviendrais quand l'opération sera terminé.
Eren et toi hochez tous les deux la tête, surprit par sa soudaine agitation.
- Tu veux la voiture ? demande Eren.
- Non. Merci.
Aedan franchit la porte sans un mot de plus. Tu enfouies ta tête dans tes mains en soupirant.
- Excuses sa rudesse, dis-tu à Eren. Il est vraiment stressé.
- Il n'y a rien à excuser, répond-il en souriant.
Le silence s'installe de nouveau. Le bruit de fond fourni par la télévision permet à l'ambiance de ne pas être trop lourde, mais tu ne peux t'empêcher d'être gênée. Tu ne sais pas si tu devrais faire la conversation ou si te laisser aller au mutisme comme tu aimerais le faire, serait impoli.
Dix minutes passent et alors que tu n'as toujours pas tranché, Eren interrompt tes pensées.
- J'ai couché avec cette fille.
Ces paroles tombent comme un coup de massue, plombant l'ambiance déjà peu confortable.
- Hein... que... quoi ? bafouilles-tu.
En réalité tu as très bien entendu ce qu'il vient de te dire. Et, grâce à votre conversation de l'après-midi même, tu l'avais deviné. Malgré ses non-dits. Mais l'entendre de façon si claire, et surtout sans détours, est terriblement douloureux.
- J'ai couché avec quelqu'un pendant ton absence.
Tu voudrais lui rétorquer qu'il n'a pas besoin d'enfoncer le couteau dans la plaie, mais tu restes silencieuse. Tête baissée, tu triture la bague à ton index.
- Je pensais que tu..., commence-t-il à se justifier.
- Tu n'as pas besoin de te justifier Eren, réponds-tu d'une voix distante. Tu fais ce que tu veux, tu le sais bien.
Il soupire et tu vois du coin de l'oeil qu'il se masse les yeux. Il bascule la tête en arrière, posant sa nuque sur le dossier du canapé et regardant le plafond.
- Le problème c'est que... c'est pas la réponse que je veux entendre, ça, murmure-t-il.
Tu relève la tête et le regarde. Tu es à la fois irritée et confuse.
- Comment ça ?
Un sourire en coin, résigné, apparait sur son visage.
- Je n'ai pas envie de pouvoir faire ce que je veux, dit-il à voix basse. Je préfèrerais que tu sois en colère, que tu me hurles dessus, plutôt que tu sois si... indifférente.
Tu écarquilles les yeux, étonnée par ses confessions. Qu'est-ce que ça veut dire ? C'est bien la première fois qu'il te dit ce genre de choses, lui qui a toujours tenu dur comme fer à sa « liberté ».
La tête toujours appuyée contre le dossier du canapé, il la tourne vers toi et son sourire ne s'efface pas. Cependant, ce n'est pas un sourire joyeux, ni même heureux. Il ressemble plus à de l'ironie, de la résignation, à un constat.
- Parce que tu crois que... te savoir avec une autre me laisse indifférente ? rétorques-tu en chuchotant toi aussi.
Ses sourcils se relèvent.
- Ce n'est pas le cas ? demande Eren.
Tu soupires en rompant le contact visuel bien trop intense en cet instant.
- Eren...
Un énième soupir blasé franchit tes lèvres et tu te demande encore comment il peut ne pas se rendre compte de tes sentiments. Mais tu n'es pas encore prête à t'ouvrir entièrement à lui. Liam t'a dit il y a seulement quelque heures que tu devrais t'assurer de ses intentions et avoir la certitude qu'il ne recommencera pas à te blesser. Tu n'as pas encore cette certitude.
- Parles moi... s'il te plait.
- Pour dire quoi ? réponds-tu en détournant les yeux.
- Ce que tu as dans la tête...?
- Je ne sais pas moi même ce qu'il s'y passe, dans cette tête. Mais je...
Tu replonge tes yeux dans les siens.
- ... je ne comprend pas comment tu peux dire ça.
- « Ça » quoi ?
- Que ça ne me fait rien ! Evidemment que j'en souffre ! Mais j'en ai marre de souffrir à cause de tes actes, de tes paroles.
Il soupire en fermant les yeux et marmonne un « here we go again ».
- Je ne dis pas que... que je t'en veux, ou je ne sais quoi. Non, je comprend. On est rien au final l'un pour l'autre.
- Comment tu peux dire ça ?! s'exclame-t-il en rouvrant les yeux tout à coup.
- Calmes toi, laisses moi finir.
Il fait la moue mais reprend sa position initiale.
- Je ne suis pas en colère. Je ne peux juste pas m'effondrer à la moindre... chose. C'est déjà arrivé bien trop souvent. Et j'en ai marre que tu me vois si faible, démunie ou je ne sais quoi. Je suis pas comme ça normalement, c'est vraiment... nouveau pour moi aussi. Tout ça.
- Tu n'es pas faible, dit-il d'une voix assurée en t'interrompant.
Tu ne relèves pas et continues.
- Mais c'est pas parce que je te dis tout ça, que ça me laisse de marbre, au contraire. Je sais que je ne te parle pas beaucoup non plus, alors que c'est ce que je te reproche, mais...
- Je sais, t'interrompt-il encore une fois.
Il pose sa main sur la tienne, t'empêchant de jouer avec ta bague nerveusement.
- Tu as besoin d'être sûre, c'est ça ? Sûre de moi ?
Tes yeux s'humidifient à l'écoute de cette phrase. Tu es touchée qu'il comprenne ta position, ta façon d'envisager les choses. Tu as l'impression qu'il essaie de plus en plus de se mettre à ta place.
Tu acquiesces et le sourire d'Eren revient. C'est un sourire réconfortant.
- D'accord, murmure-t-il. J'arriverais à te convaincre.
Le défi qu'il se lance tout seul le fait sourire de plus belle et tu penches la tête sur le côté, lui rendant son sourire toi aussi, plus timide toutefois.
Vous passez quelques secondes à vous dévisager, puis Eren détourne les yeux.
- Passes la journée avec moi demain. Juste toi et moi.
Tu n'as pas besoin de réfléchir bien longtemps avant de te décider. Vous avez besoin d'un moment seuls à seuls.
- Avec plaisir, dis-tu en réprimant ton sourire.
Il se mord le coin de la lèvre pour s'empêcher de sourire lui aussi et ne dit plus un mot pendant un moment.
Les paroles sont l'exact transcription des sentiments d'Eren. Sentiments qu'il n'arrive pas à exprimer.
(j'adore cette chanson)
*
Ton regard se porte de nouveau vers la télé. Les minutes passent et tes paupières se font lourdes. Tu t'octroies quelques secondes pour fermer les yeux et tu te rends soudain compte que tu es exténuée. Tu as peu dormi la nuit - ou plutôt la matinée - dernière et l'inquiétude accumulée au cours de la journée t'a achevée.
Eren remarque que tu luttes pour ne pas t'endormir et il passe délicatement un bras derrière toi pour t'attirer à lui. Tu te retrouves la tête contre son épaule, son bras t'entourant. Tu ne dis rien, lui non plus. Mais ce contact te plonge dans un état de bien être que tu n'avais plus ressenti depuis longtemps. Tu te sens en sécurité, protégée et choyée. Comme plus tôt, le rythme régulier des battements de son coeur, semblables à un battement d'aile d'un petit oiseau, te bercent et tu te sens partir peu à peu.
- Je t'ai menti parce que je ne voulais pas que mes chances avec toi s'envolent à la seconde où tu entendrais la vérité, murmure-t-il. J'ai eu peur.
Il semble qu'il soit plus enclin à se confier quand il te pense endormi ou somnolente. Mais là pour le coup, au moment où tu as étendu sa voix, tu t'es senti parfaitement réveillée. Cependant, avant de lui signaler ce détail, tu préfères entendre ce qu'il a à dire. Il se pourrait que ce soit intéressant.
Tu fais en sorte que ta respiration soit profonde et calme, comme si tu t'étais endormie.
- Je regrette. Je regrette d'avoir menti. Je sais que tu as perçu ça comme une trahison, mais ce n'était... aaahhh..., soupire-t-il. Je sais même pas pourquoi je continue de parler dans le vide.
Quelques secondes passent.
- Mais... j'ai pas fais ça pour te blesser. Le mensonge ou le sex. J'étais juste... complètement paumé. Je le suis toujours d'ailleurs, putain.
Il lâche la fin de sa phrase en expirant et en baissant la tête, ce qui fait qu'il se retrouve avec sa joue posée contre ton front.
- Pourquoi j'arrives pas à te dire toutes ces choses... J'ai juste baiser une meuf pour essayer de t'oublier, putain, y a rien de compliqué à dire ça, dit-il pour lui même.
Il appuie volontairement sa joue et sa main vient caresser tes cheveux. Il tourne la tête et ses lèvres se retrouvent contre front. Il y dépose un baiser lent et appuyé. Tu choisi ce moment pour ouvrir les yeux et relever la tête.
Eren écarquille les siens, entrouvre la bouche et rougit légèrement. Tu ne dis rien, lui non plus. Vous vous regardez. Puis un sourire timide naît sur ses lèvres. Ce sourire que tu aimes tant, qui plisse ses yeux. Il pose une main sur ta joue, la caresse du pouce. Tu entrouvres la bouche, ton souffle se coupe. Le contact de sa main provoque un fourmillement dans ton ventre, pareil à une nuée entière de papillons.
Les secondes passent sans qu'aucun de vous deux ne bouge. Vos regards ne se lâchent pas et semblent communiquer bien plus que de simples paroles pourraient le faire. Les yeux d'Eren sont étincelants, vivants, pétillants. Les tiens sont humides, perdus, à la fois fiévreux, affolés mais rassurés.
Le visage d'Eren se rapproche un peu plus, sa tête se penche sur le côté. Il a perdu son sourire et semble aussi effrayé que toi.
Tu ne saurais décrire ce que tu ressens en cet instant. Tu as peur, oui, tu as peur de ce qui est sur le point de se produire, tu as peur de l'intensité de la chamade qui bat dans ta poitrine. Tu as peur de l'ampleur des sentiments que tu ressens pour cet homme. Et tu as peur de te tromper, de faire une énième erreur.
- Comment..., murmure Eren, interrompant tes pensées. Comment j'ai pu croire...
Son visage est de plus en plus proche. Tu sens son haleine caramélisée, son souffle chaud sur tes lèvres. Sa main est toujours sur ta joue et son corps est penché vers le tien. Il est là, tout près. Tout près de te faire flancher.
-... que j'étais capable de t'oublier...
Ton cerveau ne fonctionnait déjà que partiellement mais après avoir entendu ces paroles, susurrées d'une voix suave et teintée d'une émotion inconnue... tu ne réponds plus de rien. Eren pourrait faire ce qu'il veut à cet instant, tu ne l'arrêterais pas. Et même pire : tu souhaites qu'il t'embrasse. Ce baiser aurait bien plus de signification que ce qu'il s'était passé dans l'après midi. Votre « moment » d'alors, n'était que pur désir physique. Là, c'est l'exact opposé.
Les yeux d'Eren font la navette entre tes lèvres et tes yeux. Plusieurs fois. Mais il continue de s'approcher.
Soudain, au moment où vos lèvres allaient rentrer en contact, un bruit se fait entendre. Vous tournez d'un même mouvement la tête vers la porte et voyez la poignée s'abaisser. Vous vous écartez l'un de l'autre rapidement alors que Lucas rentre dans la pièce.
Eren se racle la gorge et tu le vois du coin de l'oeil se passer la main dans les cheveux. Ce que tu ne vois pas, en revanche, c'est la teinte carmin de ses joues et cet air profondément gêné mais craquant qu'il arbore.
Tu reprends contenance avant que Lucas n'ait pu deviner votre gêne à tous les deux, et tournes la tête vers lui. Soudain, la scène qui vient de se dérouler n'a plus aucune importance. Tout ce qui importe c'est ce qui va franchir les lèvres de l'assistant d'une seconde à l'autre. Et au vu de son air grave, tu redoutes le pire.
- L'opération s'est bien déroulée, dit-il dans ta direction. Ce n'est pas encore terminé mais il ne devrait pas y avoir de complication. En revanche...
Il soupire, se masse la nuque et lève un regard bleu vers toi.
- Nous avons du pratiquer une césarienne, car Tsuki était à bout de force pour évacuer l'un des chiots. Ce chiot est resté trop longtemps sans oxygène et... n'a pas survécu. Je suis désolé.
Tu plaques tes mains devant la bouche, accusant le coup.
- En ouvrant, nous avons découvert qu'il y avait un autre bébé. Celui là est sain est sauf et va très bien. Comme les deux premiers qu'elle à eu, d'ailleurs.
- D'accord, très bien, dis-tu doucement, tentant de ne pas montrer ton émotion. Merci de nous avoir prévenu. Mais Tsuki va bien ? Elle va se remettre ?
- Oui, oui, parfaitement. Il va lui falloir du repos, étant donné que c'était sa première mise bas, suivit de sa première opération. Mais tout devrait rentrer dans l'ordre.
Il te sourit chaleureusement. Son sourire se fane alors qu'il s'excuse une fois de plus pour la perte du quatrième chiot. Puis il s'éclipse en annonçant qu'il reste une vingtaine de minute avant que Tsuki ne sorte du bloc opératoire.
- Ça va ? demande doucement Eren.
Tu hoches la tête. Tu es triste pour ce petit bébé, mais heureuse que Tsuki et ses trois autres bébés aillent bien.
Tu attrapes ton téléphone et passe immédiatement un appel à Aedan pour lui dire de se ramener. Il répond d'une voix pâteuse, laissant deviner qu'il somnolait, mais à l'entente des résultat semble parfaitement réveillé et annonce qu'il arrive tout de suite.
Quinze minutes plus tard Aedan arrive, accompagné de Liam. Ton frère semble plus apaisé que lorsqu'il est partit. Liam, lui, semble tombé du lit. Il a les cheveux en bataille, un jogging noir, un tee-shirt trop large et n'a pas prit la peine de mettre des chaussures, mais des claquettes.
- Yo, dit-il en baillant.
- Qu'est-ce que tu fais là ? dis-tu en allant l'embrasser.
- Ton idiot de jumeau m'a trainé hors du lit.
- C'est pas mon jumeau, mais plutôt le tien.
- Oh pitié non ! répond Liam en riant à la blague que vous êtes les seuls à comprendre.
Aedan n'a pas le temps de rétorquer que le Docteur Hill, la vétérinaire, entre dans la pièce accompagnée de son assistant. Elle vous explique les détails de l'opération et répète ce que vous a dit Lucas plus tôt.
- On va la garder en observation cette nuit, les chiots aussi. Vous pourrez venir la chercher demain en fin de journée.
Aedan et toi hochez la tête.
- Lucas va s'occuper de vous faire signer les papiers et de vous encaisser.
Vous la remerciez et suivez le jeune homme blond jusqu'à l'accueil. Quelques minute plus tard, tu t'es occupé de régler le montant dû à l'opération tandis que les garçons discutaient entre eux un peu plus loin.
- Merci beaucoup, pour tout, dis-tu à Lucas.
- C'est normal, répond-il avec un sourire radieux. A bientôt.
Tu commences à t'éloigner en lui souriant une dernière fois. Tu rejoins les garçons et vous sortez du cabinet. A quelques mètres de la voiture, sur le parking, tu entends les clochettes de la porte tinter.
- Mademoiselle !
Tu te retournes et vois Lucas agiter quelque chose dans sa main. Tu rebrousses chemin.
- Vous avez oublié ça, dit-il en te tendant un petit livret d'information.
Tu n'as pas souvenir de l'avoir prit, mais tends quand même la main pour le récupérer.
- Oh, euh, merci !
Le garçon semble soudain mal à l'aise. Il danse d'un pied sur l'autre, regarde le sol et se frotte l'arrière de la tête.
- Euh, je, hum, enfin, je..., bafouille-t-il.
- Oui ? demandes-tu, intriguée.
- Est-ce que, euh, vous, euh, seriez libre demain soir ? Pour, hum, disons... boire un verre avec moi ? Ou un autre jour, n'importe quand !
Ses joues rosissent de façon adorable lorsqu'il relève son regard bleu vers toi, plein d'espoir.
Ce que tu ne vois pas en cet instant c'est que les garçons ne sont pas loin et ont entendu toute la conversation. Aedan rit discrètement en s'appuyant contre la voiture, curieux de savoir ce que tu vas dire, Eren à mâchoires et poings serrés mais ne dit rien. Il ne fait pas un pas vers toi, mais observe attentivement la scène. Liam, lui, regarde tour à tour Eren, Lucas et toi.
Eren soupire, piétine. Il veut intervenir mais ne sait pas s'il en a le droit et veut encore moins s'afficher de la sorte devant tes frères. Liam l'observe, attendant de voir ce qu'il va faire et, comprenant qu'il ne bougera pas, lève les yeux au ciel et décide d'intervenir.
- Oh, euh, je... enfin, hum comment dire..., tentes-tu d'articuler, rougissante à vue d'oeil devant Lucas.
Liam s'approche de toi par derrière, passe un bras par dessus ton épaule, se penche et embrasse ta joue.
- Désolé mec, elle n'est pas disponible demain. Et elle ne le sera jamais.
Tu rougies encore plus et entrouvre la bouche de surprise en regardant Liam.
- Oh pardon ! Je n'en savais rien du tout, s'excuse le pauvre Lucas. Dé-désolé !
- Ce n'est rien, tu réponds en lui souriant. Merci encore, passez une bonne soirée Lucas.
- On y va, chérie ? dit Liam en prenant ta main et en la tirant.
Tu salues l'assistant vétérinaire de la main et te laisse entrainer par Liam. Il ne te lâche pas la main et tu jurerais l'avoir entendu marmonner « faut savoir prendre des décisions dans la vie » lorsque vous arrivez à la voiture.
Tu jettes un coup d'oeil à Eren qui est toujours aussi crispé que son corps le lui permet. Ses yeux ne quittent pas vos mains entrelacées.
Il ouvre la voiture et Aedan demande à son ami :
- Tu rentres avec nous ?
- Non non, je suis à côté.
- Comme tu veux.
Aedan n'insiste pas mais tu le connais assez pour savoir qu'il se demande toujours pourquoi Liam met autant de distances entre eux. Il grimpe dans la voiture, imité par Eren qui ne dit mot.
- Merci pour le coup de main, dis-tu en riant à Liam.
- Pas de quoi, répond-il avec un sourire en coin.
Il se penche soudain à ton oreille et te murmure :
- Je suis sur que ça l'a fait enragé, tournes ça à ton avantage.
Il embrasse ta tempe et s'éloigne avec un signe de main. Tu croises le regard d'Eren en montant dans la voiture et tu ne devines pas que ce qui l'anime en ce moment n'est autre qu'une jalousie dévorante.