- Tu es certain que nous ne risquons rien ici ?
- Marc a placé des barbelés sur le mur d'enceinte de cette villa de luxe. À l'évidence l'ancien propriétaire était un peu paranoïaque. Tout va bien, avec l'expérience on sait ce que les crieurs peuvent faire ou pas.
- Je te crois.
La chambre est belle. Heureusement que nous avons trouvé ce refuge.
- Naël, comment te sens-tu ?
- Pas trop mal, c'est même plutôt grisant.
- Il y a quand même un truc qui m'échappe, pourquoi certaines personnes, comme vous, n'ont pas été transformées tout de suite ?
- D'après Doc, c'est la génétique, il y a des gens qui luttent plus facilement que d'autres contre des maladies. Nous n'avons pas été contaminés comme ceux du théâtre, nous n'avons pas non plus pété un plomb rapidement. Mais une morsure, un contact avec notre sang est bien plus problématique comme tu peux le voir.
Des gouttes de sueur perlent au coin de ses tempes, je les réceptionne inquiète.
- Il faudrait faire baisser la fièvre.
- Je vais prendre un bain d'eau froide.
Il se lève et je résiste un temps à l'envie de le suivre, mais la tentation de rester avec lui est trop grande, aussi je m'invite quelques minutes plus tard dans la salle de bain. Pendant qu'il commence à retirer ses vêtements, j'ouvre les robinets d'eau. Mais lorsque je me retourne et apprécie sa totale nudité, j'ai le feu au visage. Je ne sais pas pourquoi je dévie le regard quand il passe devant moi pour entrer dans la baignoire qui se remplit toujours.
- J'ai envie de toi Déb...
Je reçois cette confession comme une prière miraculeuse, mais ne détourne pourtant pas mes yeux du mur qui est sur ma gauche. Aussi il ne s'arrête pas là...
- J'ai envie de toi, tout le temps, à chaque instant, je sens en moi une force viscérale presque incontrôlable. Cette nouvelle sensation explose littéralement mes cellules de l'intérieur.
Il s'enfonce un peu plus avant de couper l'eau froide. Statique, je sais qu'il ne faut pas que je le regarde, mais il n'attend que ça. Mes pupilles commencent à ne plus pouvoir fixer la faïence, elles sont inexorablement attirées par lui.
- J'ai envie de toi... Déb... maintenant.
Alors que je lutte, je n'en peux déjà plus, je me jette sur sa bouche qui réceptionne mes lèvres avec passion. Je m'offre rapidement et totalement à lui, il se redresse avant d'arracher mes vêtements un à un. Je succombe à ses bras qui me soulèvent pour me poser sur le lit. Son corps de gloire s'arque au-dessus de moi avec force et vitalité. Il est à la fois brulant et froid, des gouttes d'eau maculent ma peau qui frissonne. Ses cheveux tombent nonchalamment sur son visage, ses mains caressent déjà mon épiderme. Je bloque mes jambes sur les siennes, il m'a tellement manqué, j'ai eu si peur de l'avoir perdu. Alors qu'il descend en embrassant toutes les parties de mon corps, je plonge mes doigts dans sa tignasse en me courbant. Je le quitte quand il s'aventure vers mes chevilles qu'il saisit fermement. Il est si chaud et j'aime la sensation qu'il me procure lorsqu'il remonte vers mes genoux, mes cuisses puis...
- Naël...
Mon dos n'en finit plus de se cambrer, je reçois ses intimes caresses dans un déluge de plaisir. Ai-je déjà ressenti une chose pareille ? En cet instant, c'est peu probable, je suis à lui, en totale pâmoison. Il s'enivre de mon corps en gémissant tout autant que moi. Mais alors que mon extase risque fort d'arriver, il le contrôle en se retirant doucement.
- Je suis comme un fou... Tous mes sens se révèlent.
Ma poitrine se soulève avec rapidité, il m'envoute définitivement. Son sourire presque carnassier pourrait me faire peur, mais au contraire, attise ma pleine envie de lui. Je saisis ses poignets, remonte mes mains sur ses avant-bras.
- Naël...
- Attends, laisse-moi le temps de maitriser ce qui se passe en moi... Je ne veux pas te faire de mal.
- Tu ne vas pas me faire de mal, viens...
Je ferme les yeux en commençant à me caresser. Le lit semble trembler, mais cela ne provient pas de moi.
- Attends, s'il te plait...
Mais je continue, s'il est fou, je le suis aussi... Je suis folle de lui !
Soudain, je suis soulevée comme une poupée de chiffon, je lâche un hoquet de surprise avant de sentir mon corps comblé par une tout autre chaleur. Il m'enserre si fort tout en guidant notre acte d'amour, que j'ai du mal à respirer contre son torse. Plaquée par une force presque surhumaine je me laisse faire alors que mes sens se réveillent sous sa passion. Entre deux mondes, celui du plaisir et celui provoqué par le manque d'oxygène, je ne réalise pas que mon cœur ralenti dangereusement.
Ses vas-et-vient s'accentuent frénétiquement, tout mon être est concentré sur la jouissance inouïe que j'ai. Mon Dieu, faites qu'il ne s'arrête pas ! Pourtant j'ai mal autant que je vibre dans l'extase. Puis, hors de contrôle, j'oublie mes sens vitaux, ce n'est pas le plus important maintenant. Il n'y a plus que mes muscles qui commencent à se crisper dans un début d'orgasme fulgurant et terriblement intense.
Mais, je manque définitivement d'air, aussi je n'entends pas le sien quand il arrive avec une puissante virilité...
J'ouvre les yeux et me redresse comme un mort vivant hors de sa tombe... Naël est sur moi, il est pâle.
- Déb ? Putain, parle-moi...
Je respire profondément et c'est salvateur.
- Déb ?
Je vois encore danser les ombres et les lumières de la pièce, mais oui, ça va... Je hoche la tête affirmativement. Il me prend la main, ses yeux sont brillants.
- Plus jamais... jamais plus... Je savais que j'allais te faire mal.
- Écoute, je...
- Non ! Je suis en train de devenir quelque chose d'immonde ! Une chose en proie à des émotions primitives ! Une chose sans contrôle avec une tout autre force.
- On va trouver une solution, je te le jure... Doc est...
Il quitte le lit et fonce dans la salle de bain me laissant dans le désarroi le plus complet. Je me mets à marmonner.
- Mais c'est quoi mon problème ?
Il sort de la pièce tout habillé, il est rapide...
- Le problème ce n'est pas toi, c'est moi, c'est ce putain de virus de merde qui modifie mon corps !
Il m'a entendu ? Oui à l'évidence. Il va s'assoir sur une chaise et se prend la tête entre les mains.
- Je t'aime si fort, si tu savais à quel point... Je ne supporte pas qu'on puisse te faire du mal, alors imagine si ça vient de moi !
Je le rejoins et le force à m'accepter sur ses genoux, toujours en tenue d'Ève.
- C'est juste une question de maitrise...
- Tu parles...
Je m'approche de son oreille comme si je voulais lui dire un secret.
- Je n'ai jamais eu un orgasme pareil...
Alors que son visage se tourne avec lenteur vers mes lèvres, il étire un sourire énigmatique.
- Moi non plus... Pourtant avec toi, je croyais avoir tout connu...
Ses yeux vert clair brillent d'une nouvelle intensité, ils se parent d'une couleur d'or, alors même qu'il remonte sa main le long de ma cuisse nue et qu'elle lui répond par un frisson. Aussi j'approche ma bouche de la sienne et commence à mordiller sa lèvre inférieure...
Soudain, je me détache d'un coup, surprise par tout ce remue-ménage dans la villa. On perçoit des courses dans le couloir, on dirait que tout le monde est appelé au rez-de-chaussée. À contrecœur, il me demande de me lever.
- Je vais voir ce qui se passe.
Il glisse un regard avide sur mes courbes.
- Si tu descends nous rejoindre, s'il te plait pense à t'habiller... Je n'aimerais pas crever les yeux de tous nos compagnons.
Il me fait un clin d'œil avant de quitter la pièce.