Chapitre 1 : Fin des vacances

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Caleb porta son verre jusqu'à sa bouche avec méfiance. Il scrutait le visage de Daryl qui le regardait avec l'air de ceux qui attendent la chute de leur blague pour se fendre la poire. Enfin, ça c'était dans son imagination. Évidemment, Daryl arborait cette même expression méfiante et « professionnelle » qu'il arborait à chaque fois qu'ils étaient en mission ... ou pas d'ailleurs. En fait, il avait toujours cette expression. Même maintenant qu'ils s'étaient avoués l'un à l'autre que c'était bien plus qu'une relation professionnelle qui les unissait.

Après la révélation de la désastreuse situation dans laquelle son précédent garde du corps l'avait mis, Daryl n'avait cessé de le stalker jusqu'à ce qu'il se décide enfin à le reprendre. Mais exit la sacro-sainte distance professionnelle. Astrid lui avait dit que si Caleb ne voulait plus travailler avec lui, c'était parce qu'il l'appréciait trop pour accepter de le mettre en danger. Il voulait assurer sa protection quand-même ? Soit, mais il avait dû lui donner les bons arguments et le masque était tombé : Daryl s'était tout autant attaché et pour lui la perspective qu'il aille se fourrer dans un guêpier sans qu'il soit là pour le protéger, lui était devenue tout aussi insupportable.

Alors ils étaient là tous les deux, à nouveau dans un jeu de chat et de souris. Mais cette mission avait comme un goût de déjà-vu. Ou elle aurait plutôt un goût de nectar de pêche ou d'une autre concoction bizarre à base de jus de fruits bons pour la santé, dès que Caleb aurait posé sur sa langue le contenu du verre que Daryl lui avait apporté.

Il soupira et se décida enfin. Finalement c'était du champagne ordinaire.

Comme si les regards en coin de Caleb avaient fini par le démanger, Daryl se tourna vers lui :

- Tout va bien, boss ?

Caleb fronça les sourcils et lui jeta un regard noir.

- Tssk ! Tu avais promis que tu en avais fini avec ces histoires de « boss », aboya-t-il.

- Désolé, c'est l'habitude.

Daryl désigna le pont du paquebot sur lequel des dizaines de couples virevoltaient au son délicat d'un quatuor de violoncelles.

- La Strossini n'est pas là, dit-il. Qu'est-ce qu'on fait ici ?

Caleb leva la tête vers la voûte céleste. Ils étaient perdus au milieu de l'Atlantique, à des milliers de kilomètres de la moindre pollution lumineuse et les lampions et les lanternes du bateau n'éclairaient pas assez pour masquer la splendeur de la voie lactée. C'était la première fois qu'il la voyait pour de vrai. La seule autre chose encore plus belle ce soir, c'était le visage de Daryl. Ils avaient le temps pour cette mission. La croisière ne faisait que commencer et elle durerait deux semaines entières, alors pour l'instant, il avait décidé que cette soirée était à lui. Peut-être qu'il oserait lui avouer la vérité, la nature profonde de ses sentiments. Peut-être qu'il ne se moquerait pas, ou bien peut-être qu'il le mépriserait comme les autres. Peut-être qu'après ça, il l'éviterait comme la peste. Mais malgré tout, il voulait savoir. Il en avait besoin.

Caleb passa nerveusement la main dans ses cheveux peignés. Vacances ou pas, il devait continuer à assumer le rôle de Mr. Stevenson, au cas où ils tomberaient sur la Strossini. Daryl quant à lui, n'avait pas besoin de se déguiser. Cette fois-ci le speech était que Mr et Mme Stevenson étaient séparés ce qui, ils l'espéraient, aiderait à convaincre la diva de lui tomber dans les bras.

- Michaela Strossini est quelque part sur ce foutu navire et pour l'instant, ça me suffit. Enfin quoi, la dernière fois j'ai mis moins de deux heures pour la séduire, que veux-tu que je fasse avec deux semaines de temps ?

Il leva un doigt accusateur en direction de Daryl qui commençait à ouvrir la bouche.

- Surtout ne répond pas ! maugréa-t-il.

Ignition - Le choixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant